d’attitudes permettant de prédire des niveaux de com-
portements). C’est par ailleurs une notion à partir de
laquelle vont se développer de nombreux travaux sur
les représentations sociales. Notamment en ce qui
concerne les travaux sur la structure de la pensée
sociale, comme nous le montrerons au cours de notre
développement. En outre, le développement des
sciences cognitives à partir des années soixante-dix, et
surtout quatre-vingt, va permettre de donner une cer-
taine importance aux représentations (entendu dans
toutes les acceptions) et notamment aux traitements de
l’information qui permettent de parler de reconstruction
de la réalité. Cependant, parce que très influencée par
le développement de l’intelligence artificielle, certains
psychologues sociaux jugent ces théories cognitivistes
trop réductionnistes, au point de ne concevoir celles-ci
que comme des théories du cerveau. C’est le cas de
Beauvois (1997) qui considère le cognitivisme comme
«un paradigme asocial » faisant peu cas de l’influence
des rapports sociaux. Cette critique nous permet d’in-
troduire la représentation sociale dans son champ théo-
rique le plus fécond, à savoir la cognition sociale ou l’é-
tude, entre autres, des processus de construction et
communication de la pensée sociale.
1. LA NOTION DE REPRÉSENTATION SOCIALE
En Psychologie sociale, les développements théo-
riques et méthodologiques sur la représentation partent
des travaux de Moscovici (1961; 1976) sur l’image de la
psychanalyse. C’est en effet à partir de cette étude que
Moscovici énonce les processus en jeu non seulement
dans la formation (objectivation et ancrage) de représen-
tation mais aussi dans son fonctionnement et ses condi-
tions de production.
Pour définir les représentations sociales, de nomb-
reux auteurs-clé pourraient être cités comme Jodelet,
Abric, Rouquette, Doise, Flament, etc. Restons-en,
pour commencer à son fondateur, en citant Moscovici.
Il définit la notion de représentation sociale comme
«des ensembles dynamiques, des théories ou de
sciences collectives destinées à l’interprétation et au
façonnement du réel. Elles déterminent des champs de
communications possibles, des valeurs, des idées pré-
sentes dans les visions partagées par les groupes et
règlent par la suite des conduites désirables ou
admises ». (1976, p. 48) Cette définition permet de
8De la représentation sociale à la cognition spatiale et environnementale
La notion de « représentation » en psychologie sociale
Travaux et documents
concentrer l’ensemble des aspects et des processus en
jeu. Les représentations sociales s’apparentent donc à
des formes de théories « naïves » socialement cons-
truites et partagées en vue de reconstruire, simplifier ou
expliquer une réalité et se l’approprier (Jodelet, 1995),
ou encore de rationaliser des pratiques. Pour Jodelet
(1989) « il s’agit d’une forme de connaissance sociale-
ment élaborée et partagée, ayant une visée pratique et
concourant à la construction d’une réalité commune à
un ensemble social ». (pp. 36-37). Pour résumer, nous
pourrions dire alors que les représentations sociales
sont des grilles de lecture de la réalité socialement
construites. Par conséquent, elles supposent:
• la présence de groupes différents qui élaborent
cette grille à leur manière en fonction de leurs intérêts et
positions dans un groupe donné.
• l’organisation d’opinions socialement construites
relativement à un objet qui résulte d’un ensemble de
communications sociales qui permettent de maîtriser
l’environnement et de se l’approprier en fonction d’élé-
ments symboliques propres à son ou ses groupes d’ap-
partenance.
• la « production originale, un remodelage complet de
la réalité, une réorganisation de type cognitif ou les
connotations idéologiques personnelles (attitudes, opi-
nions) et collectives (valeurs, normes) prennent une
place essentielle aussi bien dans le produit que dans les
mécanismes même de sa constitution » (Abric, p. 67- 68,
1987).
On l’aura remarqué, les représentations constituent
le point central des rapports entre groupes sociaux. L’é-
tude des représentations sociales s’attache donc plus à
comprendre ce qui distingue ces groupes que ce qui les
réunit sans pour autant laisser de côté ce qui fait
consensus au sein d’un groupe. Comme le remarquent
Rouquette et Rateau (1998), c’est sur cet aspect de dif-
férenciation des groupes sociaux que nous pouvons dis-
tinguer alors les représentations collectives des repré-
sentations sociales. Une représentation collective est
commune à tout le genre humain tandis que la repré-
sentation sociale est commune à un groupe social.
La plupart du temps, la représentation est donc com-
prise et travaillée sur la base de comparaisons (objet de
représentation, groupes sociaux, contextes…). Flament
et Rouquette (2003) précisent d’ailleurs la nécessité des
comparaisons dans le cadre de recherches sur le terrain.
«Seule en effet cette comparaison est à même de mettre