Cours et exercices - LAMFA - Université de Picardie Jules Verne

S4 Maths 2011-2012 Probabilités 1 Dénombrement - Analyse combinatoire
Université de Picardie Jules Verne 2011-2012
UFR des Sciences
Licence mention Mathématiques -Semestre 4
Probabilités 1
Dénombrement - Analyse combinatoire
L’objectif de ce chapitre est de présenter les résultats de dénombrement utiles en calculs des probabilités
discrètes. Pour dénombrer un ensemble fini, c’est-à-dire trouver son cadinal, deux méthodes seront utilisées :
compter effectivement les éléments de l’ensemble ou mettre l’ensemble en bijection avec un autre ensemble
dont on connaît le cardinal.
Exemple fondamental.
Soient net pdeux entiers naturels non nuls. Soit Ee
1
,e
2
,,e
n
un ensemble constitué de néléments
distincts. On veut choisir péléments dans E. Ce choix peut se faire en répétant ou non un élément, en
ordonant ou non les éléments choisis. Pour n3 et p2, les choix possibles sont :
avec répétition sans répétition
avec ordre
e
1
,e
1
 e
1
,e
2
 e
1
,e
3
e
2
,e
1
 e
2
,e
2
 e
2
,e
3
e
3
,e
1
 e
3
,e
2
 e
3
,e
3
e
1
,e
2
 e
1
,e
3
e
2
,e
1
 e
2
,e
3
e
3
,e
1
 e
3
,e
2
sans ordre e
1
,e
1
 e
1
,e
2
 e
1
,e
3
e
2
,e
2
 e
2
,e
3
 e
3
,e
3
e
1
,e
2
 e
1
,e
3
 e
2
,e
3
Principe de multiplication
Si pétapes doivent être effectuées lors d’une expérience, et que la k-ème étape peut entraîner n
k
choix,
alors le nombre de résultats possibles de l’expérience est donné par n
1
n
2
n
p
. C’est une conséquence
du principe du berger. Cela correspond à la présentation de l’expérience sous forme d’arbre de choix.
1-Arrangement avec répétition.
Définition 1.1.
Soit Ee
1
,e
2
,,e
n
un ensemble de néléments distincts. Soit p1.
On appelle arrangement avec répétition d’ordre pde E(on dit aussi p-liste de E) toute suite ordonnée
e
i
1
,e
i
2
,,e
i
p
de péléments (distincts ou non) de E.
Proposition 1.1.
Le nombre d’arrangements avec répétition d’ordre pde Eest : n
p
.
Preuve.
Soit Aarrangements avec répétition d’ordre pde E. Tout arrangement avec répétition d’ordre pde
Eest un élément du produit cartésien E
p
EE(pfois), et réciproquement. Donc AE
p
et le
nombre d’arrangements avec répétition d’ordre pde Eest cardAcardE
p
cardE
p
n
p
.
Plus simplement, on dit que pour construire un tel arrangement, on choisit un élément de E que l’on
place en première position, soit n choix possibles. Puis on choisit un élément de E que l’on place en deuxième
position, soit n choix possibles ; ce nombre se multipliant au nombre de choix précedents. Et ainsi de suite
jusqu’au choix du p-ième élément. Le principe de multiplication assure qu’il y a donc n nn
p
choix
possibles.
Remarque 2.1.
Cette formule est valable pour p0 : n
0
1, correspondant à la ”suite vide”.
Stéphane Ducay
1
S4 Maths 2011-2012 Probabilités 1 Dénombrement - Analyse combinatoire
Exemples 1.1.
a) Dans une urne contenant nboules distinctes numérotées de 1 à n, on tire successivement avec remise p
boules. Le nombre de tirages différents est n
p
.
b) Le nombre de façons de placer pobjets distincts dans ncases, chaque case pouvant contenir plusieurs
objets, est n
p
.
Proposition 1.2.
Soient Aet Bdeux ensembles de cardinal fini respectif pet n.
Le nombre d’applications de Adans Best n
p
.
Preuve.
Il suffit de mettre en bijection l’ensemble AA,Bdes applications de Adans Bet l’ensemble B
p
des
arrangements avec répétition d’ordre pde Bqui est de cardinal n
p
. Pour ce faire, on peut considérer
l’application :AA,BB
p
définie par ffa
1
,...,fa
p
, avec Aa
1
,...,a
p
. Cette application
est bien bijective car tout élément x
1
,...,x
p
de B
p
admet un unique antécédent, à savoir l’application qui à
chaque a
k
de Aassocie x
k
dans B.
2-Arrangement (sans répétition). Permutation.
Définition 2.1.
Soit Ee
1
,e
2
,,e
n
un ensemble de néléments distincts. Soit ptel que 1 pn.
On appelle arrangement sans répétition d’ordre pde Etoute suite ordonnée e
i
1
,e
i
2
,,e
i
p
de péléments
distincts de E. En général, on dira arrangement, sans préciser ”sans répétition”.
Proposition 2.1.
Le nombre d’arrangements d’ordre pde Eest :
A
n
p
nn1np1n!
np!.
Preuve.
Pour p1, il est clair que A
n
1
n(nombre de choix d’un élément de E.
Soit p2. A un arrangement e
i
1
,e
i
2
,,e
i
p
d’ordre pcorrespond l’unique couple constitué de
l’arrangement e
i
1
,e
i
2
,,e
i
p1
d’ordre p1 et de l’élément e
i
p
de E, différent de e
i
1
,e
i
2
,,e
i
p1
.
Réciproquement, à un tel couple correspond un unique arrangement d’ordre p. On en déduit que
A
n
p
A
n
p1
np1. On a alors A
n
p
A
n
p2
np2np1A
n
1
n1np2np1.
Plus simplement, on dit que pour construire un tel arrangement, on choisit un élément de E que l’on
place en première position, soit n choix possibles. Puis on choisit un élément de E, différent du premier, que
l’on place en deuxième position, soit n 1choix possibles ; ce nombre se multipliant au nombre de choix
précedents. Et ainsi de suite jusqu’au choix du p-ième élément, différent des précédents, soit n p1choix
possibles. Le principe de multiplication assure donc qu’il y a nn1np1choix possibles.
Remarque 2.1.
Cette formule est valable pour p0 : A
n
0
1, correspondant à la ”suite vide”.
Pour pn, on a A
n
p
0 car il y a au moins une répétition.
Exemples 2.1.
a) Dans une urne contenant nboules distinctes numérotées de 1 à n, on tire successivement sans remise p
boules. Le nombre de tirages différents est A
n
p
.
b) Le nombre de façons de placer pobjets distincts dans ncases, chaque case pouvant contenir au plus un
objet, est A
n
p
.
Proposition 2.2.
Soient Aet Bdeux ensembles de cardinal fini respectif pet n, avec 1 pn.
Le nombre d’injections de Adans Best A
n
p
.
Stéphane Ducay
2
S4 Maths 2011-2012 Probabilités 1 Dénombrement - Analyse combinatoire
Définition et proposition 2.3.
Soit Ee
1
,e
2
,,e
n
un ensemble de néléments distincts.
On appelle permutation de Etout arrangement d’ordre nde E, i.e. toute suite ordonnée e
i
1
,e
i
2
,,e
i
n
des néléments distincts de E. Le nombre de permutations de Eest alors : A
n
n
n!
Proposition 2.4.
Soient Aet Bdeux ensembles de cardinal fini n. Le nombre de bijections de Adans Best n!.
3-Combinaison (sans répétition). Formule du binôme.
Définition 3.1.
Soit Ee
1
,e
2
,,e
n
un ensemble de néléments distincts. Soit ptel que 0 pn.
On appelle combinaison sans répétition d’ordre pde Etoute partie (sous-ensemble) e
i
1
,e
i
2
,,e
i
p
de p
éléments distincts de E.
En général, on dira combinaison, sans préciser ”sans répétition”.
Proposition 3.1.
Le nombre de combinaisons d’ordre pde Eest :
C
n
p
n
pn!
p!np!.
Preuve.
Pour p0, la seule combinaison d’ordre 0 est donc C
n
0
1.
Soit p1. A une combinaison d’ordre pde Edonnée on peut associer autant d’arrangements d’ordre p
de Eque de permutations des péléments de la combinaison, soit p! arrangements.
Deux arrangements obtenus à partir de deux combinaisons différentes sont différents. Ainsi, à partir des
C
n
p
combinaisons d’ordre p, on obtient C
n
p
.p! arrangements d’ordre pdifférents.
Comme à tout arrangement d’ordre pcorrespond une (unique) combinaison d’ordre p, on obtient bien
tous les arrangements possibles par permutation des combinaisons.
On a donc A
n
p
C
n
p
.p!, i.e. C
n
p
A
n
p
p!. D’où le résultat.
Remarque 3.1.
Pour pn, on a C
n
p
0 car il n’y a pas assez d’éléments dans E.
Exemples 3.1.
a) Dans une urne contenant nboules distinctes numérotées de 1 à n, on tire simultanément pboules. Le
nombre de tirages différents est C
n
p
.
b) Le nombre de façons de placer pobjets indiscernables dans ncases, chaque case pouvant contenir au
plus un objet, est C
n
p
.
c) Le nombre de suites strictement croissantes de péléments de 1,...,nest C
n
p
. On a donc
card i
1
,,i
p
p
/ 1 i
1
i
p
nC
n
p
. Ce résultat est en particulier utile lors de l’utilisation
de la formule de Poincaré.
Propriétés 3.1.
iPour 0 pn,C
n
p
C
n
np
. En particulier, C
n
0
C
n
n
1.
iiPour 1 pn1, C
n1
p1
C
n1
p
C
n
p
.
iiiPour 1 pn,pC
n
p
nC
n1
p1
.
Preuve.
Ces résultats s’obtiennent immédiatement par un calcul direct. Donnons une démonstration de iibasée
sur le dénombrement.
Soit Ee
1
,e
2
,,e
n
. Le nombre de combinaison d’ordre pde Eest C
n
p
. Parmi ces combinaisons, il y a
celles qui ne contiennent pas e
1
, soit C
n1
p
combinaisons, et celles qui contiennent e
1
, soit 1 C
n1
p1
Stéphane Ducay
3
S4 Maths 2011-2012 Probabilités 1 Dénombrement - Analyse combinatoire
combinaisons. D’où le résultat
ii
.
Le résultat iipermet d’obtenir les coefficients C
n
p
dans un tableau triangulaire, appelé triangle de Pascal.
n\p01234
0 1
1 1 1
2 1 2 1
3 1 3 3 1
4 1 4 6 4 1
Formule du binôme de Newton.
Soient Aun anneau commutatif, xet ydeux éléments de A, et nun entier naturel.
Alors xy
n
k0
n
C
n
k
x
k
y
nk
k0
n
C
n
k
y
k
x
nk
.
Preuve.
Pour n0,
k0
n
C
n
k
x
k
y
nk
C
0
0
x
0
y
0
1xy
0
Pour n1,
k0
n
C
n
k
x
k
y
nk
C
1
0
x
0
y
10
C
1
1
x
1
y
11
yxxy
1
.
Supposons la formule vraie à un rang n1 donné. Alors
xy
n1
xyxy
n
xy
k0
n
C
n
k
x
k
y
nk
k0
n
C
n
k
x
k1
y
nk
k0
n
C
n
k
x
k
y
n1k
k1
n1
C
n
k1
x
k
y
n1k
k0
n
C
n
k
x
k
y
n1k
C
n
n
x
n1
y
0
k1
n
C
n
k1
x
k
y
n1k
k1
n
C
n
k
x
k
y
n1k
C
n
0
x
0
y
n1
y
n1
k1
n
C
n
k1
C
n
k
x
k
y
n1k
x
n1
C
n1
0
x
0
y
n1
k1
n
C
n1
k
x
k
y
n1k
C
n1
n1
x
n1
y
0
k0
n1
C
n1
k
x
k
y
n1k
.
La formule est donc vraie au rang n1. On a donc démontré le résultat par récurrence.
Nombre de parties dun ensemble.
Soit Ee
1
,e
2
,,e
n
un ensemble de néléments distincts. On note PEl’ensemble des parties de E.
Par exemple, pour n2, Ee
1
,e
2
et PE,e
1
e
2
e
1
,e
2
.
Proposition 3.2.
Le nombre de parties d’un ensemble Ede néléments distincts est 2
n
.
Preuve.
Preuve 1. PEest constituée des parties de Eàkéléments, 0 kn, dont le nombre est C
n
k
. Ainsi, le
nombre de parties de Eest
k0
n
C
n
k
. En appliquant le formule du binôme avec xy1, on a
k0
n
C
n
k
k0
n
C
n
k
1
k
1
nk
11
n
2
n
.
Preuve 2. Il suffit de mettre en bijection l’ensemble PEet l’ensemble 0,1
n
des arrangements avec
répétition d’ordre nde 0,1qui est de cardinal 2
n
; cette bijection étant par exemple l’application
:PE0,1
n
définie par A
1
,...,
n
, avec Ee
1
,...,e
n
et
k
1 si e
k
A
0 si e
k
A.
On pouvait aussi considérer la bijection :PEAE,0,1définie par A1
A
A
, fonction
indicatrice de A, l’ensemble AE,0,1étant aussi de cardinal 2
n
.
Stéphane Ducay
4
S4 Maths 2011-2012 Probabilités 1 Dénombrement - Analyse combinatoire
4-Combinaison avec répétition.
Définition 4.1.
Soit Ee
1
,e
2
,,e
n
un ensemble de néléments distincts. Soit pun entier naturel.
On appelle combinaison avec répétition d’ordre pde Etoute collection e
i
1
,e
i
2
,,e
i
p
de péléments
(distincts ou non) de E.
Proposition 4.1.
Le nombre de combinaisons avec répétition d’ordre pde Eest :
K
n
p
C
np1
n1
C
np1
p
.
Preuve.
Comme pour une combinaison, on peut supposer que les éléments sont rangés par ordre d’indice
croissant. Une combinaison avec répétition d’ordre pest alors caractérisée par le nombre p
k
de fois où
l’élément e
k
est répété, avec
k1
n
p
k
p:e
1
,,e
1
,e
2
,,e
2
,,e
n
,,e
n
.
Le choix d’une combinaison avec répétition d’ordre previent à l’expérience suivante :
parmi np1 cases alignées, on choisit n1 cases que l’on considère comme des cloisons, soit C
np1
n1
choix possibles ; on construit ainsi nboites, la k-ième contenant p
k
fois e
k
.
Le résultat découle de l’égalité C
np1
n1
C
np1
np1n1
C
np1
p
.
Exemples 4.1.
a) Le nombre de façons de placer pobjets indiscernables dans ncases, chaque case pouvant contenir
éventuellement plusieurs objets, est K
n
p
.
b) On a alors card x
1
,,x
n
n
/x
1
x
n
pK
n
p
, en prenant comme objets des 1 et comme
cases les x
i
.
c) Le nombre de suites croissantes de péléments de 1,...,nest K
n
p
. On a donc
card i
1
,,i
p
p
/ 1 i
1
i
p
nK
n
p
.
5-Permutation avec répétition.
Définition 5.1.
Soit un entier naturel n1.
Soit Ee
1
,,e
1
,e
2
,,e
2
,,e
n
,,e
n
une collection de péléments, dont p
k
fois l’élément e
k
,
1kn.
On appelle permutation avec répétition de Etoute suite ordonnée des péléments de E.
Proposition 5.1.
Le nombre de permutations avec répétition de Eest : p!
p
1
!p
2
!p
n
!
Preuve.
Pour construire une permutation de E, on choisit successivement :
-p
1
positions pour e
1
parmi les ppositions possibles, soit C
p
p
1
choix possibles ;
-p
2
positions pour e
2
parmi les pp
1
positions restantes, soit C
pp
1
p
2
choix possibles ;
-p
3
positions pour e
3
parmi les pp
1
p
2
positions restantes, soit C
pp
1
p
2
p
3
choix possibles ;
-p
n
positions pour e
n
parmi les pp
1
p
n1
p
n
positions restantes, soit C
p
n
p
n
choix possibles.
Le principe de multiplication assure donc que le nombre de permutations avec répétition de Eest :
C
p
p
1
C
pp
1
p
2
C
pp
1
p
2
p
3
C
p
n
p
n
p!
p
1
!pp
1
!pp
1
!
p
2
!pp
1
p!pp
1
p
2
!
p
3
!pp
1
p
2
p
3
!p
n
!
p
n
!0!
d’où le résultat.
Stéphane Ducay
5
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