La Baronnie Localité : ST MARTIN DE RE Propriétaire : privé

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Département : Charente-Maritime
Edifice : La Baronnie
Localité : ST MARTIN DE RE
Propriétaire : privé
Etendue de la protection proposée :
ISMH en totalité
Demande ISMH par les propriétaires en date du 28 mai 1996.
Intérêt historique et archélosique :
"Kemmerer écrit qu'au début du XVIIIe siècle, le manoir primitif a été remplacé par le logis
actuel. Il n'est pas impossible qu'une construction existât alors à cet emplacement, mais ce
n'était pas le "manoir primitif, car une source de Î676, la prise de possession de la baronnie de
l'île de Ré par les pères de l'Oratoire, dit expressément "attendu qu'il n'y a aucune maison
seigneurialle..."
A partir de 1712, Jean Masseau, sieur de Beauséjour, est qualifié de seigneur de la baronnie de
l'île de Ré.
Cet édifice est construit entre 1712 et 1721, année où les députés des habitants de Saint-Martin
sont venus rendre hommage au "sieur Masseau, leur seigneur, en cette ville de Saint-Martin de
Ré, rue Neufe, où estant... dans une salle de son dit logis..."
En 1791, la ci-devant "baronnie de l'isle de Ré" est mise aux enchères et acquise par Pierre
Polycarpe Fournier.
En 1845, elle est achetée par la communauté Sainte-Marie de la Providence de Saintes
dans l'intention d'y établir un pensionnat. La maison était à ce moment là en bon état, car "des
réparations majeures" venaient d'y être faites. Selon un plan de cette époque, l'installation des
religieuses n'amena pas de transformations notables ; une chambre du premier étage, exposée
au nord, fut aménagée en oratoire. En 1854, les religieuses, qui n'avaient pas assez d'élèves,
quittèrent la maison"1 qui verra encore se succéder plusieurs propriétaires.
Au 21 de la Rue Baron-de-Chantal, s'ouvre une porte cochère dont le portail en bois a sa partie
haute ajourée d'une claire-voie. Sur l'encadrement à bossage de pierre sont posés deux pilastres
latéraux à base et chapiteaux moulurés supportant un entablement et une coniche. Une allée
bordée de mur puis une cour encadrée des deux ailes rectangulaires conduisent au corps
principal de logis rectangulaire précédé d'une terrasse. Un hall axial mène au jardin arrière.
Deux courts pavillons encadrent la terrasse postérieure tandis que le jardin clos de mur dans
lequel se trouve un puits est fermé à l'Est par une haute muraille dans laquelle il y a un portail
condamné dont les pilastres sont ornés de volutes.
L'ensemble est construit en pierre calcaire. Les murs sont en moellons recouverts de crépi
tandis que les chaînes d'angle, les encadrements de baies, les pleins de travées, les bandeaux et
les corniches sont en pierres de taille.
1
Cf dossier Inventaire, PONS (M.C.) et RENAUD (G.), 1978.
Les couvertures, à deux pans, avec croupes, sont en tuiles creuses exceptées celles des
pavillons Est, à deux pans et deux croupes, galbées en doucine avec brisis, éclairées de
lucarnes qui sont en ardoise.
Corps de logis et ailes s'élèvent sur un rez-de-chaussée et un étage.
Les ailes nord et sud sont précédées de bâtiments plus bas aux travées de baies placées de
façon plus irrégulières. Les ailes proprement dites comptent quatre travées régulières avec une
porte à chaque extrémité. Le corps central a cinq travées avec une porte axiale à chambranle
saillant, couronné d'une corniche moulurée. Chaque travée se compose de deux fenêtres
ouvertes d'un linteau en arc segmentaire avec chambranle et plein de travées saillantes.
La façade sur jardin compte sept travées. Les pavillons ont deux travées donnant sur la
terrasse, une seule travée donnant à l'Est. Des deux côtés, la corniche et la modénature se
prolongent sur toutes les parties du logis et de ses ailes.
Les terrasses sont délimitées par un muret et les entrées sont ponctuées de perrons avec degrés
en dalles de pierre.
A l'intérieur, il faut noter la présence de cheminées en pierre et de lambris datant de la
construction. L'escalier le plus remarquable se trouve dans l'aile nord avec sa rampe en fer
forgé. Le pavillon nord-est abrite sous son comble en impériale une pièce des plus charmantes
lambrissée de planches cloutées. Les cloisons sont à l'étage de la même composition.
Motivation de la demande de protection :
Lors de la visite effectuée en compagnie de l'Architecte des Bâtiments de France et du
Conservateur Régional des Monuments Historiques en juin 1996, les travaux battaient leur
plein. Aux dires de la municipalité, ils ne sont pas déclarés, malgré les tentatives faites pour
rappeler aux propriétaires les règlements d'urbanisme. Ce que nous avons pu voir, laissait
présager par moment de sombres inquiétudes : panneaux de lambris bas remplacs par de
l'aggloméré, carrelage en pierre de cuisine de taille disproportionnée, salle de bains au décor
contestable...
Au moment du passage du dossier en CO.RE.P.H.A.E., les travaux seront achevés, dans
l'ensemble, l'extérieur n'aura subi aucun dommage et ce qui était en bon état aura été conservé.
La Baronnie reste encore une des plus belles maisons de Saint-Martin de Ré pouvant à ce titre
prétendre à une inscription sur l'Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques avec
les avantages qui en découlent...
Département: Charente-Maritime
commune : SAINT MARTIN DE RE
Monument : La Baronnic
Adresse ou situation exacte: 21 rue de Baron Chantai 17410 ST MARTIN DE RE - section E, parcelles 693-694 du
cadastre
utilisation actuelle : en cours de restauration
Nature et étendue de la protection proposée : ISMH CH totalité
Le propriétaire consentirait-il au classement éventuel ? : non
Epoques de construction : 1712 - 1721
Travaux :
Réparation à prévoir d'urgence :
Estimation (au besoin sommaire) de ces réparations :
Crédit d'entretien nécessaire :
N.B. - Les trois renseignement! précédents devront être fournis par l'Architecte des Bâtiments de France ou éventuellement par l'Architecte en Chef des Monuments Historiques.
Renseignements bibliographiques :
Cfannexe
Cf dossier S.R.I. établi en 1978 par Maria-Charlotte PON et Geneviève RENAUD
Documents graphiques et photographiques anciens connus :
Charente-Maritime
Saint-Martin-de-Ré
La Baronnie
21, rue Baron-de-Chantal
HISTORIQUE1
Dans son Histoire de l'Ile de Ré, Kemmerer écrit qu'au début du XVIIIe siècle, le manoir
primitif a été remplacé par le logis actuel. Cependant, une source de 16762 relatant la prise de
possession de la baronnie par les pères de l'Oratoire dit expressément "attendu qu'il n'y a aucune
maison seigneurialle...".
A partir de 1712, Jean Masseau, sieur de Beauséjour est qualifié "seigneur de la baronnie
de l'Ile de Ré3". Le logis pourrait donc avoir été construit entre 1712 et 1721, année où les députés
des habitants de Saint-Martin sont venus rendre hommage au "sieur Masseau, leur seigneur, en cette
ville de Saint-Martin-de-Ré, rue Neufe, où estant... dans une salle de son logis..."4.
Un inventaire de 1725, mentionne un riche mobilier : plusieurs tapisseries (une verdure à
cinq panneaux, une de "haute lice de trois pièces", une de Belganné, Belgame ou Belgance), six
tableaux de famille à cadre doré et un portrait de Mme d'Orléans5. Une deuxième description
détaillée de cette demeure, faite en 17346 faite à la mort de Masseau paraît contredire cette date de
construction au début du XVTHe siècle puisque on y voit une maison où tout ce qui est pierre de
taille, boiseries, fermetures, carreaux, couverture, est soit "pourri", soit cassé. Conséquence de 10 à
20 ans de dégradations ? ou exagération des notaires ?
Le 23 août 1743, un décret7 d'adjudication rendu au parlement de Paris attribue le logis à
Claudine, Alexandrine, Marie Gérin de Tencin. Le 23 mars 1751, sa soeur, Françoise de Guérin,
marquise de Tencin, veuve de Laurent Ducros, chevalier, comte de Groslé, du Roussillon et autres
places... hérite de la demeure8.
Vers 1755 et jusqu'au 15 décembre 1775, Charles Augustin De Feriol d'Argental,
chevalier, ministre plénipotentiaire de Son Altesse Sérénissime l'Infant, duc de Parme en est
propriétaire9. Ensuite, Pierre Georges Félicien de Boffin, comte de Puisignieux, capitaine de dragons
et son épouse, achètent la Baronnie qu'ils vont garder jusqu'en 178510 puis le roi Louis XVI
l'acquiert par acte du 22 avril 178511.
En 1791, la ci-devant "baronnie de l'isle de Ré" est mise aux enchères et acquise par Pierre
Polycarpe Fournier12.
Le 10 janvier 1802, ce dernier donne la demeure en dot à sa fille Julie, à l'occasion de son
mariage avec Théodore Baudin13 et c'est leur fille Suzanne Laetitia Baudin qui garde la maison en
1821
!Cf dossier Inventaire. PON (M-C) et RENAUD (G.), 1978.
: S 6757, dossier 5.
3PHELIPPOT, Notice historique..., p. 9-10.
4A Musée Cognacq : carton 23 ; PHELIPPOT, Notice historique..., p. 2.
5Cf annexe A.
6Cf annexe B.
7A.D. 17 - Actes Thilorier - B 2125.
8PHELIPPOT, Notice historique..., p. 11 - A.D. 17 : acte Riguelins, 27 septembre 1755.
9lbid, arcte Riguelins ; A. Musée Cognacq : cartons 13 et 23.
10/ôirf., carton 23.
u/ôiW., carton 23 -A.N. : Ql 116.
12A.D. 17 :Q 28 et 111.
I3lbîd, acteDenouy.
2AN
2/
Plusieux baux à loyer de la première moitié du XIXe siècle donnent une description
sommaire14.
En 1845, la Baronnie est acquise par la Communauté Sainte-Marie de la Providence de
Saintes dans l'intention d'y établir un pensionnat. Le procès-verbal d'expertise15 précise "que son
édification est de date peu ancienne ; que des réparations majeures y ont été faites récemment... tout
est en bon état... que cette maison doit être considérée comme l'une des plus belles de la ville... ".
Selon un plan de cette époque, l'installation des religieuses n'amène pas de transformations
notables ; une chambre du premier étage, exposée au nord fut aménagée en oratoire. En 1854, les
religieuses, qui n'avaient pas assez d'élèves, quittent la maison.
Du 1er juin 185816 jusqu'en 1897, Julien Moreau, greffier de la Justice de Paix en est
propriéaire. Plusieurs changement de mains s'opèrent encore, jusqu'à l'acquisition de la Baronnie en
1996, par M. et Mme Pallardy.
14Cf
annexée.
annexe D.
16A. Musée Cognacq : canon 23 et PHELIPPOT, Notice historique..., p. 17.
15Cf
Charente-Maritime
Saint-Martin-de-Ré
La Baronnie
21, rue de Baron-de-Chantal
DESCRIPTION
Saint-Martin-de-Ré compte comme édifices protégés au titre de la loi du 31 décembre 1913
sur les Monuments Historiques :
- l'église (Cl. MH 1903),
- l'Hôtel de Clerjotte (Musée Cognacq) (Cl. MH 1929),
- l'Hôtel des Cadets (Mairie) (Inv. MH : 1965),
-19-25 rue des Gabarets, pièces ornée de stucs (Inv. MH : 1986),
- Citadelle et fortifications (Cl. MH 1984).
Un règlement Z.P.P.A.U.P. est en vigueur sur ce bourg depuis 1988. La Baronnie est
repéré comme immeuble d'intérêt patrimonial à conserver.
Selon "L'inventaire topographique de l'île de Ré", le bourg de Saint-Martin s'est étendu à
partir de trois artères de direction Nord-Sud, parmi lesquelles, à l'Est, les rues du Général Lepasset et
de Baron-de-Chantal (jadis rue Neuve). La rue Neuve est tracée dès 1696 tandis que la construction
d'une enceinte avait débuté en 1681. Les plans de la ville, depuis 1715, indiquent clairement la
Baronnie tel qu'elle est aujourd'hui avec ses pavillons arrières et ses deux ailes étroites reliant le
corps de logis à la "rue Neuve". La date avancée par le Service Régional de l'Inventaire de
construction antérieure à 1721, est donc justifiée. Une importante campagne de restauration
intervient avant 1840 jusqu'aux récents travaux entrepris par les derniers propriétaires en 1996.
La Baronnie se situe dans la partie Est du bourg de Saint-Martin-de-Ré. Son portail d'entrée
donne sur la rue Baron-de-Chantal (à l'ouest) qui relie l'église aux quais (au nord du bourg). Sur
l'arrière (à l'Est), son jardin, ainsi que l'ensemble des parcelles disposées en lanières le long de cette
rue, donnent sur une ruelle.
Au 21 de la Rue Baron-de-Chantal, s'ouvre une porte cochère dont le portail en bois a sa
partie haute ajourée d'une claire-voie. Sur l'encadrement à bossage de pierre sont posés deux
pilastres latéraux à base et chapiteaux moulurés supportant un entablement et une corniche. Une
allée bordée de mur puis une cour encadrée des deux ailes rectangulaires conduisent au corps
principal de logis rectangulaire précédé d'une terrasse. Un hall axial mène au jardin arrière. Deux
courts pavillons encadrent la terrasse postérieure tandis que le jardin clos de mur dans lequel se
trouve un puits est fermé à l'Est par une haute muraille dans laquelle il y a un portail condamné dont
les pilastres sont ornés de volutes.
L'ensemble est construit en pierre calcaire. Les murs sont en moellons recouverts de crépi
tandis que les chaînes d'angle, les encadrements de baies, les pleins de travées, les bandeaux et les
corniches sont en pierres de taille.
Les couvertures, à deux pans, avec croupes, sont en tuiles creuses exceptées celles des
pavillons Est, à deux pans et deux croupes, galbées en doucine avec brisis, éclairées de lucarnes qui
sont en ardoise.
Corps de logis et ailes s'élèvent sur un rez-de-chaussée et un étage.
2/
Les ailes nord et sud sont précédées de bâtiments plus bas aux travées de baies placées de
façon plus irrégulières. Les ailes proprement dites comptent quatre travées régulières avec une porte
à chaque extrémité. Le corps central a cinq travées avec une porte axiale à chambranle saillant,
couronné d'une corniche rnoulurée. Chaque travée se compose de deux fenêtres couvertes d'un
linteau en arc segmentaire avec chambranle et plein de travées saillants.
La façade sur jardin compte sept travées. Les pavillons ont deux travées donnant sur la
terrasse, une seule travée dormant à l'Est. Des deux côtés, la corniche et la modénature se prolongent
sur toutes les parties du logis et de ses ailes.
Les terrasses sont délimitées par un muret et les entrées sont ponctuées de perrons avec
degrés en dalles de pierre.
Les accès à l'étage se font depuis les ailes dont le rez-de-chaussée est occupé par les
anciennes cuisines et des pièces à usage de servitude.
Une chambre et un salon sont placés à l'est de chaque escalier conduisant aux pièces
d'apparat simples en profondeur donnant sur cour et jardin : deux salons de part et d'autre du hall
axial.
L'escalier le plus remarquable en bois avec une rampe en fer forgé à deux volées droites
tournant à droite, se trouve dans l'aile nord.
A l'étage, les pièces obéissent aux mêmes dispositions. Les chambres sont fermées d'une
mince cloison faite de planches de bois pour consituer un couloir donnant côté cour. Un couloir
étroit conduit aux pavillons qui servaient de latrines. Le comble en impériale du pavillon nord-est
somme une pièce lambrissée de simples planches au charme indéniable.
Dans l'ensemble, cette maison a conservé des boiseries à panneaux dans certaines pièces des
lambris bas et des cheminées monumentales d'origine. Quelques pièces ont subi un aménagement
XDCe.
Lors de la visite effectuée en compagnie de l'Architecte des Bâtiments de France et du
Conservateur Régional des Monuments Historiques en juin 1996, les travaux battaient leur plein.
Aux dires de la municipalité, ils ne sont pas déclarés, malgré les tentatives faites pour rappeler aux
propriétaires les règlements d'urbanisme. Ce que nous avons pu voir, laissait présager par moment de
sombres inquiétudes : panneaux de lambris bas remplacés par de l'aggloméré, dalles de pierre de
cuisine de taille disproportionnée, salle de bains au décor contestable...
Au moment du passage du dossier en CO.RE.P.H.A.E., les travaux seront achevés, et dans
l'ensemble, l'extérieur n'aura subi aucun dommage et ce qui était en bon état aura été conservé. La
Baronnie reste encore une des plus belles maisons de Saint-Martin de Ré pouvant à ce titre prétendre
à une inscription sur l'Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques avec les avantages qui
en découlent...
La Rochelle, le
2 octobre 1996
-
'
s8 OCT. 1996
Charente-Maritime
" l,
L'Archltecte des Bâtiments de France
Ministère de la Culture
Setvice Oépartemenlol de
'Architecture et du Paliimoine
là, weRéaumu-17025 loRoctefe Cedex
Aphone ; 4W1 H5ï - fé&cçte : 46,41 JQ.Ô2
à
Monsieur le Directeur Régional
des Affaires Culturelles
Conservation Régionale es Monuments Historiques
102Grand'Rue
86020 Poitiers
Saint Martin de Ré
La Baronnie
Dossier recensement
V/Réf : MH n° 275/BBM/KW
N/Ref:8Ql-96/sc
La Baronnie de Saint Martin de Ré est un édifice du XVIIIème
siècle, très homogène. Nous avons la chance de le trouver dans un état
d'authenticité rare pour cette période. La documentation rassemblée lors de
l'inventaire de l'Be de Ré est très complète.
La protection demandée, au titre de l'inventaire supplémentaire des
monuments historiques, me paraît pleinement justifiée. Il me semblerait
souhaitable de préciser dans l'arrêté que sont inscrits, outre le bâtiment, le
portail d'accès à la rue, l'allée, la cour pavée et son emmarchement, le jardin,
son puits et ses murs de clôture.
MINISTERE DE LA CULTURE
DIRECTION DU PATRIMOINE
Monuments Historiques
BUREAU DE L'ARCHITECTE EN CHEF
35 Rue Merlin de Thionville
92150SURESNES
TEL : 01.45.06.75.08
FAX : 01.46.97.06.24
C. R- M- *"*'
de
Po^ou - Charant»!
«»• ÊSNOV: igae
Philippe OUDIN
Architecte en Chef
des Monuments Historiques
Monsieur le Directeur Régional
des Affaires Culturelles
Conservation Régionale des M.H.
de Poitou-Charentes
Suresnes, le 21 octobre 1996
CHARENTE MARITIME
SAINT-MARTIN DE RE
LA BARONNERIE
Vos Réf. : BBM/KW
MH N°275
OBJET : Avis sur dossier de protection.
La baronnie fut sans doute bâtie au début du XYIÏÏème siècle. On accède à la
cour par une allée bordée de murs, deux ailes encadrent le corps de logis précédé d'une
terrasse, un hall même au jardin situé derrière.
Deux courts pavillons encadrent la façade donnant sur le jardin dans lequel se
trouve un puits. Le corps de logis et les ailes sont composés de deux niveaux. Les accès à
l'étage se font depuis les ailes.
La baronnerie a été repérée sur le règlement de ZPPAUP de la ville, comme
un élément d'intérêt patrimonial à conserver. Cette demeure a conservé le charme
particulier de l'authenticité historique autant dans ses extérieurs que dans ses intérieurs.
On retrouve des modèles XVIIIème siècle dans l'aménagement des espaces
extérieurs, emmarchements muret de la cour, puits dans le jardin. Dans ses menuiseries
porte à grand cadre, grilles de bois, fenêtre à imposte.
La charpente du comble à l'impériale surmonte une salle lambrissée et peinte
évoquant le charme discret des intérieurs de l'île de la Réunion. A l'intérieur de cette
demeure les chambranles et portes vitrées, la balustrade d'escalier, les boiseries et lambris
peints, les cheminées sont autant d'éléments remarquables dans leur sobriété.
Au vu du dossier de recensement, des travaux ont été commencés dénaturant
les dispositions internes et détruisant des boiseries et sols anciens sans demande
d'autorisation. Même partiellement dénaturé, le bâtiment mérite une inscription à
l'Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques en totalité. Mais ne devrait-on
pas pouvoir envisager une instance de classement afin d'en protéger encore l'authenticité
et le caractère historique ?
PHJ IpUDIN.
PJ. : 1 dossier en retour
MEMBRE D'UNE ASSOCIATION AGREEE LA REGL£MENT PAR CHEQUE EST ACCEPTE
Corephae du 20/11/96
Avis de l'ICMH
17
SAINT MARTIN DE RE
La Baronnie
Cet hôtel particulier est l'un des plus remarquable du bourg de St Martin. Construit au début
du XVIIIè siècle pour le compte de Jean Masseau, Sieur de Beausejour, il possède une disposition
classique, avec corps de logis principal entre cour et jardin, se retournant du côté de l'entrée de chaque
côté de la cour et précédé de deux ailes plus basses servant aux dépendances. A Panière, la façade est
cantonnée de deux petits pavillons en saillie curieusement coiffés de toitures au profil étrange
recouvertes d'ardoises.
Le bâtiment a conservé ses dispositions d'origine tant à l'extérieur qu'à l'intérieur où l'on voit de
nombreux éléments de décor, en particulier des cheminées et des lambris dont les plus remarquables se
situent dans une pièce de Paile nord, le grand salon et la chambre de l'aile sud ainsi que quelques
chambres à l'aplomb de ces pièces. La rampe d'escalier s'orne également d'une belle ferronnerie.
L'ensemble paraît donc bien complet et il est tout à fait caractéristique des constructions de
l'époque, dont on peut encore voir bien des exemplaires à la Rochelle. Leur caractère architectural
essentiel est la sobriété. Il y a peu ou pas de décor à l'extérieur. Les façades sont simplement rythmées
par le jeu discret et subtil des bandeaux d'étages, des encadrements de baies ou des tables allèges.
L'actuel propriétaire demande la protection mais il a curieusement commencé des travaux de
réfection intérieure en refaisant des sols et en enlevant quelques unes des boiseries. On pourra juger que
cette mesure est superfétatoire puisque une ZPPAU recouvre l'ensemble du bourg et que le bâtiment se
trouve déjà protégé à ce titre. Enfin, la qualité architecturale de la construction et celle des décors
intérieurs paraît bien ordinaire quand on les compare à d'autres hôtels rochelais de la même période, en
particulier à l'un d'entre eux dont les boiseries décorées, plus intéressantes, n'ont pas été protégées par
notre Corephae. Ici, c'est plutôt l'ensemble des dispositions qui doit guider notre jugement. Leur intérêt
paraît en tout cas suffisant pour en souhaiter la conservation et donc en permettre la surveillance.
Comme le conseille M. l'Architecte des Bâtiments de France, cette protection devrait s'appliquer le plus
largement possible sur l'ensemble, logis en totalité, sols de la cour et du jardin, clôtures et portails.
Bernard Brochard
COMMISSION REGIONALE DU PATRIMOINE HISTORIQUE,
ARCHEOLOGIQUE ET ETHNOLOGIQUE DU 20 NOVEMBRE 1996
Charente-Maritime
Saint-Martin de Ré
La Baronnie
Rapporteur : B. MONTAGNE
Demande ISMHpar les propriétaires en date du 28 mai 1996.
Mme MONTAGNE présente à l'aide de diapositives la Baronnie en s'appuyant sur
les informations du dossier du Service de l'Inventaire, réalisé dans le cadre de l'Inventaire
Topographique de l'Ile de Ré.
Kemmerer écrit qu'au début du XVIIIe siècle, le manoir primitif a été remplacé par
le logis actuel. Il n'est pas impossible qu'une construction existât alors à cet emplacement, mais
ce n'était pas le "manoir primitif', car une source de 1676, la prise de possession de la baronnie
de l'île de Ré par les pères de l'Oratoire, dit expressément "attendu qu'il n'y a aucune maison
seigneurialle..." A partir de 1712, Jean Masseau, sieur de Beauséjour, est qualifié de seigneur
de la baronnie de l'île de Ré. Cet édifice est construit entre 1712 et 1721, année où les députés
des habitants de Saint-Martin sont venus rendre hommage au "sieur Masseau, leur seigneur, en
cette ville de Saint-Martin de Ré, rue Neufe, où estant... dans une salle de son dit logis..." En
1791, la ci-devant "baronnie de l'isle de Ré" est mise aux enchères et acquise par Pierre
Polycarpe Fournier. En 1845, elle est achetée par la communauté Sainte-Marie de la
Providence de Saintes dans l'intention d'y établir un pensionnat. La maison était à ce moment là
en bon état, car "des réparations majeures" venaient d'y être faites. Selon un plan de cette
époque, l'installation des religieuses n'amena pas de transformations notables ; une chambre du
premier étage, exposée au nord, fut aménagée en oratoire. En 1854, les religieuses, qui
n'avaient pas assez d'élèves, quittèrent la maison" qui verra encore se succéder plusieurs
propriétaires.
Au 21 de la Rue Baron-de-Chantal, s'ouvre une porte cochère dont le portail en
bois a sa partie haute ajourée d'une claire-voie. Sur l'encadrement à bossage de pierre sont
posés deux pilastres latéraux à base et chapiteaux moulurés supportant un entablement et une
coniche. Une allée bordée de mur puis une cour encadrée des deux ailes rectangulaires
conduisent au corps principal de logis rectangulaire précédé d'une terrasse. Un hall axial mène
au jardin arrière. Deux courts pavillons encadrent la terrasse postérieure tandis que le jardin
clos de mur dans lequel se trouve un puits est fermé à l'Est par une haute muraille dans laquelle
il y a un portail condamné dont les pilastres sont ornés de volutes.
L'ensemble est construit en pierre calcaire. Les murs sont en moellons recouverts
de crépi tandis que les chaînes d'angle, les encadrements de baies, les pleins de travées, les
bandeaux et les corniches sont en pierres de taille.
Les couvertures, à deux pans, avec croupes, sont en tuiles creuses exceptées celles
des pavillons Est, à deux pans et deux croupes, galbées en doucine avec brisis, éclairées de
lucarnes qui sont en ardoise.
Corps de logis et ailes s'élèvent sur un rez-de-chaussée et un étage.
Les ailes nord et sud sont précédées de bâtiments plus bas aux travées de baies
placées de façon plus irrégulières. Les ailes proprement dites comptent quatre travées
régulières avec une porte à chaque extrémité. Le corps central a cinq travées avec une porte
axiale à chambranle saillant, couronné d'une corniche moulurée. Chaque travée se compose de
deux fenêtres ouvertes d'un linteau en arc segmentaire avec chambranle et plein de travées
saillantes.
La façade sur jardin compte sept travées. Les pavillons ont deux travées donnant
sur la terrasse, une seule travée donnant à l'Est. Des deux côtés, la corniche et la modénature
se prolongent sur toutes les parties du logis et de ses ailes.
Les terrasses sont délimitées par un muret et les entrées sont ponctuées de perrons
avec degrés en dalles de pierre.
A l'intérieur, il faut noter la présence de cheminées en pierre et de lambris datant de
la construction. L'escalier le plus remarquable se trouve dans l'aile nord avec sa rampe en fer
forgé. Le pavillon nord-est abrite sous son comble en impériale une pièce des plus charmantes
lambrissée de planches cloutées. Les cloisons sont à l'étage de la même composition.
Mme MONTAGNE conclut son rapport en indiquant que lors de la visite effectuée
en compagnie de l'Architecte des Bâtiments de France et du Conservateur Régional des
Monuments Historiques en juin 1996, les travaux battaient leur plein. Aux dires de la
municipalité, ils ne sont pas déclarés, malgré les tentatives faites pour rappeler aux
propriétaires les règlements d'urbanisme. Ce que nous avons pu voir, laissait présager par
moment de sombres inquiétudes : panneaux de lambris bas remplacs par de l'aggloméré,
carrelage en pierre de cuisine de taille disproportionnée, salle de bains au décor contestable...
Après cet exposé, il est donné lecture des avis.
Pour M. BOISSIERE, Architecte des Bâtiments de France de la CharenteMaritime, la Baronnie de Saint-Martin de Ré est un édifice du XVIIIe siècle, très homogène.
Nous avons la chance de le trouver dans un état d'authenticité rare pour, cette période. La
documentation rassemblée lors de l'inventaire de l'Ile de Ré est très complète.
La protection demandée, au titre de l'Inventaire Supplémentaire des Monuments
Historiques, lui paraît pleinement justifiée. Il lui semble souhaitable de préciser dans l'arrêté
que sont inscrits, outre le bâtiment, le portail d'accès à la rue, l'allée, la cour pavée et son
emmarchement, le jardin, son puits et ses murs de clôture.
M. OUDIN, Architecte en Chef des Monuments Historiques rappelle que la
Baronnie fut sans doute bâtie au début du XVïïIe siècle. On accède à la cour par une allée
bordée de murs, deux ailes encadrent le corps de logis précédé d'une terrasse, un hall même au
jardin situé derrière.
Deux courts pavillons encadrent la façade donnant sur le jardin dans lequel se
trouve un puits. Le corps de logis et les ailes sont composés de deux niveaux. Les accès à
l'étage se font depuis les ailes.
La Baronnie a été repérée sur le règlement de ZPPAUP de la ville, comme un
élément d'intérêt patrimonial à conserver. Cette demeure a conservé le charme particulier de
l'authenticité historique autant dans ses extérieurs que dans ses intérieurs.
On retrouve des modèles XVIIIe siècle dans l'aménagement des espaces extérieurs,
emmarchements muret de la cour, puits dans le jardin. Dans ses menuiseries porte à grand
cadre, grilles de bois, fenêtre à imposte.
La charpente du comble à l'impériale surmonte une salle lambrissée et peinte
évoquant le charme discret des intérieurs de nie de la Réunion. A l'intérieur de cette demeure
les chambranles et portes vitrées, la balustrade d'escalier, les boiseries et lambris peints, les
cheminées sont autant d'éléments remarquables dans leur sobriété.
Au vue du dossier de recensement, des travaux ont été commencés dénaturant les
dispositions internes et détruisant des boiseries et sols anciens sans demande d'autorisation.
Même partiellement dénaturé, le bâtiment mérite une inscription sur l'Inventaire
Supplémentaire des Monuments Historiques en totalité. Mais ne devrait-on pas pouvoir
envisager une instance de classement afin d'en protéger encore l'authenticité et le caractère
historique ?
Enfin, M. BROCHARD pense que cet hôtel particulier est l'un des plus
remarquable du bourg de Saint-Martin. Construit au début du XVIIIe siècle pour le compte de
Jean Masseau, Sieur de Beauséjour, il possède une disposition classique, avec corps de logis
principal entre cour et jardin, se retournant du côté de l'entrée de chaque côté de la cour et
précédé de deux ailes plus basses servant aux dépendances. A l'arrière, la façade est cantonnée
de deux petits pavillons en saillie curieusement coiffés de toitures au profil étrange recouvertes
d'ardoises.
Le bâtiment a conservé ses dispositions d'origine tant à l'extérieur qu'à l'intérieur où
Ton voit de nombreux éléments de décor, en particulier des cheminées et des lambris dont les
plus remarquables se situent dans une pièces de l'aile nord, le grand salon et la chambre de l'aile
sud ainsi que quelques chambres à l'aplomb de ces pièces. La rampe d'escalier s'orne également
d'une belle ferronnerie.
L'ensemble paraît donc bien complet et il est tout à fait caractéristique des
constructions de l'époque, dont on peut encore voir bien des exemplaires à la Rochelle. Leur
caractère architectural essentiel est la sobriété. Il y a peu ou pas de décor à l'extérieur. Les
façades sont simplement rythmées par le jeu discret et subtil des bandeaux d'étages, des
encadrements de baies ou de tables d'allégés.
L'actuel propriétaire demande la protection mais il a curieusement commencé des
travaux de réfection intérieure en refaisant des sols et en enlevant quelques unes des boiseries.
On pourra juger que cette mesure est superfétatoire puisque une ZPPAUP recouvre l'ensemble
du bourg et que le bâtiment se trouve déjà protégé à ce titre. Enfin, la qualité architecturale de
la construction et celle des décors intérieurs paraît bien ordinaire quand on les compare à
d'autres hôtels rochelais de la même période, en particulier à l'un d'entre eux dont les boiseries
décorées, plus intéressantes, n'ont pas été protégées par notre CO.RE.P.H.A.E,. Ici, c'est
plutôt l'ensemble des dispositions qui doit guider notre jugement. Leur intérêt paraît en tout
cas suffisant pour en souhaiter la conservation et donc en permettre la surveillance. Comme le
conseille M. l'Architecte des Bâtiments de France, cette protection devrait s'appliquer le plus
largement possible sur l'ensemble, logis en totalité, sols de la cour et du jardin, clôtures et
portails.
Mme JOANNE suggère à son tour que soit inclus dans la protection le jardin en
raison de la pression foncière qui existe à Saint-Martin de Ré et qui incite les propriétaires à
vendre les jardins situés à l'arrière des parcelles en lanière pour y construire du neuf.
Melle BARBEAULT rappelle que la ZPPAUP opposable au tiers depuis 1988 a
particulièrement bien étudié ce phénomène s'intéressant non seulement à la forme urbaine mais
aussi à l'ensemble du logis. Tous les portails, les édifices de plan en U sont indiqués "à
conserver" ainsi que la trame des jardins. Cette réglementation n'est pas allée sans polémique
puisqu'elle intéresse des parcelles très convoitées mais elle a pu aboutir et cette servitude a été
annexée au POS.
Melle BARBEAULT s'étonne que malgré cette réglementation les propriétaires
n'aient pas eu la sagesse de déclarer leurs travaux, même s'ils portaient sur les aménagements
intérieurs. Elle reconnaît cependant les limites du système eu égard à la fragilité des décors
intérieurs.
M. le Président faisant un dernier point, suggère aux membres dé la
CO.RE.P.H.A.E. de passer au votre, forts des avis exprimés.
La proposition d'inscription sur l'Inventaire Supplémentaire des Monuments
Historiques, en totalité, du logis de la Baronnie avec ses deux ailes en retour, de la cour
et du jardin avec son puits ainsi que des murs de clôture avec leurs portails sis à SaintMartin de Ré (Charente-Maritime), 21 rue Baron-de-Chantal, section E, parcelles n°
693 et 694 du cadastre reçoit un avis favorable en raison de l'intérêt historique et
architectural de cet ensemble remarquable construit au XVÏÏIe siècle.
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