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Un travail épidémiologique a même suggéré que le risque cardiovasculaire d'un D2 en prévention
primaire était au moins égal à celui d'un patient non diabétique en prévention secondaire. Des
données plus récentes sont toutefois moins pessimistes.
L'incidence de l'atteinte coronarienne ne dépend pas de la longueur d'évolution du D2, mais de
l’équilibre glycémique, des marqueurs et des facteurs de risque qui lui sont associés. Il a été
montré (Étude de Mac Léod) qu’une élévation modérée de la microalbuminurie (> 15 mg/j) est un
marqueur du risque vasculaire puisque associé à une augmentation significative de la mortalité
cardio-vasculaire. La microalbuminurie serait le marqueur d’une souffrance endothéliale diffuse.
Ce risque cardiovasculaire accru apparaît dès le stade de l'intolérance au glucose. L'Étude
Prospective Parisienne note que le risque de mortalité coronaire double dès que la glycémie à jeun
est entre 1,25 g/l et 1,4 g/l et triple quand elle est > à 1,4 g/l.
Le débat selon lequel la glycémie est un facteur de risque cardiovasculaire dans le diabète de type
2 reste ouvert. De nombreuses données épidémiologiques vont dans ce sens. Les résultats des
dernières études d’intervention (PROACTIVE, ADVANCE, ACCORD…) sont plus discutables. Il
faut retenir qu’en 2008, aucune étude n’a réussi à montrer qu’une intervention spécifique jouant
seulement et exclusivement sur la glycémie améliore le risque cardiovasculaire. Il n’en est pas de
même dans le DT1 où les patients randomisés dans le groupe « ttt intensifié » du DCCT présentent
à long terme moins de complications cardiovasculaires que ceux du groupe standard.
3 - PHYSIOPATHOLOGIE :
La physiopathologie de la macroangiopathie n’est pas encore connue avec certitude du fait de sa
complexité et des multiples facteurs en cause.
Même si son rôle a longtemps été sous-estimé, l’hyperglycémie par elle même est un facteur de
risque de la macroangiopathie. Plusieurs études cliniques ont démontré que la glycémie et/ou
l’HbA1c sont des marqueurs indépendants de mortalité cardio-vasculaire. Ainsi, dans l’étude
DIGAMI 2, dans une population de DT2 suivis après un infarctus du myocarde, une augmentation
de 2% de l’HbA1c conduit à une augmentation de la mortalité de 20 %. Les DT1 dont l’équilibre
glycémique est satisfaisant font moins d’évènements cardiovasculaires que ceux dont l’HbA1c est
chroniquement élevée. Les données épidémiologiques sont aussi en faveur de cette hypothèse.
L'hyperglycémie interviendrait en :
- favorisant la prolifération des cellules musculaires lisses sur la paroi artérielle,
- favorisant la glycation des lipoprotéines, du collagène...
- favorisant la thrombose,
- en augmentant le stress oxydatif
- en aggravant la dysfonction endothéliale.
La question restant en suspens en 2008 est celle de savoir jusqu’où baisser la glycémie et l’HbA1c.
Viser une HbA1c autour de 7 % semble être un objectif prudent, même s’il est souvent difficile à
atteindre en pratique courante.
Dans le DT2 la responsabilité de l’hyperinsulinisme dans la genèse de l’athérosclérose n’est pas
certaine. Plusieurs études effectuées dans les années 1970-80 avaient suggéré que
l’hyperinsulinisme était un facteur de risque de la macroangiopathie, mais ces études utilisaient des
kits de dosage dosant en même temps l’insuline “native” et ses précurseurs (notamment la pro-
insuline) qui seraient athérogènes. Plusieurs études récentes ne retrouvent pas de lien entre
l'insulinémie "vraie" et la mortalité cardio-vasculaire chez les diabétiques.
Par ailleurs, tous les facteurs de risque classiques de la maladie coronaire sont retrouvés avec une
fréquence accrue chez le diabétique et leur pouvoir pathogène est supérieur dans cette population à
celui qu’ils possèdent dans la population générale.
Plus de la moitié des D2 sont hypertendus et les données de l’étude MRFIT montre le pouvoir
délétère de cette hypertension : la mortalité cardio-vasculaire est supérieure chez un diabétique
ayant une TA systolique entre 140 et 159 mm Hg que chez un non diabétique ayant une TA
systolique entre 180 et 199 mm Hg.
L'étude UKPDS, a bien montré l'importance d'un contrôle strict de la pression artérielle chez les
diabétiques de type 2. Dans cette étude le contrôle strict de la TA permet, après 9 années de suivi, une