Journées nationales des groupements techniques vétérinaires 2016 - Nantes
INTRODUCTION
La viande a longtemps véhiculé une image symbolique positive de force et de vie, tout en faisant
l’objet de certains tabous. Depuis plusieurs décennies, les préoccupations en matière de
prévention des maladies chroniques, aujourd’hui associées à des questions sur l’environnement
ou la place des animaux dans notre société, concourent à remettre en cause la place de la
viande dans notre alimentation et à mettre parfois en doute son intérêt nutritionnel. L’objectif est
ici de faire le point sur les principales caractéristiques nutritionnelles des viandes à partir des
résultats de deux programmes scientifiques conduits ces dernières années par le CIV en
collaboration avec l’INRA.
Un premier programme d’analyses sur les viandes crues
Il est aujourd’hui nécessaire de disposer de données de composition nutritionnelle de référence
pour répondre aux besoins scientifiques, réglementaires, cliniques ou de santé publique. Au
niveau des viandes de bœuf, de veau, d’agneau et de cheval, les données étaient souvent
anciennes et partielles. Pour pallier ce déficit, le CIV a engagé dès 2006 une étude permettant
d’évaluer la variabilité de composition des viandes crues (1, 5). Le protocole mis en place par
l’INRA a été construit avec des échantillons d’animaux représentatifs des principaux systèmes de
production en France ; tous élevés en station INRA avec une alimentation conforme aux
pratiques courantes. Les analyses ont porté sur trente morceaux différents de viande et produits
tripiers (abats, etc.) provenant de bovins, d’agneaux, de veaux et de chevaux et choisis pour
couvrir au mieux la diversité des compositions et des habitudes de consommation.
Un second programme sur les effets de la cuisson
La diversité des pratiques culinaires rend impossible l’exhaustivité et la représentativité des
analyses de composition réalisées sur des viandes cuites, morceau par morceau et recette par
recette car la reproductibilité des résultats est trop aléatoire. Cette seconde étude a donc reposé
sur une démarche novatrice de modélisation des pertes en eau et en nutriments lors de la
cuisson dans une large gamme de couples temps-température (7, 8, 14). Pour réaliser ce travail,
les chercheurs de l’INRA ont d’abord modélisé les pertes de la viande de bœuf dans des
conditions expérimentales puis ils ont validé le modèle pour les viandes des quatre espèces,
dans des conditions proches des pratiques culinaires classiques.
Les modèles ont ensuite été déclinés en abaques fournissant les rendements en poids et les
coefficients de rétention en nutriments pour les principaux modes de cuisson (grillé, poêle, rôti,
braisé, bouilli) et degrés de cuisson (bleu, saignant et à point) (Tableau n°1). La composition des
viandes cuites a ainsi pu être calculée à partir des valeurs nutritionnelles des viandes crues.
L’étude sur la cuisson a porté sur seize morceaux homogènes, c’est-à-dire essentiellement
composés de muscle, sans gras périphérique ou intermusculaire ce qui facilitait la modélisation