
Stage SES PRF 2014 – Zone Liban AEFE       
 
EC3 
  Un conflit social désigne une situation régulée mobilisant des acteurs ayant des intérêts divergents 
dans le but de créer un blocage et de proposer un nouveau modèle culturel. Les mouvements sociaux fondent 
la société, selon Karl Marx. L'exploitation d'une classe sociale par une autre, ici bourgeois et prolétaires, 
crée une « plus-value ». Cette « plus-value » va s'approfondir et aggraver la situation des prolétaires et faire 
prendre conscience de la divergence que seul le conflit peut résoudre. Le conflit est ici central et créateur de 
société donc de cohésion sociale. Mais en quoi ces conflits vont-ils être facteurs de cohésion sociale ?  
Nous verrons dans un premier temps qu'un conflit cristalise l'individu autour d'un objet de contestation et 
qu'il est porteur de valeurs et de normes. Puis, nous étudierons si l'impact sur la société a fait émerger un 
groupe réel à partir d'un groupe donné et l'influence sur la cohésion sociale. 
  Le sociologue Alain  Touraine  étudie le conflit  comme  facteur  de nouveauté pour une  société. Il 
identifie  autour  du  conflit  un  principe  d'identité  qui  définit  l'intérêt  que  porte  l'individu  au  conflit,  un 
principe d'opposition autour duquel l'objet de la contestation est présent et pour finir un principe de totalité, 
selon  lequel  un  conflit  doit  contribuer  à  établir  une  nouvelle  société  avec  de  nouvelles  valeurs  et  de 
nouvelles normes. 
  On s'identifie donc à un mouvement comme le montre le document 3 plus ou moins fortement. En 
effet, un employé d'une Petite et Moyenne Entreprise (PME) est plus individualisé qu'un employé d'une 
entreprise de plus de 500 salariés où la corrélation entre nombre d'individus et nombre de négociations est 
flagrante. 11,4  % des employés d'entreprises  de 10  à 49 salariés ont  engagé des négociations avec leur 
entreprise  contre  97,4  %  pour  les  entreprises  de  500  salariés  et  plus.  La  Division  Internationale  des 
Processus de Production (DIPP) va favoriser le repli sur soi pour un employé d'une petite entreprise alors 
qu'une forme de solidarité organique ou une prise de conscience collective d'être un « corps biologique ». 
L'identité à un modèle de conflit est donc contingente et variée selon la taille de l'entreprise.  
L'opposition  ou  la  cristalisation  de    l'objet de  concertation autour  de  soi  se  fait  par la  connaissance de 
l'adversaire qui est bénéfique pour améliorer la structure du conflit et par la mobilisation des contraires qui 
est créatrice de société selon le sociologue Georg Simel. Le document 2 montre que les rapports de force qui 
forment l'opposition peuvent avoir un effet positif sur la structure sociale si l'adversaire et ses opinions sont 
connues, ce qui rejoint la théorie de Georg Simmel. 
Le dernier principe celui de totalité, selon Touraine, est la seule condition pour qu'un conflit soit désigné 
comme « social ». En effet, le conflit permet l'élaboration de nouvelles normes et valeurs. Le document 1 
nous rapporte que les grèves de mai-juin 1968 ont influencé le mouvement féministe ou encore écologiste. 
Mai 68 est donc un mouvement social incontestablement par sa création de nouvelles valeurs, malgré le 
scepticisme de Touraine, pour qui Mai 68 n'est pas un conflit social en raison de la divergence d'intérêt des 
grévistes.  
  L'aspect « efficace » du conflit est alors souligné ici. On appelle « efficace » un mouvement qui a su 
faire émerger un groupe réel à partir d'un groupe donné.  
  Un mouvement efficace crée un cadre institutionnel qui se définit comme un lieu d'action ou autour 
d'un objet qui va devenir un enjeu de lutte. Le document 2 illustre le fait qu'un conflit crée une unité et une 
stabilisation du conflit qui va se « normaliser » et ainsi pouvoir devenir un acteur institutionnel et pouvoir 
influencer les choix politiques par exemple. 
  Les choix politiques vont se faire par une pression du groupe institutionnalisé qui va être médiatisé. 
Cette  « médiatisation »  va  mobiliser  l'opinion  publique  et  ainsi  faire  pression,  comme  en  témoigne  le 
document 1 qui appuie l'idée qu'un mouvement fort comme celui de 1968 a un effet sur les médias et donc 
par conséquent sur les choix politiques entre les années 70 et 80. 
  La mobilisation  se fait aussi contre les acteurs institutionnels comme les employeurs pour demander 
des hausses de salaires ou des améliorations des conditions de travail comme le montre le document 3, où la 
pression  collective  influe  sur  les  grèves  et  l'aboutissement  des  négociations,  représentent  38,8  %  des 
entreprises de plus de 500 salariés ont été grévistes et 89 ,6 % ont signé des négociations contre 74,5 % par 
exemple pour les entreprises de moins de 49 salariés et où le taux de grève est de 0,8 %. 
  Un  conflit  social  naît  d'une  cristallisation  autour  d'un  objet  de  contestation  et  va  accélérer  le 
processus de changement des normes et des valeurs. En plus d'être cristallisé autour d'individus, ce qui est le 
signe d'une cohésion sociale entre individu va venir influencer la société par le biais d'une « massification » 
qui sert le symbole du conflit en tant que facteur de cohésion sociale.