Les Échos du CPNLF
Post Scriptum
d'un Congrès à l'autre...
109e session
Prise en charge
des maladies chroniques
dans les pays
en développement
Dépression & anxiété
N ° 11
N°11
Directeur de la publication : Pierre Thomas - Rédacteur en Chef : Patrick Martin
Infographiste : Vivianne Lambert - Photos de ce numéro : Martine Bertheuil
Ainsi, les troubles mentaux représentent aujourd’hui la
deuxme cause (après les accidents) de morbi-mortalité
dans les pays en voie de développement, devant les
accidents cardiovasculaires, les pathologies respiratoires,
le sida, le cancer, le paludisme. Or 75 à 90% des patients
n’ont pas accès aux traitements psychotropes
disponibles dans les pays développés. La santé mentale
n’est pas une priorité en terme de santé publique dans
la plupart de ces pays, et l’information reste inexistante.
D’après le Dr Gérard, pour pallier ce manque, une
multiplicité d’acteurs doivent entrer en jeu : des
financeurs, des fondations, des ONGs locales,
internationales, des associations de familles, de patients,
mais aussi l’industrie pharmaceutique, qui possède une
expertise en terme de R&D, de distribution, de
communication et de compétences marketing qui
peuvent être mis au profit de campagnes de santé
publique.
le Dr Gérard a alors présenté les grandes lignes du
partenariat alientre Sanofi, l’association mondiale
de psychiatrie, et les minisres de la santé des pays dans
lesquels des projets ont éétablis. Ces acteurs tentent
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L E S EC H O S D U C P N L F. . . L E S E C H O S D U C P N L F. . .
Le "Partenariat public privé et prise en charge des
maladies chroniques dans les pays en voie de
veloppement", tel était le sujet traité par le Dr Daniel
Gérard (Paris).
L’accès aux soins et à la santé est devenu un enjeu
politique et les questions de santé figurent sur l’agenda
de tous les grands sommets internationaux. Grâce à
cette prise de conscience, le fléau des pathologies
transmissibles et celui des pathologies mère-enfant
diminuent globalement. Mais parallement, le poids des
pathologies non transmissibles et des pathologies neuro-
psychiatriques augmente dans la charge globale des
pays du sud.
Post Scriptum, ce mois-ci comme chaque mois, rapporte dans la rubrique "Les Échos du CPNLF" une partie
des interventions communiquées dans le cadre du 109e congrès du CPNLF.
Nous avons choisi ce mois-ci, dans ce dernier numéro consacré au 109e congrès, d'évoquer entre autres les
problèmes de soins dans les pays en voie de développement, la distinction entre dépression et anxiété, tant
en théorie dans le DSM-V qu'en pratique quotidienne. Bon 110e congrès à tous !
Entourant le Dr Daniel Gérard (Paris) Dr Samira
Miled (Tunisie) Pr Frédéric Rouillon (Paris), Pr Driss
Moussaoui (Maroc)
Dr Daniel Gérard
Aujourd’hui, la Tunisie compte 2,1 psychiatres pour 100
000 habitant, ce qui est au-dessus de la médiane des
gions de la Méditerranée orientale (de 0,75), mais à la
limite inférieure de la fourchette recommandée par
l’OMS de 2,5 à 10 psychiatres pour 100 000 habitants.
Le problème rencontré en Tunisie n’est donc pas
forcément un problème de nombre mais de répartition
ographique des lits et des professionnels.
La majorité des psychiatres du système public travaillent
au sein des universités, et ne pratiquent donc pas une
approche
communautaire
de la psychiatrie. De plus, une
offre de soin qui se base sur le principe de sectorisation
nepond pas aux objectifs de proximides soins.
Ainsi, une stratégie communautaire a récemment été
mise en œuvre, pour déplacer l’axe de l’hospitalisation
vers le traitement ambulatoire, des soins spécialis vers
les soins de santé primaires.
Le Dr Claire Gindre (Paris) a traité de "Dépression et
Anxiété : prise en charge et partage d’expérience."
La première partie de la présentation du Dr Gindre a
por sur l’apport du Valdoxan dans prise en charge
médicamenteuse des épisodes pressifs, à travers
l’étude D-CHANGE. Il s’agit d’une étude interven-
tionnelle en ouvert, menée dans de nombreux centres
en France, ayant inclus presque 3 000 patients
déprimés. L’objectif était de décrire l’efficience du
valdoxan dans des situations thérapeutiques variées,
au bout de 6 semaines de traitement. Les facteurs à
prendre en compte étaient la classe du précédent
antidépresseur administré, les raisons de l’arrêt, les
caractéristiques cliniques du patient et de l’épisode
dépressif à savoir la sévérité, si le patient était naïf ou
en switch médicamenteux, s’il présentait des troubles
du sommeil et/ou une altération sociale.
Le valdoxan est ainsi le premier antidépresseur à faire
l’objet d’un aussi vaste programme d’étude
naturalistique.
Les résultats préliminaires révèlent que : alors que 41%
des patients étaient considécomme "très souvent
anxieux" à l’inclusion dans l’étude, il ne restait que
19% de "très souvent anxieux" à la 6e semaine après
traitement par valdoxan. Les "constamment anxieux",
eux, seraient passés de 22% à 8%. Entre la deuxième et
la sixième semaine de traitement, on observait une
meilleure réponse à court terme chez les patients naïfs
vs patients en switch, chez qui on observait tout de
même une amélioration, surtout si le switch était dû à
un manque d’efficacité. La tolérance hépatique était
équivalente à celle d’autres antidépresseurs.
Suite a cette première partie, le Dr Gindre a abordé
l’apport que peut présenter la psychoéducation,
notamment dans la prise en charge des troubles
de sensibiliser les cideurs, mais aussi les professionnels
de la santé, les familles et la communauté. D’après le Dr
rard, Sanofi traduit son engagement par une politique
de prix différentiels dans ces pays. La compagnie aurait
mis en place un système au travers duquel, pour les 80%
de la population trop pauvre pour accéder au
traitements, le prix coutant du dicament est appliq.
Pour le Dr Samira Miled (Tunisie), il faut en effet Adapter
la santé mentale aux besoins de la population.
Une étude réalisée cemment en Tunisie, au cours de
consultations de première ligne dans le secteur privé et
public, révélait que 30 à 50% des motifs de consultation
portaient sur des troubles mentaux, avec la dépression
et les troubles anxieux en première ligne.
En 1990, la Tunisie a adopté le programme national de
santé mentale avec pour objectif principal l’intégration
des soins en santé mentale dans le système général de
santé. En décembre 2008, une unité de promotion de la
santé mentale a été créée au sein du ministère de la
santé publique dans le but de renforcer la politique de
sanmentale.
Cette unité a récemment réalisé un état des lieux
concernant l’état de la prévention, de la réinsertion, de
lahabilitation et des prestations de soin dans le pays.
Au cours de cette session, Samira Miled a présenté un
aperçu de cet état des lieux. Concernant l’état actuel de
la prestation des soins, le Dr Miled a exposé que sur les
24 gouvernorats tunisiens, 21 possèdent des prestations
de soins psychiatriques, publics ou privés. A peu près un
tiers des gouvernorats disposent de lits psychiatriques,
la répartition se faisant en secteur chaque service
universitaire assurant le parrainage de toute une région.
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L E S E C H O S D U C P N L F. . . L E S E C H O S D U C P N L F. . .
Dr Claire Gindre
bipolaires. L’éducation thérapeutique aide à la prise en
charge des patients, grâce à des séances axées sur les
rythmes et une meilleure hygiène de vie.
Sujet d'actualité traité par le Dr Marc-Antoine Crocq
(Rouffach) : Interface entre pression et anxié
question pour le DSM-V
Un des débats actuels concernant la révision du DSM
porte sur la distinction entre dépression et anxiété : y
a t-il d’une part la pression, d’autre part l’anxiété,
c’est-à-dire deux troubles indépendant qui peuvent
être associés ? Ou existe-t-il une entité anxio-
dépressive capable de répondre à une étiologie unique
? Autrement dit, faut il casser des catégories ou les
refondre entre elles ? Voici le sujet que le Dr Marc-
Antoine Crocq a abordé lors de son intervention.
Dans le DSM-V, il est pour l’instant prévu de garder
deux catégories indépendantes : d’une part la
dépression, d’autre part l’anxiété. Cependant, une
catégorie intermédiaire sera introduite : celle du
trouble anxieux-dépressif mixte, qui n’existait que dans
les annexes du DSM-IV.
Dans cette catégorie, les symptômes de pression
cohabitent avec les symptômes d’anxiété, de "détresse
anxieuse". Pour éviter les chevauchements entre les
symptômes de la dépression et ceux de l’anxiété, cette
dernière ne serait plus définie par ses symptômes
physiques (souffle court, palpitations cardiaques, etc.)
mais de manière cognitive : anticipation anxieuse et
soucis. Enfin, dernier critère de cette catégorie : la durée
requise pour atteindre le seuil diagnostic est brève,
donc facile à franchir.
D’après Marc-Antoine Crocq, cette catégorie
intermédiaire sera surtout utile dans le cadre des soins
primaires de médecine générale.
Vers une nouvelle classification des psychotropes : les
antidépresseurs, thème de la Session scientifique
associative des Associations AFPBN & FSPT, aborpar
le Pr Michel Hamon (Paris) et le Pr Julien Daniel Guelfi
(Paris).
Aujourd’hui, la dépression est une entité clinique,
définie par des symptômes. En effet les cliniciens ne
disposent pas de paramètres biologiques pouvant
servir de marqueurs à cette pathologie.
Selon Michel Hamon, pharmacologue, nous avançons
d’un bon pas dans la connaissance des processus
physiopathologiques de la pression et dans
l’identification des canismes mis en jeu par
l’administration d’antidépresseurs. Mais parallèlement,
l’établissement d’une classification universelle, qui
serait valable aussi bien pour la clinique que pour la
pharmacologie, devient de plus en plus difficile.
Une autre difficulté provient du fait que les agents
utilisés pour lutter contre la dépression, en plus d’agir
sur leur cible principale, ont inévitablement un effet
sur des facteurs moléculaires secondaires, non ciblés.
Néanmoins, dit-il, il faut continuer à essayer de classer
L E S E C H O S D U C P N L F. . . L E S E C H O S D U C P N L F. . .
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Dr Marc-Antoine Crocq Pr Michel Hamon
L E S E C H O S D U C P N L F. . . L E S E C H O S D U C P N L F. . .
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devient difficile de voir en cela une aide au diagnostic.
Enfin, la neuro-imagerie, que ce soit dans le domaine
du diagnostic ou dans celui de l’efficacité du
traitement, présente des pistes séduisantes,
notamment le développement d’outils statistiques qui
permettent de comparer, au travers de l’imagerie
anatomique en IRM, des individus malades ou non, bon
ou mauvais répondeurs aux traitements.
Les internes s’interrogent : "Obsession ou automatisme
mental ?" C'est le sujet traité au titre de l’association
des internes en psychiatrie de Paris (PEPS) par Pierre-
Louis Couturier (Paris), Pauline Houssinot (Paris),
Caroline Ponvert (Paris),
Pierre-Louis Couturier a introduit cette session par la
présentation d’un cas clinique : un patient âgé de 25 ans
vivant chez ses parents, d’un bon niveau intellectuel - en
5e année d’études de gestion. Ce patient présente des
troubles de la pensée, avec des pensées incontrôlables,
sans contenue, et des "évaporation de la pensée", selon
les propres termes du patient. Celui-ci lutte de manière
anxieuse et anticipatoire contre ces pensées mais arrive
à se calmer en se concentrant. Ses troubles
s’accompagnent de maux de tête, au ventre, dans les
membres, et le patient subit des hallucinations
autoscopiques, nesthésiques et auditives. Suite à deux
tentatives de suicide malgré l’administration de
psychotropes, ce patient est adressé à l’équipe pour une
mise sous leponex.
Les internes se posent alors la question de savoir de
quel ordre sont les parasitages de la pensée de ce
patient s’agit-il d’obsession, d’automatisme de la
pensée, de TOC, de schizophrénie ?
ces psychotropes de manière à obtenir une vision des
plus rationnelles possibles des cibles et de leurs effets
centraux.
Julien Daniel Guelfi, psychiatre clinicien, a commencé
sa présentation en remarquant que, depuis le début de
sa carrière, les voix s’élèvent contre une classification
des psychotropes dite dépassée, qui doit devenir trans-
nosographique. Cependant, rien ne change. Dans sa
pratique, remarque-t-il, qu’il admet être très
conservatrice, il se sert toujours et encore des
classifications conventionelles établies. Le professeur
s’est ensuite appuyé sur un ouvrage publié récemment
par Bruno Millet, Jean-Marie Vannelle et Joseph
Benyaya "Prescrire les psychotropes", pour illustrer son
argument : le plan de l’ouvrage, pourtant récent, reste
classique : les dicaments sont classés selon leurs
mécanismes d’action présumés, les troubles selon les
nosographies habituellement proposées.
Selon Julien Daniel Guelfi, nous n’avançons en aucun
cas vers une nouvelle classification des psychotropes,
malgré le martellement entretenu depuis des
décennies.
La présentation du Dr Alexandre Meary (Créteil) a
porté sur les "Nouvelles approches phénotypiques en
santé mentale : implications cliniques"
Au cours de cette intervention, Alexandre Meary a
discuté de la problématique du diagnostic basé sur les
signes cliniques.
Les diagnostics portés aujourd’hui ne possèdent pas de
stabilité dans le temps. Des études réalisées au sein de
populations de patients psychotiques le suggèrent : si
la plupart des patients diagnostiqués comme
schizophrènes le sont toujours au bout de 10 ans, il y
existe des évolutions. Certains ne le sont plus à un
moment donné, et le redeviennent ensuite. Ainsi, la
question se pose : soit les critères diagnostiques sont
non-valides, soit c’est l’évaluation qui n’est pas valide.
Pour l’instant, il n’existe pas de critères prédictifs
cliniques de la réponse au traitement qui permettraient
d’orienter les décisions. Ce qu’il manque aujourd’hui
en psychiatrie, a ajouté le Dr Meary, ce sont des
marqueurs de validité externe. Trois approches ont été
mises en place pour tenter d’identifier des
biomarqueurs qui permettraient de classer les patients
de manière plus objective, et éventuellement de
prédire leur évolution. Une de ces approches concerne
les phénotypes intermédiaires, qui permettraient de
regrouper les patients en fonction de leur trouble
cognitif et non de la caractérisation syndromique. Les
marqueurs génétiques sont les marqueurs biologiques
pour lesquels la recherche a le plus avancé. Cependant,
le modèle qui apparaît étant celui de l’interaction de
plusieurs centaines de nes dans une pathologie, il
Dr Alexandre Meary
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