I INTRODUCTION
1/ Recours aux soins bucco-dentaires
Dans l’Enquête Santé et Protection Sociale réalisée en 2000 1, 36% des individus de l’échantillon
déclarent au moins une dent manquante et 25% un état de santé bucco-dentaire mauvais ou très
mauvais. La santé bucco-dentaire peut être préservée par des gestes préventifs simples. Malgré
une forte amélioration de l’état de santé bucco-dentaire depuis les années 1970, les inégalités
sociales persistent2.
Le recours aux soins dentaires est un très bon marqueur des inégalités sociales de santé3.Ces
inégalités peuvent relever d’obstacles financiers (avec un accès aux soins plus ou moins aisé
selon le niveau de revenu, l’existence d’une couverture complémentaire et son niveau de
remboursement dans un contexte de soins mal pris en charge par l’Assurance Maladie) mais
elles relèvent également de facteurs comportementaux.
Selon une étude canadienne4, les personnes malades (qui prennent des médicaments ou qui ont
besoin d’aide pour leurs activités quotidiennes) et les femmes enceintes sont les plus enclines à
consulter un médecin de famille, tandis que ce sont le plus souvent les personnes jeunes, en
bonne santé, aisées et très instruites qui consultent un chirurgien-dentiste.
En effet dans une étude réalisée en 2001 dans cinq Zones Urbaines Sensibles situées à Paris et en
région parisienne5, près de la moitié de la population enquêtée mentionnant avoir des dents à
traiter, n’a pas consulté depuis plus d’un an. Les motifs retrouvés dans ce non-recours aux soins
sont : une conception de la visite annuelle chez le chirurgien-dentiste, à titre préventif n’apparaît
pas indispensable pour la moitié des non-consultants, une considération des soins bucco-
dentaires ne faisant pas partie des préoccupations premières des individus et des réticences à
consulter non négligeables. Certains facteurs jouent également sur le comportement des individus
dans leur recours aux soins comme la représentation qu’ils se font de leur santé bucco-dentaire
celle-ci pouvant être corrélée avec le niveau d’éducation. Un grand nombre d’enquêtes
épidémiologiques ont montré le rôle non négligeable des facteurs sociologiques ainsi que ceux
liés au comportement et à l’environnement, dans les pathologies et la santé bucco-dentaires.6
1 IRDES, Enquête sur la santé et la protection sociale, France 2000, rapport 1364.
2 HASSOUN D. Précarité et état de santé bucco-dentaire, Bulletin d’information en économie de la santé,
CREDES, 1998, n°16
3 AZOGUY-LEVY S, ROCHEREAU T, Comportements de recours aux soins et santé bucco-dentaire, Bulletin
d’information en économie de la santé, IRDES, 2005.
4 SABBAH W, LEAKE J, Comparaison des caractéristiques des canadiens ayant consulté des dentistes et des
médecins en 1993-1994 : une analyse secondaire, J Can Dent Assoc, 2000, 66 :90-95
5 PARIZOT I, BAZIN F, RENAHY E, CHAUVIN P, Santé, Inégalités et ruptures aux soins, Enquêtes sur la santé
et le recours aux soins dans 7 quartiers défavorisés d’Ile-de-France, INSERM, Rapport pour la Délégation
Interministérielle à la Ville, 2004
6 OMS, Rapport sur la santé bucco-dentaire dans le monde, Poursuivre l’amélioration de la santé bucco-dentaire au
XXI siècle- l’approche du Programme OMS de santé bucco-dentaire, 2003
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