Corrigé EC partie 3 sur le marché
1. Le manque de concurrence met le marché en échec
La théorie néoclassique postule que le marché est efficace grâce à la mise en concurrence des
producteurs. Aucun ne peut influencer les prix car les producteurs sont nombreux et de petite taille
(atomicité) et que les produits ont tous des caractéristiques égales (homogénéité). Dans ce cas-là,
les échanges sont réalisés au prix d’équilibre qui assure des surplus équitables au producteur et au
consommateur et le jeu de l’offre et de la demande détermine les quantités échangées.
Dans la réalité, il se peut que les offreurs soient en petit nombre sur le marché. Les situations de
monopole (naturel ou dû à la concurrence) en sont le meilleur exemple. Dans ces cas-là, l’offreur est
seul sur le marché et est capable d’organiser la rareté pour maintenir des prix artificiellement élevés
(SNCF, l’entreprise de Beers sur le marché du diamant). L’exemple, donné dans le doc 1, des
constructeurs automobiles qui sont les seuls à pouvoir vendre des pièces détachées correspondant à
leurs modèles, au nom de la propriété intellectuelle, est un exemple frappant. En optimisant son
profit et en différenciant les prix en fonction des demandeurs, le monopole prive les consommateurs
d’une partie de leur surplus et ce n’est pas le marché qui fixe les quantités échangées.
La situation peut être la même pour certains oligopoles. Le manque de concurrence sur certains
marchés détenus par un nombre réduit d’offreurs se fait également au détriment des
consommateurs. Le cas, illégal des ententes va également dans ce sens, que les prix soient
artificiellement élevés (téléphonie mobile en France) ou la qualité des produits limitée (cartels des
ampoules « Phoebus »). On peut ajouter à cela les stratégies anticoncurrentielles qui permettent aux
producteurs de fausser ou de limiter le choix du consommateur, qu’on pense au marketing (Apple), à
la différenciation des produits ou à la création d’une demande captive (Nespresso).
Dans les cas cités l’absence ou le manque de concurrence confèrent aux entreprises un pouvoir
de marché rendant impossible un échange équilibré entre offreurs et demandeurs. Le manque
d’informations est un autre cas qui souligne la fragilité des hypothèses de la CPP.
2. Le manque d’information peut conduire à la disparition des échanges
L’existence du marché et des échanges suppose la confiance entre les acteurs économiques.
Cette condition est reprise dans l’hypothèse de transparence de l’information de la CPP : elle doit
être immédiatement et gratuitement disponible à tous. Or, l’incertitude, qui est la règle pour
Keynes, ou les situations d’asymétrie d’information fragilisent les échanges et rendent impossible la
fixation d’un prix d’équilibre.
Des exemples classiques d’asymétrie d’information (un des acteurs de l’échange possède une
information que l’autre n’a pas) sont le marché des assurances et celui des voitures d’occasion. Dans
le premier cas, c’est l’aléa moral qui peut mettre le marché en danger, les consommateurs pouvant
changer de comportement une fois la transaction effectuée. Si les offreurs appliquent un prix trop
élevé pour compenser ce risque, ils feront fuir les bons assurés, ce qui les mènera à la faillite. Dans le
second cas, l’incertitude des acheteurs sur l’état des véhicules tendra à faire diminuer le prix
d’équilibre aboutissant au retrait des bonnes voitures. C’est ce qu’on appelle la sélection adverse :
les mauvaises voitures chassent les bonnes et, personne ne souhaitant acheter de mauvaise voiture,
le marché disparaît. La nécessité de prix différenciés et adaptables aux comportements constatés, de
garanties ou de labels met en lumière l’échec des mécanismes du marché dans ces situations.