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de faire une précision d'ordre terminologique. Le VIH n'est pas le SIDA. Or, malheureusement, la confusion
continue à perdurer dans les esprits. Le VIH est un virus qui affaiblit le système immunitaire chez l'être
humain. On parle de SIDA lorsque le VIH a, avec le temps, affaibli le système immunitaire et qu'une personne
commence à développer des signes de l'infection. D'où il résulte qu'une personne qui a le SIDA a donc
nécessairement le VIH, puisque c'est le VIH qui cause le SIDA. En revanche, avoir le VIH ne signifie pas
que l'on a ou aura le sida, si le stade avancé de l'infection n'est pas atteint. On distingue quatre phases
d'infection : primo-infection, séropositif sans symptômes, séropositif avec symptômes, SIDA. Avec l'évolution
des traitements, on ne passe plus automatiquement de la première phase à la quatrième. Au contraire, un
séropositif peut désormais atteindre la phase 3 et ensuite revenir à la phase 2, voire même sortir de la phase
4 pour retourner à la phase 2. Par contre, il n'est pas possible d'envisager un retour à la phase 1, la primo-
infection.
La digression qui précède témoigne qu'il n'y a pas de fatalité dans l'évolution de la maladie. A condition d'avoir
le traitement adéquat. Voilà qui nous ramène aux tests de résistance du VIH aux ARV. Sans ces tests, les
traitements ne peuvent pas être pleinement efficaces et ne peuvent donc pas permettre d'éviter la progression
fatale du virus. Au Tchad justement, « il n'y a pas de laboratoire de biologie moléculaire digne de ce nom, et
on ne fait donc pas de test de résistance », rappelle Chatté Adawaye, doctorant au sein du Laboratoire de
Référence Sida du CHU de Liège.
Résistance du VIH aux ARV : l'exemple de la Triomune
A titre d'exemple servant à illustrer la résistance du virus, un test a été réalisé lors des 8 mois d'observation des
116 patients constituant l'échantillon de référence sur lequel s'appuie la thèse de Chatté Adawaye. Ce test a
été mené par le doctorant et à son initiative. Il s'agissait d'évaluer la résistance du virus chez les patients traités
à la Triomune, soit 48 patients sur les 116 au total. Les résultats sont confondants : « le taux d'échec à la
Triomune est de 43.75% et concerne donc 21 patients sur 48 ». Ces résultats doivent bien entendu faire l'objet
d'une analyse plus poussée, et prendre en compte l'environnement entourant les personnes concernées et les
modalités de prise en charge. « La résistance au traitement est souvent due au virus qui commet des erreurs
en se répliquant ce qui entraîne des mutations. Mais au Tchad nous devons aussi tenir compte du fait que la
prise de ce traitement ne se fait pas toujours dans des conditions normales, loin de là. Nous avons des patients
qui ne prennent pas leur médicament, ou sautent des prises. Ils ne bénéficient pas d'évaluation régulière.
Donc, dans ce cas précis, l'échec est directement lié à la non-observance des modalités du traitement. » Il est
important de souligner que « depuis fin 2012, au Tchad, la trithérapie par la Triomune ou trithérapie du pauvre
ne fait plus partie des traitements dispensés. Cette décision du gouvernement n'a rien à voir avec l'échec
du traitement puisque celui-ci ne peut être prouvé qu'avec un test de résistance. Ce sont plutôt les effets
secondaires vraiment néfastes de ce traitement qui sont à l'origine de cette mesure. Au moment où nous avons
effectué les prélèvements, cette trithérapie était abandonnée graduellement et nous avons saisi l'occasion
de dresser une évaluation immunovirologique du traitement. » Une fois constaté l'échec de la Triomune, il
faut non seulement stopper son usage mais également éviter les « résistances croisées », et pour cela ne
pas administrer à un patient un traitement contenant un médicament appartenant à la même famille que ceux
contenus dans la Triomune.
Par ailleurs, d'autres facteurs périphériques mais qui influent sur la réussite du traitement entrent en jeu dans
un pays comme le Tchad. « Il faut prendre en compte les ruptures de stocks. Il y a des périodes où il n'y
a tout simplement pas de médicaments ». Le Tchad est effectivement un pays enclavé qui partage 5 676
kilomètres de frontières avec 6 pays limitrophes : le Soudan, la République centrafricaine, la Lybie, le Nigéria,