
L’économie de l’attention
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La première étape remonte en effet au 15ème siècle et à l’apparition de l’imprimerie. Le taux de
production d’ouvrages est cependant resté pendant plusieurs siècles bien en dessous de ce
que les individus pouvaient absorber. Ainsi le problème a longtemps été de trouver
suffisamment d’ouvrages à lire plutôt que de trouver assez de temps pour lire les ouvrages
existants (Davenport). Avant le 15ème siècle, la reproduction d’information était donc
entièrement dépendante de l’humain. La copie d’un seul ouvrage pouvait prendre jusqu’à
plusieurs années. Ne se transmettait alors que l’essentiel des connaissances et en grande
majorité oralement. L’imprimerie a ainsi été la première étape dans la reproduction des
informations, celle des informations écrites. Suivirent ensuite l’oral puis l’image.
La situation aujourd’hui est ainsi bien différente que celle que connurent nos ancêtres. A
l’heure actuelle, aucun humain n’est en effet capable de prendre connaissance ne serait-ce
que du millième de toute les informations circulant autour du globe. A titre de comparaison,
la version dominicale du New York Times contient plus d’information que n’en contenait
l’ensemble des écrits accessibles aux lecteurs du 15ème siècle. Ce constat n’est cependant pas
étonnant dans la mesure où sur Internet uniquement, le nombre de site double tous les 100
jours.
C'est la raison pour laquelle chaque individu doit aujourd’hui faire face à une sur -production
et -reproduction d’informations. Grâce ou à cause de ce phénomène, il est des informations
que nul ne peut ignorer, même si certaines ne sont pour l’individu que peu pertinentes.
Cependant, ces informations consomment de l’attention qui ne sera pas allouée à d’autres
sources. Pour une entreprise pour laquelle l’attention des consommateurs est vitale, toute la
difficulté est donc de savoir comment être l’heureux vainqueur dans la bataille de l’attention
qui l’oppose à ses concurrents.
2.2. Conséquence : La bataille de l’attention
Désormais les entreprises ont bien compris la situation dans laquelle elles se trouvent en
matière de gestion de l’attention. Elles ont en effet réalisé que l’attention des consommateurs
était une ressource limitée et qu’ainsi chaque unité d’attention qu’elles parvenaient à
monopoliser privait les concurrents dans la même mesure. Les entreprises se sont alors
lancées dans la course de l’attention en utilisant ce qu’elles ont a disposition pour sortir du
lot. Le marketing et la communication sont ainsi devenus des outils indispensables à tous
pour tenter d’attirer l’attention des clients.
Tous ces outils cependant correspondent à des tendances que chacun s’efforce de suivre afin
d’être meilleur que son voisin. Et pour être meilleur, les entreprises n’hésitent pas à jouer la
carte de la surenchère. Ainsi par exemple, ces dernières années, en matière d’affichage
publicitaire, les individus ont reçu jusqu’à l’indigestion des campagnes publicitaires dites
porno chic. Ces campagnes choquant de moins en moins, les publicitaires ont alors lancé une
nouvelle mode, celle du retour aux valeurs. C’est ainsi que des mannequins sains et propres,
parfois entourés d’un conjoint et des enfants ont fait leur apparition sur les panneaux
publicitaires et dans les magazines de mode. Cependant tous les médias connaissent aussi
leurs modes. Internet par exemple a vécu les années flash. Chaque site se devait d’offrir son
animation ou ses menus clignotants pour attirer l’internaute. L’internaute de son côté
subissait l’attente du chargement de ces animations alors qu’il était venu uniquement pour se
procurer des informations. En réalité chaque média présente des exemples similaires de
mode que tous s’efforcent de suivre jusqu’à la lassitude des individus.
Le problème est que cette situation accentue encore le phénomène de surenchère. En effet,
étant donné que les entreprises suivent les mêmes tendances en matière d’attention, les