Extrait de la base de données EFICATT sept 2010
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Dengue
Mise à jour de la fiche : Septembre 2010
Titre : VIRUS DE LA DENGUE - Agent de la Dengue
Agent pathogène et pathologie
Descriptif de l'agent pathogène
Nom de l'agent : Virus de la Dengue.
Synonyme(s) : « breakbone fever », fièvre hémorragique dengue.
Type d'agent : Virus
Descriptif : Arbovirus de la famille des Flaviviridae, genre Flavivirus. Il existe quatre sérotypes
distincts : DEN-1, DEN-2, DEN-3 et DEN-4.
Groupe de classement : 3
Pathologie
Nom de la maladie : Dengue
Données épidémiologiques
Population générale :
La dengue est endémique dans au moins 100 pays : en Asie, dans le Pacifique, les Amériques,
l'Afrique et les Caraïbes. L'Organisation Mondiale de la Santé estime que 50 à 100 millions
d'infections/an, dont 500 000 cas de dengue hémorragique et 22 000 décès, surtout chez des
enfants.
Le virus de la dengue circule actuellement sur un mode endémo-épidémique, avec épidémies de plus
en plus rapprochées et intenses, dans les départements français d’Amérique (Guyane, Guadeloupe,
Martinique), en Polynésie et en Nouvelle-Calédonie et de manière sporadique à la Réunion.
De juillet 2006 à décembre 2008, 132 cas importés en métropole ont été déclarés à l’InVS, mais ils ne
représentent que les cas potentiellement virémiques (cf. critères de DO). Parallèlement, le réseau de
laboratoires qui réalise environ 85 % des diagnostics biologiques de dengue (PCR ou IgM positives
sans critères cliniques) a recensé 420 cas en 2007, 312 cas en 2008 et 381 en 2009. Le nombre de cas
importés est directement lié à la situation épidémiologique dans les régions des pays visités ; c’est en
particulier le cas pour les touristes revenant des Antilles françaises. Deux cas autochtones sont
survenus en septembre 2010 à Nice.
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Milieu professionnel :
Plus d’une dizaine de cas de transmission professionnelle ont été documentés, principalement par
piqûre d’aiguille ; néanmoins un cas de contamination à la suite d’un contact cutanéo-muqueux
(projection au visage) a été décrit.
Vecteur et Réservoir
Type de réservoir : Homme (milieu urbain). Moustiques (transmission transovarienne). Cycles
naturels : transmission singe-moustique (fréquemment observés dans l'Ouest de l'Afrique et le Sud-
Est de l'Asie).
Principales sources : Sang.
Vecteur : Moustiques femelles du genre Aedes (Aedes aegypti et autres Aedes spp., dont Aedes
albopictus présent en France métropolitaine).
Le moustique joue à la fois le rôle de vecteur et de réservoir car il n’est pas affecté par le virus et
reste donc infecté toute la vie. Il acquiert le virus en piquant une personne infectée. Le moustique
peut également transmettre le virus à la génération suivante par voie transovarienne. Les œufs
résistent plusieurs mois dans le milieu extérieur. S’ils sont infectés, leur éclosion peut être le point de
départ d’une nouvelle circulation du virus.
Viabilité, Infectiosité, Incubation
Viabilité, résistance physico-chimique : À température ambiante, le virus reste vivant dans le sang et
les exsudats séchés pendant plusieurs jours.
Sensible aux antiseptiques habituellement utilisés tels que l’éthanol à 70 %, à l’hypochlorite de
sodium à 1 %, au glutaraldéhyde à 2 %.
Sensible à la chaleur.
Un pH bas inactive le virus de la dengue.
Infectiosité : Dose infectante : 10 à 20 copies de virus lors de la piqûre des moustiques (une quantité
supérieure semble être nécessaire pour les contaminations par piqûre avec aiguille).
Lors des phases épidémiques, le taux d’attaque (cas cliniquement suspects) est fréquemment de
l’ordre de 40 à 50 %, mais il peut atteindre 90 %.
Transmission
Mode de transmission :
La principale voie de transmission est celle par piqûre de moustique. Néanmoins, d’autres rares
modalités de transmission ont été identifiées :
- Transmission materno-fœtale : passage transplacentaire lorsque l’infection survient au
voisinage du terme, se traduisant par une infection congénitale ;
- Transfusion de sang ;
- Greffe d’organes : 2 cas rapportés, une greffe rénale et une greffe de moelle osseuse.
Période de contagiosité : Le virus est présent dans le sang d’une personne infectée 2 à 3 jours avant
le début de la période fébrile et jusqu’à la fin de celle-ci (d’habitude 3-5 jours, maximum 7 jours).
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La maladie
Incubation : De 3 à 14 jours, habituellement 7 jours.
Clinique : Les formes a- ou pauci-symptomatiques représentent probablement au moins 50 % des
cas, mais taux réel non connu.
- Dengue classique : fièvre élevée d’apparition brutale persistant pendant 3 à 7 jours pouvant
s’associer à des symptômes non-spécifiques tels que céphalées, douleurs rétro-orbitaires,
arthromyalgies et, de façon inconstante, une éruption maculo-papuleuse. L’issue est généralement
favorable sans séquelle en 10 à 15 jours. Dans de rares cas, au bout de 3 à 4 jours, une brève
rémission peut être observée, puis les symptômes s’intensifient - des hémorragies conjonctivales,
gingivorragies, épistaxis ou des ecchymoses peuvent survenir - avant de régresser rapidement au
bout d’une semaine.
- Dengue hémorragique : ces formes se rencontrent dans moins de 1 % des cas. Lorsque la
fièvre commence à diminuer (d'habitude 3-7 jours après le début des symptômes), des signes qui
doivent faire suspecter une forme de la maladie sévère peuvent apparaître : douleur abdominale,
vomissements, hypothermie, manifestations hémorragiques sévères (hémorragies vaginales,
mélæna, hématémèse…) ou confusion mentale.
- Dengue avec état de choc : des signes de défaillance circulatoire s’associent aux signes de la
forme hémorragique.
Autres complications possibles :
- Hépatite ;
- méningo-encéphalite aiguë ;
- myocardite ;
- rupture de la rate.
La létalité des formes sévères (hémorragique et avec état de choc), estimée à environ 0,5 %, peut
atteindre 30 % à 40 % en l’absence d’une prise en charge thérapeutique adéquate.
Diagnostic :
Des méthodes directes et indirectes sont disponibles et d’intérêt différent en fonction de la date de
début de la maladie.
- Si symptômes apparus depuis moins de 5 jours : méthode directe - Recherche du virus par
culture, ou de son génome par RT-PCR (ou des antigènes viraux circulants, notamment
protéine NS1). Le test NS1 est actuellement disponible en métropole, dans les départements
français d’Amérique (DAF) et en Pays d’Outre-Mer (POM), mais n’est pour l’instant
remboursé qu’en DAF et POM, et en cours d’inscription à la nomenclature en métropole. Ces
examens ne sont réalisés que dans les 2 centres nationaux de référence.
- Si symptômes apparus depuis plus de 5 jours : Tests sérologiques (méthode indirecte) :
1. recherche des IgM, détectables à partir du 5ème jour de la maladie jusqu’au 2-3ème mois
(test ELISA ou test rapide) ;
2. recherche des IgG, qui apparaissent vers le 10ème jour de la maladie pour rester
détectable sur le long terme.
Le diagnostic sera confirmé :
- par la mise en évidence d’une séroconversion IgG ;
- pour les infections itératives, par une augmentation d’un facteur au moins égal à 4 fois du
taux d’IgG sur 2 prélèvements à 10 jours d’intervalle.
Des réactions non spécifiques existent notamment en IgM, d’où la nécessité de préciser le contexte
clinique et de réaliser un 2ème prélèvement à distance si absence de positivité d’une méthode directe
ou détection d’IgM isolées.
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Dans l’infection secondaire (notion d’ATCD de dengue) la réponse IgM peut être fugace voire non
détectable. En fonction de la date de début des symptômes, le diagnostic se base sur les méthodes
directes ou la recherche d’une augmentation sur 2 prélèvements à 10 jours d’intervalle du taux des
IgG.
Traitement : Pas de traitement antiviral spécifique.
Traitement symptomatique (antalgiques, antipyrétiques, hydratation adéquate) en proscrivant
l'aspirine et les AINS (risque d’aggravation des signes hémorragiques).
En cas de survenue de signes hémorragiques francs, d’une obnubilation ou de symptômes de choc,
une hospitalisation urgente s’impose, si possible en unité de soins intensifs pour remplissage
vasculaire.
Prévention vaccinale
Vaccin disponible ? : Non.
Vaccins en développement.
Caractéristiques de l'immunité
Deux types d’anticorps sont produits lors de la primo-infection : des anticorps dits homologues, qui
assurent une protection contre le sérotype en cause, et des anticorps dits hétérologues, qui
pourraient être à l’origine des formes graves lors d’une réinfection par un autre sérotype.
Immunité naturelle : OUI, protection à vie contre le type de virus en cause, mais absence d’immunité
croisée entre les différents types. L’infection par l’un des sérotypes ne protège pas contre les trois
autres sérotypes.
Immunité vaccinale : Pas de vaccin disponible à ce jour.
Populations à risque
Activités exposantes : Missions en pays d’endémie.
Soins à des patients infectés en milieu familial ou hospitalier, et personnels de laboratoires qui
manipulent des prélèvements sanguins potentiellement virémiques.
Terrain à risque accru d’acquisition : Sans objet.
Terrain à risque accru de forme grave : Enfants de moins de 15 ans, sujets âgés, drépanocytose,
grossesse.
Sujet ayant notion d’ATCD d’infection à dengue ou présentant une pathologie lourde.
Grossesse : Chez la femme enceinte infectée risque de transmission verticale notamment si infection
survenue au voisinage du terme. Cas de prématurité et de mort tale rapportés, mais le lien avec
une dengue maternelle reste incertain.
Que faire en cas d'exposition ?
Définition d'un sujet exposé
Victime d’une piqûre de moustique infecté (mission en pays d’endémie*, laboratoire de recherche).
Victime d’un accident d’exposition au sang : contact accidentel avec du sang potentiellement
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contaminant (patient présentant un tableau clinique évocateur de dengue et potentiellement en
phase virémique), suite à une effraction cutanée (piqûre, coupure…) ou une projection sur une
muqueuse (conjonctive, bouche…) ou sur une peau lésée (dermatose, crevasse, plaie…).
* NB : malgré 2 cas autochtones très récents (septembre 2010 à Nice), la France n'est pas considérée
à ce jour comme pays d'endémie.
Conduite à tenir immédiate
Soins après AES :
1. En cas d'effraction cutanée ou de projection sur la peau : nettoyer à l'eau et au savon puis
rincer abondamment.
Compléter par une désinfection, de préférence avec un produit chloré : hypochlorite de
sodium (eau de Javel à 2,6 % de chlore actif dilué au 1/5ème ou solution de Dakin). Laisser agir
au moins 5 minutes.
En cas de projection sur le visage ou les yeux : rincer abondamment avec eau ou sérum
physiologique.
2. Consulter un médecin référent ou un médecin de garde aux urgences le plus tôt possible.
Evaluation du risque
1. Source : Un sujet est virémique habituellement à partir de 2-3 jours avant l’apparition des
symptômes et jusqu'à 3-5 jours de maladie, et au maximum 7 jours.
Produit biologique : sang, LCR.
Type d'exposition : le risque de transmission est plus important en cas de blessure profonde, de
piqûre avec une aiguille creuse et notamment avec une aiguille ayant servi à un geste en intra-
veineux ou intra-artériel. Compte tenu de la forte virémie pendant la phase aiguë de l’infection (109
copies/ml), une projection de sang sur peau lésée ou sur muqueuse peut être suffisante pour
transmettre l’infection.
2. Sujet exposé : Le port d'une protection (gants, lunettes...) diminue le risque de transmission.
Mesures prophylactiques
Antibioprophylaxie : Aucune.
Suivi médical
Surveillance clinique pendant 15 jours pour rechercher les symptômes.
Conseils
Pour l'entourage du sujet : Aucun risque pour l’entourage du sujet exposé.
En cas de grossesse : Si grossesse en cours, un avis spécialisé est indispensable.
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