INTRODUCTION
Avec Étienne Fouilloux…
Né en 1941, « fils unique d’une famille modeste, mais pas populaire,
récemment implantée dans la ceinture rouge de Paris1», Étienne
Fouilloux est aujourd’hui l’une des figures les plus respectées de
l’histoire contemporaine en France. Ce respect, il le doit d’abord à son
œuvre, plus de trois cents articles et une quinzaine de livres individuels
ou collectifs, dont plusieurs sont désormais des classiques. Entièrement
consacrée à l’histoire du christianisme, cette œuvre s’est construite autour
de trois pôles.
L’œcuménisme d’abord : sa thèse de doctorat d’État, publiée en 1982,
porte sur l’histoire des pionniers catholiques du dialogue œcuménique,
depuis la fin du XIXesiècle jusqu’à la veille du concile Vatican II, qui
devait voir leurs idées l’emporter après des années de combats et de diffi-
cultés2. Monument d’érudition intelligente, cette thèse l’a inscrit d’emblée
du côté d’une histoire religieuse attentive aux hommes, aux réseaux et
aux idées. Du côté d’une histoire du XXesiècle aussi, motivée par le désir
que le passé éclaire le présent. Il s’en explique dans un de ses très rares
textes autobiographiques :
Ma démarche fut et reste d’histoire régressive. Je pars de questions du
présent auxquelles je fournis l’éclairage du passé, faute de pouvoir les
résoudre. Ce passé ne m’intéresse pas pour lui-même, mais pour ce qu’il
me permet de comprendre du présent3.
1. Étienne Fouilloux, « Converti ? », Nunc, 6, novembre 2004, p. 55-63.
2. Les catholiques et l’unité chrétienne du XIXeau XXesiècle. Itinéraires européens
d’expression française, Paris, Le Centurion, 1982.
3. « Itinéraire d’une recherche », dans Étienne Fouilloux, Au cœur du XXesiècle reli-
gieux, Paris, Éditions de l’Atelier, 1993, p. 8.