Thème sur la Géopolitique de l’eau
Pour la revue
Etudes Géopolitiques publiées par l’Observatoire d’études géopolitiques
La Géopolitique de l’eau au Liban
Fadi Georges Comair
Directeur Général
des ressources hydrauliques et électriques
Professeur à l’Université Notre Dame de Louaizeh
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Introduction
Au Moyen-Orient et dans les régions d’Afrique du Nord, l’eau est un élément qui relie les nations et les hommes,
quelque soient leurs origines ethniques, religieuses ou même leurs sentiments personnels de l’un vis-à-vis de
l’autre.
Dans les années à venir, cette ressource naturelle importante pourrait devenir une cause de guerre ou de paix, de
destruction ou d’apaisement, de séparation ou de réconciliation.
Même si des efforts diplomatiques seront déployés et si des arrangements institutionnels seront instaurés, les
besoins en eau seront toujours présents, les gens n’arrêteront pas de boire, d’irriguer leurs terres ou de développer
leur industrie.
Le seul choix qui reste aux nations de cette région sera de trouver une solution pour traiter le problème de cette
ressource rare, d’une façon coopérative, basée sur des critères technico-économiques en matière de ressources,
disponibilités, besoins actuels et futurs, et ceci dans le cadre d’une gestion intégrée et équitable.
La complexité de la région ne peut tolérer des solutions simplistes, immédiates et non planifiées qui pourraient
susciter des réactions imprévisibles, brutales, incontrôlables, qui pourraient par la suite, embraser toute la région
du Moyen-Orient.
Le pays des Cèdres et l’Eau est le titre d’une aventure qui remonte à la nuit des temps. Les contraintes
climatiques et hydro politiques ont conduit les libanais à gérer leurs ressources hydrauliques et une manière
rationnelle les eaux depuis le temps les plus anciens. Le paysage pourtant en témoigne et suscite une légitime
admiration. Cependant la croissance démographique et les transformations sociales et économiques ont crée au
20ème siècle une situation nouvelle.
Dans un environnement dégradé, l’eau est devenue au Liban une ressource rare et un facteur limitant les moyens
du développement.
Appuyée par une décision politique majeur de la part de S.E. le Président Emile Lahoud, la Direction des
Ressources Hydrauliques et Electriques a proposé une stratégie décennale pour l’exploitation des eaux du pays
dans le cadre de la gestion intégrale des ressources.
Face à la nécessite d’améliorer fortement la qualité des services des établissement des eaux, la France, par
l’intermédiaire de l‘Agence Française de Développement et du Ministère des Affaires Etrangères a mené des
actions efficaces dont le but est orienté à l’appui à la reforme institutionnelle de ce secteur au Liban et favorise le
partenariat entre le secteur public et privé (PPP).
Ces actions représentent une voie d’avenir prometteuse pour le Liban.
II Les Ressources en Eau au Liban
II-1 Le relief topographique et précipitation
Le Liban, avec une superficie totale de 10,452 km2 est situé à l'Est de la mer Méditerranée et s'étend sur 210 km
le long de la côte et 50 km à l'intérieur: Sa frontière Nord et Est est commune avec la Syrie et sa frontière Sud est
commune avec Israël. Administrativement, il est divisé en six Mohafazats ou provinces. Topographiquement, le
Liban peut être divisé en quatre parties parallèles en allant de l'Ouest vers l'Est:
une bande plate côtière et étroite le long de la mer;
la chaîne du Mont-Liban, dont le maximum atteint 3,000 mètres d'altitude.
la vallée de la Békaa avec une hauteur de 900 mètres au-dessus du niveau de la mer.
la chaîne de l'Anti-Liban qui s'élève jusqu'à 2,800 m vers l'Est.
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Le climat du Liban est typiquement méditerranéen avec de fortes précipitations de pluies en périodes
hivernales (janvier à mai), secs et très arides durant les 7 mois restants de l'année. Cependant, l'influence
de la mer, les particularités de la topographie, ainsi que la présence du désert Syrien au Nord, ont crée une
variante de microclimat à l'intérieur du pays avec des contrastes, dans la distribution des températures et
des précipitations.
La température annuelle moyenne est de 20°C sur la côte (variante entre 13°C en hiver et 27°C en été), 16°C dans
la vallée de la Bekaa (variante entre 5°C en hiver et 26°C en été), et moins de 10°C dans les hautes altitudes des
zones montagneuses (variant entre 0°C en hiver jusqu'à 18°C en été).
La précipitation annuelle moyenne est estimée aux alentours de 800 mm, variant de 600 à 900 mm le long de la
côte et de 1,400 mm dans les montagnes et décroissante jusqu'à 400 mm dans les régions Est, et moins de 200
mm dans les régions Nord-Est du pays. Au-dessus de 2,000 m d'altitude, les précipitations sont essentiellement
neigeuses et peuvent aider à donner de bons débits pour 2,000 sources pendant les périodes sèches. Les
précipitations se produisent durant 80 à 90 jours par an, principalement entre octobre et avril. Environ 75% du
volume total de l'écoulement superficiel ont lieu durant la période de 5 mois, qui s'étend de janvier à mai, 16% de
juin à juillet et seulement 9% pour les cinq mois restants soit du mois d'août au mois de décembre.
II-2 Le cycle de l’eau au Liban: ressources en eau
Les Ressources en Eau du Liban, pour une année moyenne, peuvent se résumer comme suit:
Ecoulements (mm3)
No. Désignation Entrées Pertes Total
1 Précipitation annuelle totale 8,200
2 Evaporation naturelle et
transpiration 4,100
3 Pertes en eaux souterraines
vers les pays voisins 300
4 Pertes en eaux de surface vers
les pays voisins 648
5 Sources sous marins et eaux
souterraines 385
6 Total des eaux renouvelables 2,267
6.1 Eaux souterraines 567
6.2 Eaux de surfaces 2,200
Environ 1 milliard de m3 de ce volume d'écoulement provient de plus de 2,000 sources, avec un débit moyen
unitaire de l0 à 15 l/sec, en dehors de l'écoulement pérenne de 17 cours d'eau qui font partie du total des 40 cours
d'eau principaux qui s'écoulent dans le pays.
Avec l'écoulement des eaux souterraines vers la mer et les difficultés relatives à son contrôle, ajoutées aux
conditions géologiques difficiles pour pouvoir emmagasiner l'eau dans des sites de barrages, les ressources en
eaux gouvernables au Liban sont certainement beaucoup plus inférieures que le chiffre global de 4,1 milliards de
m3/an. Le chiffre le plus réaliste ne dépasserait pas les 2,2 milliards de m3 par an.
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Au total, il existe 40 cours d'eau principaux au Liban qui aliment les écoulements surfaciques annuels. Le
graphique ci-dessous montre la répartition totale des principaux fleuves du pays.
Les écoulements des eaux souterraines dans les différents bassins du Liban sont consignes dans le graphique
suivant :
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Le système hydrographique du pays présente cinq bassins principaux, nationaux et trans-frontaliers:
Le bassin versant du fleuve El Assi (Oronte), au Nord. Il s'écoule vers la Syrie au Nord-
Est du pays.
Le bassin versant du fleuve Litani à l'Est et au Sud. Le Litani atteint la mer à l'Ouest du
pays.
Le bassin versant du fleuve Hasbani au Sud-Est. Le Hasbani, qui s'écoule vers Israël au
Sud -Est du pays, est un affluent du fleuve Jourdain;
Tous les bassins versants des fleuves côtiers restants. Le bassin versant du fleuve El
Kébir, au Nord, est partagé avec la Syrie, constituant une partie de la frontière entre les
deux pays et s'écoule ensuite vers la mer;
Tous les autres petits cours d'eau éparpillés et isolés, situés entre les cours d'eaux
principaux constituent des poches d'eau isolées.
Le Liban a une situation favorable en ce qui concerne les précipitations et les ressources en eau, mais les
contraintes de leurs exploitations proviennent de leurs disponibilités limitées durant les sept mois secs de l'été,
ainsi que la nature géologique karstique du pays.
II-3 Le Litani et son importance au développement économique national
II-3-1 Caractéristiques naturelles et données hydrauliques
La Surface du bassin versant du Litani est de 2,175 km2; approximativement 20% de la surface totale du territoire
libanais; Le fleuve du Litani prend sa source à Nabaa el Aalleik dans le caza de Baalbeck et se jette dans la mer
Méditerranée.
Les études sur le bassin du Litani ont été entreprises à partir des années 50 par l’ingénieur Ibrahim Abd Al, ainsi
que par l’ancien ministre du Plan libanais, Cheikh Maurice Gemayel.
Ces études ont été complétés par le groupe français du Litani, ainsi que l’Electricité de France et consolidés par
l’Organisation des Nations Unies pour la Agriculture (FAO) et la Banque Mondiale dans le contexte du projet du
développement agricole de sud du Liban.
Le bilan et ressources en eaux de ce fleuve sont d’environ 764 Mm3, partagé en 542 Mm3 en amont et 221 Mm3
en aval du barrage de Qaraoun pour une année moyenne de précipitation.
a) Eau Disponible dans les Réservoirs de Stockages d’Eaux de Surfaces
CAPACITE (mm3)
No. DESIGNATION CONDITION UTILISABLE TOTAL
a.1 Barrage de Qaraoun Existant 160 220
a.2 Barrage de Khardali Proposé 85 128
a.3 Barrage de Bisri Proposé 106 128
Total 351 476
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