hallucinations

publicité
Définition et évaluation d’une
hallucination
DR HOUCINE EMBOUAZZA
Praticien Hospitalier
Service Psychiatrie, Alcoologie et
Tabacologie à Bichat
1
Définition et évaluation d’une
hallucination
L’Hallucination est une

Sensation ou perception d'objets externes n'existant pas dans la
réalité. Elles peuvent être isolées ou entrer dans un tableau
délirant
Les hallucinations ne doivent pas être confondues avec les
illusions, qui consistent en une mauvaise interprétation de
stimuli sensoriels et ne doivent pas être trop rapidement
"psychiatrisées" en particuliers chez les enfants (cf. migraines),
les personnes âgées, les patients poly médicalisés,...
2
Définition et évaluation d’une
hallucination

I. DEFINITION DE L'Hallucination - DESCRIPTION
CLINIQUE
I.1. L'hallucination est une perception sans objet réel
à percevoir.
Elle n'est donc pas une perception erronée du monde réel
(métamorphopsies, micro ou macropsie, illusions).

Hallucinations psychosensorielles

Hallucinations intrapsychiques
3
Définition et évaluation d’une
hallucination

Hallucinations psychosensorielles.
elles peuvent toucher n'importe laquelle des 5
modalités sensorielles (auditive, visuelle, olfactive,
gustative, tactile lorsqu'elles concernent la sensibilité
externe, cœnesthésique ou somesthésique lorsqu'elles
concernent la sensibilité interne ou proprioceptive).
Parmi les hallucinations fréquentes de ce dernier type,
il faut noter les hallucinations concernant la sphère
génitale (sensations d'attouchements, de pénétration,
d'orgasme, d'accouchement,..)
4
Définition et évaluation d’une
hallucination

Hallucinations intrapsychiques /

sont perçues comme une ou des voix provenant de l'intérieur
même de la tête du sujet (perturbations du langage intérieur),
et n'ont pas de caractère de sensorialité. Elles appartiennent
au cadre de l'automatisme mental.
Devant tout délire ou toute expérience hallucinatoire, il faut
rechercher d'autres mécanismes délirants (illusions,
interprétations, intuitions, imagination).

5
Définition et évaluation d’une
hallucination

I.2 Recherche des caractéristiques des
hallucinations
- Hallucinations élémentaires (phosphènes, acouphènes).
- Hallucinations complexes (images construites, mots,
phrases)
il convient donc de tenter de faire décrire précisément
par le sujet les caractéristiques de ses hallucinations.
On cherchera - leurs contextes de survenue
- leurs contenus
6
Définition et évaluation d’une
hallucination




L'existence des hallucinations entraîne parfois des
modifications très significatives du comportement du patient.
Peuvent permettre de déceler leurs existences chez un sujet
réticent, qui n'expose pas l'existence de ces phénomènes
hallucinatoires à ses interlocuteurs.
Ainsi, les hallucinations auditives, lorsqu'elles surviennent,
peuvent totalement capter l'attention du sujet, au point
d'interrompre le discours qu'il est en train de tenir, ou de lui
faire tourner la tête vers l'endroit d'où provient l'hallucination :
il s'agit dans ce cas d'une attitude d'écoute. Les
patients réagissent aussi parfois à des hallucinations
tactiles ou somesthésiques.
7
Définition et évaluation d’une
hallucination

I.3 Adhésion ou critique

Un aspect essentiel de l'exploration de phénomènes
hallucinatoires est l'estimation du degré d'adhésion du sujet à
ses hallucinations.
En effet, si le patient présente une adhésion complète au
phénomène hallucinatoire, il s'agit d'hallucinations à
proprement parler.
S'il critique sa perception, c'est-à-dire s'il pense que ce qu'il
perçoit est le fruit de son imagination, que cela n'existe pas à
proprement parler, alors on est en présence d'une hallucinose,
d'origine somatique.


8
Définition et évaluation d’une
hallucination
II. HALLUCINATIONS ORGANIQUES OU LESIONNELLES
II.1. Hallucinations dans le cadre des intoxications
II.1.1. Drogues hallucinogènes :
II.1.2. Drogues à potentiel hallucinogène
II.2. Hallucinations liées à une désafférentation - hallucinose
II.2.1. Hallucinations dans le cadre d'un déficit auditif
II.2.2. Hallucinations dans le cadre d'un déficit visuel
II.2.3. Hallucinations dans le cadre de désafférentation
somesthésique
9
Définition et évaluation d’une
hallucination
II.2.4. Hallucinose pédonculaire
II.3. Hallucinations dans les phases de modification de la vigilance
et les syndromes confuso-oniriques
II.3.1. Dans un contexte physiologique :
II.3.2. En pathologie du sommeil :
II.3.4. En pathologie neurologique lésionnelle :
II.3.5 Hallucinose pédonculaire :
II.3.6 Confusion mentale :
II.4. Hallucinations dans les démences
II.5 Hallucinations dans le cadre des dysfonctionnements corticaux et de
l'épilepsie
III. LES HALLUCINATIONS EN PATHOLOGIE PSYCHIATRIQUE
10
Définition et évaluation d’une
hallucination
II.1. Hallucinations dans le cadre des intoxications
II.1.1. Drogues hallucinogènes :
Sont considérées comme telles les substances qui induisent
régulièrement des phénomènes hallucinatoires, dès la
consommation de faibles doses de la substance. Il s'agit des dérivés
de la mescaline, de l'ecstasy, du LSD, de la psilocybine, et du PCP
(phencyclidine ou poudre d'ange).
Ces produits entraînent une dépersonnalisation s'accompagnant
d'illusions sensorielles et d'hallucinations, comparable à un onirisme,
le LSD étant réputé provoquer des synesthésies (télescopages de
perceptions sensorielles selon différentes modalités - par exemple :
un son déclenche des hallucinations colorées ; une perception tactile
est associée à une hallucination visuelle
11
Définition et évaluation d’une
hallucination

II.1.2. Drogues à potentiel hallucinogène
Ces substances ont un effet toxique global, s'accompagnant
habituellement de troubles de la vigilance et d'un certain degré
de confusion mentale, où peuvent apparaître des
hallucinations. De nombreux toxiques peuvent être en cause :
colles et solvants, éther, gaz volatiles, cannabis et ses dérivés,
opiacés à fortes doses, cocaïne, amphétamines.
II.2. Hallucinations liées à une désafférentation hallucinose
Il s'agit d'états hallucinatoires qui n'entraînent pas la création
d'un véritable délire : le sujet ne " croit pas " en ce qu'il
perçoit, même si ce qu'il éprouve est ressenti avec beaucoup
de vivacité et de précision : la critique s'installe très vite. On
12
est donc en présence de phénomènes psychosensoriels sans
Définition et évaluation d’une
hallucination

II.2.1. Hallucinations dans le cadre d'un déficit
auditif
Des sujets sourds peuvent être amenés à percevoir des
hallucinations auditives, initialement sous forme
d'acouphènes, qui se transforment peu à peu en
hallucinations élémentaires, puis de plus en plus
élaborées, parfois musicales. Ces hallucinations peuvent
être unilatérales, généralement du côté où prédomine la
surdité. Ces hallucinations sont le plus souvent critiquées.
13
Définition et évaluation d’une
hallucination

II.2.2. Hallucinations dans le cadre d'un déficit visuel
On parle alors du syndrome de Charles Bonnet, qui concerne des sujets
âgés, présentant un déficit visuel partiel, généralement d'installation
progressive, voire une cécité. Des hallucinations visuelles se rencontrent
également dans le cadre de lésions des voies visuelles (nerf optique,
chiasma), ou encore dans des hémianopsies latérales d'origine
occipitale, en dehors de tout mécanisme épileptique. Elles s'installent
rapidement après l'apparition du trouble neurologique et sont de types
variés.
14
Définition et évaluation d’une
hallucination

II.2.3. Hallucinations dans le cadre de désafférentation
somesthésique
Il s'agit du phénomène du " membre fantôme ", survenant chez les
amputés, qui ressentent des sensations proprioceptives comme elles
existaient avant de perdre le segment amputé. Parfois, les sensations
sont douloureuses. Ces phénomènes du membre fantôme surviennent
parfois dans d'autres contextes neurologiques, tels des lésions plexiques
ou des paraplégies.
Certains syndromes de Guillain-Barré sévères peuvent comporter des
sensations somesthésiques hallucinatoires.
II.2.4. Hallucinose pédonculaire (Voir plus loin)
15
Définition et évaluation d’une
hallucination

II.3. Hallucinations dans les phases de modification de la
vigilance
et les syndromes confuso-oniriques
Un état de vigilance particulier, physiologique ou pathologique, est à
l'origine de la possibilité de survenue de phénomènes hallucinatoires.
II.3.1. Dans un contexte physiologique :
C'est à l'occasion des phases d'endormissement ou de réveil que l'on
peut rencontrer des hallucinations. On parle alors respectivement
d'hallucinations hypnagogiques et hypnopompiques.
16
Définition et évaluation d’une
hallucination

Les hallucinations hypnagogiques : surviennent chez le sujet
normal, au coucher ou à l'occasion d'un endormissement en
cours de journée (sieste, rêverie profonde). Les hallucinations
sont visuelles ou auditives, correspondent souvent à des
événements de la journée écoulée et s'accompagnent
volontiers de sensations d'apesanteur, de chute libre, de
flottement. Elles prennent fin avec l'endormissement ou un
sursaut et ne sont pas angoissantes.

Les hallucinations hypnopompiques correspondent à
l'intrusion du contenu d'un rêve au moment du réveil, avec une
période de désorientation brève.
17
Définition et évaluation d’une
hallucination

II.3.2. En pathologie du sommeil :
C'est chez les sujets narcoleptiques qu'on rencontre des
hallucinations hypnagogiques. Il s'agit alors d'hallucinations
visuelles, auditives ou somesthésiques, comparables à un rêve,
qui surviennent en pleine conscience chez le patient, lors des
endormissements pathologiques de la journée ou au coucher.
Ces phénomènes hallucinatoires sont souvent vécus avec
angoisse et bien mémorisés. Leur durée peut être prolongée,
de plus de 10 minutes.
18
Définition et évaluation d’une
hallucination

II.3.4. En pathologie neurologique lésionnelle :
Dans un contexte pathologique, ce sont des lésions
(vasculaires ou tumorales) des zones cérébrales régulant la
veille et le sommeil, c'est-à-dire les pédoncules et le pont,
ou bien une souffrance encéphalique génératrice d'un
syndrome confusionnel, qui peuvent favoriser l'émergence
d'hallucinations.
19
Définition et évaluation d’une
hallucination

II.3.5 Hallucinose pédonculaire :
Les lésions focales du tronc cérébral (calotte protubérantielle
ou pédoncules) peuvent entraîner une hallucinose, qui est
constituée par des hallucinations mono sensorielles, soit
auditives, soit visuelles, qui surviennent en l'absence de
trouble de la vigilance.
Les hallucinations visuelles surviennent plus facilement au
calme, dans une lumière atténuée, lorsque le patient ferme les
yeux, lors de l'affaiblissement de la vigilance. Il s'agit de
visions colorées, comparables à un film muet, sans support ou
à l'inverse " projetées " sur une surface (mur, plafond, …), qui
mettent en scène des personnages, des animaux, des formes
20
complexes.
Définition et évaluation d’une
hallucination


Dans ce cas
Le patient en a pleinement conscience et mémorise
ces phénomènes visuels. Initialement perplexe et
convaincu de ce qu'il voit, il critique rapidement ces
phénomènes et reconnaît leur caractère irréel. Les
hallucinations n'existent que dans la phase aiguë de
la lésion en cause (vasculaire le plus souvent).
Les hallucinations auditives surviennent dans un
contexte comparable, lorsque la lésion causale
touche les voies auditives centrales. Elles sont
complexes et peuvent être musicales (chanson,
thème musical), ou verbales.
21
Définition et évaluation d’une
hallucination

II.3.6 Confusion mentale :
Dans la confusion mentale, les hallucinations (et plus encore
les illusions) sont fréquentes dans les formes dont l'étiologie
entraîne une hyperactivité et une agitation, dans le cadre
d'états confuso-oniriques. C'est le cas des encéphalopathies
liées à un sevrage (alcool, benzodiazépines, barbituriques) ou
à une intoxication (anticholinergiques, dopaminergiques).
22
Définition et évaluation d’une
hallucination

II.4. Hallucinations dans les démences
Certains syndromes démentiels s'accompagnent d'idées
délirantes, généralement à thème persécutif ou de spoliation,
et d'hallucinations. Les hallucinations visuelles sont les plus
fréquentes, mais d'autres modalités perceptives peuvent être
concernées.
La maladie d'Alzheimer peut comporter des hallucinations,
mais la forme clinique de démence où l'on en rencontre le plus
souvent est la démence à corps de Lewy. De façon assez
caractéristique, les patients présentent des hallucinations
visuelles, souvent de personnages de leur entourage proche.
23
Définition et évaluation d’une
hallucination
II.5 Hallucinations dans le cadre des dysfonctionnements
corticaux et de l'épilepsie
Les migraines avec aura peuvent comporter des phénomènes
hallucinatoires, essentiellement de type élémentaire, comme
par exemple les phosphènes des migraines ophtalmiques.
Dans l'épilepsie, les hallucinations surviennent dans l'aura
préalable à la crise, ou durant celle-ci lorsqu'il s'agit de formes
partielles complexes.
On peut constater des hallucinations auditives simples (bruits
élémentaires, bourdonnements, cliquetis), de durée brève,
lorsque l'aire auditive primaire est en cause, ou des
hallucinations auditives complexes (musique, voix) dans le
cadre de crises temporales.
C’est dans les crises temporales que l'on rencontre la plupart
des hallucinations gustatives. Les patients rapportent des
saveurs désagréables. Les hallucinations olfactives sont elles24
aussi généralement déplaisantes (mauvaises odeurs).
Définition et évaluation d’une
hallucination

III. LES HALLUCINATIONS EN PATHOLOGIE
PSYCHIATRIQUE
Dans un contexte psychologique particulier, et non
pathologique, celui du deuil, on peut constater des
hallucinations " physiologiques " du deuil, ou plutôt
des illusions (qui concernent la voix du défunt, sa
stature, ses gestes, sa démarche, tous aspects qui
évoquent la personne défunte …) et plutôt que
d'authentiques hallucinations, des représentations
mentales fortes (le sujet endeuillé, lorsqu'il pense à
la personne décédée, évoque la voix, l'image du
défunt), critiquées par l'endeuillé.
25
Définition et évaluation d’une
hallucination

En pathologie psychiatrique, les patients adhèrent à leurs
perceptions hallucinatoires, qu'ils ne parviennent à critiquer
que lorsqu'une amélioration clinique s'amorce. Ces
phénomènes hallucinatoires surviennent en pleine conscience,
sans déficit sensoriel ni perturbation de la vigilance. Dans les
troubles mentaux, ce sont de loin les hallucinations auditives
qui prédominent. On constate aussi très souvent des
hallucinations verbales psychiques, et parfois des
hallucinations psychomotrices verbales (propos prononcés par
le patient, généralement avec une voix assez différente de son
timbre habituel).
Les hallucinations sont pratiquement toujours présentes dans
les états délirants aigus ; elles caractérisent certaines
formes de délire chronique, comme la psychose
hallucinatoire chronique, et sont très fréquentes lors des
poussées délirantes des syndromes schizophréniques,26
Définition et évaluation d’une
hallucination



Un tableau complexe, aux frontières de la pathologie
psychiatrique et d'effets toxiques aigus ou lésionnels au
long cours est constitué par " l'hallucinose des buveurs
", décrite par Wernicke. Les phénomènes hallucinatoires,
généralement acoustico-verbaux, à thème insultant ou
persécutoire, ne sont pas critiqués par le sujet.
Il n'y a pas de perturbation de la conscience. Cet état
survient souvent à l'occasion d'un excès alcoolique plus
marqué, et il disparaît en quelques jours ou semaines.
Certaines formes peuvent cependant se chroniciser.
Il est possible de constater des hallucinations,
généralement acoustico-verbales ou de la sensibilité, dans
les troubles de l'humeur délirants.
27
Définition et évaluation d’une
hallucination
En dehors des états psychotiques, des hallucinations
peuvent se rencontrer dans d'autres formes de troubles
mentaux, plus rares. Ainsi, la dissociation hystérique (" états
seconds ") peut s'organiser sous des formes comportant de
riches visions, des voix, des sensations tactiles voluptueuses,
dont la thématique plus ou moins directement sexuelle ou
mystique et le plaisir manifeste que la patiente (plus rarement
le patient) en retire sont d'assez bons éléments d'orientation
diagnostique, avec l'absence de syndrome dissociatif au sens
schizophrénique du terme, un début brutal au décours d'un
traumatisme affectif, le renforcement de la symptomatologie en
présence de tiers et la sensibilité du tableau à la suggestion.
28
CONCLUSION
Les hallucinations peuvent être de nature diverse :
auditives (ce sont les plus fréquentes), visuelles ou
olfactives... Plus rarement, elles concernent le toucher, voire
le goût. Elles sont l'un des symptômes majeurs de certaines
psychoses (schizophrénie, notamment) et s'observent dans
certains états délirants (delirium tremens provoqué par
l'alcoolisme, fortes fièvres...). Elles peuvent être aussi
d'origine neurologique (tumeurs cérébrales...). Si, dans le cas
des psychoses, le sujet n'a pas conscience du caractère
endogène de l’hallucination, le malade atteint de lésions
cérébrales l'identifie généralement comme telle (" J'entends
des sons de cloche... ").
Si la consommation de certaines substances, dites
hallucinogènes (mescaline, LSD), peut provoquer de tels
troubles, certains médicaments ou certaines pathologies ou
circonstances comme une fièvre élevée (par exemple)
29
Définition et évaluation d’une
hallucination
Prise en charge
Le traitement du symptôme, indépendamment de celui des
causes, rejoint la thérapie des délires chroniques ; la famille
des médicaments les plus efficaces à cet égard est celle des
neuroleptiques.
30
Téléchargement