Au lendemain de la crise financière, la stratégie de la Banque en matière de
politique monétaire a consisté à soutenir la demande intérieure le temps que la
reprise des exportations s’enracine. La première composante de cette stratégie a
fonctionné : la demande intérieure finale s’est rapidement redressée au pays.
Ce redressement a toutefois eu pour effet indirect l’apparition de déséquilibres
dans le secteur des ménages, qui se sont traduits par une hausse du levier
d’endettement de ces derniers, des prix élevés dans certains marchés du
logement et un nombre accru de ménages lourdement endettés. Aujourd’hui,
l’évolution de ces déséquilibres est plus constructive.
C’est là une bonne nouvelle. Le risque que survienne une correction brusque et
douloureuse s’en trouve réduit.
Mais cette prudence toute récente des ménages, si encourageante soit-elle,
limite la croissance. Pour remplacer cette croissance, il faut que la demande se
déplace vers les exportations et les investissements des entreprises.
Malheureusement, ce déplacement tarde à se manifester.
Cette situation n’est pas sans conséquence : la croissance au Canada a ralenti.
Au cours de la période de un an terminée en juin dernier, elle s’est chiffrée à
seulement 1,4 % en moyenne, contre 2,6 % pour l’année précédente. Compte
tenu que la production potentielle progresse à un taux estimatif d’environ 2 %,
l’expansion de la demande n’a pas suivi celle de la capacité de production, et la
marge de ressources inutilisées s’est creusée.
Pour résorber la marge notable de capacités excédentaires présente
actuellement au sein de l’économie, la demande doit augmenter sensiblement
plus vite que l’offre, c’est-à-dire à une cadence d’au moins 2 1/2 %.
La Banque est en train de réviser sa prévision, et elle publiera ses plus récentes
perspectives économiques dans la livraison d’octobre du Rapport sur la politique
monétaire. Mais dans l’ensemble, elle s’attend à ce que les dépenses des
ménages et des administrations publiques ajoutent environ 1 1/2 point de
pourcentage à la croissance. Du coup, pour que l’expansion du PIB atteigne au
moins 2 1/2 %, il faut que les exportations nettes et les investissements
fournissent au minimum 1 point de pourcentage. C’est donc dire qu’ensemble,
les exportations et les investissements doivent croître d’au moins 4 % environ,
une fois prise en compte leur teneur en importations.
Or, au cours de la dernière année, les exportations nettes et les investissements
n’ont apporté aucune contribution à la croissance.
Les conditions sont propices pour une accélération des investissements des
entreprises. Celles-ci affichent des bilans exceptionnellement solides, et les taux
auxquels elles peuvent emprunter demeurent très bas, même s’ils ont remonté
par rapport à leurs creux. Les investissements ont toutefois peu de chances de
s’accélérer tant que les entreprises n’auront pas la conviction que la demande se
redresse.
Les exportations jouent donc un rôle déterminant.
À mesure que les entreprises verront leurs carnets de commandes se remplir,
elles mettront leurs plans d’investissement à exécution. Le délai qui s’écoule