© John Libbey Eurotext, 2016
Journal Identification = IPE Article Identification = 1538 Date: October 24, 2016 Time: 2:29 pm
Les psychiatres et les psychologues vus par les étudiants en psychologie et les internes en psychiatrie
et trouve ses propres solutions. Il s’ajuste au fonctionne-
ment du patient, l’accompagne et le soutient. Ses activités
sont l’écoute, la compréhension d’autrui, l’interprétation,
l’analyse de la demande. Une importance particulière est
donnée à la parole.
Le psychologue est expert dans son domaine
Le psychologue a un titre universitaire, sa formation de
5 ans lui permet d’acquérir différents modèles pour pen-
ser l’humain et la relation. Il étudie et s’intéresse à la
psyché et à tout ce qui concerne le fonctionnement psycho-
logique de l’humain, comme les mécanismes de défense
ou d’adaptation. Les étudiants rapportent également la fonc-
tion de pédagogue et d’expert auprès de l’équipe. Il aide les
équipes en leur expliquant le fonctionnement des patients.
Enfin, il peut ou non faire des diagnostics. Cette fonction
semble contestée par certains étudiants, considérant que ce
n’est pas le rôle du psychologue. Ils opposent la pose d’un
diagnostic à la prise en compte du vécu et de la subjectivité
du patient.
À la rencontre des psychologues
Chez les internes en psychiatrie, les expériences de
stage se recoupent avec les descriptions données en ce qui
concerne la position du psychologue par rapport à une équipe
au sein de laquelle il peine à trouver sa place. Les psycho-
logues rencontrés sont tantôt sous le pouvoir hiérarchique
du psychiatre, tantôt collaborateur et parfois en concurrence
autour notamment des thérapies.
Ainsi, différents «types »de psychologues susceptibles
d’éclairer les représentations obtenues ont été rencontrés :
–le psychologue absent de l’institution et dont on ignore
le rôle ;
–le psychologue présent dans l’institution mais invisible,
non intégré à l’équipe ou qui ne participe pas aux réunions.
À l’inverse du précédent, son rôle est défini mais il est auto-
nome et solitaire ;
–le psychologue, expert dans son domaine, avec qui la
collaboration est possible. Il apporte un éclairage complé-
mentaire à celui du psychiatre.
Pour les étudiants en psychologie, les psychologues ren-
contrés au cours des stages mais aussi lors de travail
thérapeutique personnel semblent avoir joué un rôle de
modèle ou de contre-modèle. En effet, certains éléments
semblent avoir émergé en réaction à certaines rencontres,
heureuses ou malheureuses, ayant marqué l’étudiant.
Des représentations imprécises
Au cours des entretiens, la majorité des participants (les
deux groupes confondus), butaient lorsqu’ils devaient définir
le psychologue. Nous avons observé de nombreuses incer-
titudes et hésitations, non sans embarras quelquefois. S’il
est plus facile de décrire le psychologue en cabinet, dans un
service de gériatrie, de psychiatrie adulte, en maternité...
le psychologue dans un contexte en somme, il est diffi-
cile de répondre à la question générale : qu’est-ce qu’un
psychologue, si on le détache d’une population ou d’une
problématique donnée ? Qui est-il s’il n’est pas psychothé-
rapeute ? Et comment travaille-t-il ? Quel est son «plus petit
dénominateur commun »[4] ?
Nous rapporterons ici l’obstacle auquel se sont confron-
tés plusieurs internes lorsqu’il s’agissait de différencier le
psychiatre et le psychologue confondant par exemple forma-
tions et connaissances. Pour les étudiants en psychologie,
l’appartenance du psychiatre à la médecine et son approche
centrée sur les symptômes suffisent à le différencier du psy-
chologue. Bien que la démarche médicale du psychiatre le
caractérise, pour les internes, elle n’est pas la seule possible.
Ainsi, certains déclaraient être parfois plus en accord avec
les psychologues qu’avec les psychiatres. De plus, une partie
se considère comme ne faisant pas partie de la médecine,
ce qui semble impacter l’identité professionnelle de ceux-ci.
Ils mettent en avant un intérêt pour le psychisme, un fonc-
tionnement personnel caractérisé par l’intuitif, une relation
avec le patient différente de celle possible dans les autres
spécialités. Nous nous sommes demandé si cette identité
professionnelle jouait sur les rapports entre les internes
en psychiatrie et les psychologues et ne pouvait engendrer
quelque fois un certain amalgame pouvant enrailler leur col-
laboration.
Les représentations du psychiatre
... Par les internes en psychiatrie
et par les étudiants en psychologie
Contrairement au psychologue, les représentations du
psychiatre, que ce soit pour les internes en psychiatrie ou
les étudiants en psychologie, sont relativement proches. Les
réponses données par les deux groupes d’étudiants seront
donc présentées ensemble. Les différences seront expo-
sées à la suite de chaque thème.
Le psychiatre est un médecin
Pour les deux groupes interrogés, le psychiatre est un
médecin. Les internes précisent qu’il a une spécialité en
santé mentale. Ceci est probablement dû au fait que le
groupe des internes se perc¸oit en tant que médecin parmi
d’autres spécialités, alors que le groupe des étudiants en
psychologie perc¸oit le psychiatre comme appartenant au
corps médical avant tout, la différenciation avec les autres
spécialités étant secondaire.
Pour les étudiants en psychologie, cette appartenance
semble être déterminante sur la lecture des troubles que
peut avoir le psychiatre. L’origine des troubles est principale-
ment neurologique. Sa grille de lecture est essentiellement
médicale, il s’appuie sur le DSM et les symptômes. Cette
représentation se modifie lorsque le psychiatre a une forma-
tion psychanalytique. La démarche du psychiatre est perc¸ue
par les étudiants en psychologie comme plus ordonnée que
le psychologue, son approche est «plus carrée », l’entretien
est «structuré ».
Cette dimension se retrouve, sous une autre forme, dans
le discours des internes : parce que le psychologue est
davantage formé à la théorie que le psychiatre, il a une lecture
des pathologies plus subtile que le psychiatre.
L’Information psychiatrique •vol. 92, n ◦8, octobre 2016 689