Emmanuel T. Berger ENSMP -1- SITHERE www.sithere.fr INTRODUCTION. La Gravenne de Thueyts, encore appelée Volcan La coulée, qui a égueulé la Gravenne sur son du Prat, domine la route N. 102 en rive gauche de la flanc ouest-sud-ouest, a été partiellement bloquée à vallée de l’Ardèche (Figure 1). Elle se présente l’aval par les scories du cône qui encombraient le lit comme un ancien cône, aujourd’hui éventré, de huit de l’Ardèche. Elle s’est, de ce fait, étalée en amont cents mètres de diamètre et s’élevant d’une centaine en raison de la faible pente locale de la vallée. de mètres au-dessus du substratum métamorphique. FIGURE 1 - LA GRAVENNE DE THUEYTS ET SA COULÉE BASALTIQUE. REMARQUES : 1 - Les «alluvions récentes» se matérialisent le plus souvent par une mince terrasse, voir des plaquages discontinus laissant apparaître le socle. 2 - La «formation lacustre» s’est mise en place immédiatement après que la coulée basaltique ait barré la vallée du Merdaric. L’existence de ce lac temporaire est responsable de la morphologie actuellement observable. LA COULÉE BASALTIQUE : La coulée émise par la Gravenne de Thueyts est certes pas la longueur de celle issue du maar du assurément la plus imposante du Pays des Jeunes Ray-Pic (21 km), ni la superbe vraie colonnade Volcans d’Ardèche (Photos 1 et 2).. Elle ne possède qu’offre la coulée de Jaujac ; en revanche sa Emmanuel T. Berger ENSMP -2- SITHERE www.sithere.fr puissance (localement supérieure à 50 mètres), sa ou pas altérées, se distinguent dans une fine matrice largeur et le cachet particulier qu’elle donne à la que seul le microscope permettrait d’observer avec commune de Thueyts en font une formation tout à efficacité. fait exceptionnelle Comme pour les autres volcans récents de l’Ardèche, la composition chimique du basalte (voir annexe) traduit bien son appartenance au groupe des basaltes «alcalins» caractéristiques de la quasitotalité des basaltes d’âges Tertiaire et Quaternaire du Massif Central. Sur la base de modèles plus ou moins généralement admis, ces compositions reflètent un faible taux de fusion partielle de péridotites au sein du manteau terrestre. Photo 1 - LA GRAVENNE ET LA COULÉE DE THUEYTS. Cette vue, prise depuis la rive droite de l’Ardèche, montre bien le site du village pour l’essentiel bâti sur la coulée. Au premier plan et de gauche à droite on remarque la puissance de la coulée et au delà de la Gueule d’Enfer, les restes du cône dont elle est issue. Au second plan on distingue nettement le Gravenne de Montpezat et le célèbre Rocher d’Hautureyre. Les sentiers existants, tant en rive gauche qu’en rive droite de l’Ardèche, permettent de multiplier les observations les plus diverses. Le basalte diffère quelque peu selon qu’il est observé dans la masse de la coulée ou dans les passées scoriacées où il est gris clair et riche en petites bulles millimétriques allongées donnant à la roche un faciès plus ou moins ponceux. Dans ces basaltes scoriacés, les cristaux visibles à l’œil nu (phénocristaux) sont rares ; il s’agit le plus souvent d’olivines relativement altérées (rubéfaction à haute température). Des enclaves de péridotites de taille centimétrique, le Photo 2 - VRAIE COLONNADE ET ENTABLEMENT. fréquemment altérées, sont localement observables. (CHEMIN DE LA GUEULE D’ENFER). Le basalte massif de la coulée est gris clair en La coulée basaltique de Thueyts, d’une puissance tout à fait patine mais plus sombre que le précédent en cassure. exceptionnelle (cinquantaine de mètres d’épaisseur), ne se Les bulles, moins nombreuses, y sont plus allongées. caractérise cependant pas par la hauteur de la vraie colonnade. Celle-ci, néanmoins bien individualisée, est bien observable le De petites enclaves de péridotites, relativement fraîches, y sont également présentes. A l’œil nu de rares phénocristaux de pyroxène (augites noires) et des olivines, automorphes et peu long du chemin qui, depuis la Gueule d’Enfer, conduit au Pont du Diable. On prendra la mesure de la puissance de la formation soit depuis le belvédère de la N 102, soit depuis les sentiers serpentant en rive droite de l’Ardèche, soit (par exemple) en empruntant «l’Echelle de la Reine». Emmanuel T. Berger ENSMP -3- SITHERE www.sithere.fr LES PÉRIDOTITES EN ENCLAVES DANS LE BASALTE. Les basaltes alcalins, groupe auquel appartient le basalte émis par la Gravenne de Thueyts, clinopyroxène et un minéral présent en très faible quantité (les pétrographes disent «minéral contiennent souvent des enclaves arrachées aux accessoire») : le spinelle. Prélever des échantillons terrains traversés lors de leur ascension vers la de roches mantelliques en place est naturellement surface du globe terrestre. Les unes sont prélevées impossible, le manteau se localisant entre la base de dans la croûte, à des profondeurs variables (roches l’écorce terrestre (moins de 10 à plus de trente métamorphiques dans le secteur concerné), les kilomètres de profondeur selon que l’on se situe en autres au sein-même du manteau terrestre. Ces milieu océanique ou continental) et le noyau situé à dernières sont pour l’essentiel des péridotites, de une profondeur de 2.900 km. Nous disposons couleur verte lorsqu’elles sont fraîches à rouge néanmoins d’informations relativement précises au brique travers lorsqu’elles sont «rubéfiées». Elles des données et qu’apporte pétrologique des l’étude contiennent en proportions variables trois minéraux minéralogique enclaves principaux (les pétrographes disent «minéraux «échantillonnées» par les basaltes (voir glossaire et cardinaux» : voir glossaire) : olivine, orthopyroxène, annexe). LE CÔNE, LES POUZZOLANES (PROPRIÉTÉS, USAGES). Brousse et Berger (1967) ont écrit : «La La Gravenne de Thueyts est le point du Pays des morphologie primitive n’est plus identifiable en Jeunes Volcans où il est le plus facile d’appréhender raison de l’intense exploitation dont il est depuis ce qu’est la pouzzolane (voir infra et annexe). Les longtemps l’objet». Si trente ans plus tard ce point niveaux les plus récents, bien visibles en bordure de de vue reste plus que jamais d’actualité, le stade la route nationale 102, s’enrichissent en blocs actuel d’exploitation des deux carrières en activité scoriacés décimétriques et même en passées n’en permet pas moins d’intéressantes observations. basaltiques franches annonçant l’ultime phase d’activité que matérialise la puissante coulée mise en place dans la vallée de l’Ardèche. Des enclaves sporadiques de socle, de couleur claire et atteignant tout au plus quelques centimètres, se détachent sur le fond rouge ou noir des fronts de taille. La carrière Est (Photo 3), située en bordure de la route forestière conduisant à la Gravenne de Montpezat, est la plus spectaculaire ; elle offre de beaux panoramas sur la vallée de l’Ardèche et de Photo 3 - LA CARRIÈRE EST. En pleine activité, la carrière Est montre de nombreux affleurements d’une fraîcheur exceptionnelle. On y trouvera divers types projections et, avec un peu de chance, de la covellite. très bonnes opportunités d’observations tant des produits en place (pouzzolanes, bombes, etc.) que des modalités de leur extraction par l’exploitant. Emmanuel T. Berger ENSMP -4- SITHERE www.sithere.fr Depuis le terre-plein, situé en bordure de route, De superbes bombes fuselées, pouvant atteindre on bénéficie d’une très bonne vue vers l’aval à la un à plusieurs décimètres, se rencontrent également fois sur la vallée de l’Ardèche et sur le volcan du (Photo 5). Nous signalerons la présence de Covellite Souilhol qui la domine en rive gauche (au delà de (sulfure de cuivre : CuS), le plus souvent bleue- Neyrac les Bains). De plus, depuis le sommet de la indigo, en quantité localement significative. carrière (côté gauche), on dispose d’un remarquable panorama en direction du centre de Thueyts et de sa coulée basaltique. La carrière offre une grande diversité d’observations possibles. Elle montre aussi bien des pouzzolanes de couleur sombre (plus ou moins noires) lorsqu’on est situé relativement loin du point d’émission (ancienne cheminée) que des projections franchement rouges lorsqu’on s’approche de celleci. Dans sa partie la plus à l’ouest, des projections rappelant celles décrites au sommet du Souilhol, s’offrent au regard (Photo 4). Il s’agit alors de l’expression d’une phase d’activité ayant émis des Photo 5 - BOMBE FUSELÉE. La carrière Est, bien connue des amateurs, autorise la découverte de très belles bombes fuselées, de tailles très diverses, pouvant, pour certaines d’entre elles, atteindre le mètre. paquets de lave très chaude, le plus souvent retombée près du point d’émission. Moins spectaculaire, car proche de l’épuisement de ses réserves, la carrière Ouest n’en offre pas moins des conditions d’observation intéressantes (Photo 6). Elle est d’un accès aisé et se prête bien à l’observation en deuxième partie de la journée (orientation du soleil). Les pouzzolanes y sont immédiatement accessibles et la relation substratum/volcan facile à appréhender. Photo 4 - SCORIES SOUDÉES (CARRIÈRE EST). Parvenues au sol à une température encore très élevée, certaines scories se sont soudées immédiatement après leur mise en place. Leur couleur rouge est due à un niveau d’oxydation un peu plus élevé que les scories noires. Le fer, présent en quantité relativement importante (pouvant être proche de 10%), permet de comprendre la relation entre couleur et degré d’oxydation. De telles projections sont assez fréquentes au Pays des Jeunes Volcans. Les plus spectaculaires sont celles du Souilhol (commune de Meyras) et, à un moindre degré, celles localement visibles sur les pentes du maar du Chambon (commune de Montpezat sous Bauzon). Photo 6 - LA CARRIÈRE OUEST. En voie d’épuisement, la carrière Ouest n’en autorise pas moins quelques belles observations. Emmanuel T. Berger ENSMP -5- SITHERE www.sithere.fr POUZZOLANES ET POUZZOLANICITÉ L’étude de La Gravenne de Thueyts offre ciment naturel». Il reste qu’en France le terme l’occasion de se pencher sur la pouzzolane en tant pouzzolane est utilisé au sens restreint des que matériau (Photos 7 et 8). En France le terme pétrographes/volcanologues qui lui donnent le pouzzolane concerne soit des scories volcaniques de contenu suivant : «La pouzzolane est une roche composition basaltique des naturelle constituée par des scories volcaniques matériaux ayant dites basaltiques ou de composition proche. Elle possède «pouzzolaniques» et pouvant avoir des origines très une structure scoriacée et alvéolaire». Du point de diverses. Nous proposons de lever brièvement vue chimique et d’après la norme officielle P18-310 l’ambiguïté que peut susciter ce double, voir triple (juillet 1957), la pouzzolane est essentiellement sens du terme pouzzolane. constituée de : ou des proche, soit propriétés SiO2 43 à 55% ; Al2O3 12 à 24% Fe2O3 8 à 15% ; moins de 0,5% de soufre sous forme de sulfure, moins de 1% de SO sous forme de sulfate. La pouzzolane est généralement rouge ou noire, avec toutes les teintes intermédiaires, exceptionnellement grise. Une analyse ancienne de pouzzolane, prélevée à la Gravenne de Thueyts (carrière Ouest) a donné la composition suivante (exprimée en poids d’oxydes pour cent) : SiO2 44,06 ; Al2O3 17,96 TIO2 0,84 ; Fe2O3 12,94 ; Photo 7 – POUZZOLANES ROUGES CALIBRÉES CaO 10,12 ; MgO 10,19 ; MnO 0,17 ; (Na2O + K2O) (CARRIÈRE EST). 1,22 ; Cr2O3 0,12 ; (Eau + Perte au Feu) 1,76 ; Le terme pouzzolane trouve son origine à TOTAL 99,38 Pouzzoles, petit port du Golfe de Naples. De très beaux vestiges en béton de pouzzolane sont connus de longue date, notamment : le temple de Seraphis, la villa de Cicéron, la Chapelle Agia Irini construite au XIVème siècle sur l’île de Ios, près de Santorini (Cyclades). L’évocation de ces prestigieux édifices nous offre l’occasion de préciser que, même pour le pétrographe, le terme pouzzolane peut concerner deux types de matériaux de nature chimique bien différente. Ainsi, Jung (1957) donne la définition Photo 8 – POUZZOLANE NOIRE (CARRIÈRE EST). suivante : «Les pouzzolanes de Pozzuoli (Italie Centrale), sont des cendres trachytiques claires et L’ensemble des éléments de la définition sus- friables, qui sont susceptibles d’être utilisées comme jacente, qui s’applique tout particulièrement aux Emmanuel T. Berger ENSMP -6- SITHERE www.sithere.fr scories basaltiques, ne nous sort guère des sentiers pouzzolane : un revêtement de pouzzolane à la base battus dont s’écarte déjà celle de FAICK : d’un mur humide peut donc résoudre indirectement «Les pouzzolanes sont des matières naturelles ou des problèmes d’allergies), les revêtements de caves artificielles qui, ajoutées à du ciment, donnent un à l’intention des amateurs de bons vins désirant les produit faire vieillir en conditions aussi favorables que de qualité supérieure pour un prix possible lorsque l’habitat naturel n’est pas optimal, généralement très bas. Le «Concrete Manual» (U.S.B.R.) nous donne une définition plus précise : les filtres divers et fosses septiques (les eaux présentent généralement une haute qualité après «...Une matière siliceuse ou silico-alumineuse avoir percolé en milieu pouzzolanique, les éléments possédant en elle-même peu ou pas de propriétés de de décoration (actuellement les exploitants mettent prise mais qui, finement divisée et en présence de l’accent sur cet aspect en mettant en avant la touche chaux, réagit avec l’hydroxyde de chaux à la de couleur qu’apporte la pouzzolane, son caractère température ordinaire pour former un composé ayant «inerte et inaltérable» etc.). les propriétés d’un ciment». À cette longue liste, s’ajoutent les utilisations Considéré du point de vue du géotechnicien, le possibles en horticulture (l’herbe pousse mal sur la terme pouzzolane prend donc un sens bien différent pouzzolane, «son caractère minéral met les toiles de celui des pétrographes. L’ingénieur réunit sous plastiques cette rubrique des matériaux aussi différents que le (publicité d’Europouzzolane). trass de l’Eiffel (Allemagne), la terre de Santorin, les tufs de nature trachytique, voire basaltiques, à l’abri des rayons ultraviolets» Ainsi, les usages que propose la publicité du Groupe Seroul concernent : certaines argiles, certains schistes houillers, la gaize, -la culture horticole en serres. Pour cet usage, le etc. A cette liste de matériaux naturels s’ajoutent les prospectus du groupe Seroul relève : «une meilleure laitiers de hauts fourneaux, les cendres volantes, etc. aération du compost, un meilleur enracinement, Un La variété des produits cités peut étonner ; en fait meilleur tous sont bien des pouzzolanes au sens du hygrométrique» géotechnicien. drainage, un meilleur échange -la culture sans sols. Cette culture, également Les pouzzolanes de composition basaltique ou appelée hydroponique, est effectuée en goutte à proche (type Gravenne de Thueyts) présentent goutte (par aspersion ou par le sol). Selon le diverses nombre prospectus, la pouzzolane permet «de réduire les desquelles : les bétons légers, les parpaings (la risques de maladie car exploitée à grande structure alvéolaire de la pouzzolane confère une profondeur elle est exempte de germes divers, de faible densité au béton pour une qualité mécanique retenir plus longtemps la solution nutritive» possibilités d’utilisation au donnée), les couches de base pour itinéraires routiers -la culture en plein champ. La pouzzolane est ici hors-gel (la porosité globale de la pouzzolane conseillée pour l’amendement de certains sols. au empêche la formation de lentilles de glaces et évite nombre des avantages qu’elle présente, le document donc la mise en place de barrières de dégel), les publicitaire insiste sur «le meilleur enracinement, le boisseaux de cheminées (la pouzzolane est un meilleur arrachage, la facilité de reprise des plants, isolant thermique de qualité exceptionnelle, les la suppression de pots coûteux, la réduction du revêtements risque de carences et de maladies». anti-moisissures (les champignons microscopiques ne se développent pas sur la Emmanuel T. Berger ENSMP -7- SITHERE www.sithere.fr QUEL ÂGE POUR LA GRAVENNE DE THUEYTS ET SA COULÉE ? Cherchemuse, ni le maar du Lac d’Issarlès, ni les appareils situés au nord du Ray-Pic, avait conduit à la mise en évidence de deux phases éruptives brèves : l’une à plus de 35.000 ans, l’autre à 12.000 ans environ (Berger, 1973 : Figure 3). Un travail plus récent, englobant les volcans non pris en compte dans la première étude et ne s’appuyant que sur les données du paléomagnétisme et de la thermoluminescence (Rochette, Bertrand, Braun & Berger, 1993), conduit ses auteurs à proposer trois phases d’activité très brèves se situant respectivement à 130.000, 80.000 et 47.000 ans (Figure 2). Un examen approfondi des conditions d’obtention des données relatives à la thermoluminescence nous a conduit sinon à reconsidérer cette conclusion du moins à en souligner certaines faiblesses (Berger, 1997). Le problème de l’âge absolu restant posé, il convient de FIGURE 2 - LES TROIS PHASES ERUPTIVES. (données de la thermoluminescence et du paléomagnétisme). prendre en compte deux datations Berger, 1998-2000. Les volcans les plus vieux (130 ka) sont ceux situés au nord C récemment communiquées (Berger, 1997). L’une concerne la coulée de Jaujac (16.280 SOURCES : Berger, 1981, Rochette, Braun & Berger, 1993, 14 410 ans), l’autre la coulée issue du maar du Chambon et effectuée sur des charbons prélevés sous le basalte (Chaudeyrolles, Borée, Saint-Martial) ; les plus jeunes (16 à 12 situé à la verticale et en contrebas de la ruine du ka) sont localisés au sud (Vestide du Pal, Chambon, Thueyts, château de Pourcheyrolles (15.100 ans Jaujac). Un travail récent, effectué à l’université de Clermont- Avec les réserves qui s’imposent, ces deux Ferrand, retrouve les valeurs proposées pour l’épisode le plus récent (De Goër, communication personnelle). dernières datations apportent un 360 ans). éclairage intéressant à l’estimation de l’âge absolu du volcan La prise en compte simultanée de l’ensemble des données de terrain, de celles du de Thueyts. En effet, le paléomagnétisme est le même pour les quatre volcans de Thueyts, du paléomagnétisme et des mesures d’âges absolus Chambon, du Souilhol (11.770 permet de mieux cerner le problème que pose & al., 1975) et de Jaujac. Ces paléomagnétismes l’estimation des âges de mise en place des jeunes impliqueraient une durée d’activité brève pour la volcans d’Ardèche (Figures 2 & 3). phase qui a vu se mettre en place ces appareils. On Selon que l’on prend en compte les données de la Thermoluminescence ou celles du obtenus diffèrent. effectuée sur 14 Une première 14 270 ans : Berger peut estimer (sous l’importante réserve qu’impose 14 C les âges la fiabilité des données du estimation Thueyts a soit un âge compris entre 16.700 et C, et ne concernant ni le volcan de 11.500 ans, soit 47.000 ans. C) que le volcan de Emmanuel T. Berger ENSMP -8- SITHERE www.sithere.fr Pont du diable, l’axe de la vallée se situait un peu au nord avant la mise en place de la coulée. L’importance de l’incision doit donc, pour le moins, être interprétée avec la plus grande prudence. Figure 3 – LES DERNIÈRES ÉRUPTIONS DE L’ARDÈCHE. (ÂGE 14C). Les premières datations 14 C (points 1 à 3), combinées aux Photo 9 - INCISION DE LA VALLÉE L’ARDÈCHE. (PONT DU DIABLE ET SECTEUR AMONT) données du paléomagnétisme et à celles du terrain, avaient permis la mise en évidence de deux phases éruptives brèves, l’une vers 12.000 ans et l’autre à plus de 35.000 ans. Les datations 14 C, publiées récemment (Berger, 1997 - 1998), relancent le débat relatif à l’âge très jeune des dernières éruptions. Les deux datations concernent respectivement la coulée issue du Chambon (point 4, à 15.100 +/- 360 ans sous le château de Pourcheyrolles) et la coulée issue de la Coupe de Jaujac (point 5, à 16.280 +/- 410 ans). Ces valeurs donnent donc globalement, pour l’âge 14 C de la dernière phase éruptive, une fourchette comprise entre 16.000 et 12.000 ans. L’INCISION DANS LE SOCLE : ENSEIGNEMENTS A Thueyts, la présence de coulée basaltique autorise une bonne réflexion sur le rôle des coulées dans l’évolution de la morphologie et comme marqueur de la vitesse actuelle d’incision des vallées. Les observations réalisables au Pont du diable et en amont (Photos 9 et 10) donnent, à priori, une excellente idée de la vitesse d’incision des vallées au quaternaire récent. Les conclusions que suggère ce site semblent aller dans le même sens que celles obtenues à une plus large échelle, lesquelles conduisent actuellement à envisager une Photo 10 - LA COULÉE A PONT DU DIABLE. L’importance de l’incision du socle est sans doute au moins vitesse de soulèvement récent du Massif Central de autant liée au changement de lit, consécutif à la mise en place de l’ordre de 0,14 mm/an. Il reste, qu’au niveau du la coulée basaltique, qu’au récent soulèvement du Massif Central. Emmanuel T. Berger ENSMP -9- SITHERE www.sithere.fr GLOSSAIRE, ANNEXE. La Covellite est un sulfure de cuivre cristallisant dans le système Cu-Fe-S, en présence d’une phase vapeur et à des températures comprises entre 500 et 400°C La dunite est une péridotite dans laquelle l’Olivine prédomine très largement (plus de 80%) Les harzbugites se caractérisent par la prédominance de l’olivine et de l’orthopyroxène. L’Olivine, encore appelée Péridot, est le constituant majeur du manteau supérieur et donc des enclaves de péridotites «ramonées» par les basaltes alcalins. De LES PÉRIDOTITES DU BASALTE DE THUEYTS : couleur vert-olive lorsqu’elle est fraîche, elle tire son nom MINÉRALOGIE ET PÉTROGRAPHIE. de cette caractéristique. Le plus souvent elle est plus ou moins altérée et prend alors une couleur jaune-miel. Les petites enclaves de péridotite rencontrées tant Lorsque l’oxydation est plus poussée, l’olivine devient dans les projections que dans le basalte de la coulée sont rougeâtre. Cette altération est fréquente dans les scories, soit des lherzolites soit des harzburgites. Elles présentent en particulier pour les nodules dépourvus de gaine un grain millimétrique. L’analyse chimique, à la basaltique. Observée au microscope, l’olivine fraîche est microsonde électronique, des minéraux constitutifs (en le plus souvent limpide et présente des cassures particulier orthopyroxène et clinopyroxène) permet de se nombreuses et généralement courbes. faire une idée de leur profondeur d’origine qui serait de l’ordre de 30 à 45 kilomètres. Cette estimation tient L’Orthopyroxène, encore appelé Bronzite par certains également compte de la structure de la roche. auteurs, offre, sous la loupe binoculaire, une couleur vert Du fait de leur petite taille, il est difficile d’obtenir olive à brune (il tire son appellation de bronzite de cette une analyse chimique globale des enclaves de péridotites caractéristique). Il présente à l’œil nu une teinte brune à issues de La Gravenne de Thueyts. noire. Dans les nodules de péridotites, l’orthopyroxène Une seule enclave a donc fait l’objet d’une analyse n’est pratiquement jamais altéré. Sous le microscope il se chimique détaillée. Il s’agit d’une lherzolite proche d’une distingue aisément de l’olivine du fait de la présence de harzburgite atteignant 6 centimètres dans sa plus grande clivages. dimension. Les proportions des constituants chimiques de cette enclave prélevée à proximité de l’Echelle de La Le clinopyroxène est un diopside chromifère. Il est de couleur vert-émeraude aussi bien à l’œil nu que sous la Reine (réf : THU 77284) sont consignées dans le tableau sus-jacent. loupe binoculaire. CHIMISME DES PÉRIDOTITES DE THUEYTS Le spinelle présente à l’œil nu une couleur noire et SiO2 43,86; Al2O3 2,69; TIO2 0,14; Fe2O3 0,92; FeO 7,41; brillante et une cassure conchoïdale. Observé au CaO 1,71; MgO 42,38; MnO 0,12 ; Na2O 0,18 ; K2O microscope, en lumière dite naturelle, le spinelle des 0,01 ; Cr2O3 0,37 ; NiO 0,26 ; H2O+ 0,08 ; H2O- 0,07 enclaves de péridotites est le plus souvent de couleur TOTAL 100,2. brune. Dans les enclaves rubéfiées on observe une couleur plus ou moins brun-rouge. Les spinelles sont des oxydes + + pouvant contenir : Mg; Al, Fe2 , Fe3 , Cr, Ti, Mn, .../... COMPOSITION CHIMIQUE DU BASALTE. (Echelle de La Reine, Source : Berger, 1973). SiO2 46,30 ; Al2O3 15,49 ; TIO2 0,95 ; FeO* 10,74 ; CaO La lherzolite est une péridotite dans laquelle les proportions d’Olivine, Orthopyroxène et clinopyroxène sont comparables.. 09,60 ; MgO 09,55 ; MnO 0,07 ; Na2O 4,03 ; K2O 1,81 Cr2O3 ; 0,15 ; H2O+ 0,88 ; H2O- 0,30 ; TOTAL 99,87 %.