Perception du temps et soins palliatifs : patients, soignants
Centre national de ressources (http://www.spfv.fr/)
pas leurs proches avant de mourir, ne verront pas grandir leurs petits-enfants. Pour d'autres, au
contraire, le temps s'étire à n'en plus finir[4], subi et pesant. Alors ils s'ennuient, l'envie n'est plus là,
et les projets, si modestes soient-ils, ne sont plus de mise comme pour cette femme qui dit :
Pourquoi cela ne vient pas ?[4]
Manger, comprendre, penser, ressentir pour un patient en soins palliatifs sont des moments qui
prennent du temps, celui-ci est alors comme dilaté. Les rythmes sont autres pour le patient en fin de
vie.
Les derniers jours pour le patient sont comme un temps suspendu[5], ponctué de messages et de
significations ainsi que de préparation avant de mourir. Des désirs et des envies de projets peuvent
être exprimés. A d'autres moments, le patient perd les repères de temps et d'espace. Il arrive parfois
qu'un événement attendu comme une naissance, le retour d'un enfant, recule le moment de la mort.
Pour d'autres, la mort est repoussée dans le temps, comme différée, un sursis, qu'on appelle le
syndrome de Lazare [1].
La présence du personnel soignant par les gestes, les mots et le silence ainsi que par le
savoir-être et savoir-devenir[2] donne, au temps qui reste pour le patient, de l'intensité.
Les soignants : donner du sens au temps qu'il reste
La médecine palliative donne au temps qui reste toute sa pesanteur[3], elle accepte l'issue fatale
qu'est la mort sans qu'il y ait maîtrise du temps. La priorité est alors donnée à la qualité de vie et au
confort du patient dans une démarche de soins palliatifs. L'harmonisation des différentes
temporalités - d'une temporalité partagée - celle des patients et des soignants, est nécessaire pour
donner tout son sens au temps qui reste, d'un accompagnement en fin de vie.
De par leurs contraintes horaires, le déroulement des différentes tâches à accomplir, la journée des
soignants est comptée, rythmée[1]. Le temps des soignants n'est pas celui des patients, et pourtant...
L'organisation des journées suit les besoins et désirs des malades, pour les soignants qui cherchent
à s'adapter au jour le jour à l'accompagnement du patient. Les soignants donnent un rythme à cette
période si particulière de la fin de vie. En étant attentifs aux besoins, aux désirs du patient et de ses
proches, au soulagement des symptômes, en ponctuant leur travail d'écoute, de partage,
d'échanges, ils participent au bien-être de la personne en soins palliatifs et de son entourage.
Etre bienveillants face aux sentiments d'angoisse et de peur de la mort prochaine, recueillir les
émotions, espoirs et vécus des patients et de son entourage, facilite le bilan de vie et l'émergence
de souhaits permet de vivre la vie jusqu'au bout.
Pour les soignants, le respect du temps présent donne du
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