Remarques générales

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Corrigé EC partie 3 sur le marché
Remarques générales :
Ici, on nous demande de montrer que les mécanismes du marché ne sont pas toujours efficaces en
utilisant connaissances personnelles et documents.
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Certains ont oublié de citer tout ou partie des documents : ils n’ont donc pas respecté la
consigne. D’autres ont effectué un simple commentaire de document, oubliant du coup de
mobiliser les connaissances personnelles.
Il est nécessaire de bien choisir les éléments essentiels sans passer trop de temps sur les
éléments annexes. Il n’est pas utile de consacrer 10 lignes à la définition de chaque
phénomène et d’étaler vos connaissances.
Par exemple, dans un sujet de ce type, la différence entre les monopoles naturels et les
autres est de trop (voire le corrigé pour une manière de montrer rapidement que l’on sait).
De même sur les différents types d’oligopoles. Il n’est pas utile non-plus de prendre trois
exemples d’aléa moral ou de retracer la vie des abeilles depuis la création du monde
(j’exagère volontairement) sur la question des externalités.
Certains d’entre vous se sont montrés assez bavards, souvent sans mettre en lien les arguments avec
le sujet, ce qui est une double-erreur. La première partie a souvent été trop longue au détriment des
deux autres.
Attention, vous aurez 2h-2h30 maximum pour traiter un sujet de ce type, il faudra donc aller vite : ça
n’est pas une dissertation en 4h.
Comprendre et analyser le sujet :
Il faut traiter le sujet ! Vous êtes trop nombreux à vous être contenté d’une juxtaposition de vos
connaissances de cours sans montrer en quoi le marché était inefficace dans ces cas-là.
Traiter le sujet suppose de se poser deux questions qui vont guider la réflexion :
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Quels sont les mécanismes du marché ? Dans la majorité des copies, cela n’est même pas
abordé ce qui amène à des confusions. Les hypothèses de la CPP sont des conditions pour
que le marché soit efficace, pas des mécanismes du marché (ce qui ne veut pas dire qu’on ne
pouvait pas en parler).
Les mécanismes du marché dont on aurait pu parler : la rencontre de l’offre et de la demande
entraine la détermination d’un prix d’équilibre respecté par tous (price-taker) et d’une quantité
maximale d’échanges. Cela est permis par la concurrence que se livrent les acteurs économiques qui
ne peuvent ni pratiquer des prix plus élevés que celui du marché, ni avoir des produits de plus faible
qualité que les concurrents : les consommateurs basent leurs choix sur les prix. A l’équilibre, les
surplus sont équitablement répartis entre consommateurs et producteurs. Si les marchés
fonctionnent bien et grâce au signal des prix, l’allocation des ressources est optimale : les biens et
services socialement utiles sont produits dans les quantités adéquates.
Corrigé EC partie 3 sur le marché
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Quelles conditions permettent cette efficacité ? Elles sont contenues dans le paragraphe
précédent et partiellement dans les documents et permettent d’établir le plan :
La concurrence doit être réelle sinon on ne peut atteindre l’équilibre : prix et quantités produites
sont décidées par les agents et non par le marché. Les producteurs peuvent augmenter leur surplus
au détriment du consommateur (remise en cause de l’atomicité et de l’homogénéité).
L’information doit être transparente : information gratuite et immédiate de tous les acteurs sur les
produits et prix « fiables ». Dans le cas contraire, on fait les mauvais choix, la confiance est absente,
le marché peut disparaître (donc pas d’échanges).
Le bien ou service doit être pris en charge par le marché (retour à la définition : il faut une offre, une
demande et un prix). Dans le cas des externalités, il n’y a pas de prix (coût de la pollution ou
rémunération des apiculteurs) et la situation est sous-optimale. Dans le cas des biens collectifs, il n’y
a pas de demande déclarée car les consommateurs peuvent se comporter en passagers clandestins,
il n’y a donc pas d’offre pour ces biens socialement utiles : pas d’allocation optimale des ressources.
Il est nécessaire d’utiliser les notions du cours (en gras) et d’être précis. Attention également à la
formulation : vous êtes souvent trop flous ou incompréhensibles. Faites des paragraphes et sautez
des lignes au fur et à mesure. Faites des phrases de transition et ne sautez pas du coq à l’âne.
Les confusions fréquentes :
Les hypothèses de la CPP sont des mécanismes (en réalité, ce sont des hypothèses nécessaires au
bon fonctionnement du modèle.)
Pouvoir d’achat et pouvoir de marché !!!
Téléphonie mondiale et téléphonie mobile ???
Il faut rémunérer les abeilles !!! (ce sont les apiculteurs qu’il faut rémunérer).
Proposition de corrigé
(volontairement long pour réexpliquer certaines notions parfois
confuses)
Intro :
Le marché est défini par les économistes comme un lieu réel ou virtuel où offreurs et
demandeurs échangent des biens et services contre un prix. Si certaines conditions comme les
hypothèses de la CPP sont respectées, le marché est un mécanisme autorégulateur qui assure la
réalisation d’un maximum d’échanges pour un prix unique, dit d’équilibre. Le prix est considéré
comme un signal permettant la mise en adéquation des décisions individuelles aboutissant à une
allocation optimale des ressources et ce, sans intervention extérieure. Mais ces mécanismes ne sont
pas toujours efficaces. Dans certains cas parce que la concurrence est faussée. Dans d’autres parce
que l’information peut faire défaut aux agents. Enfin, nous verrons que certains biens et services ne
sont tout simplement pas pris en charge par le marché.
Corrigé EC partie 3 sur le marché
1. Le manque de concurrence met le marché en échec
La théorie néoclassique postule que le marché est efficace grâce à la mise en concurrence des
producteurs. Aucun ne peut influencer les prix car les producteurs sont nombreux et de petite taille
(atomicité) et que les produits ont tous des caractéristiques égales (homogénéité). Dans ce cas-là,
les échanges sont réalisés au prix d’équilibre qui assure des surplus équitables au producteur et au
consommateur et le jeu de l’offre et de la demande détermine les quantités échangées.
Dans la réalité, il se peut que les offreurs soient en petit nombre sur le marché. Les situations de
monopole (naturel ou dû à la concurrence) en sont le meilleur exemple. Dans ces cas-là, l’offreur est
seul sur le marché et est capable d’organiser la rareté pour maintenir des prix artificiellement élevés
(SNCF, l’entreprise de Beers sur le marché du diamant). L’exemple, donné dans le doc 1, des
constructeurs automobiles qui sont les seuls à pouvoir vendre des pièces détachées correspondant à
leurs modèles, au nom de la propriété intellectuelle, est un exemple frappant. En optimisant son
profit et en différenciant les prix en fonction des demandeurs, le monopole prive les consommateurs
d’une partie de leur surplus et ce n’est pas le marché qui fixe les quantités échangées.
La situation peut être la même pour certains oligopoles. Le manque de concurrence sur certains
marchés détenus par un nombre réduit d’offreurs se fait également au détriment des
consommateurs. Le cas, illégal des ententes va également dans ce sens, que les prix soient
artificiellement élevés (téléphonie mobile en France) ou la qualité des produits limitée (cartels des
ampoules « Phoebus »). On peut ajouter à cela les stratégies anticoncurrentielles qui permettent aux
producteurs de fausser ou de limiter le choix du consommateur, qu’on pense au marketing (Apple), à
la différenciation des produits ou à la création d’une demande captive (Nespresso).
Dans les cas cités l’absence ou le manque de concurrence confèrent aux entreprises un pouvoir
de marché rendant impossible un échange équilibré entre offreurs et demandeurs. Le manque
d’informations est un autre cas qui souligne la fragilité des hypothèses de la CPP.
2. Le manque d’information peut conduire à la disparition des échanges
L’existence du marché et des échanges suppose la confiance entre les acteurs économiques.
Cette condition est reprise dans l’hypothèse de transparence de l’information de la CPP : elle doit
être immédiatement et gratuitement disponible à tous. Or, l’incertitude, qui est la règle pour
Keynes, ou les situations d’asymétrie d’information fragilisent les échanges et rendent impossible la
fixation d’un prix d’équilibre.
Des exemples classiques d’asymétrie d’information (un des acteurs de l’échange possède une
information que l’autre n’a pas) sont le marché des assurances et celui des voitures d’occasion. Dans
le premier cas, c’est l’aléa moral qui peut mettre le marché en danger, les consommateurs pouvant
changer de comportement une fois la transaction effectuée. Si les offreurs appliquent un prix trop
élevé pour compenser ce risque, ils feront fuir les bons assurés, ce qui les mènera à la faillite. Dans le
second cas, l’incertitude des acheteurs sur l’état des véhicules tendra à faire diminuer le prix
d’équilibre aboutissant au retrait des bonnes voitures. C’est ce qu’on appelle la sélection adverse :
les mauvaises voitures chassent les bonnes et, personne ne souhaitant acheter de mauvaise voiture,
le marché disparaît. La nécessité de prix différenciés et adaptables aux comportements constatés, de
garanties ou de labels met en lumière l’échec des mécanismes du marché dans ces situations.
Corrigé EC partie 3 sur le marché
Le prix est, si l’on en croit Milton Friedman repris par le document 2, l’information essentielle au
fonctionnement du marché. En tant que signal, il permet aux acteurs économiques de faire les bons
choix. Les auteurs d’Alternatives Économiques soulignent cependant la nécessaire fiabilité des ces
prix, ce qui n’est pas le cas lorsque la concurrence est insuffisante (voir notre première partie) ou
quand le pris ne reflète pas les caractéristiques des produits. Lorsque les prix ne sont pas fiables, la
coordination des décisions des acteurs est mise en échec et l’allocation des ressources est sousoptimale. C’est également le cas pour les biens et services qui sont mal pris en charge par le marché.
3. Certains biens et services ne sont pas pris en charge par le marché.
Le fonctionnement des mécanismes du marché suppose qu’il existe une offre, une demande
solvable et que le prix (qui est à la fois un coût pour certains acteurs et une rétribution pour les
autres) puisse être fixé. Ca n’est pas le cas pour les biens collectifs et pour les externalités : dans ces
cas-là, le marché ne peut allouer efficacement les ressources.
Contrairement aux biens normaux qui sont rivaux et excluables, les biens dits collectifs
échappent à cette règle. Comme il n’est pas possible d’identifier les consommateurs réels ou
d’exclure ceux qui ne paieraient pas le prix, les demandeurs peuvent se comporter en passagers
clandestins. En d’autre terme, il n’y a pas de demande sur le marché bien que chacun souhaite
profiter du service rendu. Les entreprises se retirent naturellement de ces marchés et les biens ne
sont pas produits. La défense nationale et les phares côtiers en sont des exemples, ce qui explique
leur prise en charge par l’État.
Les externalités, qui sont par définition des phénomènes externes au marché, sont un second
exemple de l’échec du marché à allouer certaines ressources. Les externalités positives, comme celle
générée par les apiculteurs, où il n’est pas possible d’identifier les bénéficiaires et de rémunérer les
producteurs, sont généralement trop peu produites et la situation est sous-optimale. De même, la
pollution générée par les agents économiques constitue un coût social, mais ne représente pas un
coût privé pour ceux qui en sont responsables. Le fait que les États doivent se fixer des objectifs en la
matière, comme le montre le document 3 (les baisses des émissions des GES étant le plus souvent
liées à des ralentissements de l’activité économique), trahit la défaillance du marché en la matière.
Les externalités négatives sont trop produites ce qui entraîne une situation sous-optimale : les
ressources naturelles sont gaspillées et le bien être collectif remis en question.
Dans ces deux cas, le marché est un piètre « calculateur géant ».
Cl :
Nous avons démontré dans ce travail que les mécanismes du marché ne sont pas toujours
efficaces. Si le marché pourvoit aux besoins du plus grand nombre dans la majorité des cas et
permet généralement d’assurer un bien être social sans pénuries ou surproduction, la rencontre de
l’offre et de la demande et la fixation d’un prix d’équilibre nécessitent que les hypothèses de la CPP
soient respectées et que les biens produits soient pris en charge par le marché. Dans les cas
contraires, l’intervention de l’État est nécessaire pour rétablir la concurrence et la confiance,
encourager ou décourager certains comportements (internalisation des externalités) ou simplement
pour produire les biens socialement utiles en les finançant par les impôts.
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