Chaque sabbat, un nombre
croissant de congrégations
adventistes se distinguent des
autres. On y voit des hommes qui
portent des kippas et des châles de
prière. Avec les femmes, ils récitent des
prières dans la langue hébraïque de
leurs ancêtres. En maints lieux de culte,
c’est la Torah qu’on lit depuis l’estrade –
un rouleau de parchemin des cinq
premiers livres de la Bible, dont l’auteur
est Moïse. Une saveur nettement juive se
dégage du service – et même des dîners
en commun !
Bien que ces congrégations soient
profondément adventistes – elles
utilisent le même questionnaire tri-
mestriel de l’École du sabbat (édité par
Clifford Goldstein, un Juif adventiste)
et professent les mêmes doctrines que
les autres congrégations adventistes du
monde entier – il y a quelque chose de
différent ici. En adorant Dieu et son Fils,
le Messie, des douzaines de congréga-
tions de Juifs adventistes témoignent
de la relation entre les observateurs du
sabbat de l’ancien Israël et de nombreux
disciples de Dieu d’aujourd’hui.
Une culture très distincte
Depuis la métropole animée de
Buenos Aires, en Argentine, jusqu’aux
quartiers juifs de Los Angeles, de Miami,
et de New York, en passant par les rues
grouillantes d’Israël et d’ailleurs, les ad-
ventistes atteignent et reçoivent les Juifs
qui croient en Jésus et au message des
trois anges. Richard Elofer – un ouvrier
de longue date dans l’évangélisation des
Juifs – dirige le Centre mondial d’amitié
judéo-adventiste, domicilié en France.
Il dit que l’Église compte aujourd’hui de
4 000 à 5 000 Juifs adventistes.
Selon Richard Elofer, ce nombre,
lequel peut sembler modeste de prime
abord, est le plus élevé qu’on ait connu. Il
est imputable à 23 années d’efforts pour
atteindre les Juifs. Au cours de ces années,
on a développé une approche qui respecte
la mentalité juive. De plus, on a adapté le
message adventiste pour que les Juifs qui
ne sont pas familiers avec les croyances
Juifs et adventistes partagent.
« Nous avons des imprimés uniques
en leur genre », a dit Jeff Zaremsky aux
participants du Congrès d’ASI (Associa-
tion des entrepreneurs adventistes) de
2012. « Certaines de nos églises judéo-
adventistes ressemblent aux synagogues.
Leurs services religieux se déroulent dans
une atmosphère à forte saveur juive.
« La culture juive est encore très
distincte, a-t-il ajouté, surtout dans le
contexte religieux. Sa terminologie est
différente. À vrai dire, elle comporte tant
de différences qu’elle en devient presque
une autre langue. »
Enracinés dans l’histoire
Il y a de nombreuses raisons pour
cela. Après 2 000 ans de ce que nombre
de Juifs appellent l’ère commune –
c’est-à-dire l’époque après la vie et le
ministère de Jésus (que dans les cercles
chrétiens on appelle souvent l’ère chré-
tienne) – de nombreux Juifs se sont mis
à se méfier du message évangélique, à y
être indifférents, voire hostiles. Et cela
se comprend aisément : les siècles d’anti-
sémitisme aboutissant à la Shoah, ou
chrétiennes puissent le comprendre.
Richard Elofer, dans une interview
avec Adventist World : « Les changements
dont je suis témoin sont absolument
extraordinaires. Dans les années 1990,
l’Église adventiste mondiale ne comptait
aucune congrégation judéo-adventiste.
Aujourd’hui, elle en compte environ
40, dont 25 aux États-Unis. Chacune
d’elles témoigne de façon formidable
auprès des Juifs que Jésus est bel et bien
le Messie. Avant le lancement de ce
ministère contextualisé, des Juifs, certes,
devenaient adventistes. Malheureuse-
ment, à peine trois à cinq ans plus tard,
ils quittaient l’Église. Aujourd’hui, notre
ministère connaît un succès tel que les
Juifs se sont enfin taillé une place au sein
de l’Église et demeurent adventistes. »
En Floride, Jeff Zaremsky, Juif
et pasteur adventiste, se consacre à
l’évangélisation des Juifs en utilisant
une approche qui les rejoint facilement.
En collaboration avec la Division nord-
américaine, il mène aussi des efforts
d’évangélisation, lesquels incluront en
2013 Shalom Adventure, un site Web qui
présentera au public les croyances que
Quand foi ancienne
et foi moderne se fusionnent
Juifs...
mais aussi
Mark A. Kellner
adventıstes
22 Adventist World | Novembre 2012
VIE ADVENTISTE
« catastrophe » – l’Holocauste mené par
les nazis qui a exterminé plus de 6 mil-
lions d’hommes, de femmes et d’enfants
juifs – ont durci de nombreux cœurs.
Pour beaucoup de Juifs, surtout pour ceux
à l’esprit critique, au mot « chrétien » est
accrochée l’étiquette antisémite.
Ainsi, à cause de l’antisémitisme et de
la persécution, de nombreuses collectivités
juives se sont coupées du monde extérieur,
en quelque sorte, pour se protéger : faire
des affaires avec les chrétiens, passe en-
core, mais s’aventurer dans des questions
d’ordre religieux, ça, jamais. Et il y a plus :
de nombreux Juifs croient dur comme fer
que celui qui naît juif doit vivre et mourir
en tant que membre de la foi juive.
Cependant, après la guerre, l’œcumé-
nisme et les efforts en vue d’une meil-
leure compréhension entre dirigeants
juifs et chrétiens ont fait beaucoup pour
réduire cette tension. En même temps, les
pressions existentielles de la vie moderne
ont conduit de nombreux Juifs dans une
quête spirituelle : beaucoup de Juifs qui
se disent « sécularisés » s’ouvrent aux
discussions et aux concepts spirituels et,
de ce fait, sont potentiellement ouverts
environ huit ans, il a refusé de me voir.
Aujourd’hui, mes parents habitent en
Israël. Papa est un Juif toujours aussi
convaincu qu’il y a 30 ans : il va à la
synagogue chaque jour pour y prier.
Nous discutons ensemble, mais pas de
religion », a-t-il souligné.
Richard Elofer a été président de
l’Église adventiste en Israël pendant 15
ans. Il dit que la situation de l’Église dans
ce pays est très différente des premières
années. « Après environ 100 ans de
présence en Palestine/Israël, nous n’avi-
ons que 50 membres. Aujourd’hui, on
compte plus de 1 000 membres répartis
en 25 congrégations. Et la majorité de
nos membres sont des Israélites. »
Le lien avec l’adventisme
Beaucoup de ces membres se sont
retrouvés à Jérusalem le sabbat 16 juin
2012 pour entendre Ted N. C. Wilson,
président de la Conférence générale.
Le culte du sabbat matin s’est
conformé au modèle de nombreux
services adventistes du monde entier.
Ce qui a conféré à ce culte une saveur
toute particulière, ce sont les chants
au message adventiste.
Richard Elofer, autrefois un Juif
orthodoxe du Maroc, en est un bon
exemple. Pendant son adolescence, il a
habité en France. Il y a fait la connais-
sance d’une famille adventiste qui s’est
liée d’amitié avec lui. Ils ont partagé
leur croyance mutuelle du sabbat, et ont
mangé ensemble les aliments permis par
la Bible. Ils ont lu des passages bibliques
que Richard n’aurait jamais imaginé re-
trouver dans la Bible « juive » qu’il avait
reçue lors de la cérémonie de confirma-
tion de sa majorité religieuse juive – un
rite de passage appelé bar mitzvah, ce qui
signifie « fils du commandement ».
« À mon retour à la maison, raconte-
t-il, j’ai ouvert ma Bible juive pour
vérifier si ces passages étaient les mêmes.
Et à ma grande surprise, ils l’étaient ! J’ai
accepté progressivement ces enseigne-
ments, et quatre à cinq années plus tard,
j’ai décidé de me faire baptiser. »
Sa conversion a changé sa vie, mais à
quel prix ! « Devenir chrétien, pour un
Juif orthodoxe, revient à mourir. C’est
pourquoi, en apprenant cette nouvelle,
mon père s’est lamenté. Et pendant
Quand foi ancienne
et foi moderne se fusionnent
Juifs...
ORATEUR : Clifford Goldstein, Juif adventiste et éditeur du
questionnaire trimestriel de l’École du sabbat, s’adresse à une
congrégation judéo-adventiste à Buenos Aires, en Argentine.
DAviD BArzolA
ceNtre Du PAtrimoiNe juif
SEDER : Le seder (dîner)
de la Pâque à une église
judéo-adventiste en Floride.
adventıstes
Novembre 2012 | Adventist World 23
Mark A. Kellner, Juif et
disciple de Jésus, est
rédacteur aux informations
pour les revues Adventist
World et Adventist Review.
CROYANTS :
L’Église adventiste
en Israël compte
de nombreux
croyants juifs.
Richard Elofer
hébraïques, de même que la traduction
en russe des annonces et de la prédica-
tion – une langue parlée par un grand
nombre dans la congrégation. C’est Oleg
Elkine qui s’est chargé de la traduction
en russe pour Ted Wilson et pour Julio
Mendez Jr., secrétaire-trésorier du
champ israélien. Ted Wilson, qui a été
président de la Division euro-asiatique
pendant deux ans, a prononcé quelques
phrases en russe.
Dans son message, Ted Wilson a
commenté ce qui est arrivé en ce pays il
y a quelque 2 000 ans, et sa pertinence
pour aujourd’hui.
« Dans cet endroit très spécial du
monde, Jésus a dit à Nicodème qu’à
moins qu’une personne ne naisse de
nouveau, elle ne peut voir le royaume de
Dieu. C’est ce dont nous avons besoin, ce
dont toute personne en Israël a besoin. »
Aux États-Unis, on trouve des
congrégations judéo-adventistes en
beaucoup d’endroits. Il n’y a rien d’éton-
nant à cela puisque ce pays compte près
de 6 millions de Juifs américains. Lors
d’une interview, Jeff Zaremsky a dit que
ses congrégations en Floride, bien que
petites, sont en pleine croissance grâce
aux efforts consentis pour donner une
saveur juive au message adventiste. « Je
crois que ça a été la façon la plus efficace
de partager l’amour de Dieu avec les
Juifs », a-t-il expliqué.
« Des Juifs assistent à nos services,
entament un parcours spirituel et le
poursuivent. Certains acceptent le Messie ;
d’autres décident de se faire baptiser et de
devenir membres de l’Église adventiste »,
a-t-il ajouté.
À maints égards, la congrégation judéo-
adventiste de l’Argentine est l’une des plus
prospères. Elle entretient des relations
cordiales avec de nombreux dirigeants de
la communauté juive. Elle a produit son
propre recueil de prières judéo-adventiste
et établi un ordre du culte qui reflète la
liturgie juive traditionnelle. L’idée, encore
une fois, c’est de rendre la foi adventiste
accessible à ceux dont la culture même
exclut totalement ou en partie l’exposition
aux croyances chrétiennes.
« Depuis plus de 10 ans, des Juifs
traditionnels qui ne croient pas en Jésus,
des Juifs athées, et des Juifs adventistes
fréquentent notre congrégation », a dit
David Barzola, le pasteur adventiste
juif qui dirige la congrégation de
Buenos Aires depuis 10 ans. « Certains
ont choisi de devenir adventistes,
d’autres pas. Cependant, beaucoup
pensent qu’il n’est pas contradictoire
d’être à la fois juif et adventiste. »
Il faut absolument atteindre la col-
lectivité juive en Argentine, a-t-il ajouté.
« Notre congrégation cherche à établir
de bonnes relations avec les collectivités
juives établies en Argentine, et à jeter
des ponts. Grâce à une telle approche,
les autorités [juives] et les rabbins de la
collectivité, de même que les dirigeants
adventistes nous rendent visite et parti-
cipent à nos activités. »
Un horizon prometteur
Qu’en est-il de l’avenir ? L’évangélisa-
tion en continu est assurée, surtout envers
les 1,6 million de Juifs de New York et de
ses banlieues, où la Conférence générale
mènera une importante campagne
d’évangélisation en 2013. Jeff Zaremsky
a dit à l’auditoire du Congrès d’ASI
qu’entre autres efforts, il participera à
cette campagne d’évangélisation pour les
Juifs en établissant des centres de santé.
Richard Elofer croit qu’il est indis-
pensable que l’Église adventiste accueille
les Juifs adventistes. « Ne nous méfions
pas des Juifs qui deviennent adventistes –
faisons-leur confiance, a-t-il souligné. Ce
sont des adventistes fidèles, loyaux envers
l’Église adventiste, son histoire, son pa-
trimoine. Cependant, ils ont leur propre
façon d’être adventistes et de rendre un
culte à Dieu, selon leur culture. »
PhotoS : mArk A. kellNer/ADveNtiSt worlD
VIE ADVENTISTE
24 Adventist World | Novembre 2012
Quand Jérusalem fut détruite, et que le temple tomba
en ruine, des milliers de Juifs furent vendus comme
esclaves en terres païennes. Comme des naufragés
échoués sur un rivage désert, ils furent dispersés parmi les
nations étrangères. […] Dédaignés, haïs, persécutés de siècle
en siècle, leur héritage n’a été que celui de la souffrance.
Bien qu’un terrible jugement ait été prononcé contre la
nation israélite à l’époque où elle avait rejeté Jésus de Nazareth,
des Juifs au cœur noble et craignant Dieu continuèrent, à
travers les âges, à souffrir en silence. Dieu a réconforté leurs
âmes affligées, et il s’est penché avec pitié sur leur condition
tragique. Il a entendu les prières déchirantes de ceux qui
le recherchaient de tout leur cœur pour acquérir une juste
compréhension de sa Parole. Parmi ces infortunés, certains
ont appris à voir dans l’humble Nazaréen […] le véritable
Messie d’Israël. Et tandis qu’ils sondaient les prophéties
qui leur étaient familières, et que la tradition ou une fausse
interprétation leur avaient rendues si longtemps obscures,
leur cœur débordait de reconnaissance envers Dieu pour le
don ineffable qu’il accorde à tous ceux qui acceptent le Christ
comme Sauveur personnel.
Depuis l’époque de Paul jusqu’à nos jours, Dieu a
appelé à la fois, par son Saint-Esprit, les Juifs et les païens.
« Car devant Dieu il n’y a point d’acception de personnes »
(Rm 2.11), déclare Paul. […]
« L’Évangile, dit-il encore, est une puissance de Dieu pour
le salut de quiconque croit, du Juif premièrement, puis du
Grec, parce qu’en lui est révélée la justice de Dieu par la foi
et pour la foi, selon qu’il est écrit : Le juste vivra par la foi. »
(Rm 1.16,17) C’est de cet Évangile, aussi efficace pour les
Juifs que pour les Gentils, que Paul déclarait, dans son épître
aux Romains, « qu’il n’avait point honte ».
Peu nombreux sont les pasteurs qui se sentent appelés à
travailler pour le peuple juif ; mais le message de miséricorde
et d’espoir en Christ doit être annoncé à tous ceux qu’on a
trop longtemps négligés. Dans la proclamation finale de
l’Évangile, Dieu suscitera des serviteurs qui prendront un
soin spécial des Juifs, répandus dans toutes les parties
du monde.
Comme l’Ancien Testament s’harmonise avec le Nouveau
pour l’explication des desseins éternels de Dieu, de nombreux
Juifs y verront comme l’aurore d’une nouvelle création, la
résurrection de l’âme. Lorsqu’ils discerneront le Christ de
la dispensation évangélique à travers les pages de l’Ancien
Testament, lorsqu’ils comprendront combien clairement le
Nouveau Testament explique l’Ancien, alors ils se réveilleront
de leur assoupissement, et reconnaîtront le Christ comme
Sauveur du monde. […]
Parmi les Juifs, il y en a beaucoup qui, comme Saul de
Tarse, sont puissants dans les Écritures. Ils proclameront avec
une force merveilleuse l’immutabilité de la loi divine. Le Dieu
d’Israël permettra que tout cela s’accomplisse de nos jours,
car son bras ne s’est pas raccourci ; il est toujours puissant
pour sauver.
« C’est pourquoi ainsi parle l’Éternel à la maison de Jacob,
lui qui a racheté Abraham : Maintenant Jacob ne rougira plus
[…]. Car, lorsque ses enfants verront au milieu d’eux l’œuvre
de mes mains, ils sanctifieront mon nom ; ils sanctifieront
le Saint de Jacob, et ils craindront le Dieu d’Israël ; ceux dont
l’esprit s’égarait acquerront de l’intelligence, et ceux qui
murmuraient recevront instruction. » (Es 29.22-24)
Cet article est tiré de Conquérants pacifiques (p. 336-338), d’Ellen
G. White. Les adventistes du 7e jour croient qu’Ellen G. White
(1827-1915) a exercé le don de prophétie biblique pendant plus de
70 ans de ministère public.
ESPRIT DE PROPHÉTIE
Mais aussi au Grec
auJuif
premièrement
Ellen G. White
Novembre 2012 | Adventist World 25
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