
 
 
 
 
… celui de la 
propriété du sol… 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
… des droits des 
paysans… 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
…de la notion 
souvent malmenée 
de « propriété 
collective ». 
 
 
 
 
 
 
La protection de la 
propriété privée 
n’est donc pas 
encore garantie. 
 
 
 
 
 
 
Si la loi donne théoriquement une garantie juridique aux propriétaires 
(individu ou entreprise) de biens ou de titres financiers - en plaçant sur un 
même pied d’égalité la protection de la propriété étatique, collective et 
individuelle (art. 4) - elle rappelle aussi que la propriété publique continue à 
jouer un rôle prépondérant dans le système économique chinois (art. 3).De 
plus, en délimitant le champ de la propriété étatique, cette loi ne fait que 
réaffirmer un principe contenu dans l’article 12 de la Constitution de la RPC : 
« La propriété publique socialiste est sacrée et inviolable. L’Etat protège la 
propriété publique socialiste ».   
Le sol, en zone urbaine comme en zone rurale, reste donc l’apanage 
de l’Etat socialiste chinois qui en autorise un droit d’usage. Un compromis « à 
la chinoise » afin de contenter les conservateurs du PCC et la nouvelle classe 
moyenne chinoise. Rien de « révolutionnaire » de ce côté-là.   
 
Les paysans exploitant les terres « collectives » restent également les 
oubliés de cette loi. Actuellement, l’exploitation des terres agricoles se fait 
sous le régime de la collectivité et les paysans chinois ne bénéficient que d’un 
droit d’usage de trente ans, et encore, sans toujours les documents écrits le 
confirmant. Ils ont néanmoins le droit de vente et de location de cet usage. 
L’expansion des villes lors de la dernière décennie a provoqué, comme chacun 
le sait, de nombreuses expropriations de paysans. Quarante millions, selon le 
ministère du travail et de la sécurité sociale, ont vu leurs terres réquisitionnées 
par les gouvernements locaux, au cours de la dernière décennie, pour des 
projets de construction, de complexes commerciaux, de golfs, de « zones de 
développement » réelles ou virtuelles, de routes …   
Or, la loi sur les droits de propriété du 16 mars dernier ne touche pas à 
la propriété collective : les droits des agriculteurs resteront encore, pour 
longtemps sans doute, régis par la coutume et la tolérance. Tout au plus cette 
loi fixe-t-elle, dans ses articles 42 à 44, les conditions d’expropriation et 
d’indemnisation des « propriétaires fonciers », vieille notion qui renvoie aux 
heures noires de la réforme agraire de 1950, sans aucune base autre que 
mythique aujourd’hui. 
 
Enfin, après un furieux débat politique interne, le gouvernement de 
Pékin a finalement préféré le consensus à l’affrontement : on continue donc à 
manipuler cette notion vague de « propriété collective » qui désigne, dans la 
plus pure tradition marxiste, la « propriété collective des moyens de 
production ». Dans la réalité, la propriété collective peut couvrir un champ 
beaucoup plus large, allant parfois même à l’encontre du « bien collectif » 
prôné par les autorités chinoises : certains fonctionnaires manipuleraient ainsi 
à leur avantage cette notion, de même que nombre de propriétaires privés, qui 
s’abritent sous un parapluie de garanties municipales à ce titre. 
 
C’est finalement une loi consensuelle qui a été adoptée mais qui 
représente tout sauf une garantie définitive de la protection de la propriété 
privée. A présent, seule son interprétation et son application par les différentes 
instances judiciaires seront susceptibles de bouleverser l’ordre établi de 
« l’économie socialiste de marché ». A la Cour populaire suprême - qui 
contrôle les tribunaux populaires locaux - de diffuser à présent la bonne parole 
et de donner une définition claire des termes contenus dans ce texte !