M. Demeulemeester, C. Moroni, F. Kochman, P. Thomas & R. Jardri, 2014, Hallucinations et
cognition: une modélisation au service de notre pratique en neuropsychologie, Revue de
Neuropsychologie, 6 (2), p. 117-128 est un article théorique sur les différentes dimensions, les
différents domaines, qui peuvent être confrontés ou complémentaires, dans l’explication des
hallucinations.
Les hallucinations ne sont pas un sujet dont nous parlons fréquemment, cela reste délicat à
aborder et même encore tabou dans notre société. Ce sont en plus des symptômes difficiles à cerner,
à accueillir, même pour des professionnels.
Trois diagnostics différentiels en ressortent alors : l’illusion, l’hallucinose et le compagnon
imaginaire. L’hallucination se définit par cela comme une perception, sans objet physique,
s’imposant à la conscience d’un individu éveillé.
Dans la pratique clinique, le symptôme est difficile à évaluer car, étant tabou, il est souvent caché,
les outils d’évaluation sont rares et le contexte culturel est un élément à prendre en compte. Il faut
donc éviter de se précipiter en donnant un traitement trop tôt lors d’un diagnostic et également être
vigilant à la période de l’adolescence car les risque d’un développement et d’une persistance des
hallucinations est plus grande (facteur 16, risque de développer un trouble psychotique à l’âge
adulte).
Même lors d’un développement, considéré comme normal, des hallucinations peuvent être
retrouvées. Elles apparaissent au cours de divers pathologies, aussi bien organiques, ophtalmiques
ou neurodégénératives, ou surviennent simplement lors événements stressants.
Les hallucinations auditives dominent, elles n’ont pas besoin de contexte particulier pour se
manifester, ni de culture spécifique et pas de moyenne d’âge. Cependant on observe un cadre
multisensoriel, qui serait plus accentué chez les cas de schizophrénie précoce. Plus d’habituations
diverses surviennent, plus le trouble psychotique sera avéré. Dans certaines pathologies, les
hallucinations deviennent un automatisme.
Mais la présence d’habituations ne veut pas forcément dire qu’il y a forcément une pathologie.
Pour une meilleure compréhension du symptôme, des modèles d’hallucination sont
présentés, pour mieux le conceptualiser.
Deux premiers modèles apparaissent : le bottom-up et le top-down. Le bottom-up voit les
hallucinations comme un dysfonctionnement dans toutes les premières étapes du traitement de
l’information sensorielle, le cerveau créerait de faux percepts à l’origine de celle-ci. Alors que le
top-down les appréhende comme un déséquilibre entre le bottom-up (l’information sensorielle) et