LIBAN
Malgré l'amélioration de ses conditions de sécurité, le Liban continue d'être le sujet de tensions
régionales et du dysfonctionnement de sa politique intérieure. Le prolongement de la crise
syrienne accroît de façon marquée les vulnérabilités du pays, et reste un obstacle au
redémarrage de la croissance. Pour la quatrième année consécutive, le Liban reste le premier
pays d'accueil (par habitant) des réfugiés syriens. En 2016, le renforcement du secteur
immobilier ainsi que la montée continue du tourisme devrait mener à une petite récupération de
l'activité économique, mais cette dernière restera néanmoins morose.
Développements récents
Plombée par les dépenses gouvernementales et le secteur de la construction, la croissance du
PIB réel en 2015 s'est ralentie à 1,3 %, comparé aux 1,8 % de 2014, et ce malgré la montée du
tourisme (composé en immense majorité d'expatriés libanais), et l'expansion lente mais continue
des emprunts privés, alors que la Banque du Liban (BdL) renouvelle son plan de relance pour un
montant d'un milliard de dollars US. En revanche, le secteur de l'immobilier a freiné la croissance,
avec la contraction en 2015 des frais d'enregistrement de construction et des livraisons de
ciment, respectivement de 9,4 et 8,6 %.
Au niveau fiscal, le déclin de 3,5 points de pourcentage (pp) des revenus a été partiellement
compensé par la réduction des virements vers Électricité du Liban (EdL), causé par la baisse des
prix du pétrole, mais le déficit fiscal global s'est élargi de 1,6 pp du PIB à 8,2 % du PIB. La chute
des revenus a illustré l'absence de mesures exceptionnelles qui ont stimulé les revenus en 2014
(comme par exemple le paiement des arriérés des télécommunications). Cependant, le
gouvernement a été en mesure d'enregistrer en 2015 un excédent primaire de 1,3 % du PIB. En
ce qui concerne le compte extérieur, l'impact de la grande contraction des importations a été
estimé à un resserrement du déficit du compte courant de 8,5 pp du PIB, le ramenant au niveau
encore élevé de 17,3 % du PIB. En revanche, le resserrement du déficit du compte courant a été
largement compensé par la baisse des afflux de capitaux, affectant négativement les stocks nets
d'actifs étrangers du pays. Il en a résulté un déclin de 5,4 % des réserves de la Banque du Liban,
les ramenant à 30,6 milliards de dollars US à la fin 2015 (l'équivalent de 12 mois d'importations).
Perspectives
Le renforcement du secteur immobilier, ainsi que la montée continue du tourisme devrait mener
à une petite récupération de l'activité économique en 2016, mais cette dernière restera
néanmoins morose et inférieure à son potentiel. Les perspectives économiques du Liban à moyen
terme dépendent largement de la situation géopolitique et de la sécurité du pays, toutes deux
particulièrement instables. Les projections partent du principe que la guerre en Syrie persiste, et
que les effets indirects sur le Liban, bien qu'importants, restent contenus. Ces projections nous
permettent d'estimer la croissance annuelle à moyen terme à 2,5 %. Le retour aux niveaux
d'avant la crise est lié à la résolution du conflit syrien, de manière à ne pas compromettre la
stabilité du Liban ou la reprise des processus politiques nationaux.