Le BP Brevet Professionnel de Préparateur en Pharmacie

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Toxicologie
(Le BP Brevet Professionnel de Préparateur en Pharmacie)
CHAPITRE 1 : CARACTERES GENERAUX
I.DEFINITIONS
1.LA TOXICOLOGIE
C'est une science qui s'occupe des poisons ou toxiques, de leur origine, de leurs propriétés, de
leurs mécanismes d'action, de leur recherche et des moyens de lutter contre leurs actions
nocives.
2.POISON OU TOXIQUE
On appelle poison ou toxique toute substance qui, après pénétration dans l'organisme, par
quelque voie que ce soit, soit à une dose relativement élevée en une ou plusieurs prises
rapprochées, soit par petites doses longtemps répétées, provoque, dans l'immédiat ou après
une phase de latence plus ou moins longue, de façon passagère ou durable, des troubles d'une
ou plusieurs fonctions de l'organisme, pouvant aller jusqu'à leur suppression complète et
entrainer la mort.
Ces toxiques sont très divers qui peuvent être des produits ménagers, des gaz polluant l'air,
des déchets polluant l'eau de consommation, des champignons, des végétaux, des
médicaments...
3.XENOBIOTIQUE
C'est une substance étrangère à l'organisme ou une substance exogène.
En général, les xénobiotiques sont produits par synthèse.
Ils sont susceptibles d'exercer des effets délétères (nocifs) sur les organismes vivants et leur
environnement.
II.DOMAINES D'ETUDE DE LA TOXICOLOGIE
1.TOXICOLOGIE PROFESSIONNELLE
Il s'agit de l'exposition quotidienne des travailleurs à des xénobiotiques qui peut entrainer des
effets néfastes sur leur santé.
Les maladies professionnelles reconnues et indemnisables sont inscrites à des tableaux (par
exemple, l'amiante provoque des cancers de la plèvre et le plomb le saturnisme).
Les maladies professionnelles sont surtout industrielles ou agricoles.
2.TOXICOLOGIE ALIMENTAIRE
Elle concerne trois domaines :
L'étude des végétaux ou animaux toxiques par eux-mêmes et qu'on pourrait penser
comestibles (ex : le Fugu, les champignons, les baies)L'étude des aliments contaminés par des
toxiques (ex : par contamination chimique liée à l'emballage qui ne présenterait pas
l'innocuité)L'évaluation des risques encourus par les consommateurs d'aliments auxquels on a
volontairement ajouté des additifs et qui peuvent être consommés pendant toute la durée de la
vie.Les additifs doivent être inscrits sur une liste dite positive et ils doivent être mentionnés
sur l'emballage
3.TOXICOLOGIE MEDICAMENTEUSE
Si le médicament est destiné à traiter une maladie, il peut aussi provoquerdes effets
secondaires plus ou moins graves ou des pathologies dites iatrogènes.
Il peut aussi être utilisé pour des tentatives de suicide ou entrainer des attitudes néfastes
comme la toxicomanie (pharmacomanie dans ce cas).
Au niveau de la conception du médicament, la toxicité du principe actifest étudiée et fait
partie du dossier d'AMM dans lequel on évalue le rapport bénéfices/risques sur plusieurs
espèces animales dont l'Homme.
4.TOXICOLOGIE ENVIRONNEMENTALE
Les polluants atmosphériques (gaz, vapeurs, poussières) peuvent être émis à l'occasion des
diverses activités humaines (chauffage domestique, industrie et agriculture, centrales
électriques, procédés industriels, transports).
Les principaux polluants atmosphériques sont le monoxyde de carbone, les hydrocarbures
imbrûlés, le plomb.
Les nappes phréatiques et eaux de boisson peuvent être contaminées par les nitrates et les
pesticides.
5.TOXICOLOGIE CLINIQUE
Elle recherche les éléments permettant le diagnostic et le traitement des intoxications.
Les xénobiotiques en cause sont très fréquemment des médicaments mais aussi des produits
domestiques, des produits phytosanitaires, des produits industriels, des plantes toxiques et des
venins d'animaux.
6.TOXICOLOGIE REGLEMENTAIRE
Elle a pour but de définir, de mettre en œuvre, d'expertiser, d'harmoniser dans un cadre
international les différences d'études toxicologiques nécessaires pour évaluer le risque toxique
des produits mis à la disposition de l'Homme afin de répondre le mieux possible à une
exigence de sécurité.
C'est ainsi que les médicaments ne pourront être commercialisés qu'après avoir obtenu une
AMM dont l'une des conditions sera une évaluation toxicologique rigoureuse.
III.DOSE ET MODULATION DES EFFETS TOXIQUES
1.RAPPEL DES DIFFERENTES CLOSES
1.1.LA DOSE MAXIMUM
Elle est déterminée lors d'essais thérapeutiques : c'est la dose au-delà de laquelle les effets
secondaires apparaissent et donc la dose à laquelle il y a danger d'intoxication.
Remarque : si le prescripteur désire administrer une dose supérieure à la dose maximale, il
doit faire précéder sa prescription de la mention « je dis » ou « je dis bien » qui dégage de
toutes responsabilités la personne exécutant l'ordonnance.
1.2.LA DOSE USUELLE
La dose usuelle correspond à la quantité de médicament à administrer pour obtenir l'effet
thérapeutique.
1.3.LA MARGE THERAPEUTIQUE
La marge thérapeutique se définit comme étant la différence entre la dose minimum
produisant un effet thérapeutique et la dose à laquelle apparaissent les effets secondaires dans
une population traitée.
2.LES FACTEURS DE MODULATION DE LA TOXICITE
2.1.LES FACTEURS DEPENDANT DU PATIENT
2.1.1.L'AGE
Deux périodes de la vie sont marquées par une plus grande sensibilité aux effets toxiques : la
petite enfance et la vieillesse.
C'est pourquoi, les nourrissons et les personnes âgées sont sujets à plus d'attention lors de la
prescription d'un traitement par rapport à un sujet adulte normal.
Chez l'enfant : le nouveau né présente une immaturité enzymatique et ilmétabolise donc
moins les médicaments que l'adulte. De ce fait, le médicament est moins éliminé ce qui
augmente sa toxicité.
De plus, il présente un rapport cerveau/poids corporel plus grand que l'adulte et donc il est
plus sensible aux médicaments agissant sur le système nerveux central.
Chez le sujet âgé : on constate une diminution du débit cardiaque, maisaussi une diminution
de la fonction hépatique et, enfin, une diminution de la fonction rénale.
Ces diminutions conduisent à une accumulation du médicament dans l'organisme, c'est
pourquoi il faut adapter la posologie.
2.1.2.LE SEXE
La femme est plus sensible aux médicaments que l'homme, d'une part à cause des variations
hormonales au cours du cycle et de la vie, et d'autre part le rapport masse grasse/masse maigre
est plus élevé que chez l'homme.
De plus, les doses de médicaments pour adulte ne sont pas données en fonction du poids et la
femme a en général un poids inférieur à l'homme.
2.1.3.L'ETAT PHYSIOLOGIQUE
La grossesseCette période correspond à une sensibilité particulière aux médicaments surtout
pour le fœtus car de nombreux médicaments traversent la barrière fœto-placentaire.
De plus, les changements hormonaux pendant la grossesse diminue le métabolisme.
L'allaitementCertains xénobiotiques peuvent passer dans le lait maternel, c'est pourquoi on
veillera à faire attention aux médicaments ingérés et à leur posologie.
2.1.4.LES FACTEURS GENETIQUES
Il faut savoir que différentes populations présentent des déficits enzymatiques, ce qui favorise
les intoxications.
2.1.5.L'ETAT PATHOLOGIQUE
La connaissance, lors du traitement d'une maladie, de l'existence préalable d'une autre maladie
doit conduire à renforcer la vigilance.
Par exemple, une insuffisance rénale ou hépatique va augmenter la toxicité du médicament,
ou encore, une lésion de la peau va augmenter la pénétration du topique et donc de ses effets
toxiques.
2.2.LES FACTEURS LIES AU XENOBIOTIQUE
2.2.1.PROPRIETES PHYSICO-CHIMIQUES DU MEDICAMENT
La liposolubilité peut être un facteur favorisant l'absorption.
Ex : les patchs nicotiniques nécessitent que le patient stoppe définitivement le tabac sinon il y
aura un surdosage.
2.2.2.PROPRIETES PHARMACOLOGIQUES ET PHARMACOCINETIQUES
Les substances dont la demi-vie d'élimination est longue s'accumulent dans l'organisme avec
un risque toxique accru. Certains xénobiotiques sont métabolisés par des mécanismes mettant
en jeu des molécules que l'organisme possède mais en quantité limitée, donc quand ces
mécanismes sont saturés, l'effet toxique apparaît.
2.3.FACTEURS LIES A LA VOIE D'ADMINISTRATION
L'action d'un médicament est plus ou moins rapide selon la voie d'administration. On classe
les voies par ordre de risque potentiel décroissant :
IV > pulmonaire > SC > IM > ID > rectale > orale > cutanée.
2.4.FACTEURS LIES A L'ENVIRONNEMENT
2.4.1.LES ALIMENTS
Les aliments inducteurs enzymatiques. Ils augmentent l'élimination du xénobiotique : si le
métabolite est toxique, l'inducteur enzymatique augmente sa toxicité (alcool, brocolis, choux
de Bruxelles, viande grillée)Les aliments inhibiteurs enzymatiques. Ils diminuent
l'élimination du xénobiotique : il y a donc augmentation du risque de toxicité du xénobiotique
(pamplemousse, fruits tropicaux)
2.4.2.LE TABAC
Le tabac est un inducteur enzymatique : il augmente donc la toxicité du métabolite toxique
d'un xénobiotique.
2.4.3.LE SOLEIL
Le soleil exerce une phototoxicité avec certains médicaments (antibiotiques).
IV.LES EFFETS TOXIQUES
1.NOTIONS DE TOXICITE DIRECTE ET INDIRECTE
1.1.TOXICITE DIRECTE
La toxicité directe est due à la molécule du xénobiotique lui-même.
1.2.TOXICITE INDIRECTE
La toxicité indirecte peut être due à deux facteurs :
Soit à un des métabolites qui est toxiqueSoit à l'ingestion d'un aliment ou d'une substance
contaminée par un toxique2.TOXICITE AIGUE ET NOTION DE DL50
2.1.TOXICITE AIGUE
Elle résulte de l'absorption d'une dose relativement élevée d'un xénobiotique en une seule fois
ou en plusieurs fois très rapprochées (moins de 24h).
2.2.LA DOSE LETALE DL50
La dose létale DL50 est l'expression numérique, sur le plan expérimental, de la toxicité aiguë.
Elle se définit comme étant la dose d'une substance entraînant la mort de 50% d'animaux
d'expérience.
La méthode consiste à administrer à un nombre suffisant de lots d'animaux des doses
croissantes de la substance que l'on teste de façon à ce que le pourcentage de mortalité varie
entre 0 et 100%.
On trace alors la courbe du pourcentage de mortalité en fonction de la dose administrée.
3.TOXICITE A MOYEN ET LONG TERME
3.1.TOXICITE A MOYEN TERME OU TOXICITE SUBAIGUE
Elle résulte de l'absorption répétée d'un xénobiotique, pendant un temps limité au maximum à
90 jours, chez l'animal, à des doses relativement élevées mais insuffisantes pour entrainer des
effets toxiques lors des administrations uniques.
Les études de toxicités subaiguës servent en particulier à mettre en évidence les organes
cibles.
3.2.TOXICITE A LONG TERME OU TOXICITE CHRONIQUE
Elle résulte de l'absorption répétée, pendant un temps suffisamment long, de faibles doses de
toxique.
En toxicologie expérimentale, les études de toxicité à long terme sont faites sur des durées
supérieures à 90 jours et sont dites chroniques.
Les effets toxiques observés lors des intoxications à moyen ou à long terme peuvent être la
conséquence de deux sortes de phénomène :
La cumulation des doses : à chaque nouvelle prise, la quantité de toxique éliminée est
inférieure à la quantité absorbée, donc la concentration du toxique dans l'organisme augmente
progressivement jusqu'à atteindre une concentration susceptible d'engendrer des effets
toxiques.La sommation des effets : les effets de chaque dose isolée s'ajoutent sans aucune
perte et pendant toute la vie (substances cancérogènes ou radiations ionisantes).4.TOXICITE
GENETIQUE
4.1.MUTAGENESE
La mutation correspond à la modification soudaine et transmissible, spontanée ou provoquée,
du génotype.
Un agent mutagène est un agent physique (radiation) ou chimique (certains médicaments)
capable de provoquer une mutation.
4.1.1.LES MUTATIONS GENETIQUES
Il s'agit de la mutation de la structure de la molécule d'ADN à l'intérieur d'un même gène.
Ces modifications se traduisent par l'addition ou la perte ou la substitution de paires de base.
4.1.2.LES ABERRATIONS CHROMOSOMIQUES
Ce sont des mutations qui se manifestent par des modifications du nombre ou de la structure
des chromosomes.
Ces modifications de structure sont dues principalement à des cassures de chromosomes et à
des réarrangements qui peuvent être intra ou inter chromosomiques.
4.1.3.EXEMPLES DE MEDICAMENTS MUTAGENES
Les anticancéreuxL'Aciclovir
4.2.CANCEROGENESE
En dehors de la croissance normale d'individu à l'âge adulte, les divisions cellulaires servent
seulement à compenser l'usure fonctionnelle et à maintenir constante la masse des tissus.
Cette stabilité de la division cellulaire peut être perturbée par la cancérogénèse qui est un
processus pathologique caractérisé par l'apparition de cellules différentes des cellules
normales de l'organisme, qui sont donc des cellules malignes caractérisées par deux propriétés
(qu'elles transmettent à leur descendance) :
Elles se divisent de façon anarchique et ne répondent plus aux signaux de régulation. Elles
envahissent les zones extérieures au tissu où elles sont apparues et détruisent les tissus
voisins.Elles peuvent migrer à distance du foyer tumoral par le sang ou la lymphe et créer des
foyers secondaires qui sont les métastases.
4.2.1.EXEMPLES DE MEDICAMENTS CANCEROGENES
Distibène*Imurel*
4.3.TERATOGENESE
Il s'agit de l'apparition de malformations congénitales au cours du développement de
l'embryon après exposition de la femme enceinte à des facteurs d'altération exogènes.
Ces malformations peuvent être externes (bec de lièvre) ou internes (malformation cardiaque),
viables ou non viables.
Une substance manifeste son action tératogène pour l'embryon à des doses qui n'entrainent
pas de perturbations visibles chez la mère. Il suffit qu'elle soit présente dans l'organisme
maternel pendant la phase sensible de la genèse d'un organe.
4.3.1.EXEMPLE DE MEDICAMENTS TERATOGENES
La thalidomideLe roaccutane*L'isotrétinoïneLe soriatane*5.IMMUNOTOXICITE
L'immunotoxicité regroupe l'ensemble des effets délétères provoqués par les xénobiotiques
sur le système immunitaire.
Il existe deux types d'effet :
L'immunosuppression, qui conduit à l'hypersensibilité (ex :
ciclosporine)L'immunostimulation, appelée également auto-immunité ou allergie, pouvant
conduire à un choc anaphylactique
6.CAS PARTICULIER DE LA PHOTOSENSIBILISATION
Il s'agit d'une réaction d'hypersensibilité de réaction cutanée en cas d'exposition solaire
associée à la prise d'un médicament par voie orale ou locale (ex : la doxycycline).
CHAPITRE 2 : PRODUITS RESPONSABLES D'INTOXICATION
I.MEDICAMENTS TOXICOMANOGENES
1.DEFINITIONS
1.1.PRODUIT TOXICOMANOGENE
Toute substance susceptible d'engendrer une toxicomanie ou une dépendance. Il peut s'agir
d'un produit licite ou illicite, naturel ou de synthèse.
1.2.TOXICOMANIE
La toxicomanie est le terme qui désigne l'utilisation périodique ou continue qui donne lieu à
une dépendance.
1.3.DEPENDANCE
C'est un état psychique, et quelques fois physique, résultant de l'interaction entre un
organisme vivant et une substance, se caractérisant par des modifications du comportement et
par d'autres réactions qui comprennent toujours une compulsion à prendre le produit de façon
périodique ou continue, afin de retrouver ses effets psychiques et quelques fois d'éviter le
malaise de la privation. Cet état peut s'accompagner ou non de tolérance.
Un même individu peut être dépendant de plusieurs produits.
DEPENDANCE PSYCHIQUEC'est un état caractérisé par le désir invincible de renouveler la
prise d'une drogue sans que s'en suive nécessairement une tendance à augmenter les doses et
sans qu'apparaissent un syndrome de sevrage en cas de cessation des prises.
DEPENDANCE PHYSIQUEC'est un état adaptif ayant comme conséquence l'apparition de
troubles physiques intenses lorsque l'administration de la drogue est suspendue. Ces troubles
constituent un syndrome de sevrage.
1.4.PHARMACODEPENDANCE
Il s'agit de la dépendance à une substance initialement utilisée pour son pouvoir thérapeutique.
C'est la dépendance aux médicaments.
1.5.TOLERANCE OU ACCOUTUMANCE
C'est une propriété que possède l'organisme de supporter sans manifester de réactions des
doses habituellement actives d'une substance déterminée.
Elle conduit à une augmentation des doses initiales afin de retrouver l'effet recherché ce qui
peut conduire à une overdose.
1.6.SEVRAGE
Il s'agit du ou des produits auxquels le toxicomane est habitué, ce qui entraine tremblements,
angoisses, nervosités, sueurs, nausées.
2.EXEMPLES DE MEDICAMENTS TOXICOMANOGENES
2.1.OPIACES
Ce sont des substances très toxicomanogènes. Il en existe de plusieurs types :
La morphine et ses dérivés : ce sont des antalgiques ou analgésiques centraux puissants (ex :
Moscontin* et Skenan*)La codéine : c'est un antalgique et/ou un antitussifLa
dextrométhorphane : c'est un antitussif2.2.BENZODIAZEPINES
Elles sont prescrites pour leurs propriétés anxiolytiques, hypnotiques et myorelaxantes.
Lors de traitement prolongé, surtout à posologie élevée, toutes ces benzodiazépines peuvent
provoquer une dépendance physique ou psychique avec un syndrome de sevrage à l'arrêt du
traitement. L'association de plusieurs benzodiazépines augmente la pharmacodépendance (ex :
Lexomil* et Temesta* = anxiolytiques, Havlane* et Rohypnol* = hypnotiques, Myolastan* =
myorelaxant).
2.3.BARBITURIQUES
Autrefois utilisés comme hypnotiques, ils sont aujourd'hui remplacés par les benzodiazépines
car ils étaient très toxicomanogènes (ex : Gardenal* qui est un phénobarbital utilisé dans les
traitements contre les épilepsies et les convulsions. Il a une durée d'action longue et peut
entrainer une dépendance après un traitement prolongé).
2.4.AMPHETAMINES ET DERIVES
Ces substances ont été retirées du marché en France. Elles étaient utilisées comme
anorexigènes et psychostimulants (ex : Dinintel* qui déclenche des maladies pulmonaires et
vasculaires graves).
3.LEGISLATION
3.1.REGLES GENERALES
Les médicaments toxicomanogènes sont tous listés.
LISTE ICette liste contient les benzodiazépines et les opiacés.
LISTE IICette liste contient entre autre les barbituriques.
STUPEFIANTSCette liste contient tous les morphiniques. Ces-derniers sont prescrits sur
ordonnance sécurisée pour 7, 14 ou 28 jours avec parfois délivrance fractionnée et interdiction
de chevauchements.
3.2.ROLE DU PHARMACIEN
Il doit contribuer à l'information et à l'éducation du public en matière sanitaire et sociale, ceci
pour lutter contre la toxicomanie, les MST et le dopage.
4.MEDICAMENTS DETOURNES DE LEUR UTILISATION NORMALE A DES FINS
D'INTOXICATION VOLONTAIRE
4.1.BENZODIAZEPINES
Les benzodiazépines, comme le Rohypnol* (flunitrazépam), à visée hypnotique, génèrent un
état de semi-conscience avec levée de l'inhibition, sensation euphorique et parfois agressivité
incontrôlable lorsqu'ils sont associés à de l'alcool.
4.2.DERIVES CODEINES
Les dérivés codéinés tels que le Codoliprane* ou le Neocodion* sont en vente libre à des
doses suprathérapeutiques et, lorsqu'ils sont associés à de l'alcool, ils provoquent
somnolences, nausées, vomissements et laryngospasmes pouvant aller jusqu'à l'arrêt
respiratoire.
4.3.ANTIPALUDIQUES
Les antipaludiques comme le Nivaquine* (chloroquine) sont de plus en plus utilisés dans le
but de suicide du fait de leur obtention sans ordonnance et de leur conditionnement en boite
de 100 comprimés alors qu'une dose supérieure à 5g est mortelle par toxicité cardiovasculaire.
5.TRAITEMENT SUBSTITUTIF ET NOTION DE PROTOCOLE
Il s'agit essentiellement de la désintoxication aux produits opiacés avec d'autres produits qui
prennent en charge principalement la dépendance physique.
La dépendance psychique nécessite une prise en charge psychologique et pharmacologique (à
base d'antidépresseurs).
Il existe 2 traitements de substitution : la méthadone et la buprénorphine.
5.1.LA METHADONE
C'est un produit administré par voie orale sous forme de sirop unidose ce qui a l'avantage
d'éloigner le toxicomane de la voie intraveineuse et d'éliminer le risque de contamination par
de nombreux agents infectieux.
Cette méthadone possède des propriétés antalgiques et son effet prolongé d'environ 24h
permet de stabiliser le patient à 1 dose quotidienne.
Cependant, il existe le risque de surdosage conduisant à une dépression respiratoire et un
risque de dépendance qui est toutefois inférieur à celui de la morphine.
Sa prescription est soumise à un protocole très strict. Le patient est d'abord suivi
quotidiennement dans un CSST (Centre Spécialisé de Soins aux Toxicomanes). Lorsque le
toxicomane est stabilisé sous méthadone, le médecin généraliste prend le relais du médecin du
CSST. Ce-dernier établit une prescription initiale précisant le nom du médecin généraliste. Le
médecin généraliste établit une seconde prescription sur une ordonnance sécurisée écrite en
toutes lettres pour une durée maximale de 14 jours de traitement et doit indiquer le nom de la
pharmacie qui va délivrer. Le patient va se présenter à la pharmacie muni de ces 2
prescriptions et la délivrance sera fractionnée en 2 fois 7 jours.
5.2.LE SUBUTEX* (BUPRENORPHINE)
Ce sont des comprimés sublinguaux.
Les effets euphorisant de la buprénorphine sont très faibles ainsi que le risque de dépendance.
Le Subutex* peut être prescrit initialement par tout médecin généraliste. Il est recommandé
que le médecin prescripteur, avec l'accord du patient, contacte un pharmacien de référence et
précise sur l'ordonnance sécurisée le nom de la pharmacie.
En début de traitement, une dispensation fractionnée est souhaitable. Le traitement débute par
une période de stabilisation à 8mg par jour jusqu'à obtenir un équilibre et se poursuit par une
phase de réduction des doses par pallier progressif. Sa prescription est de 28 jours maximum.
II.MEDICAMENTS UTILISES POUR LE DOPAGE
1.DEFINITION DU DOPAGE
Le dopage correspond à l'utilisation de substances ou de moyens destinés à augmenter
artificiellement le rendement en vue ou à l'occasion de la compétition et qui peut porter
préjudice à l'éthique sportive et à l'intégrité physique et psychique du sportif.
2.LISTE DE PRODUITS DOPANTS
2.1.SUBSTANCES INTERDITES
Les stimulants (éphédrine, caféine, cocaïne, amphétamines, terbutaline, salbutamol)Les
narcotiques (morphine, buprénorphine, méthadone)Les anabolisants :Les stéroïdes
androgènes (testostérone, nandrolone) = ce sont des hormones mâles qui font l'objet d'un
véritable trafic et, en association avec une diète hyperprotéinée, elles augmentent rapidement
la masse musculaire. Elles peuvent provoquer des cancers des glandes sexuelles ou du foie,
des stérilités et une masculinisation de la femme.
Les β2 agonistes (salbutamol, terbutaline)
Les diurétiques et autres produits masquant (furosémide, spironolactone)Les hormones
peptidiques :Les hormones de croissance
L'EPO (érythropoïétine) = c'est une hormone physiologique qui intervient dans la
production des hématies en augmentant artificiellement leur nombre donc il y une
augmentation de l'irrigation en dioxygène et par conséquent une augmentation du rendement
musculaire.
2.2.PROCEDES INTERDITS
Le dopage sanguin = c'est l'administration de sang, de globules rouges ou de transporteurs
artificiels de dioxygène.La manipulation pharmacologique, physique ou chimique = ce sont
des procédés qui modifient l'intégrité et la validité des échantillons.2.3.SUBSTANCES
SOUMISES A RESTRICTION
L'alcoolLes cannabinoïdesLes anesthésiques locauxLes corticostéroïdesLes β
bloquantsIII.VEGETAUX TOXIQUES
1.CHAMPIGNONS VENENEUX
1.1.CHAMPIGNONS MORTELS
Ils sont responsables d'un syndrome d'apparition retardée c'est-à-dire toujours après 6h parfois
même plusieurs jours.
L'amanite phalloïdeL'amanite vireuseL'amanite printanièreLa galère marginéeLa lépiote
bruneCeux-ci sont responsables d'un syndrome phalloïdien : après 12h environ apparaissent
des nausées, des vomissements, des douleurs abdominales suivies d'une atteinte hépatique
grave.
Le cortinaire couleur de RocouCelui-ci est responsable du syndrome cortinarien : il déclenche
une soif intense et une toxicité rénale.
Le gyromitre délicieuxCelui-ci est responsable du syndrome gyromitrien. Il est très souvent
confondu avec la morille.
1.2.CHAMPIGNONS TOXIQUES
Ils sont responsables d'un syndrome d'apparition précoce c'est-à-dire toujours moins de 6h. Il
est spectaculaire mais bénin.
Le bolet de SatanLe paxille enrouléLes clavaires (pas toutes mais une grande majorité)Les
russulesLe tricholome tigréLe clitocybe de l'olivierL'entolome livideCes champignons
déclenchent un syndrome gastro-intestinal.
Le clitocybe des fossésLe clitocybe blanchiL'inocybe de PatouillardCeux-ci déclenchent un
syndrome sudorien c'est-à-dire qu'ils déclenchent des sudations, des troubles gastrointestinaux, des troubles cardio-pulmonaires voir des troubles neurologiques.
L'amanite panthèreL'amanite tue-moucheCes 2 champignons déclenchent un syndrome
panthérinien c'est-à-dire qu'ils déclenchent des hallucinations et un état ébrieux.
Le psilocybe lancéoléCe champignon est hallucinogène.
Le coprin noir d'encreLe coprin miracéCeux-ci provoquent un effet antabuse c'est-à-dire qu'ils
provoquent des nausées et des vomissements lorsqu'ils sont associés à l'alcool.
2.PLANTES TOXIQUES
Les intoxications sont le plus souvent accidentelles et les enfants sont souvent les victimes.
Ces intoxications sont dues à des plantes sauvages (par curiosité ou par confusion avec des
plantes comestibles) ou à des plantes ornementales (au latex irritant).
La belladoneLe daturaLa digitale pourpreL'aconitLes cigüesLe narcisse ou la jonquilleLe
philodendron (ornemental au latex irritant)Le poinsettia (ornemental au latex irritant)Les
euphorbesLe colchique
CHAPITRE 3 : LUTTE CONTRE L'INTOXICATION
I.TRAITEMENTS SYMPTOMATIQUES ET ANTIDOTES
Le traitement des intoxications aigües fait appel à différents traitements thérapeutiques.
1.LES TRAITEMENTS SYMPTOMATIQUES
Ce traitement est instauré systématiquement et en priorité afin de maintenir les fonctions
vitales de l'organisme en attendant l'élimination spontanée du toxique.
Dans la plupart des cas, il constitue l'essentiel du traitement.
La connaissance de la nature exacte du toxique n'est pas nécessaire, bien qu'elle facilite la
stratégie thérapeutique.
Ce traitement consistera principalement en un maintien de la liberté des voies aériennes,
ventilation après intubation trachéale, monitorage et massage cardiaque.
1.1.CAS DE L'INTOXICATION SALICYLEE
Le traitement symptomatique est d'autant plus important qu'il n'existe pas d'antidote.
Il comporte une ventilation artificielle en cas de troubles de la conscience ou d'hypoxémie,
une correction de déshydratation par perfusion de soluté isotonique de NaCl ou de soluté
glucosé, avec compensation éventuelle de la perte de potassium, un rétablissement de
l'acidose métabolique par alcalinisation par le bicarbonate de sodium en fonction du pH
sanguin.
1.2.CAS DE L'INTOXICATION PAR LES ANTIDEPRESSEURS
Pour le cas de l'intoxication par les antidépresseurs tricycliques (Anafranil*, Clomipramine*,
Laroxyl*, amitriptyline), le traitement symptomatiques des convulsions se fait par injection
intraveineuse de diazépam (Valium*).
2.LE TRAITEMENT PAR ANTIDOTES
Ce traitement a pour but d'empêcher l'action du toxique lorsque l'état clinique du patient est
stabilisé et le permet.
Il ne peut être institué que pour des intoxications bien définies car il s'oppose à l'action d'un
toxique par un mécanisme d'action spécifique.
2.1.CAS D'UN SURDOSAGE PAR LE PARACETAMOL
On utilise le N acétylstéïne (Muconyst*) de façon précoce qui est précurseur du glutathion qui
empêche l'accumulation du métabolite hépatotoxique.
2.2.CAS DES INTOXICATIONS AUX MORPHINOMIMETIQUES
On utilise la naloxone (Narcan*) qui est un antagoniste pur et spécifique des morphiniques
c'est-à-dire qu'elle se fixe sur les récepteurs de la morphine dont elle déplace les morphiniques
car son affinité est plus forte.
II.PHARMACOVIGILANCE
C'est grâce à un résultat de l'OMS en 1962, suite au drame du thalidomide, qu'est née la
pharmacovigilance.
1.DEFINITIONS
1.1.LA PHARMACOVIGILANCE
La pharmacovigilance désigne l'ensemble des techniques d'identification, d'évaluation et de
prévention du risque d'effet indésirable des médicaments mis sur le marché à titre onéreux ou
gratuit.
Il s'agit, par ce système, d'assurer une surveillance permanente de la sécurité des médicaments
en aval de l'AMM.
La pharmacovigilance comprend :
Le signalement des effets indésirables résultant de l'utilisation des médicaments et le recueil
des informations les concernantL'enregistrement, l'évaluation et l'exploitation de ces
informations dans un but de préventionLa réalisation de toutes les études et de tous les
travaux concernant la sécurité d'emploi des médicaments1.2.EFFET INDESIRABLE
C'est une réaction nocive et non voulue se produisant aux posologies normalement autorisées
chez l'homme pour la prophylaxie, le diagnostic ou le traitement d'une maladie ou la
modification d'une fonction physiologique ou résultant d'un mésusage du médicament.
1.3.EFFET INDESIRABLE GRAVE
C'est un effet indésirable létal ou susceptible de mettre la vie en danger ou entrainant une
invalidité ou une incapacité ou provoquant ou prolongeant une hospitalisation.
1.4.EFFET INDESIRABLE INATTENDU
C'est un effet indésirable qui n'est pas mentionné dans le résumé des caractéristiques du
produit.
1.5.MESUSAGE
C'est une utilisation non conforme aux recommandations du résumé des caractéristiques du
produit.
1.6.IATROGENIE
C'est une manifestation clinique et/ou paraclinique, non souhaitable et consécutive soit à des
prises de médicament, soit à d'autres conduites thérapeutiques, soit à des techniques
instrumentales à finalité diagnostiques ou thérapeutiques.
L'iatrogénie médicamenteuse provient de 4 sources : la mauvaise observance,
l'automédication, les imprudences thérapeutiques et l'impondérable.
Les 3 premières sources (qui constituent la majorité des cas) représentent l'iatrogénie évitable.
2.ORGANISATION DE LA PHARMACOVIGILANCE
Le système national de pharmacovigilance comprend :
2.1.L'AGENCE FRANCAISE DE SECURITE SANITAIRE DES PRODUITS DE SANTE
OU AFSSAPS
Elle assure la mise en œuvre du système national.
Elle définit les orientations et coordonne les actions des différents intervenants et veille au
respect des procédures de surveillance.
2.2.LA COMMISSION NATIONALE DE PHARMACOVIGILANCE
La commission nationale de pharmacovigilance a plusieurs missions qui sont :
D'évaluer les informations sur les effets indésirables des médicamentsDe donner un avis au
ministre de la santé et au directeur général de l'AFSSAPS sur les mesures à prendre pour faire
cesser les incidents et les accidents qui se sont révélés liés à l'emploi de ces médicaments et
de ces produitsDe proposer les enquêtes et les travaux qu'elle estime utiles à l'exercice de la
pharmacovigilance. Ces travaux sont préparés par un comité technique
2.3.LES CENTRES REGIONAUX DE PHARMACOVIGILANCE OU CRPV
Ils sont chargés :
De recueillir les déclarations que doivent leur adresser les médecins, les chirurgiens-dentistes,
les sages-femmes et les pharmaciensDe recueillir les informations relatives aux effets
indésirables qui doivent leur être communiquées notamment par les établissements publics de
santé et les centres anti-poisonDe les transmettre au directeur général de l'AFSSAPS (sans
délai s'il s'agit d'effets indésirables graves)De procéder à l'évaluation des informations
relatives aux effets indésirablesDe jouer un rôle de formation et d'information des membres
des professions de santé et d'expertise et de conseil auprès des établissements de santé
2.4.LES MEMBRES DES PROFESSIONS DE SANTE
Ils ont l'obligation létale de notifier aux CRPV les effets indésirables graves ou inattendus
susceptibles d'être dus à un médicament.
Le pharmacien d'officine est en général le dernier professionnel de santé que voit le patient
avant qu'il ne prenne un médicament. Le pharmacien a donc un rôle important dans la
détection des effets indésirables mais a cependant tendance à ne pas notifier les effets
indésirables déjà connus et répertoriés dans le Vidal. Pourtant, la notion de fréquence est
importante pour l'évaluation de ces effets et du niveau d'alerte nécessaire. La démarche de
notification au CRPV d'un tel effet est donc indispensable et devrait devenir un réflexe.
3.REMARQUE SUR LE SYSTEME NATIONAL D'EVALUATION DE LA
PHARMACODEPENDANCE
Le terme de pharmacodépendance correspond à l'ensemble des phénomènes
comportementaux et psychologiques dans lesquels l'utilisation d'une ou plusieurs substances
psychoactives devient hautement prioritaire et dont les caractéristiques essentielles sont le
désir obsessionnel de se procurer et de prendre la ou les substances en cause et leur recherche
permanente.
L'état de dépendance peut aboutir à l'auto-administration de ces substances à des doses
produisant des modifications physiques ou comportementales qui constituent des problèmes
de santé publique.
Le système d'évaluation de la pharmacodépendance est organisé sur le type du système
national de pharmacovigilance et fait intervenir plusieurs acteurs qui sont :
L'AFSSAPSLa Commission Nationale des Stupéfiants et des Psychotropes et sont comité
techniqueLes centres d'évaluation et d'information sur la pharmacodépendanceLes
professionnels de santé : tout pharmacien ayant eu connaissance d'un cas de
pharmacodépendance grave ou d'abus grave de médicament, plante ou autre produit qu'il a
délivré, le déclare aussitôt au centre d'évaluation et d'information sur la pharmacodépendance
sur le territoire duquel ce cas a été détecté. Les coordonnées de 10 centres figurent dans les
premières pages du Vidal.
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