48 I. Module 4 : les troubles : Psychoses et névroses – Les Psychoses. Capacités ciblées dans ce module : Développer une lecture critique des nouvelles psychopathologies. de décrire pour différents troubles psychiques présents tant chez l’enfant que chez l’adulte. les mécanismes psychopathologiques et leurs origines présupposées, les différentes approches d'aide et de soins, y compris les options d'interventions des équipes pluridisciplinaires et les logiques qui les sous-tendent , les conséquences sur la fonction de l’éducateur ; 49 A. Préalable La psychiatrie est la science médicale des affections mentales (dans un but pratique) La psychopathologie est l’étude des troubles mentaux (dans un but réflexif). B. Définitions Dans le cadre des maladies mentales, il est important de distinguer 2 grands troubles : la psychose et la névrose. Névrose : elle désigne un trop-plein d’angoisse, une immense anxiété. En général, le névrosé souffre très fort mais ne délire pas, n’a pas d’hallucinations, ne perd pas le sens de la réalité. Le terme « psychose » s’oppose généralement à celui de « névrose » : la différence entre ces deux termes est que la personne atteinte de psychose, contrairement au névrosé, possède moins la capacité de prendre conscience de ses troubles. La personne psychotique est moins capable de faire la critique de son état. 50 C. Psychoses 1. Critères, symptômes de la psychose On relève cinq critères spécifiques de la psychose : a) La gravité des troubles : b) L'absence de conscience de la morbidité des troubles : L'individu ne croit pas être victime d'une maladie, ne se rend pas compte de ce qu'il est en train de vivre et ne croit pas en la nécessité de suivre un traitement. On ne peut qu'imposer les soins au psychotique, il n'y a pas de possibilité de relation de confiance et de consentement mutuel entre le thérapeute et le psychotique, qui refuse tout traitement. 51 c) L'étrangeté des troubles (critère social) : Le regard de l'entourage est un regard d'étrangeté, de mystère. Autour de l'individu, les personnes sont incompréhensives. On a des difficultés à dialoguer avec lui, il ne s'intéresse pas à ce que les autres peuvent penser de lui. d) L'incommunicabilité : e) Le repli sur soi : Le psychotique se met en position autiste, en rupture avec le réel. Il vit dans un autre monde psychique. 52 2. D'où vient la psychose ? Il y a quatre théories, modèles étiologiques sur l'origine de la psychose. a) L'organogénèse Le traitement doit donc être purement médicamenteux. b) La psychogénèse : Une ou des causes de la psychose sont psychologiques, liées à l'histoire de l'individu. c) La sociogénèse : d) Multifactorialité étiologique : La psychose est le résultat de l'interaction entre différents facteurs. 53 3. Quelques formes de psychoses a) La psychose maniaco-dépressive b) La schizophrénie Psychose grave qui survient chez l'individu jeune. Le schizophrène vit dans un autre temps, qui s'écoule différemment ou qui s'est arrêté. c) La paranoïa (ou psychose paranoïde) Psychose chronique, caractérisée par un délire bien construit et systématisé, accompagné par des troubles du jugement et de la perception, sans détérioration intellectuelle. 54 4. Cas discutable (certains auteurs mettent les perversions dans les psychoses. a) La perversion ou la paraphilie C’est la tendance d’un sujet à rechercher la satisfaction sexuelle par des voies inhabituelles. Perversion d’objet : l’objet du désir est inhabituel : Pédophilie : Recherche de satisfaction avec des personnes n’ayant pas atteint la maturité sexuelle ; Gérontophilie : Recherche de satisfaction avec des personnes âgées ; Nécrophilie : Recherche de satisfaction avec des cadavres ; Zoophilie : Recherche de satisfaction avec des animaux. Perversion de but : la façon d’atteindre la jouissance est inhabituelle : 55 5. Le traitement des psychoses 56 D.Analyse de Texte. Lis le texte et réponds aux questions suivantes : Quels sont les troubles psychotiques? (Selon le DSM-IV) Les troubles psychotiques sont caractérisés par l'existence de symptômes psychotiques (1) à la base de leur définition (à la différence d'autres troubles, tels que la dépression, où ces symptômes peuvent être présents mais ne sont pas essentiels au diagnostic). Ils incluent, selon le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, le DSM-IV (2), les troubles suivants: La schizophrénie La schizophrénie dure au moins 6 mois et inclut au moins 1 mois de symptômes de la phase active, c'est-à-dire deux (ou plus) des manifestations suivantes: Idées délirantes, hallucinations, discours désorganisé, comportement grossièrement désorganisé ou catatonique et symptômes négatifs (ex. émoussement affectif, appauvrissement du discours, perte de volonté). Le trouble schizophréniforme Les critères du trouble schizophréniforme sont les mêmes que la schizophrénie à l'exception de deux différences: - la durée (1 à 6 mois) est intermédiaire entre celle du trouble psychotique bref (1 mois, voir plus bas) et la schizophrénie (au moins 6 mois). - l'absence d'exigence d'une dégradation du fonctionnement pour poser le diagnostic (bien qu'il puisse se produire). Le trouble schizo-affectif Dans le trouble schizo-affectif, un épisode de trouble de l'humeur (dépressif ou maniaque) et les symptômes de la phase active de la schizophrénie (voir plus haut) surviennent simultanément et sont précédés ou suivis pendant au moins 2 semaines par des idées délirantes ou des hallucinations sans symptômes thymiques (i.e. d'un trouble de l'humeur) prononcés. Autrement dit, les symptômes psychotiques durent plus longtemps que les symptômes du trouble de l'humeur. C'est ce qui permet la distinction avec un trouble de 57 l'humeur (épisode dépressif ou maniaque) accompagné de symptômes psychotiques. Dans la schizophrénie, des symptômes d'un trouble de l'humeur peuvent aussi être présents mais ils demeurent moins importants. Le trouble délirant Le trouble délirant est caractérisé par la présence pendant au moins 1 mois d'idées délirantes non bizarres (i.e. plus cohérentes et plausibles que dans la schizophrénie) sans autres symptômes de la phase active de la schizophrénie. Le trouble psychotique bref Le trouble psychotique bref est caractérisé par la présence (non expliquée par un trouble de l'humeur ou un trouble schizophréniforme ou une schizophrénie pré-existents), pendant plus d'un jour mais moins d'un mois, d'un (ou plus) des symptômes suivants: idées délirantes, hallucinations, discours désorganisé, comportement grossièrement désorganisé ou catatonique. Le trouble psychotique partagé Le trouble psychotique partagé se développe chez un sujet sous l'influence d'une personne qui présente des idées délirantes de contenu similaire. Le trouble psychotique dû à une affection médicale générale Des hallucinations ou des idées délirantes sont considérées comme dues aux effets physiologiques directs d'une affection médicale générale (ex. lésion cérébrale, épilepsie, migraine, hyper- et hypothyroïdie, insuffisance surrénale, hypoglycémie, maladies hépatiques ou rénales, etc.). Si le sujet garde une bonne appréhension de la réalité et reconnaît que ses hallucinations sont le résultat de son affection médicale, on ne porte pas ce diagnostic. Le trouble psychotique induit par une substance (psychose toxique) Des hallucinations (dont le sujet n'est pas conscient qu'elles sont induites par une substance) ou des idées délirantes sont considérées comme dues aux effets physiologiques directs d'une substance donnant lieu à un abus, d'un médicament, ou de l'exposition à un toxique. Symptômes psychotiques dans d'autres troubles mentaux Des symptômes psychotiques peuvent aussi être présents dans d'autres troubles (par exemple dans la dépression) mais ils ne sont pas à la base de la définition de ces troubles. Source :psychomédia (2007) : Quelles sont les troubles psychotiques ?. En ligne : http://www.psychomedia.qc.ca/diagnostics/quels-sont-les-troubles-psychotiques 58 1. Questions : Quelle est la différence entre les troubles psychotiques et la dépression ? Les troubles psychotiques sont caractérisés par l'existence de symptômes psychotiques à la base de leur définition (à la différence d'autres troubles, tels que la dépression, où ces symptômes peuvent être présents mais ne sont pas essentiels au diagnostic Quelle est la différence entre la schizophrénie et le trouble délirant ? Le trouble délirant est caractérisé par la présence pendant au moins 1 mois d'idées délirantes non bizarres (i.e. plus cohérentes et plausibles que dans la schizophrénie) sans autres symptômes de la phase active de la schizophrénie. Qu’est-ce que la schizophrénie ? La schizophrénie dure au moins 6 mois et inclut au moins 1 mois de symptômes de la phase active, c'est-à-dire deux (ou plus) des manifestations Idées délirantes, hallucinations, discours désorganisé, comportementgrossièrement uivantes: désorganisé ou catatonique et symptômes négatifs (ex. émoussement appauvrissement affectif, du discours, perte de volonté). 59 Dans la schizophrénie, on retrouve des symptômes, tente de les retrouver à l’aide des phrases. Le malade pense qu'il est, d'une façon ou d'une autre, persécuté ou victime d'un complot. Le malade rapporte qu'il a entendu des voix, des bruits ou d'autres sons que personne d'autre n'a entendu. Le malade a des sautes d’humeur imprévisibles et intenses. Le malade peut être agressif, agité de façon souvent imprévisible. Modalité de discours où les idées dévient vers d'autres sujets n'ayant avec elles que des rapports lointains (voire inexistants) Le malade voit des formes ou des personnes qui ne sont pas réellement présentes. Le malade peut avoir une difficulté à maintenir une attention soutenue ou une difficulté à se concentrer 60 pour de longues périodes de temps. Le discours du patient est rapide et difficile à interrompre ; la quantité de discours produite spontanément est plus importante que de coutume. Le malade met en place des séries d'action ou de rituels répétitifs qu'il est obligé de faire et refaire. Le malade ressent et exprime moins d’émotions Il les ressent avec moins d’intensité. Le malade croit qu'il a commis un terrible péché ou fait quelque chose d’impardonnable. Le malade s'habille de façon inhabituelle ou fait des choses étranges pour modifier son apparence Le malade fait mention de sensations physiques bizarres au niveau de son corps. Le malade sent des odeurs inhabituelles que personne d'autre n'a remarquées. Type de discours qui, à certains moments, est fondamentalement 61 incompréhensible Le malade se comporte d'une façon inappropriée par rapport aux normes sociales en cours (par exemple se masturbe en public). L’humeur du malade peut devenir labile c’est-à-dire, peut changer d’un moment à l’autre, passant de déprimé à euphorique (« high ») en quelques minutes, Façon de répondre à une question de manière indirecte ou inappropriée. 62 E. Un exemple de psychose : La schizophrénie 1. Pourquoi la schizophrénie n’est pas une névrose ? Cette distinction entre névrose et psychose réfère aussi à des structures de fonctionnement sous-jacentes sur le plan de la personnalité. Ainsi Bergeret trouve chez les humains trois types fondamentaux de fonctionnement mental : la structure névrotique, la structure psychotique et, située entre les deux et marquée par un fonctionnement immature qui peut évoluer vers les deux types de structures précitées : l’état limite. Dans chacune des ses structures, Bergeret estime que l’on peut rencontrer des individus normaux ou pathologiques. Pour Bergeret (1996) « la normalité serait ainsi réservé à un état d’adéquation fonctionnelle heureuse au sein seulement d’une structure fixe, qu’elle soit névrotique ou psychotique, alors que la pathologie correspondrait à une rupture d’équilibre au sein d’une même lignée structurelle ». 63 2. La schizophrénie comme trouble psychotique Dans le cadre de ce cours, nous allons tenter d’approfondir certains troubles psychotiques dont notamment la schizophrénie. Dans la suite de ce cours, nous allons explorer différentes facettes du trouble comme l’épidémiologie (c’est à dire la fréquence , la répartition dans la société, les facteurs de risque,…) l’historique, les différentes formes, le diagnostic du DSM-IV ainsi qu’une illustration à partir d’une fiction assez représentative. C’est un trouble important au sein de la population générale avec un phénomène de surmortalité, 30 à 40 fois plus élevée qu’en population générale. 64 3. Historique. Au niveau historique, la première personne à avoir décrit le tableau clinique de la schizophrénie sans le nommer comme cela (on l’appelait la démence précoce), est Morel en 1857. Il a appelé cela démence précoce parce que c’est un trouble qui touche les sujets jeunes et où les sujets présentaient un tableau de sujet adulte déments (pertes de repères, difficulté de communiquer à l’autre, perte de la réalité). Les sujets avaient les premiers symptômes vers l’âge de 20 ans alors qu’une démence apparaît vers 50 ans. Morel considérait que c’était une sorte de dégénérescence. Ce terme a été repris par Kraepelin qui la définit comme suit « La démence précoce consiste en une série d’états dont la caractéristique commune est une destruction particulières des connexions psychiques » (Kraepelin 1915, cité par Bresche-Richard et Bungener, 2008). Toutefois au sens neurologique, le terme de démence précoce n’est pas adapté. Car une démence est une dégénérence neurologique et dans le cas il n’y a pas de dégénérence biologiquement parlant. Kraepelin a continué a appelé cela la démence précoce mais a précisé la description des symptômes de ce troubles en décrivant des formes cliniques. Il a décrit la forme paranoïde qui évolue de manière fort rapide vers le déficit, la forme hébéphrénique et la forme catatonique avaient été décrites précédemment par hecker et Kalhbaum. Ces trois formes sont des formes encore très actuelles pour les cliniciens se basant sur le modèle de la psychanlyse française. Toutefois qui ont une autre conception de la psychiatrie, la conception bleulerienne des schizophrénies est nettement moins dominante car les symptômes de dissociation n’y sont pas mentionné au premier plan. De plus la schizophrénie « simple », qui correspond à une schizophrénie plus latente, que l’on a tendance actuellement à assimiler aux personnalités schizotypique ou schizoide proposées par les classifications internationales come le DSM IV-TR ou le CIM 10. Il a fallu attendre 1911 pour que la schizophrénie prenne son nom actuel avec Bleuler. Il a appelé comme cela parce qu’en grec « schizein » veut dire fendu, scindé et « phrénie » veut dire esprit. Bleuler a mis en évidence le syndrome de dissociation, perte de l’unité psychique. Bleuler n’a plus cet aspect de dégénérescence mais un 65 dysfonctionnement psychique. Bleuber justifie son choix de schizophrénie vis à vis du terme de démence précoce à travers ces deux définitions : « J’appelle la démence précoce schizophrénie parce que, comme j’éspère le montrer, la scission des fonctions psychiques les plus diverses est l’un de ses caractères les plus importants. Pour des raisons de commodité, j’emploie ce terme au singulier, bien que ce groupe comprenne vaissemblablement plusieurs maladies ». « Nous désignons sous le terme de démence précoce ou schizophrénie un groupe de psychoses qui évolue tantôt sur le mode chronique, tantôt par poussées, qui peut s’arrêter ou rétrocéder à n’importe quel stad, mais qui ne permet sans doute pas de restitutio ad intégrum complète. Ce groupe est caractérisé par une altération de la pensée, du sentiment et des relations avec le mode extérieur d’un type spécifique et qu’on ne rencontre nulle part ailleurs » (Bleuler 1911, cité par Bresche-Richard et Bungener, 2008). 66 4. Symptomatologie Au niveau symptomatologie : ensemble de 4 signes (sémiologie) pour le diagnostic : Syndrome dissociatif Syndrome délirant paranoïde Fin de l’adolescence/ début de l’âge adulte Dure plus de 6 mois. a) Syndrome dissociatif et syndrome délirant : L’activité délirant accompagne le plus souvent les phénomènes de dissociation. « Le délire schizophrénique est classiquement décrit comme étant paranoïde ce qui l’oppose au délire paranoïaque puisque l’activité délirante du schizophrène se caractérise par son absence de structure, de cohérence et de logique marquant ainsi les aspects dissociatifs. Il s’agit d’un délire polymorphe et non systématisé où plusieurs mécanismes et thématiques délirants vont s’entrêmeler pouvant conduire où plusieurs mécanismes et thématiques délirants vont s’entremêler pouvant conduire à un automatisme mental c’est à dire un sentiment de perte de contrôle de sa propre vie psychique (Bresche-Richard et Bungener, 2008). Par automatisme mental, nous allons nous baser sur la définition de De Clérambault (1924) qui stipule que « par Automatisme mental je comprends les phénomènes classiques : pensée devancée, énonciation des actes, impulsions verbales, tendance aux phénomènes psychomoteurs. Je les oppose aux hallucinations auditives c’est àd ire aux voix à la fois objectivées, individualisées et thématiques ». Le patient a donc 67 l’impression que l’on contrôle sa pensée, qu’elle est sous l’influence et que ce n’est plus lui qui pense. Donc l’incohérence marquée entre plusieurs domaines chez le sujet et incohérence dans chacun de ces domaines. Le sujet va vivre une incohérence dans ce qu’il pense, ce qu’il dit, ce qu’il montre (dire qu’il va très mal en éclatant de rire). Dans le domaine du langage, On observe des signes typiques au niveau de la pensée : Atteinte de la logique (donné 2 affirmations opposées : j’ai mis ce matin de superbes bottes noires parce que j’ai mangé des pâtes hier= paralogisme) Pensée tantôt accélérée tantôt ralentie. Le discours est tellement incohérent qu’on ne peut le comprendre Forme d’abstraction (métaphore, image,…) vide de sens. 68 Dans le domaine affectif Le sujet présente Dans le domaine psychomoteur : Syndrome catatonique : sujet avec attitude figée, perte d’initiative motrice. A l’extrême, le sujet reste comme une statue de cire Négativisme : tendance à être en retrait du contact avec l’autre au niveau moteur, attitude buttée, refus de la main tendue Auto et hétéro- agressivité : actes qui peuvent être dangereux car pas de retenue ni logique ou raison 69 b) Syndrome délirant paranoïde Se caractérise selon 4 points importants : Thèmes abordés par le sujet Mécanismes (formes que vont prendre les idées délirantes) Systématisation (ou organisation) Degré d’extension Thèmes abordés par le sujet : Dans un symptôme délirant paranoïde, tous les thèmes peuvent se combiner, il n’y a pas de thèmes caractéristiques. Le plus couramment, on retrouve deux ou trois thèmes par sujet. Mécanismes : Hallucination (perception sans objet) et illusion (déformation d’une perception réelle) Intuition (sujet sait que c’est comme ça) et interprétation (sujet part de la réalité pour la transformer en idée délirante, nous sommes tous en train d’écrire, on écrit une lettre d’amour à son mari) => Idée Imagination : sujet vit dans un rêve, scénario mis au point Systématisation (ou organisation) : 70 Chez certains sujets (comme le trouble de la personnalité paranoiaque) il peut y avoir une cohérence du délire, un délire construit c’est ce qu’on appelle le délire systématisé. Dans la schizophrénie, le délire est non cohérent, on parle de délire non systématisé. Degré d’extension : 71 5. Les phases La schizophrénie compte trois phases : la phase prodromique (ou début de la maladie), la phase aiguë et la phase résiduelle. Ces phases se succèdent souvent dans l'ordre et par cycles durant toute la durée de la maladie. Au cours de leur vie, les personnes atteintes de schizophrénie peuvent connaître un, deux ou de nombreux épisodes aigus. a) Phase prodromique : b) Phase aiguë : Cette étape se caractérise par des idées délirantes, des hallucinations, ainsi qu'une perturbation marquée des pensées, du comportement et des sensations. C'est souvent la période qui effraie le plus la personne atteinte de schizophrénie et son entourage. c) Phase résiduelle : 72 6. Distinction entre symptômes positifs et négatifs. Les symptômes positifs sont des comportements « en plus » du comportement normal. Les symptômes négatifs, quant à eux, concernent plutôt ceux « en moins ». Les symptômes positifs comprennent: - Les hallucinations : la personne entend, ressent ou voit des choses qui n’existent que dans sa tête ; - Les idées délirantes : les idées fausses tenaces, la méfiance ; - Les troubles marqués de la pensée : la difficulté à communiquer, l’incohérence ; - Un comportement bizarre et désorganisé. Les symptômes négatifs comprennent: Un comportement asocial : peu d’intérêt envers les autres Les neuroleptiques vont agir de façon privilégiée sur les symptômes positifs. En psychiatrie, les neuroleptiques utilisés sont notamment le Tiapridal, le Zyprexa, le Risperdal, le Léponex ou encore le Clopixol. 73 7. Epidémiologie Il n’y a pas d’accord sur la cause de la schizophrénie. Il y a une piste génétique qui avance qu’il y a une prédisposition, une fragilité chez certains sujets (études sur des jumeaux). Il y a 30% des enfants dont les deux parents sont schizophréniques qui deviennent schizophrènes. Les chances 10 fois supérieures que dans la population pour jumeaux dizygotes et 40 fois supérieures que dans la population monozygote. Les risques sont identiques lorsque les enfants sont adoptés par une famille non schizophrène et sont identiques également pour un enfant non schizophrène adopté par une famille schizophrène que s’il était resté dans sa famille. a) Au niveau neurophysiologique Un déficit des neurotransmetteurs serait en cause notamment pour les symptômes positifs qui traduiraient une perturbation de la transmission dopaminergique caractérisée par une augmentation probable du nombre de récepteurs dopaminergiques D2 (Crown, Johstone et Owen 1979 cités par Bresche-Richard et Bungener, 2008). Concernant les symptômes négatifs, ils seraient la conséquence 74 d’une perte cellulaire au niveau de la matrice cérébrale et donc changements structuraux à travers l’élargissement des ventricules cérébraux. Cette conception de la schizophrénie rencontre un franc succès auprès des adeptes du DSM. 75 8. D’un point de vue cognitif Depuis 20 ans, les troubles cognitifs ont été bien identifiés chez les schizophrènes. Les personnes atteintes de cette maladie présentent des troubles de l’attention, de la mémoire (comme la plupart des patients hospitalisés en psychiatries). Toutefois d’autres troubles cognitifs leurs seraient spécifiques. Le traitement du contexte se trouve déficitaire chez le schizophrène. Par exemple dans des situations de conversation naturelle, certains schizophrènes ont tendance à négliger le contexte du discours entrainant des réponses non adaptées, des réponses bizarres et inhabituelles ou des ruptures dans le sens du discours. Mais toute situation d’interraction nécessite le traitement d’une information contextuelle particulière : l’autre qui dialogue avec nous. On sait déjà combien, au quotidien, il est souvent difficile de s’assurre que nos interlocuteurs ont bien compris notre intention communicative : la communication repose souvent sur des malentendus, des quipropros quo et des implicites. Pour tenter de réduire les décalages entre les interlocuteurs, nous calculons, sans cesse et de manière quasi-automatique, ces intentions communicatives, ce qui nous permet de comprendre les messages implicites, les malaentendus mais également l’humour et l’ironie (second degré) qui nécéssitent de dépacer le simple fait de la discussion pour déceler les intentions de l’interlocuteur. Cela est appelé l’activité métacognitive, activité qui est délicate chez la personne schizophrène. C’est pourquoi sa compréhension de la communication dans ses aspects les plus purement métacognitifs comme l’humour, l’ironie ou les métaphores. Ce qui peut amener le schizophrène à parler comme si l’Autre et son discours n’existait pas. Il est donc essentiel en qualité d’éducateur spécialisé de tenir compte de ces éléments afin de ne pas créer plus de souffrance et d’incompréhension chez les bénéficiaires ou patients affectés. 76 9. Vidéo « Des années perdues » a) Synopsis1 : Bart étudie à l’école de cinéma lorsqu’il est frappé par le sort. L’étudiant se bat contre sa première psychose, mais refuse de chercher de l’aide, de sorte qu’il dépérit toujours plus. Bart est interprété par Wouter de Jong, qui s’est fait connaître grâce à son rôle de Milan Verhagen dans Goede Tijden, Slechte Tijden. Frederik de Groot et Sijtze van der Meer font également partie de l’affiche. 1 http://www.verlorenjaren.nl/?lang=fr 77 Le scénario de ce film dramatique est basé sur des expériences de Bas Labruyère. Le régisseur âgé de 35 ans est atteint de schizophrénie et doit lui-même lutter contre des psychoses. Ce n’est qu’après trois ans qu’il s’est fait admettre en hôpital psychiatrique. Après son rétablissement, il a écrit une lettre pour partager ses expériences avec sa famille et ses amis. Encouragé par son médecin traitant Wim Veling, il a décidé de porter la lettre à l’écran. Des Années Perdues (Verloren Jaren) est le premier film où le spectateur vit une psychose à travers les yeux d’un expert d’expérience. Le projet s’est fait grâce au soutien du groupe pharmaceutique AstraZeneca, de Stroom Den Haag, de Fonds Nuts Ohra et de Stichting Koningsheide. Avec le film, les intéressés veulent attirer l’attention sur les premiers signes des psychoses. Le film a été réalisé par JensenFrisbee en collaboration avec le centre psychomédical Haagse Parnassia. 78 Chaque année, environ 3.000 jeunes néerlandais sont victimes d’une première psychose. Bien qu’elle semble souvent inattendue, il y a généralement quand même des signes annonciateurs. Comme elle n’est souvent pas diagnostiquée, leur vie est déjà très désorganisée au moment où ils cherchent de l’aide. Plus une psychose ou ses signes annonciateurs sont traités à un stade précoce, moins elle sera profonde et meilleures seront les possibilités de rétablissement. Dans le cadre de ce film2, le tableau délirant de la schizophrénie est bien illustré, le tableau dissociatif moins présent. Permet de percevoir la souffrance du sujet. Question : la prise de substances toxiques est-elle la cause du trouble ? La prise de substances n’est pas la « cause » mais peut être un élément déclencheur, un élément favorisant la décompensation. Dans le film dans un premier temps, les substances sont un moyen de décompenser qui deviennent ensuite une automédication. Certaines substances peuvent provoquer un délire passager (amphétamines, LSD) qui ne découlera pas sur une pathologie comme la schizophrénie. Dans d’autres situations, la décompensation a lieu lors de fins de cycles ; passage de l’adolescence à l’âge adulte, mariage, obtention d’un diplôme, entrée dans le monde du travail, fin des études secondaires, lors d’un divorce, départ d’un membre d’une famille,… 2 http://www.verlorenjaren.nl/le-film/?lang=fr 79 10. Prises en charge3 Comme dans la plupart des psychopathologies, il ne faut pas négliger, pour les troubles schizophréniques, l’augmentation du taux de mortalité qui peut en partie, s’expliquer par les suicides de personnes schizophrènes. Les troubles schizophréniques sont généralement précoces, ils sont considérés comme chronique c’est à dire qu’une fois que le diagnostic est posé, il est à vie. Pour que le diagnostic soit posé, il doit y avoir au minimum six mois consécutif d’une symptomatologie psychotique d’allure schizophrénique. Il s’agit donc d’un diagnostic rétrospectif au regard de l’évolution du patient. La présence d’un délire non systématisé pendant deux semaines est absolument insuffisante pour poser le diagnostic de schizophrénie. On parlera dans ce cas d’une bouffée délirante. Toutefois, l’évolution est néanmoins différente en fonction d’un certain nombre de facteurs : l’âge de début des troubles, le mode d’entrée dans la pathologie, la nature des épisodes, l’entourage dont bénéficie le patient et les prises en charge qui lui sont proposés. L’évolution de la maladie serait fortement liée à des facteurs socioculturels. En effet, des études réalisées par l’OMS montrent que l’évolution est plus favorable dans les pays en voie de développement que dans les pays industrialisés. 3 Besche-Richard et Bungener, Psychopathologie de l’adulte, Aramand Colin 2008 80 F. Les psychoses : Tableau récapitulatif PARA P.M.D. SCHIZOPHRENIE Délire de persécution SYMPTOMATOLOGIE 1 - mélancolie 2 - manie ÉTIOLOGIE - deuil impossible - identification à l’objet d’amour ANGOISSE 1 - culpabilité de mort 2 - persécution FANTASMATIQUE 1 - cannibalisme 2 - mégalomanie MÉCANISME DE DÉFENSE 1 - déni de la perte de l’objet 2 - déni de la dépression TRAITS DE CARACTÈRE 1 - anxieux, découragé 2 - excité, irritable - dissociation (incohérence de l’action ) - discordance (incohérence de la pensée) - fixé dans un stade narcissique (fusionné avec sa mère) - problème de langage digital et analogique (gestes ≠ mots) - morcellement corporel - anéantissement - possession - incestueuse (fusion avec la mère) => parfois passage à l’acte meurtrier sur les parents - déni (rejet, forclusion) - dénégation - intellectualisation - clivage introverti, renfermé, difficile d’accès, froideur affective - sentiment de persécution => cherche le persécuteur => passe à l’attaque Freud : amour homosexuel vers le persécuteur (je l’aime => il me hait) Lacan : auto-engendrement (pas de parents) Enriquez : pas de position dans la filiation car n’intègre pas la scène originaire Aulagnier : haine envers les parents, mais pense que c’est normal angoisse de persécution homosexuelle - projection - attaque - rationalisation paranoïaque se sent persécuté... Délire de et de reve - on lui fai on lui port préjudice - revendiq quelque ch qu’on lui a ou qu’on l refusé