le sac de plage, et même l’uniforme de l’équipage
complétant cet univers esthétique, sont logotés
Courrèges.
Révolution
Montée au début des années 60 par André et
Coqueline Courrèges, cette grande maison de
couture a bouleversé la mode par un gout de
l’innovation, en cassant les codes. Emblématique
de son époque, chacun garde en mémoire le “style”
Courrèges, les mini-jupes, le pantalon pour les
dames en toutes circonstances, le blanc, ou les robes
déstructurées. Comme Paul Poiret au début du
siècle ou Coco Chanel plus tard, qui avaient libéré la
femme des corsets, et autres porte-jarretelles…
Les critiques de l’époque n’hésitent pas à parler de
“révolution”.
A la pointe de l’innovation pendant plus de 20 ans,
copiée, enviée, la marque s’est un peu endormie,
sans toutefois altérer son image.
En 2011, au moment de la vente de l’entreprise,
plusieurs groupes de luxe, comme LVMH, seront
sur les rangs pour acquérir ce patrimoine du
savoir-faire français. Mais Coqueline Courrèges,
qui a succédé à son mari en 1966, décide de confier
les clés de la maison, après un an de négociation,
à deux jeunes publicitaires, Jacques Bungert et
Frédéric Torloting, coprésidents de l’agence de
publicité Young & Rubicam France.
Ils l’avouent : ils ne connaissent rien à la mode,
mais ils viennent d’un territoire éminemment
créatif, et soulignent : « André Courrèges était, au
départ, ingénieur en génie civil ! »
Et le fait de s’attaquer à un domaine aussi éloigné
que la mode et le transport n’est pas nouveau pour
la maison : Coqueline Courrèges, a présenté en
2002 sa première voiture électrique, la Bulle, qui
sera suivie par d’autres modèles !
Alchimie
Pour Jacques Bungert, coprésident de Courrèges :
« C’est l’histoire d’une rencontre, improbable, une
vraie histoire humaine entre Emmanuel Martin,
son équipe, et nous. Comment faire cohabiter les
exigences du design et les contraintes techniques ?
C’est un travail en équipe. Le dialogue a été
primordial. Aujourd’hui, le “White Ocean” est
sur l’eau : c’est un bateau chic, élégant, juste ;
c’est l’alchimie de deux savoir-faire parfaitement
complémentaires ».
Julien Gaubert, directeur artistique de Courrèges :
« Le défi a été d’appliquer les principes de la
maison à un objet aussi éloigné des vêtements
que peut l’être un bateau. Ce qui fait l’image de
la maison depuis sa création, et, suivant le mot
de son créateur, c’est “de faire passer la lumière”.
Il fallait donc optimiser l’espace, sans toucher
aux fondamentaux du bateau, sans oublier que la
fonction décide de la forme. Nous avons donc opté
pour de larges ouvertures où l’œil peut traverser
le navire de la poupe à la proue. Même travail
pour les lignes graphiques de la coque avec des
peintures blanches et grises. Il fallait être juste,
doser, briller sans ostentation, tout en respectant
l’environnement du Bassin, où ce bateau va
essentiellement voguer ».
André Courrèges était ingénieur en génie civil ;
Emmanuel Martin travaillait dans le vin, Jacques
Bungert et Frédéric Torloting, viennent de la
publicité ! Vive la reconversion professionnelle !
12 . BM15
Comment faire
cohabiter les
exigences du
design et les
contraintes
techniques? Des
milliers d’heures
de travail pour un
résultat so chic.
Le moment attendu et
redouté : la mise à l’eau
sous l’œil de Jacques
Bungert, de Frédéric
Torloting les présidents
de Courrèges et d’une
partie de l’équipe des
Chantiers Dubourdieu.
Les absents sont à la
manœuvre!
ESPRIT BASSIN HAUTE COUTURE
BM15 . 13