Préface iii
Préface
L’édition 2016 du rapport Emploi et questions sociales dans le monde, consacrée au sujet de la pau-
vreté, paraît à un moment crucial. Le Programme de développement durable à l’horizon 2030, adopté
récemment, s’est xé comme objectif premier d’éliminer la pauvreté «sous toutes ses formes et partout
dans le monde» d’ici à cette date. Le Programme 2030 accorde en outre une importance particulière
au travail décent. Il engage notamment à «promouvoir une croissance économique soutenue, partagée
et durable, le plein emploi productif et un travail décent pour tous».
Le principal résultat du présent rapport est que le travail décent est une condition nécessaire pour éra-
diquer la pauvreté. Autrement dit, il ne sera pas possible de réaliser le premier objectif du Programme
de développement durable à l’horizon 2030 sans travail décent. Le fait est que la croissance écono-
mique ne sufra pas à elle seule à mettre n à la pauvreté. Comme le montre cette étude, la croissance
de ces dernières années, caractérisée par un transfert inéquitable des revenus tirés des ressources
naturelles, par de faibles gains de productivité et un désintérêt pour le secteur agricole – qui emploie
environ les deux tiers de la population pauvre –, n’a fait qu’aggraver les inégalités entre riches et
pauvres et perpétuer la pauvreté. Il est inquiétant de constater aussi que le taux de pauvreté augmente
dans les pays développés – si bien que l’élimination de la pauvreté est un objectif qui concerne toutes
les régions du monde.
Le rapport examine comment le travail décent peut contribuer à réaliser l’objectif d’éradication de la
pauvreté. Il montre qu’il faut, premièrement et avant tout, jeter les bases d’une approche fondée sur
les droits. Cela passe par la ratication des normes internationales du travail qui sont d’une pertinence
toute particulière pour la lutte contre la pauvreté. En outre, l’extension du champ d’application des
réglementations (travail, sécurité sociale et autres) en vue de parvenir à la couverture la plus large
possible est un moyen de maximiser l’effet des normes sur la réduction de la pauvreté.
Deuxièmement, la croissance économique doit proter au plus grand nombre. Les politiques facilitant
la transition vers des entreprises formelles et des emplois décents peuvent aider à parvenir à cette n.
Il importe de créer à cet effet un environnement propice aux entreprises durables, et notamment aux
petites et moyennes entreprises, qui sont le principal moteur de la création d’emplois et donc le canal
par lequel parvenir à réduire durablement la pauvreté. Il convient dans cette optique de promouvoir des
réglementations bien conçues, d’instaurer une scalité plus juste et efcace et des procédures d’en-
registrement simpliées pour les entreprises. L’économie rurale possède également un vaste potentiel
inexploité qui, s’il est reconnu et développé grâce au travail décent, peut avoir un impact majeur sur
la réduction de la pauvreté.
Troisièmement, il faut des politiques de l’emploi et des revenus bien conçues an d’apporter un soutien
aux personnes et d’élargir la base productive en élevant les niveaux de compétences, en augmentant
la participation au marché du travail et en facilitant la transition vers l’emploi formel. S’il est essentiel
d’aider les employeurs à créer des emplois dans de nouveaux secteurs, il l’est tout autant de doter les
travailleurs des outils nécessaires pour occuper ces emplois. Cela étant, la protection sociale doit être
placée au cœur de chacun de ces domaines d’action et elle joue un rôle majeur dans la réduction de
la pauvreté pour les personnes qui ne sont pas en capacité ou en âge de travailler.
Enn, le rapport insiste sur la nécessité de consacrer des ressources sufsantes aux programmes
de lutte contre la pauvreté. Cela nécessite de redoubler d’efforts pour élargir l’assiette de l’impôt –
ce à quoi contribue la création d’emplois décents. La lutte contre la fraude scale et les inégalités