Gaon, éminent Sage du Xe siècle qui écrivait déjà dans son livre des
croyances et des opinions (Sefer Emounot we-dé’ot) que même une personne, à
moitié dévoré par un fauve pourrait ressusciter dans son intégrité première
puisque Dieu a pu le créer à partir de rien. Que dire aujourd’hui des
militaires mutilés, ou des civils dont les corps ont été déchiquetés lors
d’attentats terroristes ?
Le moment précis de la mort (la question de la mort cérébrale)
Impossible de décrire le Dieu de la Bible, le voir c’est mourir ; point
d’anthropomorphisme, point de représentation. Et pourtant l’homme a été créé
à l’image de Dieu (betselem Elohim), à sa ressemblance ; à l’image d’Elohim,
nous disent les Ecritures, l’Être qui concentre toutes les forces. Ainsi
l’homme ne peut ressembler à Dieu par sa morphologie mais il le peut par sa
capacité à mettre en œuvre les différentes forces créatrices de l’univers. En
conséquence, le judaïsme est favorable aux progrès de la science en général
et notamment des sciences médicales dès lors qu’elles concourent au bien-être
des hommes dans le respect de leur dignité.
Les hommes ont cependant eu la connaissance de Dieu par Sa voix, Sa parole au
mont Sinaï. C’est sur cette montagne de feu enveloppée d’une épaisse fumée et
en proie à de fortes secousses telluriques que Cette voix se fit entendre :
« Dieu (Elohim) parla toutes ces paroles en disant… » (Ex. 20,1).
C’est donc par la parole que l’homme, qui est dans la tradition hébraïque
appelé le « vivant-parlant », ressemble à Dieu. C’est bien cette capacité de
dire mais aussi de médire qui distingue l’homme des autres êtres vivants. On
pourrait ainsi en déduire que c’est au moment où la bouche se tait
définitivement que l’homme n’est plus. Dans la mesure où la parole résulte
d’un ordre émanant du cerveau aux organes phonatoires, la mort cérébrale
constatée par un électroencéphalogramme plat, indique la mort clinique de
l’homme défini comme sujet-parlant. . La vie est parole, la fin de
l’existence est sans parole et sans question ouvrant à d’autres paroles.
Mais dans les textes talmudiques (traité Yoma), la déclaration d’un décès
suppose l’absence de respiration qui s’opérait au moyen d’un miroir placé
devant le nez et la bouche du mourant. Certains ajoutaient la nécessité de
constater l’absence de battements du cœur.
C’est le respect de cette stricte conformité avec la Loi orale, la halakha,
que le grand rabbin de Paris ordonne à ses coreligionnaires. Ce qui le
conduit à leur demander de refuser le don d’organes.
Or la Halakha par son étymologie indique le mouvement et oblige à
contextualiser les prescriptions de la Torah qui est vivante sans les trahir,
comme le font les Sages du Talmud et à leur suite les différents rabbins.
C’est ainsi qu’à Venise, au XVe siècle, Rabbi Yehudah Aryeh de Modenah
traçait déjà la voie, il disait : « Tous les rabbins sont d’accord sur le
fait que la source fondamentale de la vie est dans le cerveau. Ainsi, si l’on
examine le nez en premier, qui est un organe sous la commande du cerveau, et
qu’il n’y a pas de respiration spontanée, aucun de ces rabbins ne douterait