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L’INDE CLASIQUE DES GUPTA (IVE - VE SIÈCLES)
HISTOIRE PARTIE 6 - Thème 2
I - PROGRAMME ET ÉCLAIRAGE SUR LE THÈME
Le programme (extrait du texte offi ciel)
II. L’Inde classique aux IVe et Ve siècles
(environ 20 % du temps consacré à l’histoire)
Connaissances
La dynastie des Gupta (IVeVe
siècle), qui réunifi e l’Inde du
nord, marque l’apogée de la
civilisation de l’Inde classique.
L’art indien d’inspiration hin-
dou et bouddhiste, est cultuel
et codifi é.
Démarches
Étude au choix.
— Un mythe hindou.
— Un site de l’époque des Gupta.
Capacités
Connaître et utiliser le repère suivant :
— L’Inde des Gupta, IVeVe siècle.
— La Chine des Han à son apogée sur une carte de l’Asie
Raconter un mythe hindou ou décrire un site de l’époque des Gupta.
Le programme insiste sur la notion d’« apogée de la civilisation de l’Inde classique »
qui est abordée à travers l’art gupta d’inspiration religieuse (hindoue ou bouddhiste).
Il s’agit de montrer en quoi l’empire gupta, construction politique stable et organisée,
est devenu un centre important de la culture en Asie. Cet objectif, qui s’inscrit très bien
dans la logique de l’histoire des arts, peut être mené par l’étude au choix d’un mythe
hindou ou d’un site de l’époque gupta. Ces démarches permettent aux élèves d’acquérir
les capacités de se repérer, de raconter et de décrire. L’étude de la civilisation gupta
peut ainsi être mise en perspective avec les autres constructions politiques étudiées au
programme. De nombreux parallèles peuvent, par exemple, être établis avec le destin
du monde romain.
Éclairage et problématiques sur le thème
Le programme d’histoire s’ouvre dans cette dernière partie, intitulée « Regards sur
des mondes lointains », sur une civilisation asiatique de l’Antiquité.
L’Inde des Gupta, comme la Chine des Han, représente une civilisation qui a long-
temps été négligée dans les enseignements par rapport à celles issues du monde médi-
terranéen. Cette vision trop européocentriste a conduit les élèves à ignorer totalement
l’histoire de pays émergents qui sont devenus les pôles actifs d’un espace mondialisé. Il
est donc nécessaire de réparer cet oubli en leur permettant de découvrir une civilisation
qui s’intègre bien dans la logique du programme de 6e en histoire.
En effet, les éléments de comparaison sont nombreux entre l’Inde des Gupta et les
civilisations méditerranéennes telles celles des mondes anciens, de Grèce et de Rome : il
L’ Inde classique des Gupta
(IVe - Ve siècles)
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s’agit aussi d’une construction politique stable, d’une période d’épanouissement cultu-
rel exceptionnelle alors qu’elle chute à la suite des invasions au VIe siècle (le parallèle
avec le destin de l’empire romain peut être facilement établi à ce sujet et est porteur
de sens).
Au IVe siècle, le nord du sous-continent indien est réunifi é sous l’autorité de sou-
verains appartenant à la dynastie des Gupta (le fondateur Chandragupta Ier (319-335)
et ses principaux successeurs, Samudragupta (335-375), Chandragupta II (375-415) et
Kumarâgupta (415-455) qui agrandissent successivement l’empire).
Cette stabilité politique d’environ deux siècles permet un essor des sciences, des
lettres et des arts. Certains historiens évoquent même un « âge d’or » de l’Inde classi-
que (période s’étendant du IVe au XIIIe siècle pendant laquelle se développe une culture
qui fait référence et est universellement reconnue). L’infl uence culturelle de l’Inde des
Gupta s’étendant bien au-delà des frontières de l’empire, on ne doit pas s’interdire
d’étudier des sites très infl uencés par la culture gupta. C’est le cas des grottes d’Ajantâ,
classées aujourd’hui au patrimoine mondial de l’UNESCO. On peut donc se demander
pourquoi l’empire gupta est considéré comme l’« âge d’or » de l’Inde classique ?
La mise en œuvre de ce thème n’est cependant pas évidente. Il serait ainsi regret-
table de calquer sa démarche sur celle qui correspondait aux programmes d’avant 1995.
Celle-ci se faisait par le biais du fait religieux et visait à défi nir l’organisation politique
et sociale de l’Inde antique. Dans la logique du nouveau programme, il ne s’agit plus
d’étudier précisément les deux grands courants religieux de l’empire gupta : l’hindouisme
(majoritaire et considéré comme la religion offi cielle, c’est-à-dire celle des souverains)
et le bouddhisme (qui bénéfi cie d’une certaine tolérance). Une simple défi nition peut
suffi re pour les caractériser. En revanche, il semble intéressant de voir comment les
religions hindouiste et bouddhiste ont inspiré la culture et l’art indien des ateliers de
Mathurâ et Sârnâth (ceci en lien avec les objectifs liés à l’« Histoire des arts »).
La période gupta a vu aussi se développer l’usage de la littérature en sanskrit avec
de grands auteurs tels Kâlidâsa. C’est aussi une période d’essor des sciences : mathé-
matiques, médecine et astronomie sont encouragées par les souverains. Certains scien-
tifi ques, tels Aryabhata sont véritablement polyvalents et concourent à la diffusion de
la culture gupta en Asie.
II - LA MISE EN ŒUVRE DU CHAPITRE
Structure du chapitre
La carte (p. 163) de l’empire gupta entre le IVe et le Ve siècle permet à l’élève de se
repérer et de délimiter le territoire gupta. Ce repérage doit le conduire à constater que
le monde gupta se concentre au nord du sous-continent mais qu’il étend son infl uence
bien au-delà vers le sud (plateau du Deccan) et l’Asie. Il est aussi intéressant de consta-
ter que la localisation des différentes capitales suit logiquement l’agrandissement de
l’empire, à la faveur des conquêtes réalisées par Chandragupta et ses successeurs. Cette
carte met aussi en avant l’importance des grands ateliers artistiques et des sites reli-
gieux qui structurent, à leur manière, le territoire. Un lien peut être établi avec la carte
de l’empire romain à l’époque gupta (en haut à droite de la page) : comme l’empire
romain, celui des Gupta a connu une certaine expansion territoriale mais a chuté, à peu
près à la même époque, à la suite des attaques menées par les Huns.
La double page d’ouverture (p. 176-177) permet à l’élève d’observer et de s’inter-
roger sur les caractéristiques de la civilisation gupta. À partir du document 5, le profes-
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seur peut montrer que l’empire gupta suscite encore un certain intérêt puisqu’en 2007,
une exposition sur ce thème a été organisée à Paris. Les documents 1 et 4 peuvent être
présentés en parallèle en faisant émerger l’idée qu’ils ont des caractères communs :
même traitement (fi nesse des traits, arête prononcée des sourcils, yeux clos…), même
date (Ve siècle), même atelier (Mathurâ), même matériau (grès). Ces différents éléments
permettent d’évoquer la cohabitation dans l’empire gupta de deux grands courants reli-
gieux : l’hindouisme et le bouddhisme. Les documents 2 et 3 évoquent plus le pouvoir
politique et la monarchie gupta. Le cartouche « Le sais-tu ? » permet d’aborder l’avan-
cée scientifi que de cette civilisation.
La leçon (p. 178-179) peut être lue par l’élève à différents moments : avant ou
après le cours du professeur. En ce qui concerne les courants religieux importants de
cette civilisation (l’hindouisme et le bouddhisme), ils sont défi nis de manière simple
car l’objectif n’est pas de les présenter mais de voir en quoi ils infl uencent l’art gupta.
Les documents textuels et iconographiques sont accompagnés de questions permettant
de répondre à la problématique annoncée. Quant aux questions, elles permettent aux
élèves de sélectionner l’information et mettre en relation les documents. Elles peuvent
participer à la construction du raisonnement en classe ou être utilisées pour vérifi er la
compréhension des élèves après la classe.
Le dossier thématique (p. 180-181), intitulé « Un site bouddhique de l’époque
gupta » rassemble des documents de natures différentes. Il permet de montrer comment
les Gupta ont construit de prestigieux monuments connus dans toute l’Asie. Ce dossier
peut tout à fait servir d’« entrée concrète » au chapitre. L’université bouddhique de
Nâlandâ aurait été fondée au Ve siècle par Kumaragupta. Ce point démontre que les
souverains gupta (hindouistes et favorables au culte de Vishnu) faisaient preuve d’une
certaine tolérance par rapport au bouddhisme. Le questionnement vise à faire émerger
les idées suivantes : Nâlandâ est un ensemble bouddhique mais aussi un site imposant
et prestigieux. Grâce aux documents l’élève peut mesurer l’importance spatiale de ce
site (photographie satellitale) et surtout son infl uence dans toute l’Asie. L’élève peut
aussi comprendre la triple vocation du site : lieu de culte, monastère et université. Les
documents 3, 4 et 6 offrent aussi la possibilité de comprendre la structure particulière
d’un temple bouddhiste.
Le récit d’histoire (p.182-183) présente un mythe hindou : la naissance de Kumâra.
Ce récit est basé sur un poème (« Kumârasambhava » ou « la naissance de Kumâra »)
du célèbre Kâlidâsâ, surnommé « Prince des poètes ». Ce récit permet d’évoquer la ren-
contre entre les parents du futur dieu de la guerre des hindous. C’est aussi l’occasion de
montrer aux élèves que la littérature sanskrite est le refl et de l’hindouisme qui engage
ses fi dèles à progresser vers la pureté en respectant le dharma (devoir) : sérénité, aus-
térité, pureté, pardon, foi… Les mythes hindous se calquent sur ces notions. Le récit
est mis en résonance avec deux représentations artistiques du Ve siècle : le buste de
Shiva uni à celui d’Umâ-Parvaâti et la sculpture représentant Kumâra et son paon.
L’exercice A est un ensemble de questions qui permettent à l’élève de restituer ses
connaissances et d’utiliser les grands repères chronologiques et spatiaux de la période
gupta.
L’exercice B vise à fournir à l’élève des capacités pour identifi er la composition
d’un temple hindouiste tout en le comparant à un temple gréco-romain. Cette dernière
partie de l’exercice est l’occasion de réactiver des pré-acquis concernant des thèmes du
programme déjà étudiés.
La partie C, fournit à l’élève une méthode pour étudier une sculpture antique à tra-
vers l’exemple de Bouddha.
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Enfi n, l’exercice D sensibilise les élèves au rôle essentiel joué par les mécènes dans
la création de musées consacrés à certaines civilisations. L’exemple proposé est celui
d’Émile Guimet, célèbre collectionneur d’art asiatique et créateur du musée qui porte
son nom.
Les pages « Petit musée » (p. 186-187) proposent de découvrir les grottes d’Ajantâ.
Ce site, situé aux marges de l’empire gupta, est aujourd’hui classé au patrimoine mon-
dial de l’UNESCO. Ce sera l’occasion d’aborder avec les élèves la vocation et l’action
de cette institution de l’ONU mais surtout de les sensibiliser à l’art de la fresque. Les
trente grottes d’Ajantâ sont en effet décorées de monuments bouddhiques mais aussi de
superbes fresques consacrées à Bouddha et à ses disciples. Le document 2 permet aussi
aux élèves de constater la présence de nombreux étrangers : cette fresque symbolise
bien la très forte infl uence culturelle exercée par le monde gupta dans toute l’Asie.
Commentaires sur les choix documentaires
Les choix des documents proposés répondent à plusieurs objectifs. Il s’agit tout
d’abord de permettre aux élèves de comprendre la notion d’« âge d’or » avec l’épanouis-
sement des sciences, des lettres et des arts. Certains documents visent aussi à faciliter
la mise en œuvre de l’histoire des arts. Enfi n, les élèves pourront travailler sur des sup-
ports variés : textes avec certains documents-sources (ex : les témoignages des pèlerins
chinois Hiuen-Tsang, Sung-Yun et Fah-Hian qui parcourent l’empire gupta à la recherche
des lieux d’origine du bouddhisme), articles d’historiens, reconstitutions de monuments
gupta, reproductions de manuscrits, monnaies, statues… Ces documents sont simples
et permettent une lecture à plusieurs niveaux par les élèves. Leur regroupement per-
met de les mettre en perspective, dans la logique des problématiques adoptées : ainsi,
l’élève peut établir un lien entre le récit d’histoire et les représentations artistiques du
mythe de la naissance de Kumârâ.
Les objectifs pédagogiques
La réponse aux problématiques posées (Pourquoi l’empire gupta est-il considéré
comme « l’âge d’or » de l’Inde classique ? Comment les religions hindouiste et bouddhiste
ont-elles inspiré la culture et l’art indiens ?) s’établit à travers l’étude des documents et
du cours. Cependant, les démarches visent surtout à mettre en œuvre les objectifs en
termes de capacités : « raconter » et « décrire ». Ainsi, l’étude du dossier thématique
consacré à l’étude du site bouddhique de Nâlandâ doit conduire l’élève à décrire ce
site en utilisant certains mots abordés dans les documents. Cet exercice est conduit de
manière progressive en permettant à l’élève d’identifi er ce qu’est un site bouddhique
(en nommant les différents types de bâtiments, en comprenant comment étaient orga-
nisés les enseignements dans cette université, en apprenant à reconnaître un temple
bouddhique et des stûpas) pour ensuite mesurer en quoi il s’agissait d’un site imposant
et prestigieux en Asie.
Ces différentes activités doivent permettre aux élèves de découvrir certaines carac-
téristiques essentielles de cette civilisation largement méconnue.
Progression pédagogique possible
À partir de la page d’ouverture du thème (p.176-177), le professeur peut deman-
der aux élèves d’observer les documents 1 et 4 : on remarque les mêmes expressions, la
nesse des visages et bijoux, les yeux clos qui évoquent la méditation, l’arête aigüe des
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sourcils, la bouche au tracé sinueux, les lèvres charnues… Toutes ces représentations
visent à mettre en avant l’expression méditative faite d’intériorité et de détachement.
Puis, le professeur peut faire remarquer aux élèves que ces deux sculptures proviennent
toutes deux des mêmes ateliers : ceux de Mathurâ au Ve siècle. En étudiant la chronolo-
gie, on peut facilement identifi er ces œuvres comme relevant de la culture gupta. Il est
aussi possible de situer cet atelier sur la carte de l’Inde gupta en ouverture de partie
sur les mondes lointains.
Dans un deuxième temps, le professeur peut mener un travail sur le dossier théma-
tique consacré à Nâlandâ comme une entrée concrète. Celle-ci permet de faire émerger
les idées suivantes :
– Les souverains gupta hindouistes favorisent la construction de sites bouddhiques
(idée de tolérance).
– Les gupta sont capables de construire des sites importants (avance technologi-
que).
– L’empire gupta étend son infl uence sur toute l’Asie.
– Présentation des deux problématiques.
Au cours de la seconde séance, on pourra réactiver des idées abordées dans l’en-
trée concrète, puis mettre en activité des élèves à partir des questions 1 à 4 de l’ensem-
ble documentaire de la leçon. Élaboration du résumé en commun pour les sous parties
consacrées à un empire stable et à la politique de tolérance religieuse.
– Lecture du récit d’Histoire sur un mythe hindou : la naissance de Kumâra. Après
avoir expliqué certains termes, le professeur peut demander aux élèves d’identifi er les
différentes divinités hindouistes du mythe avec leurs caractères (ce travail pouvant se
matérialiser dans un tableau). Puis après avoir reconstitué la trame du mythe, le pro-
fesseur peut mettre en relation celui-ci avec les deux œuvres d’art représentées : une
statue de Shiva uni à Umâ-Pârvatî (les parents de Kumarâ) et la sculpture représentant
Kumarâ en dieu de la guerre avec sa monture Parvani.
Pour sensibiliser les élèves à l’art gupta et préparer la séance suivante, il est tout à
fait envisageable de leur demander de décrire une sculpture de Bouddha (pages exer-
cices).
La dernière séance commence par l’étude des pages Petit Musée consacrées aux
grottes et aux fresques d’Ajantâ. Puis, le professeur peut mettre les élèves en activité
sur les questions 5 et 6 de l’ensemble documentaire lié à la leçon. Les réponses appor-
tées par les élèves doivent permettre de rédiger le résumé consacré à l’« âge d’or » pour
les sciences et les arts.
III - LES RESSOURCES DOCUMENTAIRES
Bibliographie pour le professeur
A. Daniélou, Histoire de l’Inde, Fayard, 1996.
A. Okada et T. Zéphir, L’âge d’or de l’Inde
classique, Découvertes Gallimard, 2007.
E. P. Meyer, Une histoire de l’Inde - Les
Indiens face à leur passé, Albin Michel, 2007.
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