UNE MAUVAISE HISTOIRE JUIVE
DOCUMENTS ET ESSAIS
dirigés par
Emile Copfermann
1
UNE MAUVAISE HISTOIRE JUIVE
Une mauvaise
histoire juive
2
UNE MAUVAISE HISTOIRE JUIVE
Bernard Fride
Une mauvaise
histoire juive
Préface de Pierre Vidal-Naquet
Editions Ramsay
9, rue du Cherche-Midi
75006 Paris
3
UNE MAUVAISE HISTOIRE JUIVE
© Editions Ramsay, 1991
ISBN: 2-85956-901-4
4
UNE MAUVAISE HISTOIRE JUIVE
PREFACE
de Pierre Vidal-Naquet
La corde et le pendu (bis)
J'avais titré « la corde et le pendu », une préface écrite, à la demande de l'auteur, au
livre de Maurice Rajsfus, Des Juifs dans la collaboration. L'UGIF 1941-1944 1.
J'avais des désaccords avec ce livre, que son auteur m'a laissé libre d'exprimer. Le
mot de collaboration ne me paraissait pas heureux, ne serait-ce que parce que, même
les plus compromis parmi les serviteurs juifs des nazis - il y en eut - ne
« souhaitaient » pas comme Laval, la victoire de l'Allemagne. Leur « collaboration »
était celle, fatalement provisoire, du pendu avec la corde qui, un jour ou l'autre,
l'étranglera.
1. EDI, 1980. Cette préface a été depuis rééditée avec quelques corrections et compléments dans mon recueil, Les Juifs,
la mémoire et le présent, Maspero, 1981.
Bernard Fride, auteur de cette Mauvaise histoire juive qu'il m'a demandé, à son tour,
de préfacer, a vu comme tant d'autres son univers basculer. Pour lui ce fut le 13 août
1942, à Nancy - un peu moins d'un mois après l'opération « Vent printanier », c'est-
à-dire la grande rafle du Vel d'Hiv. Ses parents étaient venus de Pologne dans le
cadre de cette Marche à l'Etoile vers la France des droits de l'homme qu'a évoquée
Vercors. L'itinéraire de sa lignée paternelle est exemplaire : un arrière grand-père
rabbin, un père militant du Bund, émigrant en Allemagne d'abord, puis, en 1925, en
France, mineur en Lorraine, puis colporteur. Les enfants, nés en France, ont
ipso facto vocation à devenir français. La société française n'est certes pas le
paradis de toutes les libertés et de toutes les possibilités qu'avaient fantasmé les Juifs
opprimés de Pologne, mais la famille Fride avant la guerre et pendant la guerre n'y
rencontrera pas que des ennemis, selon un schématisme fort a la mode mais aussi
faux que le schématisme inverse. Ce livre donne un exemple convenable de tous les
types de comportement, depuis l'extrême solidarité jusqu'à la dénonciation, en
passant par l'indifférence. Bernard Fride a son salut à une « petite couturière »,
comme on disait à l'époque, à qui sa mère l'avait confié et qui le traita comme son
propre fils. C'est à elle que ce livre est dédié, mais, je peux le dire, comme témoin et
comme historien, des Georgette Larchet il y en eut beaucoup. On en rencontrera
quelques autres dans ce livre, par exemple ce curé qui logea la famille, après le
retour de l'exode. Ne cédons pas au schématisme ; n'imaginons pas des classes
populaires toutes hospitalières et une bourgeoisie juive ou chrétienne, tout entière
attachée à ses privilèges et refusant de partager. Je le dis d'autant plus nettement
qu'il arrive effectivement à Bernard Fride de tomber, pour des raisons que l'on
comprendra aisément dans un tel schématisme. Il n'était pas un bourgeois, ce paysan
à qui le père de Bernard Fride avait confié au début de 1941 sa camionnette et qui fit
savoir à ce qui restait de la famille, c'est-à-dire à l'auteur de ce livre, en 1947 que la
voiture ne fonctionnait plus, mais qu'on lui devait six ans de gardiennage !
5
1 / 127 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !