article_information_psychiatrique - Ecole de Psychologues Praticiens

L’essentiel de l’information
scientifique et m´
edicale
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Le sommaire de ce num´
ero
http://www.john-libbey-eurotext.fr/fr/
revues/medecine/ipe/sommaire.md?type=
text.html
Montrouge, le 02/11/2016
Clémence Landreau
Vous trouverez ci-apr`
es le tir´
e`
a part de votre article au format ´
electronique (pdf) :
Les psychiatres et les psychologues vus par les étudiants en psychologie et les internes en psychia-
trie
paru dans
L’Information psychiatrique, 2016, Volume 92, Num´
ero 8
John Libbey Eurotext
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ou scientifiques. En aucun cas, il ne doit faire l’objet d’une distribution ou d’une utilisation promotionnelle, commerciale ou publicitaire.
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© John Libbey Eurotext, 2016
© John Libbey Eurotext, 2016
Journal Identification = IPE Article Identification = 1538 Date: October 24, 2016 Time: 2:29 pm
Questions en formation
L’Information psychiatrique 2016 ; 92 (8) : 687-92
Les psychiatres et les psychologues
vus par les étudiants en psychologie
et les internes en psychiatrie
Clémence Landreau
Psychologue clinicienne,
École de Psychologues
Praticiens (EPP), Paris
Rubrique coordonn ´
ee par Aur ´
elie
Berger et Benjamin Lavigne
Le chiffre du mois : 559
C’est le nombre de postes d’internes en psychiatrie ouvert à l’examen classant
national (ECN) de 2016 dans toute la France. Deux postes de plus ont été
ouverts par rapport à l’année dernière : un à Paris, et un à Besanc¸on. À l’heure
où nous écrivons ces lignes, nous ne savons pas encore si tous les postes
seront pourvus, mais nous l’espérons vivement !
Bienvenue à nos futurs collègues !
Introduction
C’est à partir de différentes observations de terrain
qu’a émergé l’interrogation suivante : que pensent le psy-
chologue et le psychiatre l’un de l’autre ? Les échanges
dont nous avons été témoins laissaient parfois entrevoir
des rapports compliqués, teintés d’incompréhensions. Intri-
gués, nous avons questionné certains et avons recueilli ces
quelques paroles, non parfois dénuées d’humour : «Les
psychologues, c¸a ne dérange pas »nous confie un interne
psychiatre en fin de formation ; «Tout psychologue a un
trouble de la personnalité »déclare un psychiatre nous trans-
mettant le dicton couramment échangé au sein de son
internat ; «Le psychologue et le psychiatre sont tous les
deux fous, la différence c’est que le psychiatre ne le sait pas »
plaisante une psychologue. Sachant que ces professionnels
sont souvent amenés à travailler ensemble, nous ne pou-
vions poursuivre notre chemin sans tenter de comprendre
les soubassements de cette relation.
Nous nous sommes appuyés sur les ouvrages de Jodelet,
Abric et Matisson pour l’étude des représentations sociales
en tant que concept. Les professions de psychologue et de
psychiatre ont été principalement étudiées grâce aux écrits
de Matisson, Décaudain & Ghiglione et de Golse.
Le but de cette recherche est d’étudier les représenta-
tions du psychologue et du psychiatre chez les étudiants
en psychologie et les internes en psychiatrie. Selon Jode-
let, les représentations sont «une forme de connaissance,
socialement élaborée et partagée, ayant une visée pratique
et concourant à la construction d’une réalité commune à
un ensemble social »[1]. Elles sont également définies
comme un «savoir de sens commun »,«savoir naïf »,
ou «naturel ». Elles influencent le comportement car elles
sont «des points de référence, elles fournissent une posi-
tion ou une perspective à partir de laquelle un individu
ou un groupe observe et interprète les évènements, les
situations, etc. »[2]. Les représentations sont donc sus-
ceptibles d’apporter un éclairage sur la nature de certains
positionnements professionnels. Les représentations sont
des «constructions sociocognitives ». Elles sont influencées
par des données cognitives, sociales mais aussi contex-
tuelles [3]. L’objectif de l’étude est de faire un état des
lieux des représentations présentes chez les membres de
ces groupes professionnels, avant le diplôme. Nous nous
sommes demandé si les représentations différaient selon la
profession dans laquelle l’étudiant était engagé d’une part
et d’autre part si le contexte (stages, situations psychothé-
rapeutiques personnelles, connaissances) dans lequel les
étudiants ont été amenés à rencontrer des psychologues
et des psychiatres, influenc¸aient ses représentations.
Méthodologie
L’enquête a été menée auprès de six internes en psy-
chiatrie et cinq étudiants en psychologie. Le niveau d’étude
des internes se répartit du 1er au 5esemestre. Les étu-
diants en psychologie sont tous en master 2. Les âges
s’échelonnent au moment de l’étude, de 23 à 41 ans. Le
seul critère d’inclusion était celui d’être étudiant en psy-
chologie ou interne en psychiatrie. Les participants ont été
recrutés par le biais des réseaux sociaux et par la mailing-
liste des internes en psychiatrie d’Île-de-France (appartenant
à l’Association franc¸aise fédérative des étudiants en psychia-
trie [Affep]).
Nous avons rencontré les participants lors d’un unique
entretien de type semi-directif dans le but de laisser, autant
doi:10.1684/ipe.2016.1538
Correspondance : C. Landreau
687
Pour citer cet article : Landreau C. Les psychiatres et les psychologues vus par les étudiants en psychologie et les internes en psychiatrie. L’Information
psychiatrique 2016 ; 92 (8) : 687-92 doi:10.1684/ipe.2016.1538
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Journal Identification = IPE Article Identification = 1538 Date: October 24, 2016 Time: 2:29 pm
C. Landreau
que possible, libre cours à la parole. La grille de l’entretien
comporte deux catégories de thèmes. La première traite de
notre objet d’étude, les représentations du psychologue et
du psychiatre. Il était demandé une libre définition du psy-
chologue et du psychiatre1. La deuxième catégorie concerne
le rapport que l’étudiant entretient avec la psychiatrie et
la psychologie. Ce thème est étudié sur deux versants :
le versant professionnel à travers la formation, les stages,
le regard porté sur le parcours et le versant personnel
à travers la présence ou non de «psys »ou de méde-
cins dans l’entourage personnel ainsi que la rencontre avec
ceux-ci pour des raisons personnelles. Cette catégorie a
pour but d’étudier les facteurs susceptibles d’influencer les
représentations.
Les entretiens ont été enregistrés dans le but de pouvoir
se concentrer lors de la rencontre, sur le discours ainsi que
le non-verbal et dans un après coup, de travailler à partir de
récits exacts. Chaque entretien a ensuite été retranscrit par
écrit à partir des enregistrements.
Dans un premier temps, nous avons procédé à une ana-
lyse verticale. Les entretiens ont été étudiés un par un.
L’objectif était d’en extraire l’essentiel et de synthétiser
les données à l’aide des thèmes de la grille d’entretien.
Puis nous avons réalisé une analyse horizontale thématique.
Nous avons confronté les discours entre eux, observé quels
contenus étaient convergents et divergents. Cette comparai-
son s’est effectuée entre les membres d’un même groupe,
puis entre les groupes eux-mêmes. L’analyse thématique a
permis d’étudier la fréquence d’apparition des contenus. Les
contenus des représentations exposés ci-après sont pré-
sentés par ordre décroissant de fréquence d’apparition. Les
éléments en premiers sont donc ceux qui revenaient le plus
souvent.
Enfin, précisons que notre démarche a été de travailler
à partir des thèmes abordés par les participants lors des
entretiens. Les résultats et la réflexion qui en découlent
reflètent donc les représentations des étudiants rencontrés
pour cette étude. De part notre objet d’étude, les représen-
tations, nous nous situons d’emblée dans le subjectif. Notre
objectif n’est pas d’écrire ce qu’est le psychologue ou le psy-
chiatre, mais d’étudier les perceptions que l’on peut en avoir
et de chercher à les expliquer.
Résultats
Les représentations du psychologue
... Par les internes en psychiatrie
Le psychologue est perc¸u par les internes de deux fac¸ons
différentes : en tant que prodigueur de soin ou/et en tant
qu’expert dans son domaine.
1La question avait pour intitulé «qu’est-ce qu’un psychologue/psychiatre
selon vous ? »afin de ne situer le psychologue ou le psychiatre dans aucun
courant ni espace.
Le psychologue apporte un soin
Le psychologue est décrit comme un «psychothéra-
peute »*2ou «un professionnel de santé qui apporte un
soin »*. Son travail s’inscrit dans la durée. Les problé-
matiques de ses patients ne sont pas forcément d’ordre
psychiatrique. Pour cela, il écoute et comprend avec empa-
thie. Il travaille à partir du discours du patient.
Le psychologue est expert dans son domaine
Le psychologue a fait une faculté de psychologie, c’est
un «scientifique de la psychologie »*. De par ses connais-
sances, il est apte à faire des diagnostics. Sa formation en
psychopathologie lui permet d’avoir une lecture des troubles
plus fine et nuancée que le psychiatre. En effet, bien que cer-
tains n’aient pas une représentation claire de la formation du
psychologue, ils la considèrent comme plus théorique que
celle du psychiatre au regard de la quantité de stages, ce
dernier ayant une démarche plus empirique que le psycho-
logue.
La place du psychologue
Plusieurs internes se sont exprimés sur la place du psy-
chologue en institution. Le psychologue occupe une place
incommode, difficile à trouver, qualifiée parfois de «pré-
caire »*. Les raisons avancées sont le manque de débouchés
et le non-remboursement des soins, désavantage lorsqu’il
est comparé au psychiatre. Concernant le travail d’équipe
multidisciplinaire, les internes utilisent le plus souvent le
terme de «frustration »*pour qualifier l’état vécu par le
psychologue concernant sa collaboration avec les équipes.
...Par les étudiants en psychologie
Le psychologue est majoritairement décrit par les étu-
diants en psychologie par une attitude et par la dimension
de soin. Vient ensuite la définition du psychologue en tant
qu’expert dans son domaine.
Le psychologue par les qualificatifs
Pour les étudiants en psychologie, le psychologue est
avant tout défini par une posture. Les qualificatifs les plus
fréquemment donnés sont les suivants : bienveillant, neutre,
ouvert à l’autre, optimiste. Par cette définition, la délimi-
tation entre ce qui relève de la sphère professionnelle et
de la sphère privée et personnelle, s’estompe. Être psy-
chologue, pour les étudiants en psychologie, correspond de
prime abord à une personnalité, à une fac¸on d’être. Allant
dans le même sens, la plupart des étudiants répondent qu’il
n’existe pas une manière de procéder car le psychologue
travaille en fonction de sa sensibilité et de ce qu’il ressent
par rapport au patient qu’il rec¸oit.
Le psychologue apporte un soin
Le psychologue permet l’élaboration des difficultés et
des angoisses, il guide le patient afin qu’il s’aide lui-même
2* Citations des participants.
688 L’Information psychiatrique vol. 92, n 8, octobre 2016
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Les psychiatres et les psychologues vus par les étudiants en psychologie et les internes en psychiatrie
et trouve ses propres solutions. Il s’ajuste au fonctionne-
ment du patient, l’accompagne et le soutient. Ses activités
sont l’écoute, la compréhension d’autrui, l’interprétation,
l’analyse de la demande. Une importance particulière est
donnée à la parole.
Le psychologue est expert dans son domaine
Le psychologue a un titre universitaire, sa formation de
5 ans lui permet d’acquérir différents modèles pour pen-
ser l’humain et la relation. Il étudie et s’intéresse à la
psyché et à tout ce qui concerne le fonctionnement psycho-
logique de l’humain, comme les mécanismes de défense
ou d’adaptation. Les étudiants rapportent également la fonc-
tion de pédagogue et d’expert auprès de l’équipe. Il aide les
équipes en leur expliquant le fonctionnement des patients.
Enfin, il peut ou non faire des diagnostics. Cette fonction
semble contestée par certains étudiants, considérant que ce
n’est pas le rôle du psychologue. Ils opposent la pose d’un
diagnostic à la prise en compte du vécu et de la subjectivité
du patient.
À la rencontre des psychologues
Chez les internes en psychiatrie, les expériences de
stage se recoupent avec les descriptions données en ce qui
concerne la position du psychologue par rapport à une équipe
au sein de laquelle il peine à trouver sa place. Les psycho-
logues rencontrés sont tantôt sous le pouvoir hiérarchique
du psychiatre, tantôt collaborateur et parfois en concurrence
autour notamment des thérapies.
Ainsi, différents «types »de psychologues susceptibles
d’éclairer les représentations obtenues ont été rencontrés :
le psychologue absent de l’institution et dont on ignore
le rôle ;
le psychologue présent dans l’institution mais invisible,
non intégré à l’équipe ou qui ne participe pas aux réunions.
À l’inverse du précédent, son rôle est défini mais il est auto-
nome et solitaire ;
le psychologue, expert dans son domaine, avec qui la
collaboration est possible. Il apporte un éclairage complé-
mentaire à celui du psychiatre.
Pour les étudiants en psychologie, les psychologues ren-
contrés au cours des stages mais aussi lors de travail
thérapeutique personnel semblent avoir joué un rôle de
modèle ou de contre-modèle. En effet, certains éléments
semblent avoir émergé en réaction à certaines rencontres,
heureuses ou malheureuses, ayant marqué l’étudiant.
Des représentations imprécises
Au cours des entretiens, la majorité des participants (les
deux groupes confondus), butaient lorsqu’ils devaient définir
le psychologue. Nous avons observé de nombreuses incer-
titudes et hésitations, non sans embarras quelquefois. S’il
est plus facile de décrire le psychologue en cabinet, dans un
service de gériatrie, de psychiatrie adulte, en maternité...
le psychologue dans un contexte en somme, il est diffi-
cile de répondre à la question générale : qu’est-ce qu’un
psychologue, si on le détache d’une population ou d’une
problématique donnée ? Qui est-il s’il n’est pas psychothé-
rapeute ? Et comment travaille-t-il ? Quel est son «plus petit
dénominateur commun »[4] ?
Nous rapporterons ici l’obstacle auquel se sont confron-
tés plusieurs internes lorsqu’il s’agissait de différencier le
psychiatre et le psychologue confondant par exemple forma-
tions et connaissances. Pour les étudiants en psychologie,
l’appartenance du psychiatre à la médecine et son approche
centrée sur les symptômes suffisent à le différencier du psy-
chologue. Bien que la démarche médicale du psychiatre le
caractérise, pour les internes, elle n’est pas la seule possible.
Ainsi, certains déclaraient être parfois plus en accord avec
les psychologues qu’avec les psychiatres. De plus, une partie
se considère comme ne faisant pas partie de la médecine,
ce qui semble impacter l’identité professionnelle de ceux-ci.
Ils mettent en avant un intérêt pour le psychisme, un fonc-
tionnement personnel caractérisé par l’intuitif, une relation
avec le patient différente de celle possible dans les autres
spécialités. Nous nous sommes demandé si cette identité
professionnelle jouait sur les rapports entre les internes
en psychiatrie et les psychologues et ne pouvait engendrer
quelque fois un certain amalgame pouvant enrailler leur col-
laboration.
Les représentations du psychiatre
... Par les internes en psychiatrie
et par les étudiants en psychologie
Contrairement au psychologue, les représentations du
psychiatre, que ce soit pour les internes en psychiatrie ou
les étudiants en psychologie, sont relativement proches. Les
réponses données par les deux groupes d’étudiants seront
donc présentées ensemble. Les différences seront expo-
sées à la suite de chaque thème.
Le psychiatre est un médecin
Pour les deux groupes interrogés, le psychiatre est un
médecin. Les internes précisent qu’il a une spécialité en
santé mentale. Ceci est probablement dû au fait que le
groupe des internes se perc¸oit en tant que médecin parmi
d’autres spécialités, alors que le groupe des étudiants en
psychologie perc¸oit le psychiatre comme appartenant au
corps médical avant tout, la différenciation avec les autres
spécialités étant secondaire.
Pour les étudiants en psychologie, cette appartenance
semble être déterminante sur la lecture des troubles que
peut avoir le psychiatre. L’origine des troubles est principale-
ment neurologique. Sa grille de lecture est essentiellement
médicale, il s’appuie sur le DSM et les symptômes. Cette
représentation se modifie lorsque le psychiatre a une forma-
tion psychanalytique. La démarche du psychiatre est perc¸ue
par les étudiants en psychologie comme plus ordonnée que
le psychologue, son approche est «plus carrée », l’entretien
est «structuré ».
Cette dimension se retrouve, sous une autre forme, dans
le discours des internes : parce que le psychologue est
davantage formé à la théorie que le psychiatre, il a une lecture
des pathologies plus subtile que le psychiatre.
L’Information psychiatrique vol. 92, n 8, octobre 2016 689
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C. Landreau
Le psychiatre prescrit
L’activité de prescription parait être typique de l’activité
du psychiatre. Cependant, le poids qui lui est accordé varie
selon les internes, elle constitue soit son activité principale,
soit une activité parmi d’autres.
Le psychiatre a du pouvoir
Le thème du pouvoir détenu par le psychiatre est abordé
par tous. Cet aspect semble être lié à ses responsabilités
et à ses fonctions. Le psychiatre, en charge des aspects
techniques liés à la prise en charge médicale (admission, sor-
tie, hospitalisation, traitement...) a un pouvoir décisionnel
et de ce fait, une certaine supériorité. Certains répondants
pensent que cette dimension influe négativement sur la rela-
tion entre le psychiatre et le patient. Cette place a un impact
sur le ressenti des étudiants en psychologie qui perc¸oivent
une inégalité hiérarchique entre le psychologue et le psy-
chiatre. Selon eux, ce dernier peut manquer de remise en
question mais également de réflexion due à son approche
médicale entraînant un raisonnement trop rigoureux.
Le psychiatre est parfois psychothérapeute
Pour les deux groupes interrogés, l’activité de psychothé-
rapie ne semble pas aller de soi. Elle est plus évidente pour
les internes que pour les étudiants en psychologie. Bien que
les premiers la citent plus souvent que les deuxièmes, elle
est parfois considérée comme optionnelle ou de moindre
importance.
Les autres fonctions du psychiatre
L’établissement du diagnostic est peu cité. Cette activité
ne semble donc pas être perc¸ue comme caractéristique de
ce groupe professionnel.
À la rencontre des psychiatres
Chez les étudiants en psychologie comme chez les
internes en psychiatrie, les expériences de stage font surtout
écho à la position hiérarchique du psychiatre. Cet élément
couplé à sa lecture médicale des troubles est vécu comme
un frein lors des échanges avec le psychologue, scénario
rapporté par des individus des deux groupes. À l’inverse le
partage d’un courant théorique tel que la psychanalyse, est
un facteur facilitant.
Discussion
Le flou qui accompagne les représentations du psycho-
logue pose question. En 1971, Matisson interrogeait des
étudiants en psychologie et des psychologues sur l’image
qu’ils avaient de leur profession [5]. Les résultats trouvés
sont similaires. Le psychologue a un savoir, des connais-
sances lui permettant de comprendre le fonctionnement de
son patient et de permettre un changement en profondeur.
Il est un technicien qui étudie l’humain à l’aide de la psy-
chométrie et établit des bilans psychologiques. Son activité
est centrée sur la relation, par l’écoute et la compréhen-
sion, il permet ainsi à l’autre une prise de conscience de son
fonctionnement. Si le psychologue n’y est pas décrit à l’aide
de qualificatif, l’auteur explique avoir recueilli des réponses
qu’il aurait pu regrouper sous le nom de «l’indéfinition du
psychologue par lui-même ». Ces réponses sont floues,
approximatives et décrivent un psychologue n’ayant pas de
statut, et manquant d’utilité. Plus récemment en 2006, une
enquête sur le même thème menée auprès de psychologues
expérimentés fait écho à nos résultats. Elle aboutit égale-
ment à des représentations marquées par l’importance de
la personnalité [6].
Comment le psychologue et le psychiatre sont perc¸us
auprès du grand public ? Est-ce que ces résultats sub-
sistent ? Beaucoup d’études traitent du personnage du
psychiatre ou du psychologue, souvent décrits comme fous
et mystérieux, mais peu abordent leurs activités.
Une étude franc¸aise de 1971 analyse l’image du psy-
chologue à travers la presse. Différentes caractéristiques
ressortent. La première est celle qui conc¸oit le psychologue
non comme un métier mais comme «adjectif »ou «qualité »
ou encore comme «auxiliaire d’une autre profession »
l’instar du psychologue scolaire ou du médecin psychologue.
Il est également présenté comme une personne en posses-
sion «d’un savoir et d’un pouvoir quasi magiques », avec
un vocabulaire trop spécifique pour être compris par les pro-
fanes [5]. Il est aussi perc¸u comme mal à l’aise, coincé entre
la nécessité de se trouver à distance de son objet d’étude
et d’être en lien avec celui-ci.
À la même époque, des médecins travaillant avec des
psychologues sont interrogés. Le psychologue est un tech-
nicien, agissant à l’aide de tests considérés comme son
principal média pour être en relation avec le patient. Rappe-
lons ici que l’ancêtre du psychologue était psychotechnicien.
Il peut «découvrir la vérité cachée »ou «soulever un pan de
voile de l’inconnu d’un individu, d’un groupe ou d’une situa-
tion ». Il travaille principalement dans une relation duale [5].
Son rôle en tant que collaborateur des médecins est très
peu abordé.
L’image du psychiatre quant à lui, reste plus ou moins
constante. En 2012, une enquête a été menée auprès
d’étudiants à l’université, le psychiatre est perc¸u comme
«spécialiste de la santé mentale ». Il prescrit des médi-
caments, est remboursé par la Sécurité sociale et peut
exercer à l’hôpital [7]. En 2001, une étude américaine
auprès du grand public rapporte que les psychiatres
traitent davantage les maladies plus sévères que les
psychologues [8].
Les représentations du psychiatre sont donc relativement
homogènes et immuables. Même si certaines caractéris-
tiques restent au fil des recherches, les représentations du
psychologue sont plus approximatives. Dans notre étude,
elles paraissent être plus dépendantes des rencontres effec-
tuées avec les psychologues mais aussi de la profession
dans laquelle l’étudiant est engagé. Est-ce parce que la pro-
fession de psychologue supporte peu de représentations ou
des représentations floues que les expériences vécues avec
les psychologues jouent un rôle ? Comment pouvons-nous
l’expliquer ?
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