I. Module 4 : les troubles : Psychoses et névroses – Les Psychoses.

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I. Module 4 : les troubles : Psychoses et névroses – Les
Psychoses.
Capacités ciblées dans ce module :


Développer une lecture critique des nouvelles psychopathologies.
de décrire pour différents troubles psychiques présents tant chez
l’enfant que chez l’adulte.



les mécanismes psychopathologiques et leurs origines
présupposées,
les différentes approches d'aide et de soins, y compris les
options d'interventions des équipes pluridisciplinaires et
les logiques qui les sous-tendent ,
les conséquences sur la fonction de l’éducateur ;
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A. Préalable

La psychiatrie est la science médicale des affections mentales (dans un but
pratique)

La psychopathologie est l’étude des troubles mentaux (dans un but réflexif).
B. Définitions
Dans le cadre des maladies mentales, il est important de distinguer 2 grands
troubles : la psychose et la névrose.

Névrose : elle désigne un trop-plein d’angoisse, une immense anxiété. En
général, le névrosé souffre très fort mais ne délire pas, n’a pas d’hallucinations,
ne perd pas le sens de la réalité.
Le terme « psychose » s’oppose généralement à celui de « névrose » : la différence entre
ces deux termes est que la personne atteinte de psychose, contrairement au névrosé,
possède moins la capacité de prendre conscience de ses troubles. La personne
psychotique est moins capable de faire la critique de son état.
50
C. Psychoses
1. Critères, symptômes de la psychose
On relève cinq critères spécifiques de la psychose :
a) La gravité des troubles :
b) L'absence de conscience de la morbidité des troubles :

L'individu ne croit pas être victime d'une maladie, ne se rend pas compte de ce qu'il
est en train de vivre et ne croit pas en la nécessité de suivre un traitement.

On ne peut qu'imposer les soins au psychotique, il n'y a pas de possibilité de relation
de confiance et de consentement mutuel entre le thérapeute et le psychotique, qui refuse
tout traitement.
51
c) L'étrangeté des troubles (critère social) :

Le regard de l'entourage est un regard d'étrangeté, de mystère. Autour de l'individu,
les personnes sont incompréhensives. On a des difficultés à dialoguer avec lui, il ne
s'intéresse pas à ce que les autres peuvent penser de lui.
d) L'incommunicabilité :
e) Le repli sur soi :

Le psychotique se met en position autiste, en rupture avec le réel. Il vit dans un autre
monde psychique.
52
2. D'où vient la psychose ?
Il y a quatre théories, modèles étiologiques sur l'origine de la psychose.
a) L'organogénèse

Le traitement doit donc être purement médicamenteux.
b) La psychogénèse :

Une ou des causes de la psychose sont psychologiques, liées à l'histoire de
l'individu.
c) La sociogénèse :
d) Multifactorialité étiologique :

La psychose est le résultat de l'interaction entre différents facteurs.
53
3. Quelques formes de psychoses
a) La psychose maniaco-dépressive
b) La schizophrénie
Psychose grave qui survient chez l'individu jeune.
Le schizophrène vit dans un autre temps, qui s'écoule différemment ou qui s'est arrêté.
c) La paranoïa (ou psychose paranoïde)
Psychose chronique, caractérisée par un délire bien construit et systématisé, accompagné
par des troubles du jugement et de la perception, sans détérioration intellectuelle.
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4.
Cas discutable (certains auteurs mettent les perversions dans les
psychoses.
a) La perversion ou la paraphilie
C’est la tendance d’un sujet à rechercher la satisfaction sexuelle par des voies
inhabituelles.
Perversion d’objet : l’objet du désir est inhabituel :

Pédophilie : Recherche de satisfaction avec des personnes n’ayant pas atteint la
maturité sexuelle ;

Gérontophilie : Recherche de satisfaction avec des personnes âgées ;

Nécrophilie : Recherche de satisfaction avec des cadavres ;

Zoophilie : Recherche de satisfaction avec des animaux.
Perversion de but : la façon d’atteindre la jouissance est inhabituelle :
55
5. Le traitement des psychoses
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D.Analyse de Texte.
Lis le texte et réponds aux questions suivantes :
Quels sont les troubles psychotiques? (Selon le DSM-IV)
Les troubles psychotiques sont caractérisés par
l'existence de symptômes psychotiques (1) à la base
de
leur définition (à la différence d'autres troubles, tels
que
la dépression, où ces symptômes peuvent être présents
mais ne sont pas essentiels au diagnostic). Ils incluent,
selon le Manuel diagnostique et statistique des
troubles
mentaux, le DSM-IV (2), les troubles suivants:
La schizophrénie
La schizophrénie dure au moins 6 mois et inclut au moins 1 mois de symptômes de la phase
active, c'est-à-dire deux (ou plus) des manifestations suivantes:
Idées délirantes, hallucinations, discours désorganisé, comportement grossièrement
désorganisé ou catatonique et symptômes négatifs (ex. émoussement affectif,
appauvrissement du discours, perte de volonté).
Le trouble schizophréniforme
Les critères du trouble schizophréniforme sont les mêmes que la schizophrénie à l'exception
de deux différences:
- la durée (1 à 6 mois) est intermédiaire entre celle du trouble psychotique bref (1 mois, voir
plus bas) et la schizophrénie (au moins 6 mois).
- l'absence d'exigence d'une dégradation du fonctionnement pour poser le diagnostic (bien
qu'il puisse se produire).
Le trouble schizo-affectif
Dans le trouble schizo-affectif, un épisode de trouble de l'humeur (dépressif ou maniaque) et
les symptômes de la phase active de la schizophrénie (voir plus haut) surviennent
simultanément et sont précédés ou suivis pendant au moins 2 semaines par des idées
délirantes ou des hallucinations sans symptômes thymiques (i.e. d'un trouble de l'humeur)
prononcés. Autrement dit, les symptômes psychotiques durent plus longtemps que les
symptômes du trouble de l'humeur. C'est ce qui permet la distinction avec un trouble de
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l'humeur (épisode dépressif ou maniaque) accompagné de symptômes psychotiques. Dans la
schizophrénie, des symptômes d'un trouble de l'humeur peuvent aussi être présents mais ils
demeurent moins importants.
Le trouble délirant
Le trouble délirant est caractérisé par la présence pendant au moins 1 mois d'idées délirantes
non bizarres (i.e. plus cohérentes et plausibles que dans la schizophrénie) sans autres
symptômes de la phase active de la schizophrénie.
Le trouble psychotique bref
Le trouble psychotique bref est caractérisé par la présence (non expliquée par un trouble de
l'humeur ou un trouble schizophréniforme ou une schizophrénie pré-existents), pendant plus
d'un jour mais moins d'un mois, d'un (ou plus) des symptômes suivants: idées délirantes,
hallucinations, discours désorganisé, comportement grossièrement désorganisé ou
catatonique.
Le trouble psychotique partagé
Le trouble psychotique partagé se développe chez un sujet sous l'influence d'une personne qui
présente des idées délirantes de contenu similaire.
Le trouble psychotique dû à une affection médicale générale
Des hallucinations ou des idées délirantes sont considérées comme dues aux effets
physiologiques directs d'une affection médicale générale (ex. lésion cérébrale, épilepsie,
migraine, hyper- et hypothyroïdie, insuffisance surrénale, hypoglycémie, maladies hépatiques
ou rénales, etc.). Si le sujet garde une bonne appréhension de la réalité et reconnaît que ses
hallucinations sont le résultat de son affection médicale, on ne porte pas ce diagnostic.
Le trouble psychotique induit par une substance (psychose toxique)
Des hallucinations (dont le sujet n'est pas conscient qu'elles sont induites par une substance)
ou des idées délirantes sont considérées comme dues aux effets physiologiques directs d'une
substance donnant lieu à un abus, d'un médicament, ou de l'exposition à un toxique.
Symptômes psychotiques dans d'autres troubles mentaux
Des symptômes psychotiques peuvent aussi être présents dans d'autres troubles (par exemple
dans la dépression) mais ils ne sont pas à la base de la définition de ces troubles.
Source :psychomédia (2007) : Quelles sont les troubles psychotiques ?. En ligne :
http://www.psychomedia.qc.ca/diagnostics/quels-sont-les-troubles-psychotiques
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1. Questions :
Quelle est la différence entre les troubles psychotiques et la dépression ?
Les troubles psychotiques sont caractérisés par l'existence de symptômes psychotiques à la
base de leur définition (à la différence d'autres troubles, tels que la dépression, où ces
symptômes peuvent être présents mais ne sont pas essentiels au diagnostic
Quelle est la différence entre la schizophrénie et le trouble délirant ?
Le trouble délirant est caractérisé par la présence pendant au moins 1 mois d'idées délirantes
non bizarres (i.e. plus cohérentes et plausibles que dans la schizophrénie) sans autres
symptômes de la phase active de la schizophrénie.
Qu’est-ce que la schizophrénie ?
La schizophrénie dure au moins 6 mois et inclut au moins 1 mois de symptômes de
la phase
active,
c'est-à-dire deux (ou plus) des manifestations
Idées délirantes, hallucinations, discours désorganisé, comportementgrossièrement
uivantes:
désorganisé
ou catatonique et symptômes négatifs (ex. émoussement
appauvrissement
affectif, du discours, perte de
volonté).
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 Dans la schizophrénie, on retrouve des symptômes, tente de les retrouver
à l’aide des phrases.
Le malade pense qu'il est, d'une
façon ou d'une autre, persécuté ou
victime d'un complot.
Le malade rapporte qu'il a entendu
des voix, des bruits ou d'autres
sons que personne d'autre n'a
entendu.
Le malade a des sautes
d’humeur imprévisibles et intenses.
Le malade peut être agressif, agité
de façon souvent imprévisible.
Modalité de discours où les idées
dévient vers d'autres sujets n'ayant
avec elles que des rapports lointains
(voire inexistants)
Le malade voit des formes ou
des personnes qui ne sont pas
réellement présentes.
Le malade peut avoir une difficulté
à maintenir une attention soutenue
ou une difficulté à se concentrer
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pour de longues périodes de temps.
Le discours du patient est rapide et
difficile à interrompre ; la quantité
de discours produite spontanément
est plus importante que de coutume.
Le malade met en place des séries
d'action ou de rituels répétitifs qu'il
est obligé de faire et refaire.
Le malade ressent et exprime moins
d’émotions Il les ressent avec moins
d’intensité.
Le malade croit qu'il a commis
un terrible péché ou fait quelque
chose d’impardonnable.
Le malade s'habille de façon
inhabituelle ou fait des choses étranges
pour modifier son apparence
Le malade fait mention de sensations
physiques bizarres au niveau de son
corps.
Le malade sent des odeurs inhabituelles
que personne d'autre n'a remarquées.
Type de discours qui, à certains
moments, est fondamentalement
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incompréhensible
Le malade se comporte d'une façon
inappropriée par rapport aux normes
sociales en cours (par exemple se
masturbe en public).
L’humeur du malade peut devenir labile
c’est-à-dire, peut changer d’un moment
à l’autre, passant de déprimé à
euphorique (« high ») en quelques
minutes,
Façon de répondre à une question de
manière indirecte ou inappropriée.
62
E. Un exemple de psychose : La schizophrénie
1. Pourquoi la schizophrénie n’est pas une névrose ?
Cette distinction entre névrose et psychose réfère aussi à des structures de
fonctionnement sous-jacentes sur le plan de la personnalité. Ainsi Bergeret trouve
chez les humains trois types fondamentaux de fonctionnement mental : la structure
névrotique, la structure psychotique et, située entre les deux et marquée par un
fonctionnement immature qui peut évoluer vers les deux types de structures précitées
: l’état limite. Dans chacune des ses structures, Bergeret estime que l’on peut
rencontrer des individus normaux ou pathologiques. Pour Bergeret (1996) «
la
normalité serait ainsi réservé à un état d’adéquation fonctionnelle heureuse au sein
seulement d’une structure fixe, qu’elle soit névrotique ou psychotique, alors que la
pathologie correspondrait à une rupture d’équilibre au sein d’une même lignée
structurelle ».
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2. La schizophrénie comme trouble psychotique
Dans le cadre de ce cours, nous allons tenter d’approfondir certains troubles
psychotiques dont notamment la schizophrénie. Dans la suite de ce cours, nous allons
explorer différentes facettes du trouble comme l’épidémiologie (c’est à dire la
fréquence , la répartition dans la société, les facteurs de risque,…) l’historique, les
différentes formes, le diagnostic du DSM-IV ainsi qu’une illustration à partir d’une
fiction assez représentative.
C’est un trouble important au sein de la population générale avec un phénomène de
surmortalité, 30 à 40 fois plus élevée qu’en population générale.
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3. Historique.
Au niveau historique, la première personne à avoir décrit le tableau clinique de la
schizophrénie sans le nommer comme cela (on l’appelait la démence précoce), est
Morel en 1857. Il a appelé cela démence précoce parce que c’est un trouble qui touche
les sujets jeunes et où les sujets présentaient un tableau de sujet adulte déments
(pertes de repères, difficulté de communiquer à l’autre, perte de la réalité). Les sujets
avaient les premiers symptômes vers l’âge de 20 ans alors qu’une démence apparaît
vers 50 ans. Morel considérait que c’était une sorte de dégénérescence.
Ce terme a été repris par Kraepelin qui la définit comme suit « La démence précoce
consiste en une série d’états dont la caractéristique commune est une destruction
particulières des connexions psychiques » (Kraepelin 1915, cité par Bresche-Richard
et Bungener, 2008). Toutefois au sens neurologique, le terme de démence précoce
n’est pas adapté. Car une démence est une dégénérence neurologique et dans le cas
il n’y a pas de dégénérence biologiquement parlant.
Kraepelin a continué a appelé cela la démence précoce mais a précisé la description
des symptômes de ce troubles en décrivant des formes cliniques. Il a décrit la forme
paranoïde qui évolue de manière fort rapide vers le déficit, la forme hébéphrénique et
la forme catatonique avaient été décrites précédemment par hecker et Kalhbaum.
Ces trois formes sont des formes encore très actuelles pour les cliniciens se basant
sur le modèle de la psychanlyse française. Toutefois qui ont une autre conception de
la psychiatrie, la conception bleulerienne des schizophrénies est nettement moins
dominante car les symptômes de dissociation n’y sont pas mentionné au premier plan.
De plus la schizophrénie « simple », qui correspond à une schizophrénie plus latente,
que l’on a tendance actuellement à assimiler aux personnalités schizotypique ou
schizoide proposées par les classifications internationales come le DSM IV-TR ou le
CIM 10.
Il a fallu attendre 1911 pour que la schizophrénie prenne son nom actuel avec Bleuler.
Il a appelé comme cela parce qu’en grec « schizein » veut dire fendu, scindé et
« phrénie » veut dire esprit. Bleuler a mis en évidence le syndrome de dissociation,
perte de l’unité psychique. Bleuler n’a plus cet aspect de dégénérescence mais un
65
dysfonctionnement psychique. Bleuber justifie son choix de schizophrénie vis à vis du
terme de démence précoce à travers ces deux définitions :

« J’appelle la démence précoce schizophrénie parce que, comme j’éspère le
montrer, la scission des fonctions psychiques les plus diverses est l’un de ses
caractères les plus importants. Pour des raisons de commodité, j’emploie ce
terme au singulier, bien que ce groupe comprenne vaissemblablement
plusieurs maladies ».

« Nous désignons sous le terme de démence précoce ou schizophrénie un
groupe de psychoses qui évolue tantôt sur le mode chronique, tantôt par
poussées, qui peut s’arrêter ou rétrocéder à n’importe quel stad, mais qui ne
permet sans doute pas de restitutio ad intégrum complète. Ce groupe est
caractérisé par une altération de la pensée, du sentiment et des relations avec
le mode extérieur d’un type spécifique et qu’on ne rencontre nulle part ailleurs »
(Bleuler 1911, cité par Bresche-Richard et Bungener, 2008).
66
4. Symptomatologie
Au niveau symptomatologie : ensemble de 4 signes (sémiologie) pour le
diagnostic :
Syndrome dissociatif
Syndrome délirant paranoïde
Fin de l’adolescence/ début de l’âge adulte
Dure plus de 6 mois.
a) Syndrome dissociatif et syndrome délirant :
L’activité délirant accompagne le plus souvent les phénomènes de dissociation. « Le
délire schizophrénique est classiquement décrit comme étant paranoïde ce qui
l’oppose au délire paranoïaque puisque l’activité délirante du schizophrène se
caractérise par son absence de structure, de cohérence et de logique marquant ainsi
les aspects dissociatifs. Il s’agit d’un délire polymorphe et non systématisé où plusieurs
mécanismes et thématiques délirants vont s’entrêmeler pouvant conduire où plusieurs
mécanismes et thématiques délirants vont s’entremêler pouvant conduire à un
automatisme mental c’est à dire un sentiment de perte de contrôle de sa propre vie
psychique (Bresche-Richard et Bungener, 2008).
Par automatisme mental, nous allons nous baser sur la définition de De Clérambault
(1924) qui stipule que « par Automatisme mental je comprends les phénomènes
classiques : pensée devancée, énonciation des actes, impulsions verbales, tendance
aux phénomènes psychomoteurs. Je les oppose aux hallucinations auditives c’est àd
ire aux voix à la fois objectivées, individualisées et thématiques ». Le patient a donc
67
l’impression que l’on contrôle sa pensée, qu’elle est sous l’influence et que ce n’est
plus lui qui pense.
Donc l’incohérence marquée entre plusieurs domaines chez le sujet et incohérence
dans chacun de ces domaines. Le sujet va vivre une incohérence dans ce qu’il pense,
ce qu’il dit, ce qu’il montre (dire qu’il va très mal en éclatant de rire).
Dans le domaine du langage,
On observe des signes typiques au niveau de la pensée :

Atteinte de la logique (donné 2 affirmations opposées : j’ai mis ce matin de
superbes bottes noires parce que j’ai mangé des pâtes hier= paralogisme)

Pensée tantôt accélérée tantôt ralentie.

Le discours est tellement incohérent qu’on ne peut le comprendre

Forme d’abstraction (métaphore, image,…) vide de sens.
68
Dans le domaine affectif
Le sujet présente
Dans le domaine psychomoteur :

Syndrome catatonique : sujet avec attitude figée, perte d’initiative motrice. A
l’extrême, le sujet reste comme une statue de cire

Négativisme : tendance à être en retrait du contact avec l’autre au niveau
moteur, attitude buttée, refus de la main tendue
 Auto et hétéro- agressivité : actes qui peuvent être dangereux car pas de
retenue ni logique ou raison
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b) Syndrome délirant paranoïde
Se caractérise selon 4 points importants :

Thèmes abordés par le sujet

Mécanismes (formes que vont prendre les idées délirantes)

Systématisation (ou organisation)

Degré d’extension
Thèmes abordés par le sujet :
Dans un symptôme délirant paranoïde, tous les thèmes peuvent se combiner, il n’y a
pas de thèmes caractéristiques. Le plus couramment, on retrouve deux ou trois
thèmes par sujet.
Mécanismes :

Hallucination (perception sans objet) et illusion (déformation d’une perception
réelle)

Intuition (sujet sait que c’est comme ça) et interprétation (sujet part de la réalité
pour la transformer en idée délirante, nous sommes tous en train d’écrire, on
écrit une lettre d’amour à son mari) => Idée

Imagination : sujet vit dans un rêve, scénario mis au point
Systématisation (ou organisation) :
70

Chez certains sujets (comme le trouble de la personnalité paranoiaque) il peut
y avoir une cohérence du délire, un délire construit c’est ce qu’on appelle le
délire systématisé. Dans la schizophrénie, le délire est non cohérent, on parle
de délire non systématisé.
Degré d’extension :
71
5. Les phases
La schizophrénie compte trois phases : la phase prodromique (ou début de la maladie),
la phase aiguë et la phase résiduelle. Ces phases se succèdent souvent dans l'ordre
et par cycles durant toute la durée de la maladie. Au cours de leur vie, les personnes
atteintes de schizophrénie peuvent connaître un, deux ou de nombreux épisodes
aigus.
a) Phase prodromique :
b) Phase aiguë :
Cette étape se caractérise par des idées délirantes, des hallucinations, ainsi qu'une
perturbation marquée des pensées, du comportement et des sensations. C'est souvent
la période qui effraie le plus la personne atteinte de schizophrénie et son entourage.
c) Phase résiduelle :
72
6. Distinction entre symptômes positifs et négatifs.
Les symptômes positifs sont des comportements « en plus » du comportement normal.
Les symptômes négatifs, quant à eux, concernent plutôt ceux « en moins ».
Les symptômes positifs comprennent:
-
Les hallucinations : la personne entend, ressent ou voit des choses qui
n’existent que dans sa tête ;
-
Les idées délirantes : les idées fausses tenaces, la méfiance ;
-
Les troubles marqués de la pensée : la difficulté à communiquer,
l’incohérence ;
-
Un comportement bizarre et désorganisé.
Les symptômes négatifs comprennent:
Un comportement asocial : peu d’intérêt envers les autres Les neuroleptiques
vont agir de façon privilégiée sur les symptômes positifs. En psychiatrie, les
neuroleptiques utilisés sont notamment le Tiapridal, le Zyprexa, le Risperdal, le
Léponex ou encore le Clopixol.
73
7. Epidémiologie
Il n’y a pas d’accord sur la cause de la schizophrénie. Il y a une piste génétique qui
avance qu’il y a une prédisposition, une fragilité chez certains sujets (études sur des
jumeaux). Il y a 30% des enfants dont les deux parents sont schizophréniques qui
deviennent schizophrènes. Les chances 10 fois supérieures que dans la population
pour jumeaux dizygotes et 40 fois supérieures que dans la population monozygote.
Les risques sont identiques lorsque les enfants sont adoptés par une famille non
schizophrène et sont identiques également pour un enfant non schizophrène adopté
par une famille schizophrène que s’il était resté dans sa famille.
a) Au niveau neurophysiologique
Un déficit des neurotransmetteurs serait en cause notamment pour les symptômes
positifs qui traduiraient une perturbation de la transmission dopaminergique
caractérisée
par
une
augmentation
probable
du
nombre
de
récepteurs
dopaminergiques D2 (Crown, Johstone et Owen 1979 cités par Bresche-Richard et
Bungener, 2008). Concernant les symptômes négatifs, ils seraient la conséquence
74
d’une perte cellulaire au niveau de la matrice cérébrale et donc changements
structuraux à travers l’élargissement des ventricules cérébraux. Cette conception de
la schizophrénie rencontre un franc succès auprès des adeptes du DSM.
75
8.
D’un point de vue cognitif
Depuis 20 ans, les troubles cognitifs ont été bien identifiés chez les schizophrènes.
Les personnes atteintes de cette maladie présentent des troubles de l’attention, de la
mémoire (comme la plupart des patients hospitalisés en psychiatries). Toutefois
d’autres troubles cognitifs leurs seraient spécifiques. Le traitement du contexte se
trouve déficitaire chez le schizophrène. Par exemple dans des situations de
conversation naturelle, certains schizophrènes ont tendance à négliger le contexte du
discours entrainant des réponses non adaptées, des réponses bizarres et inhabituelles
ou des ruptures dans le sens du discours. Mais toute situation d’interraction nécessite
le traitement d’une information contextuelle particulière : l’autre qui dialogue avec
nous. On sait déjà combien, au quotidien, il est souvent difficile de s’assurre que nos
interlocuteurs ont bien compris notre intention communicative : la communication
repose souvent sur des malentendus, des quipropros quo et des implicites.
Pour tenter de réduire les décalages entre les interlocuteurs, nous calculons, sans
cesse et de manière quasi-automatique, ces intentions communicatives, ce qui nous
permet de comprendre les messages implicites, les malaentendus mais également
l’humour et l’ironie (second degré) qui nécéssitent de dépacer le simple fait de la
discussion pour déceler les intentions de l’interlocuteur. Cela est appelé l’activité
métacognitive, activité qui est délicate chez la personne schizophrène. C’est pourquoi
sa compréhension de la communication dans ses aspects les plus purement
métacognitifs comme l’humour, l’ironie ou les métaphores. Ce qui peut amener le
schizophrène à parler comme si l’Autre et son discours n’existait pas. Il est donc
essentiel en qualité d’éducateur spécialisé de tenir compte de ces éléments afin de ne
pas créer plus de souffrance et d’incompréhension chez les bénéficiaires ou patients
affectés.
76
9. Vidéo « Des années perdues »
a) Synopsis1 :
Bart étudie à l’école de cinéma lorsqu’il est frappé par le sort. L’étudiant se bat contre
sa première psychose, mais refuse de chercher de l’aide, de sorte qu’il dépérit toujours
plus.
Bart est interprété par Wouter de Jong, qui s’est fait connaître grâce à son rôle de
Milan Verhagen dans Goede Tijden, Slechte Tijden. Frederik de Groot et Sijtze van
der Meer font également partie de l’affiche.
1
http://www.verlorenjaren.nl/?lang=fr
77
Le scénario de ce film dramatique est basé sur des expériences de Bas Labruyère. Le régisseur
âgé de 35 ans est atteint de schizophrénie et doit lui-même lutter contre des psychoses. Ce n’est
qu’après trois ans qu’il s’est fait admettre en hôpital psychiatrique. Après son rétablissement,
il a écrit une lettre pour partager ses expériences avec sa famille et ses amis. Encouragé par
son médecin traitant Wim Veling, il a décidé de porter la lettre à l’écran.
Des Années Perdues (Verloren Jaren) est le premier film où le spectateur vit une psychose à
travers les yeux d’un expert d’expérience. Le projet s’est fait grâce au soutien du groupe
pharmaceutique AstraZeneca, de Stroom Den Haag, de Fonds Nuts Ohra et de Stichting
Koningsheide. Avec le film, les intéressés veulent attirer l’attention sur les premiers signes des
psychoses. Le film a été réalisé par JensenFrisbee en collaboration avec le centre psychomédical Haagse Parnassia.
78
Chaque année, environ 3.000 jeunes néerlandais sont victimes d’une première psychose. Bien
qu’elle semble souvent inattendue, il y a généralement quand même des signes annonciateurs.
Comme elle n’est souvent pas diagnostiquée, leur vie est déjà très désorganisée au moment où
ils cherchent de l’aide. Plus une psychose ou ses signes annonciateurs sont traités à un stade
précoce, moins elle sera profonde et meilleures seront les possibilités de rétablissement.
Dans le cadre de ce film2, le tableau délirant de la schizophrénie est bien illustré, le
tableau dissociatif moins présent. Permet de percevoir la souffrance du sujet.
Question : la prise de substances toxiques est-elle la cause du trouble ? La prise de
substances n’est pas la « cause » mais peut être un élément déclencheur, un élément
favorisant la décompensation.
Dans le film dans un premier temps, les substances sont un moyen de décompenser
qui deviennent ensuite une automédication. Certaines substances peuvent provoquer
un délire passager (amphétamines, LSD) qui ne découlera pas sur une pathologie
comme la schizophrénie. Dans d’autres situations, la décompensation a lieu lors de
fins de cycles ; passage de l’adolescence à l’âge adulte, mariage, obtention d’un
diplôme, entrée dans le monde du travail, fin des études secondaires, lors d’un divorce,
départ d’un membre d’une famille,…
2
http://www.verlorenjaren.nl/le-film/?lang=fr
79
10. Prises en charge3
Comme dans la plupart des psychopathologies, il ne faut pas négliger, pour les
troubles schizophréniques, l’augmentation du taux de mortalité qui peut en partie,
s’expliquer
par les
suicides
de
personnes
schizophrènes.
Les troubles
schizophréniques sont généralement précoces, ils sont considérés comme chronique
c’est à dire qu’une fois que le diagnostic est posé, il est à vie. Pour que le diagnostic
soit posé, il doit y avoir au minimum six mois consécutif d’une symptomatologie
psychotique d’allure schizophrénique. Il s’agit donc d’un diagnostic rétrospectif au
regard de l’évolution du patient. La présence d’un délire non systématisé pendant deux
semaines est absolument insuffisante pour poser le diagnostic de schizophrénie. On
parlera dans ce cas d’une bouffée délirante.
Toutefois, l’évolution est néanmoins différente en fonction d’un certain nombre de
facteurs : l’âge de début des troubles, le mode d’entrée dans la pathologie, la nature
des épisodes, l’entourage dont bénéficie le patient et les prises en charge qui lui sont
proposés. L’évolution de la maladie serait fortement liée à des facteurs socioculturels.
En effet, des études réalisées par l’OMS montrent que l’évolution est plus favorable
dans les pays en voie de développement que dans les pays industrialisés.
3
Besche-Richard et Bungener, Psychopathologie de l’adulte, Aramand Colin 2008
80
F. Les psychoses : Tableau récapitulatif
PARA
P.M.D.
SCHIZOPHRENIE
Délire de persécution
SYMPTOMATOLOGIE
1 - mélancolie
2 - manie
ÉTIOLOGIE
- deuil impossible
- identification à l’objet
d’amour
ANGOISSE
1 - culpabilité de mort
2 - persécution
FANTASMATIQUE
1 - cannibalisme
2 - mégalomanie
MÉCANISME DE
DÉFENSE
1 - déni de la perte de
l’objet
2 - déni de la dépression
TRAITS DE
CARACTÈRE
1 - anxieux, découragé
2 - excité, irritable
- dissociation (incohérence
de l’action )
- discordance (incohérence
de la pensée)
- fixé dans un stade
narcissique (fusionné avec
sa mère)
- problème de langage
digital et analogique
(gestes ≠ mots)
- morcellement corporel
- anéantissement
- possession
- incestueuse (fusion avec
la mère) => parfois
passage à l’acte meurtrier
sur les parents
- déni (rejet, forclusion)
- dénégation
- intellectualisation
- clivage
introverti, renfermé,
difficile d’accès, froideur
affective
- sentiment de persécution
=> cherche le persécuteur
=> passe à l’attaque
Freud : amour homosexuel
vers le persécuteur (je l’aime
=> il me hait)
Lacan : auto-engendrement
(pas de parents)
Enriquez : pas de position
dans la filiation car n’intègre
pas la scène originaire
Aulagnier : haine envers les
parents, mais pense que c’est
normal
angoisse de persécution
homosexuelle
- projection
- attaque
- rationalisation
paranoïaque
se sent persécuté...
Délire de
et de reve
- on lui fai
on lui port
préjudice
- revendiq
quelque ch
qu’on lui a
ou qu’on l
refusé
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