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Un jour je jouais avec ma petite carriole, une sorte de chariot avec un timon pour le tirer. Une balle
se trouvait dessus, je m'en souviens comme si c'était hier : une balle était sur le chariot et il se
produisait quelque chose de bizarre quand je tirais. J'allais voir mon père :
- Dis papa, j'ai remarqué une chose : quand je tire le chariot, la balle roule vers l'arrière du chariot. Et
quand je tire et puis je m'arrête, la balle roule vers l'avant. Pourquoi ?
- Ça, personne ne le sait, répondit-il. Les choses qui bougent tendent à rester en mouvement, et les
choses qui ne bougent pas tendent à rester immobiles. Et il ajouta : "Cette tendance est appelée
inertie mais personne ne sait pourquoi c'est ainsi". Voilà ce que c'est que comprendre quelque chose
: mon père savait faire la différence entre connaître le nom d'une chose et connaître cette chose.
Il continua : "Si tu regardes bien, tu verras que la balle ne va pas vers l'arrière du chariot quand tu le
tires ; c'est l'arrière du chariot qui vient vers elle. La balle reste à peu près immobile."
Je retournai en courant vers mon chariot, je le tirais dans tous les sens en observant bien la balle :
elle restait bien plus ou moins immobile. Elle reculait par rapport au chariot, mais par rapport au sol,
elle avançait légèrement.
The pleasure of finding things out, Richard Feynman
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4b. Énoncé du principe.
Tout corps persévère dans son état de repos ou de mouvement rectiligne uniforme si les
forces qui s'exercent sur lui sont nulles ou se compensent.
Il est donc équivalent de dire "un corps est soumis à des forces qui se compensent" et "un
corps n'est soumis à aucune force".