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Le 17 décembre 2015, PIASA présentera, dans le cadre de la vente
d’Art d’Asie, une rarissime tête de bouddha en grès rose du Ve siècle
de l’art des GUPTA, l’âge d’or de l’Inde classique.
« La vertu est le chemin qui mène à la beauté. »
C’est par ces mots que V.S Agrawala choisit de faire référence à l’art gupta, dans l’ouvrage qu’il lui
consacre en 1949. Fruit des influences jaïn, bouddhiste et hindouiste, cet art s’épanouit en Inde entre
le IVe et le VIe siècle de notre ère, en Inde du Nord, dans les états actuels de l’Uttar Pradesh et du Bihar.
La dynastie des gupta, malgré sa soif de conquêtes, offre un climat prospère et favorable au développement
des lettres, des sciences et des arts, qui vivent alors un âge d’or, atteignant des sommets de complexité
et de raffinement. L’architecture religieuse se développe, et avec elle la sculpture qui orne les temples,
palais et stupas du royaume. Si les bâtiments, bien souvent en bois et briques, ont pu souffrir des affres
du temps, les sculptures en pierre perdurent. Elles sont à présent les témoins d’une brillante civilisation
disparue.
Trois religions coexistent dans le royaume gupta, dont le bouddhisme. Les représentations du bouddha
se conforment alors à la fois aux canons iconographiques de l’art bouddhique, comme l’ushnisha
(la protubérance crânienne sculptée de boucles) et les longs lobes d’oreilles, et aux canons artistiques de
l’art gupta qui émergent alors. Ces derniers s’inspirent de la perfection de la nature : les sourcils doivent
être semblables aux fleurs de margousier, les paupières en forme de pétales de lotus, le nez tel une fleur
de sésame, les lèvres comme le fruit du bimba.
Les sculpteurs gupta rompent avec les modèles précédents qui représentaient le bouddha les yeux
ouverts sur le monde, et le figurent les yeux mi-clos. Ils visent à traduire en termes esthétiques la
perfection spirituelle et figurent donc le sage après l’Eveil, en profonde méditation, le regard tourné
en lui-même. Selon S. Kramrich, c’est alors que « la forme traduit exactement ce que le nom signifie » :
les visages de bouddha sculptés à l’époque gupta constituent l’une des expressions les plus abouties et
élevées non seulement de l’art bouddhique, mais de la spiritualité bouddhique même, noble et sereine
comme en témoigne cette remarquable tête ornée d’une coiffe finement bouclée et qui suscite déjà un vif
intérêt auprès des amateurs et collectionneurs internationaux.
Alice Jossaume
Expert