L a psychologie cognitive Rappel de la définition de la psychologie Du grec Psyché : âme (en latin âme vient du latin « anima » qui signifie le principe même de la vie lequel principe assure au corps la qualité d´être vivant) et Logos : science, étude raisonnée. La définition de la psychologie était sujette à quelques modifications à travers l’histoire, tout simplement parce que les sociétés évoluent et sont devenues complexes et très muables. Au départ, la psychologie se définissait comme l’étude de l’activité mentale ( jusqu' à la fin du 19ème siècle). Avec l’avènement du behaviorisme au début du 20ème siècle, elle commença à s’intéresser aux phénomènes du comportement –objectivementobservables, ce qui a donné lieu à sa redéfinition, à savoir : La psychologie est la science du comportement, ou l’étude du comportement, c’est la définition qui était utilisée par la quasi-totalité des manuels psychologiques entre les années 1930 et 1960. Ainsi donc, nous pouvons noter le détachement progressif de la psychologie vis-à-vis de la philosophie et le passage de définitions spiritualistes à des définitions plus objectives, un détachement qu’on retrouve dans la définition proposée par J. WATSON (1913) selon laquelle «La psychologie doit prendre en considération comme objet d`étude ce que font les hommes de leur naissance jusqu' à la mort ». La Psychologie touche tous les aspects et les problèmes de notre vie. SON OBJECTIF Résoudre les problèmes qu’affronte l’individu dans la société. Ces problèmes sont d’ordre général et particulier. Général : quand la Psychologie s’assigne comme objectif le développement de sociétés saines et équilibrées Particulier : quand elle s’intéresse uniquement au bien-être de l`individu en tant que personne à l’état isolé. Exemples : comment optimiser le rendement du sportif ? Quel est le meilleur moyen (traitement) pour arrêter de fumer, pour lutter contre l`alcoolisme ou pour maigrir ? Jusqu’à la moitié du XIX ème siècle, la psychologie faisait partie de la philosophie. La psychologie s’est détachée de la philosophie pour devenir une science expérimentale basée Page 1 Psychologie cognitive. 2LFEP. Année universitaire 2016-2017. N.Moualla sur l’étude des fonctions psychophysiologiques perception, attention, mémoire, concentration, etc. Les précurseurs………Les philosophes et les médecins sont les précurseurs de ce qui va devenir la psychologie Les philosophes : PYTHAGORE : cerveau = siège de l’intelligence et de la folie PLATON, ARISTOTE : rapports entre corps et pensée La psychologie est donc une science issue de la philosophie, et partageant avec elle certaines valeurs. Avec l’apparition de la psychologie cognitive et la phénoménologie, les définitions les plus usitées se réfèrent aux processus mentaux et comportementaux. La définition à laquelle on peut opter, sous peine d’être trop concise, est la suivante : « La psychologie est l’étude scientifique du comportement et des processus mentaux sous-jacents » Quelques définitions de la Psychologie «La psychologie est la science de la vie mentale : ses phénomènes et ses conditions…Ces phénomènes sont les sentiments, les désirs, les cognitions (connaissances), raisonnements, décisions etc. » (W. JAMES, 1890.) « La Psychologie est l’étude scientifique du comportement de l’espèce vivante en contact avec le monde externe. » (K.KOFFKA, 1925) « La psychologie est l’analyse scientifique des processus mentaux de l’être humain et les structures mnésiques en vue de comprendre le comportement humain ». (R.MAYER, 1981). La psychologie est l’étude scientifique des comportements et processus mentaux » La psychologie est définie par Maurice Reuchlin à travers son objet d´étude et sa méthodologie. L´objet d´étude est constitué par ” les conduites, càd, l´activité des organismes, des êtres vivants, telle qu´un observateur extérieur peut en prendre connaissance”. Les conduites de ces organismes sont définies ”comme des ensembles d´actes caractérisés par l´organisation que leur impose la fin poursuivie par un organisme. Page 2 Psychologie cognitive. 2LFEP. Année universitaire 2016-2017. N.Moualla La psychologie vue la variété des conduites observables, centre ses intêréts sur l´étude des grandes fonctions psychiques, telles que la sensation, la perception, l´apprentissage, la mémoire, les activités intellectuelles, le langage, la motivation.... LES DIFFÉRENTS POINTS DE VUE DE LA PSYCHOLOGIE Le point de vue neurobiologique On peut chercher à répondre à la question « pourquoi l’homme agit-il comme il le fait » en essayant d’identifier les constituants du cerveau qui provoquent tel ou tel type de comportement, s’ils sont excités électriquement . Il s’agit ici de faire une sorte de carte des localisations cérébrales et une théorie électrochimique du comportement. Le point de vue béhavioriste Les béhavioristes ne s’occupent que de la partie observable du comportement. Ils étudient les stimuli proposés par l’environnement et les réponses émises par l’individu. Ils font du renforcement (récompense ou punition) l’un des éléments essentiels du contrôle du comportement. Pour eux le schéma de base du comportement est : stimulus, réponse, renforcement. Le point de vue psychanalytique Pour Freud et les psychanalystes, le comportement s’explique essentiellement à partir de processus conflictuels inconscients qui se sont construits progressivement dans la petite enfance, lors de l’éveil de la sexualité dans la relation parents / enfants ou avec le monde extérieur. Le point de vue phénoménologique ou humaniste -En sachant que la psychologie phénoménologique se centre sur l’analyse de l’expérience subjective des individus, le meilleur moyen pour expliquer le comportement d’un individu serait de s’entretenir avec lui et d’essayer par un entretien clinique non directif, de comprendre ses motivations à partir des phénomènes tels que l’individu les perçoit. Le point de vue cognitiviste Page 3 Psychologie cognitive. 2LFEP. Année universitaire 2016-2017. N.Moualla Les cognitivistes estiment que l’homme est une vaste centrale de traitement de l’information, et que son comportement s’explique essentiellement par la perception et le traitement qu’il fait de l’information qui lui parvient. Ils étudient surtout ce qui se passe entre le stimulus et la réponse : La Motivation, la perception, l’imagerie, le stockage et la récupération de l’information dans la mémoire à long terme, le contrôle de l’activité, etc.., et surtout les attentes comme concept important du cognitivisme. En conclusion de cette introduction on peut dire que la psychologie rassemble ainsi plusieurs points de vue, qui tentent tous, malgré une grande variété des méthodes et des positions épistémologiques, de comprendre, décrire et expliquer le « comportement humain ». Les approches fondamentalement différentes, ont cohabité pendant prés d’une centaine d’années, parfois en s’ignorant, parfois en s’affrontant farouchement. Si le paradigme béhavioriste a bien dominé la psychologie pendant prés d’un quart de siècle, quelques courants théoriques ont résisté à l’explication « stimulus-réponse » : La psychanalyse de Freud et la psychologie clinique de Janet, le structuralisme des psychologues de la forme et de Piaget (le gestaltisme et le constructivisme), la psychologie de Wallon, Vigotsky ou Piaget… La psychologie cognitive Le projet fondateur de la psychologie cognitive est : ”Identifier les processus mentaux, même inconscients, qui s´intercalent entre stimulus et réponse” (George et Richard, 1980). Pour George au sens très large le cognitif concerne ce qui a trait à la connaissance, qu´il s´agisse de connaissances déclaratives (savoir) ou de connaissances procédurales (savoir faire). Le terme cognitif désigne ”une activité mentale qui fait appel à des représentations, celles ci pouvant être conscientes ou inconscientes”. Selon Chatillon, 1985 l´activité cognitive ”est l´ensemble des mécanismes par lesquels un individu extrait des informations du milieu pour organiser les conduites qu´il y produit”. La psychologie cognitive examine comment les individus Perçoivent, Page 4 Psychologie cognitive. 2LFEP. Année universitaire 2016-2017. N.Moualla Apprennent, se Souviennent, et Pensent l’information. Elle étudie les processus mentaux d’acquisition, de traitement, de conservation, de récupération et d’utilisation des connaissances, ainsi que tous les facteurs qui influencent ces processus. (Perception, mémoire, raisonnement, représentations, attention, attentes, affects…). La cognition est un terme contemporain synonyme d’intelligence, de pensée. Les psychologies cognitivistes étudient donc l'intelligence, ou comment on fait pour penser. La cognition est cette faculté mobilisée dans de nombreuses activités, comme la perception (objets, formes, couleurs...), les sensations (gustatives, olfactives), les actions, la mémorisation et le rappel d'information, la résolution de problèmes, le raisonnement (inductif et déductif), le jugement, la compréhension et la production du langage, etc. Les behavioristes doutaient de la possibilité d'une investigation scientifique de ce qu'ils appelaient la "boîte noire". Le behaviorisme progressa alors rapidement dans la compréhension des phénomènes de conditionnement et d'apprentissage, animal et humain. L'apogée de cette entreprise peut être précisément datée en 1943, année de la publication par Hull de son « Principles of Behavior ». Cette théorie quasi formalisée de l'apprentissage représente sans doute le point ultime de l'avancée de la psychologie du comportement. Elle ne sera pas dépassée et échouera quand elle sera appliquée aux apprentissages les plus complexes, comme le langage ou les habilités cognitives. Ce sont ainsi les contradictions et les limitations mêmes du behaviorisme qui ont donné naissance au cognitivisme en psychologie. Tout était donc près pour l’avènement de la psychologie cognitive. En 1948, lors de la conférence Hixon au Caltech, Lashley récuse avec force la psychologie du comportement, impuissante à rendre compte de l’organisation de nos conduites perceptivo-motrices les plus complexes, démunis pour expliquer le langage et acculée à s’auto-détruire en reconnaissant l’importance de variables intermédiaire ou hypothétiques que presque plus rien ne séparait des représentations mentales. Le paradigme cognitiviste pouvait naître, et la psychologie allait rapidement supplanter le behaviorisme et imposer un nouveau concept clé, une nouvelle méthodologie et un nouveau paradigme. C’est cette première révolution cognitive qui va rendre possible l’émergence des sciences cognitives. Page 5 Psychologie cognitive. 2LFEP. Année universitaire 2016-2017. N.Moualla Le projet fondateur de la psychologie cognitive est "d'identifier les processus mentaux, même inconscients, qui s'intercalent entre stimulus et réponse" (George et Richard, 1982). Les cognitivistes, à partir des années 50, vont tenter de dépasser ce projet en cherchant à identifier les structures et processus hypothétiques responsables du Comportement. Les questions posées par les cognitivistes • Un psychologue cognitiviste peut par exemple étudier la façon dont les individus perçoivent visuellement des formes variées, pourquoi retiennent-ils certains faits mais en oublient d’autres, comment ils apprennent à parler, ou comment font-ils fonctionner leur pensée lorsqu’ils jouent aux échecs ou résolvent des problèmes quotidiens. • Pourquoi les objets semblent plus éloignés qu’ils ne le sont en réalité dès que le temps est brumeux, trompant parfois les conducteurs au point de provoquer des accidents ? Pourquoi beaucoup de personnes se souviennent d’un événement particulier (par exemple, avoir vu la voiture d´un bandit qui dévalait une autoroute en étant poursuivi par des policiers) alors que ces mêmes personnes oublient les noms de gens qu’elles connaissent depuis longtemps? Pourquoi sommes-nous si nombreux à avoir bien plus peur de voyager en avion qu’en voiture, quand on sait que les risques de blessure et de décès sont nettement plus élevés dans une voiture ? Ce sont là quelques-unes des questions auxquelles on peut répondre par l’étude de la psychologie cognitive. Définition : • On peut en effet apprendre comment pensent les individus en étudiant comment des gens ont réfléchi sur la pensée. , 1999). • La psychologie cognitive qui s'est développée à partir des années 60, a progressivement détrôné la théorie béhavioriste. Les psychologues cognitivistes tentent de comprendre ce qui se passe dans la boite noire du psychisme humain. Le sujet ne se contente pas d’assimiler des données brutes: il les sélectionne et les met en forme. Des spécialistes de diverses disciplines (neurosciences, intelligence artificielle, linguistique,...) s’associent dans ce programme de recherche. Nombreux sont les domaines explorés par la psychologie cognitive. Page 6 Psychologie cognitive. 2LFEP. Année universitaire 2016-2017. N.Moualla La perception: Le cerveau fait un tri parmi la masse considérable de données issues de l’information. Ce filtre est nécessaire, il marque la différence entre voir et regarder, entendre et écouter. La mémoire Les travaux de psychologie cognitive ont mis en évidence que la mémoire comporte multiples facettes. On a ainsi juxtaposé mémoire à court terme (utile, par exemple. pour se souvenir du numéro de téléphone que l’on doit composer) et mémoire à long terme. La mémoire à court terme initialement considérée comme un réceptacle passif est en fait assez complexe et a donc été nommée mémoire de travail. On distingue également la mémoire lexicale (qui se rattache au " par cœur ") et la mémoire sémantique qui concerne le sens des mots). Cette dernière joue un rôle nettement plus important que la mémoire lexicale. Les représentations Nous nous forgeons, au fil des ans, une représentation du monde environnant, parfois éloignée de la réalité. Ce courant de recherche rejoint la psychologie de l'apprentissage. En effet, certains auteurs considèrent que l'enseignant doit tenir compte des représentations de l’élève afin de confronter judicieusement ce dernier avec des informations nouvelles en vue d'un changement de conceptions La résolution de problèmes La psychologie cognitive a montré que deux types de stratégies peuvent être utilisés pour résoudre un problème. Dans l’un le sujet part du but à atteindre et le décompose en sous buts successifs. Dans l’autre, le sujet déduit (en général par analogie avec une situation connue) un plan d'action, puis s’approche de la solution par corrections successives. Pourquoi étudier ce domaine de la psychologie • Pourquoi étudier l’histoire de ce domaine, ou tout autre domaine de la psychologie ? Page 7 Psychologie cognitive. 2LFEP. Année universitaire 2016-2017. N.Moualla En premier lieu, si on sait d’où on vient, on peut avoir une meilleure compréhension de notre cheminement et où l’on va. En second lieu, on peut apprendre à partir des erreurs passées de sorte que si on en commet, ce seront de nouvelles erreurs et non d’anciennes qu’on répète. De plus, bon nombre de questions auxquelles on est maintenant confronté en psychologie cognitive, comme dans tout autre domaine, sont profondément ancrées au tout début de notre histoire intellectuelle. Tout au long de cette histoire, nos manières d’aborder ces problèmes ont changé, mais certaines de ces questions fondamentales restent pour une grande part les mêmes. Enfin, si on regarde notre propre histoire intellectuelle, nous pouvons y découvrir des tendances dans le développement des idées. En guise de conclusion Les principales perspectives psychologiques se sont construites et ont réagi vis-à-vis de celles qui ont émergé antérieurement ; le processus dialectique qui est apparu tout au long de l’histoire de la philosophie et de la psychologie naissante s’est aussi insinué à travers la psychologie moderne. Les premiers psychologues ont toutefois soulevé une autre question fondamentale qui continue d’embarrasser les psychologues cognitivistes : aurons-nous une meilleure compréhension de l’esprit humain en étudiant ses structures (comme on étudie les structures du corps en examinant son anatomie) ou en étudiant ses fonctions (comme on étudie les mécanismes fonctionnels du corps en examinant sa physiologie) ? Bien que la psychologie cognitive n’ait pas été reconnue comme une branche distincte de la psychologie jusqu’à la dernière moitié du XXe siècle, les questions qu’elle soulève furent les questions principales que se sont posés les psychologues au cours de la première moitié du XXe siècle (Leahey, 1997 ; Morawski, 2000). Le structuralisme : L’objectif du structuralisme, considéré généralement comme la première école de pensée majeure en psychologie, fut de comprendre la structure (configuration d’éléments) de la pensée et ses perceptions en les analysant à partir de leurs constituants. Par exemple la perception d’une fleur, pour les structuralistes, peut être analysée en fonction de ses couleurs, de ses formes géométriques, de ses rapports de taille, et ainsi de suite. Le fonctionnalisme : Une alternative au structuralisme proposait aux psychologues de se centrer sur les mécanismes de la pensée plutôt que sur ses contenus. Les fonctionnalistes se sont demandés : Page 8 Psychologie cognitive. 2LFEP. Année universitaire 2016-2017. N.Moualla « qu’est-ce que font les individus, et pourquoi agissent ils ainsi ? » alors que les structuralistes se sont demandé « Quels sont les contenus élémentaires [structures] de la pensée humaine ? ». Les fonctionnalistes affirmaient que la clé pour comprendre l’esprit et le comportement humain est l’étude du comment et du pourquoi des mécanismes par lesquels l’esprit fonctionne, plutôt que l’étude des contenus et des structures élémentaires de l’esprit. Page 9 Psychologie cognitive. 2LFEP. Année universitaire 2016-2017. N.Moualla