Qu’est-ce qui fait de l’alimentation un « champ d’expérimentation » pour l’innovation ? Résumé de l’exposé présenté le 27 mai 2003, à Berne, dans le cadre du symposium « Manger et boire en 2013 » par Jürg Minsch Relisons les « Federalist Papers » Alexander Hamilton, James Madison et John Jay publièrent le document qui allait être connu comme les Federalist Papers à l’époque où les États-unis d’Amérique étaient en train de se constituer, ou plutôt: commençaient à se constituer en État démocratique, sur la base des idées de la liberté individuelle et de la paix entre citoyens. Ces Federalist Papers sont une réflexion de fond sur la nature de la démocratie et les moyens de la réaliser. On était alors à la fin du dix-huitième siècle… Je vous accorde qu’il est difficile de lier cette entrée en matière avec le sujet de l’exposé, c’est-à-dire l’alimentation en 2013. Mais cela vous semblera sans doute plus clair si je vous dévoile le but de mon exposé : ébaucher les enjeux et les défis du secteur de l’alimentation dans la perspective d’un développement durable pour préparer la voie aux nouvelles innovations des dix prochaines années de Coop Naturaplan. C’est à cette fin que nous nous permettons de jeter un nouveau regard sur l’objectif du développement durable. Il s’agit ici de revenir au cœur du sujet. Je pense que le débat sur le développement durable a trop négligé cet aspect jusqu’à maintenant. D’abord destinée à concrétiser et encadrer le sujet dans le triangle magique Écologie – Économie – Social, la discussion relative aux indicateurs du développement durable semble involontairement dissoudre l’idée même de développement durable. Le même risque existait déjà lorsqu’il s’agissait de concrétiser l’idée de démocratie en Amérique, il y a deux siècles. Relisons donc les Federalist Papers: Le processus à l’œuvre dans les contributions (il s’agit de lettres de lecteurs) de Hamilton, Madison et Jay est particulièrement intéressant : partant d’une discussion théorique sur des questions aussi nombreuses que détaillées (autour de ce qui est et de ce qui fait une démocratie), ce processus conduit le lecteur à des concepts abstraits qui permettent de recentrer le débat sur la démocratie en en cernant l’essence. Il s’agit par exemple du droit donné à chacun de voter et de se présenter aux élections, de la division des pouvoirs, du fédéralisme – en un mot, des « inventions destinées à prévenir les abus de pouvoir ». Les constitutions des États démocratiques sont le résultat d’une recherche des institutions essentielles de la démocratie (traduites dans des règles de la vie sociale). Nous devons relire les Federalist Papers. Non pas parce qu’ils traitent de développement durable (ils n’en parlent pas) mais parce qu’ils montrent la nécessité et les potentialités d’un processus de dialogue et de recherche lorsqu’il s’agit de concrétiser des idées essentielles mais abstraites. 1 Un nouveau regard sur le développement durable Le développement durable est précisément une de ces idées abstraites qu’il faut remplir de contenu. La Commission Brundtland en donne la définition suivante, devenue célèbre depuis : « [...] un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. » (rapport Brundtland, 1987) Si, maintenant nous voulons adapter cette définition à la lumière de cette conquête de la culture qu’est la démocratie, nous obtenons la formulation suivante : Un renforcement de l’idée directrice de ce que doit être une société démocratique, dans le cadre des nouveaux défis historiques auxquels nous sommes confrontés, notamment les menaces pour l’environnement, mais également la mondialisation et la transition démographique. De ce point de vue, l’idée du développement durable n’est ni révolutionnaire, ni élitiste, mais elle rejoint la volonté d’assurer la dignité humaine, la liberté et la démocratie dans le monde d’aujourd’hui. Elle nécessite des inventions pour prévenir la tyrannie des décisions égoïstes qui ont des effets secondaires de plus en plus dangereux tant pour l’environnement que pour l’économie et la société. Car nous ne vivons par encore « en paix avec la nature ». L’activité économique, à l’âge industriel, reste encore marquée par ce qu’on peut appeler le syndrome de la recherche du profit maximum. Le développement durable menacé par la recherche du profit maximum Le besoin de ressources et bon marché et sa satisfaction par la politique économique des États ont une longue tradition, qui remonte à l’époque du mercantilisme. L’objectif général était alors, pour chaque pays, d’atteindre l’autosuffisance en augmentant la production domestique – notamment dans l’artisanat et les manufactures – afin de ne pas devoir importer des produits manufacturés essentiels (Issing 1984: pp. 35 et suivantes). Pour y parvenir, les pays conjuguèrent une politique protectionniste destinée à protéger leur balance commerciale à une politique visant à réduire le coût des facteurs de production qui rencontrait des résultats de plus en plus concluants. Cette politique visait à assurer la compétitivité des produits de l’industrie nationale sur le marché mondial, notamment en maintenant au plus bas le niveau général des salaires, objectif qui était atteint en soumettant le monde du travail à une discipline stricte et en favorisant la croissance démographique, ce qui augmentait le réservoir de main-d’œuvre. Cette « économie des bas salaires » (Heckscher 1932: pages 130 suiv., notamment p. 150), dans laquelle la richesse de l’État se bâtissait sur la misère du peuple, était complétée par des stratégies de réduction du coût des denrées alimentaires, mais aussi d’autres biens de consommation. Cela permettait de payer des salaires bas tout en limitant la pauvreté à un niveau « supportable ». Les stratégies « mercantilistes » de réduction des coûts se traduisirent par la suite par d’autres politiques ciblées sur les sources d’énergie et le bois. La politique du bois pratiquée à la veille de la révolution industrielle est le paradigme de la politique de réduction des coûts des ressources aujourd’hui. Au 18e siècle, le bois était la principale ressource et sa raréfaction se traduisit par d’importantes hausses de prix. La réponse fut une répartition dirigiste de l’offre, 2 privilégiant les branches d’activité considérées comme stratégiques (qui pouvaient acquérir du bois à des tarifs plus bas) au détriment des autres branches (tout en y réglementant strictement son utilisation). Cette stratégie ne permit pas de surmonter la pénurie, mais elle en fit peser le poids sur les secteurs considérés comme non prioritaires, où une véritable crise d’approvisionnement du bois vit le jour. À long terme, l’entreprise devait échouer. En Angleterre, puis sur le continent, la pénurie croissante de bois entraîna une hausse des prix du bois, une réduction de la consommation et un transfert de la demande vers la ressource d’énergie alternative de l’époque, le charbon, produit par « les forêts du sous-sol » (Sieferle 1982). Les deux éléments (la stratégie de réduction des coûts et la lutte contre ses inconvénients par des mesures régulationnistes) se retrouvent aujourd’hui encore dans la contradiction entre une politique économique qui reste d’inspiration « mercantiliste » et une politique environnementale qui vise à corriger après-coup les effets de la première. L’État moderne a intégré dans ses instruments, affiné, généralisé et « démocratisé » la mesure mercantiliste de réduction des coûts des ressources. L’attribution autoritaire des ressources aux branches exportatrices de l’économie a maintenant cédé la place à une politique d’usage effréné des ressources naturelles par tous (Minsch et al., 1996). Concrètement, il s’agit de politiques de réduction des coûts à tous crins (coût de l’énergie, des matières première, du traitement des déchets et des eaux usées, de la mobilité des facteurs de production), puis d’une politique d’exploitation illimitée des espaces et enfin d’une politique de réduction des coûts de gestion des risques technologiques (réduction de la responsabilité et du champ de l’assurance). Premières victimes de cette politique : l’agriculture et l’alimentation La politique de réduction des coûts d’exploitation de la nature va de la non-prise en compte des externalités négatives à une politique d’aménagement définie exclusivement en fonction de l’offre, en passant par les formes les plus diverses de réduction directes et indirectes des coûts (réductions et exemptions d’impôts, subventions). L’actualité nous en fournit un exemple criant avec les flottes de pêche surdimensionnées entretenues à coup de subventions qui défient toute idée de développement durable, y compris en Europe. Surexploitant leurs propres ressources halieutiques, les flottes pratiquant la pêche industrielle sont amenées à rechercher de nouvelles ressources dans d’autres zones de pêche, dans lesquelles elles évincent les flottes de pêche artisanale, certes moins bien équipées mais potentiellement bien plus durables (par exemple au large du littoral d’Afrique de l’Ouest), avec des conséquences économiques et sociales désastreuses. Il existe des exemples analogues pour presque toutes les ressources naturelles : pensons notamment à la diminution des surfaces agricoles utiles et à l’augmentation dramatique de la pénurie en eau (eau potable, eau utilisée dans l’agriculture). Autant une politique de réduction des coûts des ressources peut être efficace dans une économie caractérisée par une production insuffisante pour satisfaire les besoins et par des ressources naturelles presque illimitées, autant elle devient problématique aujourd’hui : à l’échelle mondiale, elle revient à considérer comme inévitable la destruction des bases de notre alimentation. Autrement dit, elle engendre des pénuries au lieu de fournir les moyens de les surmonter. Et il n’y a pas de domaines où la crise est plus patente que dans l’agriculture et l’alimentation. Ce que cette politique dépassée signifie, non seulement au plan écologique, mais également en ce qui concerne l’économie et la sécurité, nous le voyons clairement avec l’exemple de la Chine. En quelques années, la croissance économique a transformé ce pays exportateur de 3 pétrole en un pays importateur. D’après les prévisions, la Chine devra importer la moitié de son pétrole d’ici à 2010. Le « Journal de la jeunesse » explique qu’en cas de crise, Pékin devra envisager de prendre des mesures « diplomatiques, économiques et militaires pour garantir l’approvisionnement en pétrole et la pérennité de sa croissance économique ». (Der Standard, 4 octobre 2002, p. 22). L’importance de cette information devient claire quand on pense qu’environ 95 % de la consommation mondiale d’énergie sont couverts par des énergies fossiles. Tous les exemples que nous avons évoqués nous amènent à conclure à un dangereux risque de déstabilisation sur les trois plans : écologique, économique et social. Tous ces processus sont renforcés par la mondialisation. Pour prendre un nouvel exemple, s’il n’est déjà pas possible de s’accorder au niveau européen sur une politique commune des transports qui soit une solution crédible au problème du transit alpin, comment les politiques peuvent-ils espérer apaiser les angoisses provoquées par la mondialisation (que les progrès des technologies de l’information accélèrent encore) ? Le centre de congrès de Davos, qui se transforme en une forteresse assiégée pendant la durée du World Economic Forum, est un symbole de l’impuissance grandissante des politiques face à un développement (écologique, économique et social) mondial non durable. C’est bien là le paradoxe d’une économie qui se mondialise de plus en plus : dans leur recherche effrénée de main-d’œuvre bon marché et de normes environnementales les moins contraignantes possibles, les entreprises favorisent l’instabilité politique et sociale. Les filières mondiales de création de valeur ajoutée sont de plus en plus dangereusement fragilisées. Ce sont finalement la démocratie, l’économie de marché et la paix qui sont les grandes perdantes Des conquêtes que l’on croyait solides, comme la dignité humaine, la liberté, la démocratie, l’économie de marché et la paix, sont menacées. Ces menaces écologiques, sociales et économiques qui pèsent sur le « bien vivre » font du développement durable la priorité des priorité et nous obligent à élaborer des mesures de fond, c’est-à-dire à même de s’attaquer aux causes du problème. La solution ne viendra ni d’un surcroît régulationniste de politique environnementale ni du recours croissant aux mécanismes du marché si la société continue à augmenter sa consommation effrénée des ressources naturelles. Aujourd’hui, on constate à la fois une surexploitation de l’environnement et une tendance insidieuse à saper les mécanismes de l’économie de marché : une stratégie de régulation minutieuse est en effet en contradiction avec les principes de base de l’économie de marché, à savoir que l’environnement économique doit être régi par un nombre aussi réduit que possible de règles générales. De même que la politique de réduction du coût du bois s’est finalement heurtée aux limites de l’environnement (rareté absolue) et a dû passer par des politiques de reforestation, de même la politique d’exploitation de la nature à bon marché a aujourd’hui atteint ses limites. Mais le défi qui se présente à nous est bien plus difficile qu’à l’âge du mercantilisme : remonter aux causes nécessite une « réglementation écologique générale » qui englobent tous les champs politiques que nous avons mentionnés (avec leurs acteurs économiques et politiques) : ce n’est qu’ainsi que nous disposerons de « services naturels », terme générique que nous pouvons utiliser pour caractériser ce projet. Concrètement, il s’agira de disposer de « services énergétiques » au lieu d’une politique de réduction du coût de l’énergie, de « services matériel » au lieu d’une politique de réduction du coût des matières premières et de l’élimination, de « services de mobilité » au lieu d’une politique de réduction du coût des 4 transports, de « services de l’espace » au lieu d’une exploitation effrénée de l’espace, et enfin d’une politique de prévention des risques majeurs. Nous sommes actuellement bien éloignés de tout cela. La question écologique est encore trop souvent reléguées parmi les tâches d’une politique environnementale spécialisée. Plusieurs pistes existent. Une solution sera de redécouvrir la société civile et les niveaux local et régional et leurs acteurs, pour leur confier les problèmes non résolus au niveau global. On pourra également confier à la politique internationale la résolution des effets secondaires des politiques menées, le plus souvent sur la base d’analyses nationales erronées, et aussi miser sur les innovations des entreprises tout au long de la chaîne de production et de transformation. Cette approche permet d’identifier des lieux et des acteurs importants. Mais elle ne conduit pas encore à une authentique valorisation de ces acteurs et institutions, qui sont davantage amenés à gérer la pollution existante qu’à participer au développement durable. Des inventions contre la tyrannie des décisions égoïstes L’exemplarité du secteur de l’alimentation Comment réformer les systèmes démocratiques fondés sur un État de droit pour qu’ils soient en mesure de reconnaître et de relever les défis de l’avenir ? Que faut-il inventer pour lutter contre la tyrannie des décisions égoïstes ? Il est intéressant de constater sur le plan politique l’émergence et l’importance croissante de nouvelles règles du jeu (institutions). C’est ainsi qu’on parle de plus en plus de l’État comme d’un « acteur de la négociation », caractérisé par le fait que dans l’exécution des normes et des missions étatiques, outre les tâches de contrôle, l’aspect « négociation » avec les destinataires de ses normes trouve sa place parmi les tâches traditionnelles de l’État. Cette tendance a été décrite comme une transition d’un régime de contrôle centralisé à une assistance à l’autocontrôle. Étant donné que ce ne sont pas les fondement juridiques et de légitimation qui ont changé mais la nature des problèmes et les instruments utilisés par l’État pour les résoudre, on peut parler d’une « mutation des formes de l’action politique ». Il apparaît que la politique est de moins en moins limitée aux acteurs étatiques. Le traitement des problèmes est de plus en plus assuré en coopération avec d’autres acteurs, voire par ces acteurs sans que l’État n’intervienne (p. ex. communes, réseaux de villes, entreprises, branches, associations). Cette évolution ne garantit pas que le développement sera durable. Mais elle nous invite à considérer la société comme un système capable d’innovations et à l’organiser comme telle : La condition du développement durable est une économie et une société capables de changer. C’est pourquoi il est nécessaire de concevoir et de modeler l’économie et la société dans leur ensemble comme un système générateur d’innovations. Dans une première approche, ce système possède trois leviers d’action : au niveau micro (entreprise et consommateur), au niveau méso (réseaux, niveaux local et régional, communes, société civile) et au niveau macro (politique, conditions générales, institutions). Pour que le développement soit durable, il doit y avoir une interaction créatrice et génératrice d’émulation entre ces trois niveaux. Les entreprises ont très certainement un rôle essentiel à jouer : avec les biens et services qu’elles mettent sur le marché, elles déterminent de manière décisive les modes de vie et de consommation et contribuent donc notablement à l’élaboration de l’avenir. Le monde 5 économique a véritablement réalisé des améliorations considérables en matières d’écologie et, plus largement, de développement durable. Le besoin « alimentation » est à cet égard particulièrement intéressant car il a été très tôt le théâtre de stratégies écologiques de grande ampleur qui ont, depuis, entraîné et plus ou moins intégré tous les acteurs du secteur : tout au long de la chaîne, de la production à la consommation et à la restauration ; mais aussi dans les régions et les chaînes régionales de valeur ajoutée, dans le système de formation, les médias et le monde politique (politique agricole, mais aussi aménagement du territoire et politique commerciale). Cet élargissement engendre des potentiels de conflits ou des problèmes de pondération : par exemple quand il s’agit de choisir un fournisseur de denrées alimentaires local ou régional opposé à un fournisseur international (chaîne de valeur ajoutée régionale ou possibilité de développement pour les pays du Sud ou d’Europe de l’Est) ou encore un petit distributeur opposé à un grand distributeur. Il n’en reste pas moins que, pour définir un management des innovations axés sur les besoins qui soit favorable au développement durable, l’alimentation constitue un « champ d’expérimentation » particulièrement intéressant, très fécond et très exigeant. Je pense que nous avons là une piste prometteuse pour lutter contre la tyrannie des décisions égoïstes ! Ne serait-ce que de ce point de vue, on ne peut que souhaiter la continuation, voire l’expansion du programme COOP Naturaplan. Une autre raison milite en faveur de la continuation de ces efforts précisément dans le domaine de l’alimentation : celle-ci est un besoin essentiel, et réussir à rendre le développement durable ici (de manière substantielle et exemplaire) contribuerait de manière importante à la paix dans le monde. Pour conclure: des actions crédibles et substantielles visant à assurer un développement durable dans le secteur alimentaire en général et sur toute la chaîne, de la production à la consommation en particulier, sont les seules stratégies possibles pour prévenir une déstabilisation de la chaîne de production due à des problèmes écologiques (et en dernière analyse sociaux et économiques). Ouvrages consultés (sélection): Brundtland-Bericht, hrsg. von Hauff, V (1987): Unsere gemeinsame Zukunft. Der Brundtland-Bericht der Weltkommission für Umwelt und Entwicklung, Greven Daly, H.E. (1992): Steady-State Economics, GAIA 1 (1992) no. 6, S. 333 Der Föderalist von Alexander Hamilton, James Madison und John Jay, hrsg. und mit einer Einführung versehen von Felix Ermacora (1958), Wien (Originalausgabe: The Federalist, ed. by Lodge, H.C. (1886) New York and London) Heckscher, E.F. (1932): Der Merkantilismus, erster Band. Jena Homann, K. (1996): Sustainability – Politikvorgabe oder regulative Idee? In: L. Gerken (Hrsg.): Ordnungspolitische Grundfragen einer Politik der Nachhaltigkeit, Nomos, Baden Baden Issing, O. (1984): Geschichte der Nationalökonomie. München Minsch, J. / Eberle, A. / Meier, B. / Schneidewind, U. (1996): Mut zum ökologischen Umbau. Innovationsstrategien für Unternehmen, Politik und Akteurnetze. Basel / Boston / Berlin 6 Minsch, J. / Feindt, P.-H. / Meister, H.-P. / Schneidewind, U. / Schulz, T.(1998): Institutionelle Reformen für eine Politik der Nachhaltigkeit, Studie im Auftrag der Enquete-Kommission „Schutz des Menschen und der Umwelt“ des 13. Deutschen Bundestages, Berlin / Heidelberg / New York Schneidewind, U. et al (1997): Institutionelle Reformen für eine Politik der Nachhaltigkeit: Vom Was zum Wie in der Nachhaltigkeitsdebatte, GAIA 6, 1997, no. 3, S. 182-196 Sieferle, R.P. (1982): Der unterirdische Wald – Energiekrise und Industrielle Revolution. München Professeur Jürg Minsch Chair de développement durable Universität für Bodenkultur Muthgasse 107 1190 Vienne (Autriche) [email protected] 7