Chapitre 3
LE MOMENT CINÉTIQUE : UN EXEMPLE DE SYSTÈME
QUANTIQUE
Se reporter à la bibliographie pour le détail des démonstrations et la description
de l’expérience de Stern et Gerlach.
3.1 Dénitions
a- Considérons une particule décrite par une fonction d’onde scalaire ψ(r)enreprésen-
tation position.Ondénit le moment cinétique orbital par rapport à l’origine comme
l’ensemble des trois opérateurs
Lx=ypzzpy;Ly=zpxxpz;Lz=xpyypx
px=i~
∂x.
On écrit donc
L=i~r
En utilisant les relations de commutation [px,x]=i~;[px,y]=[px,z]=0ainsi
que celles qui s’en déduisent par les permutations de (x, y, z),onobtient:
[Lx,L
y]=i~Lz;[Ly,L
z]=i~Lx;[Lz,L
x]=i~Ly
En utilisant les propriétés du produit vectoriel, cette relation s’écrit symbolique-
ment sous la forme :
L
L=i~
L
b- De façon générale on dénit un moment cinétique
Jcomme un ensemble de trois
opérateurs observables (Jx,J
y,J
z)satisfaisant la relation
J
J=i~
J
Les opérateurs Jx,J
y,J
zsont des observables associées à la mesure de la projec-
tion du moment cinétique sur les trois axes Ox, Oy, Oz d’un repère orthonormé galiléen.
c- On dénit également les trois opérateurs
J2,J
+et J
J2:= J2
x+J2
y+J2
z,J
±:= Jx±iJ
y=J
20 Le moment cinétique
3.2 Relations utiles
On vérie les relations de commutation suivantes entre les opérateurs quelconques
A, B et C
[AB, C]=A[B,C]+[A, C]Bet [A, BC]=B[A, C]+[A, B]C
a- On démontre alors
[
J2,J
x]=[
J2,J
y]=[
J2,J
z]=0,[
J2,J
±]=0
[Jz,J
±]=±~J±,[J+,J
]=2~Jz
b- On vérie également les relations
J+J=
J2+~JzJ2
z
JJ+=
J2~JzJ2
z
c- On démontre que les valeurs propres, Λ,de l’observable
J2sont réelles non négatives.
Toute quantité Λpeut donc s’écrire sous la forme Λ=j(j+1)~2jest une quantité
non négative complètement déterminée (une fois que Λest donné). Les valeurs propres de
J2seront prises sous la forme j(j+1)~2avec j0.
LesvaleurspropresdeJzsont réelles car Jzest une observable ; on les écrit sous
la forme m~mest réel.
La quantité m~est le résultat éventuel d’une mesure de Jz,elle est donc de mêmes
dimensions physique qu’un moment cinétique ; ~s’exprime en Js,ses dimensions sont donc
celles d’un moment cinétique et, par conséquent, mest un nombre sans dimensions (on
rie qu’il en est de même de j).
Les observables
J2et Jzcommutent. On choisit une base standard de l’espace
des états, {|j, m, τ i} constituée de vecteurs propres de chacun de ces deux opérateurs :
J2|j, m, τi=j(j+1)~2|j, m, τiet Jz|j, m, τi=m~|j, m, τi
On peut considérer l’indice τcomme la valeur propre d’une troisième observable,
T, telle que T,
J2et Jzforment un ECOC. Pour simplier, nous supposons que T
commute également avec J+et J.
Nous considérons le sous-espace propre de Tpour la valeur propre τ, noEτ.
Dans ces conditions, les opérateurs Jx,J
yet JzsontdesopérateursinterneEτ.Ilen
est de même de tous les polynômes que l’on forme à partir de ces opérateurs, tels J±et
J2.
3.3 Bases standards
Nous considérons le sous-espace Ej,τ ,espace propre des observables Tet
J2pour
les valeurs propres τet ~2j(j+1).Considérons un ket |ψide Ej,τ .Formons le ket K|ψi
Kest une combinaison linéaire de Jx,J
yet Jz(par exemple K=J+).Les relations
hK,
J2i=0=[K, T]impliquent que K|ψiesgalementunketdeEj,τ .
En eet, T(K|ψi)=K(T|ψi)=τK|ψi.Le ket K|ψiest vecteur propre de T
pour la valeur propre τ. De même on démontre qu’il est également vecteur propre de
J2
pour la valeur propre ~2j(j+1).Le ket K|ψiappartient donc à Ej,τ .
Bases standards 21
a- Soit un état |ψitel que
J2|ψi=j(j+1)~2|ψiet Jz|ψi=m~|ψi. L’ensemble des états
satisfaisant ces propriétés forme un sous-espace vectoriel, Ej,m,τ de l’espace des états, E.
On démontre la relation |m|pj(j+1)
.
b- On vériequeJ+|ψiEj,m+1. En appliquant successivement J+on “monte une
échelle” au dessus de |ψidont chaque nouveau ”barreau” est un vecteur. La valeur de
ms’accroît d’une unité à chaque barreau. La relation mpj(j+1) implique que cette
échelle possède un nombre ni de barreaux au dessus de |ψi. Il existe donc un “vecteur
de tête” non nul |ψMaxitel que J+|ψMaxi=0
.
c- De même J|ψiEj,m1. On ”descend une échelle” au dessous de |ψien appliquant
successivement l’opérateur J. La relation m≥−
pj(j+1) implique que cette échelle
possède un nombre ni de barreaux au dessous de |ψi.Le dernier vecteur de l’échelle non
nul est le “vecteur de queue” |ψminitel que J|ψmini=0
.
d- Les relations
JJ+|ψi=~2(j(j+1)m(m+1))|ψi
et
J+J|ψi=~2(j(j+1)m(m1))|ψi
assurent que c’est la même échelle que l’on monte et que l’on descend dans Eτ,au moyen
de J+et Jcar deux kets proportionnels décrivent le même état physique.
e- A|ψMaxiet |ψminicorrespondent la valeur maximale mMax et minimale mmin de
m. Par conséquent mMax mmin =N, un entier non négatif.
L’étude de hψMax|JJ+|ψMaxiet de hψmin|J+J|ψminiconduisent aux relations
mMax =jet mmin =j.
On obtient donc les relations
2j=Net m=j, j+1,j+2, ..., j 1,j
Lorsque Nest pair, jest entier ; lorsque Nest impair jest dit demi entier.
f- La base standard est obtenue en imposant les relations de normalisation suivantes :
J|j, m, τi=~pj(j+1)m(m1) |j, m 1i(3.1)
J+|j, m, τi=~pj(j+1)m(m+1)|j, m +1i
En partant d’un vecteur de tête |j, j, τ inormalisé, tous les vecteurs en dessous
sont également normalisés. En appliquant (J)2jsurlevecteurdetêteonobtientle
vecteur de queue, |j, j, τi.
En remontant l’échelle à partir du vecteur de queue on retrouve sur chaque bar-
reau le vecteur ket déjà obtenu en descendant l’échelle.
22 Le moment cinétique
3.4 Le spin 1/2
Considérons le cas j=1/2.Danscecasm=±1/2. Choisissons pour base de
Eles vecteurs {|j, mi}.Posons |1/2,1/2i:= |+iet |1/2; 1/2i:= |i.Lesrelations
précédentes donnent
Jzi =±~
2|±i J+|+i=0 J|+i=~|iJ+|i=~|+iJ|i=0
Dans ce cas le moment cinétique est noté Sde préférence à J:Lesrelations
ci-dessus fournissent la représentation de
Sdans la base standard considérée :
|+i=µ1
0;|i=µ0
1=
Sz=~
2µ10
01;S+=~µ01
00
;S=~µ00
10
;Sx=S++S
2;Sy=S+S
2i
On écrit
S=~
2σ avec σx=µ01
10
;σy=µ0i
i0;σz=µ10
01
Les matrices σx
y
zsont les matrices de Pauli.
Remarquons que nous avons (par abus d’écriture) identié les kets aux matrices
colonne qui les représentent et les opérateurs à leur représentation. Cet abus d’écriture
est souvent pratiqué lorsqu’il n’y a pas d’ambiguïté.
3.5 Le moment cinétique orbital
a- On peut repérer les point de l’espace en coordonnées sphériques r, θ, ϕ :
x=rsin(θ)cos(φ); y=rsin(θ)sin(φ); z=rcos(θ)
La fonction d’onde scalaire d’une particule est alors une fonction de r, θ, φ notée
ψ(r, θ, φ).
Etant donné deux états |Φiet |Ψi, leur produit scalaire s’écrit
hΦ|Ψi=Z+
r=0 Z2π
φ=0 Zπ
θ=0
Φ(r, θ, φ)Ψ(r, θ, φ)r2sin θ·dr
b- Considérons le moment cinétique orbital
L. On obtient les expressions suivantes
Lz=i~
∂φ,
L2=~2µ2
∂θ2+1
tan θ
∂θ +1
sin2θ
2
∂φ2
L+=~eµ
∂θ +i
tan θ
∂φ,L
=~eµ
∂θ +i
tan θ
∂φ
Supposons pour xer les idées que la particule possède une masse Met qu’elle
est soumise à une énergie potentielle V(r)(potentiel central). Son hamitonien est alors
H=p 2
2M+V(r)=~2
2M+V(r)=~2
2Mµ2
dr2+2
r
∂r+V(r)+ 1
2Mr
2
L2
Dans tous les cas on peut introduire une observable K, convenablement choisie,
n’agissant que sur la variable r, an de former l’ECOC {
L2,L
z,K}.Cependant pour
étudier le problème de la particule soumise à un potentiel central, il est intéressant de
considérer le cas où {
L2,L
z;H}forment un ECOC.
Le moment cinétique orbital 23
c- Dans le cas du moment cinétique orbital, on utilise la notation de préférence à j.
Considérons une base standard dont on note ψE,,m(r, θ, φ)la fonction d’onde des kets
qui la constituent.
E,,m =
E,,m ,
L2ψE,,m =~(+1)ψE,,m (3.2)
LzψE,,m =~
E,,m =i~
∂φψE,,m (3.3)
La relation (3.3) donne ψE,,m =eimφuE,,m(r, θ).
Les points (r, θ, φ)et (r, θ, φ +2π)sont confondus, ce qui implique
ψE,,m(r, θ, φ)=ψE,,m(r, θ, φ +2π),soite2imπ =1mest un entier relatif. Ainsi
mMax =est un entier non négatif.
d- On détermine la fonction d’onde du vecteur de tête, ψE,,=eiφuE,,(r, θ)au moyen
de la relation
L+¡eiφ uE,,(r, θ)¢=0∂u
E,,
∂θ cos θ
sin θuE,, =0
En intégrant cette équation diérentielle on trouve uE,,=csinθ·RE,(r)
RE,(r)est une fonction de r(déterminée par la première des relations (3.2) et cune
constante arbitraire. On choisit
c=(1)
2!r(2+1)!
4π
et on pose
Y
:= ceiφ sinθ
e- On obtient ψE,,m en appliquant les relations de récurrences (3.1).LopérateurL
n’agit pas sur la variable r;ontrouve:
ψE,,m =RE,(r, θ)·Ym
(θ, φ)avec Ym
=s(+m)!
(2)!(m)! µL
~m
Y
(θ, φ)(3.4)
Ym
(θ, φ)= (1)
2!s2+1
4π
(+m)!
(m)! ×eimφ ·sinmθ·dm
dxm¡1x2¢¸x=cos θ
=(1)+m
2!s2+1
4π
(m)!
(+m)! ×eimφ ·sinmθ·d+m
dx+m¡1x2¢¸x=cos θ
ER
E,(r)=~2
2Mµ2RE,(r)
∂r2+2
r
∂RE,(r)
∂r +V(r)RE,(r)+~2(+1)
2Mr
2RE,(r)(3.5)
Le choix de cassure les conditions d’orthonormalisation :
Zπ
θ=0 Z2π
φ=0
(Ym
)Ym0
0sin θ·=δ0δmm0
Les fonctions Ym
(θ, φ)sont les harmoniques sphériques, elles sont indépendantes
de la façon dont on a complété l’ECOC (au moyen de Hou d’un autre opérateur). On
donne dans la gure ci-dessous la représentation polaire des fonctions θ7|Ym
|2pour
=0,1,2:
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