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Le Courrier de l’algologie (4), no1, janvier/février/mars 2005
ASA 2004
ASA 2004
25 minutes. Ce test est d’autant plus intéressant que l’injec-
tion unique s’est faite sur une réponse en flexion plantaire
des orteils (Sukhani et al., Anesth Analg 2004;99:584-8)
et que le taux de succès à 25 minutes passe à plus de
96 % lorsqu’on ne retient que les patients dont le territoire
cutané sural est bloqué à 2 minutes !
La neurostimulation dans tous ses états
L’équipe de Singelyn (Bruxelles) a présenté deux commu-
nications sur ce thème. Le travail de Fuzier et al. (abstract
A-889)confirme les résultats récemment publiés par Had-
zic (Anesthesiology 2004;100:1526-30) montrant que la
position de l’électrode cutanée (sur le membre ipsilatéral ou
sur le membre opposé) n’avait aucune importance, à en juger
par le courant minimal nécessaire pour obtenir une réponse
musculaire. On remarque que les mesures ont été pratiquées
à faible intensité et donc en approche finale, là où le neuro-
stimulateur délivre les intensités demandées. Cette ques-
tion du positionnement de l’anode a plus d’intérêt en début
de recherche, au moment où l’on demande au neurosti-
mulateur de délivrer des intensités élevées. Théoriquement,
en effet, plus la distance électrode-aiguille est grande, plus
la résistance est grande, et plus il est difficile, pour des neuro-
stimulateurs de faible impédance, de maintenir un courant
constant. La distance électrode-aiguille est donc un facteur
négligeable en comparaison de la qualité des électrodes et
des caractéristiques de la peau du patient.
Dans le second travail, Richez et al. (abstract A-890) partent
de la quantité de courant en nC (nanoCoulomb) pour définir
un seuil en deçà duquel on peut considérer que l’extrémité
de l’aiguille est suffisamment proche du nerf pour injecter
la solution anesthésique. Ce courant-seuil est habituelle-
ment de 0,5 mA à 100 µs, soit 50 nC. Peut-on considérer
comme valide ce seuil de 50 nC quelle que soit la durée
de stimulation ? Pour le savoir, les auteurs ont réalisé des
blocs sciatique, fémoral et médian avec une quantité de
courant initiale de 150 nC et une durée de stimulation de
50 µs jusqu’à l’obtention d’une réponse musculaire. La
quantité de courant est ensuite progressivement diminuée
tant que la réponse musculaire est toujours présente. Sans
mobiliser l’aiguille de neurostimulation, la durée de stimu-
lation est ensuite portée à 150 et à 300 µs. Pour ces durées,
la quantité minimale de courant nécessaire au maintien de
la réponse musculaire est alors enregistrée, et les résultats
montrent qu’avec des durées courtes (50 et 150 µs), le seuil
de moins de 50 nC peut être atteint. En revanche, pour des
durées plus longues (300 µs), considérer un tel seuil mini-
mum ≤50 nC peut s’avérer dangereux, puisque les quan-
tités minimales de courant permettant d’obtenir une réponse
musculaire se situent entre 68 et 79 nC ! Au total, il n’est
pas souhaitable de parler en nC, car la durée est un facteur
clé qui doit toujours être précisé. Une durée courte est plus
discriminante, plus précise pour une approche finale. Il reste
donc de beaux jours aux mA et aux µs, malgré les nC…
Désinfection cutanée
et anesthésie péridurale : …CQFD
L’effet de trois “désinfectants” (povidone iodée/isopropa-
nol + povidone iodée/chlorhexidine alcoolisée) sur la conta-
mination de l’aiguille et du cathéter de péridurale par des
bactéries de la flore cutanée a été comparé par une équipe
japonaise (Shibata et al., abstract A-928). Pour ce faire,
282 patients bénéficiant d’un acte chirurgical avec indica-
tion d’une anesthésie/analgésie péridurale ont été répartis
en trois groupes : dans le premier (n = 98), la peau a été
préparée avec de la povidone iodée à 10 % appliquée en
deux couches ; dans le second (n = 87), l’application d’iso-
propanol à 70 % était suivie de deux applications de povi-
done iodée à 10 % ; le dernier groupe (n = 97) recevait deux
applications de chlorhexidine alcoolisée à 80 %. Immédia-
tement après la pose du cathéter de péridurale, l’extrémité
de l’aiguille était mise en culture. Le cathéter était retiré entre
J1 et J8 et son extrémité était également mise en culture.
Les résultats ont montré une incidence significativement
plus importante de colonisation bactérienne avec les deux
solutions de povidone iodée qu’avec la chlorhexidine
alcoolisée à 80 %, au niveau de l’extrémité de l’aiguille
(39,8 % vs 36,8 % vs 6,2 %) ainsi que du cathéter (40,8 % vs
33,3 % vs 14,4 %). La contamination des cathéters montés
au travers d’aiguilles, elles-mêmes contaminées, était
significativement plus importante que celle observée sur
des cathéters montés au travers d’aiguilles non contaminées
(67,5 % vs 15,1 %). Les auteurs en ont conclu que la conta-
mination de l’aiguille de péridurale est une source de con-
tamination du cathéter et que la chlorhexidine alcoolisée est
plus puissante que les solutions de povidone iodée.
La bétadine (povidone iodée) est un antiseptique fréquem-
ment utilisé pour la désinfection cutanée avant la pose
d’une péridurale. Lorsqu’on ne s’intéresse qu’à la conta-
mination cutanée par des prélèvements de surface à l’aide
d’un écouvillon, on peut observer un taux de réussite
important, avec une désinfection à plus de 95 % dans cer-