
Les enfants de parents malades mentaux : de la parentification à la souffrance psychique
symptôme) ou psychotique (délire, rupture avec la réalité, déni du réel), et parfois mobiliser des défenses psychiques
inadaptées (perversion dobjet, clivage du Moi) ou réagir dangereusement (conduites destructrices, psychopathie,
attitude perverse, passage à lacte).
La psychologie clinique établit une typologie psychopathologique entre les névroses et les psychoses, afin dapporter
des nuances aux différents tableaux rencontrés. Calquée sur le modèle du diagnostic médical, cette schématisation
psychiatrique risque de classifier les individus suivant des petites « cases » nosographiques comme dans le DSM V-R
(la « bible » de la psychiatrie anglo-saxonne qui propose une classification des maladies mentales suivant différents
critères diagnostiques) et de perdre en nuance au plus grand détriment du sujet lui-même. De manière un peu
caricaturale, le névrosé serait celui qui prend conscience de sa propre souffrance, de ses symptômes et/ou qui
tenterait de sen sortir en cherchant à résoudre ses conflits intérieurs. En revanche, le psychotique serait le « fou » au
sens clinique du terme, cest-à-dire laliéné mental dautrefois. Même parfois insensés et incompréhensibles, les
symptômes ont pourtant du sens et servent aussi de « béquilles » psychiques à celui qui souffre.
Par définition, est « pathologique » celui qui se fait rejeter parce quil ne peut (ou ne parvient pas) à résoudre
intérieurement ses conflits, cest-à-dire celui qui reste en conflit avec lui-même et/ou avec les autres, celui qui reste en
état dinadaptation relationnelle et sociale, celui qui a perdu certains repères, celui qui est déstructuré mentalement et
ne parvient plus à communiquer plus ou moins « normalement », celui qui est totalement dépassé par sa propre
souffrance et souffre dune importante désespérance. Confronté à un mal intérieur qui le ronge ou à des angoisses
envahissantes, le sujet « pathologique » doit parfois entrer dans un état important de perturbation psychique (crise de
décompensation) avant de « retrouver ses esprits » (se réconcilier avec son moi profond) et entamer lentement un
processus de guérison (retrouver un certain équilibre psychique et un bien-être psychoaffectif). Le pathologique
signifie plus que lanormalité, à laquelle il ne se réduit pas. Un individu, une situation exceptionnelle ou étrange
peuvent paraître parfaitement « normal » : le génie, les sextuplés, quoique rarissimes, ne sont pas des phénomènes
morbides. Tandis que lanormal est ce qui dévie considérablement de la moyenne statistique. Le pathologique est ce
qui provoque la souffrance de lindividu (lésion organique, complexe psychologique, trouble existentiel, deuil
pathologique, mélancolie, compulsion obsessionnelle, angoisse dépressive, etc.).
Par définition, est « pseudo normal » celui qui aménage banalement une partie de sa personnalité, mais sans
résoudre en profondeur ses difficultés, cest-à-dire celui qui joue à la personne hypernormale, effacée, peu expressive
et conformiste, qui entretient une pseudo stabilité dans sa vie, mais qui fonctionne de manière immature, sans
véritables relations, en évitant de se remettre en question. Le sujet évite ainsi les questions périlleuses qui pourraient
déclencher un processus symptomatique comme la dépression. En évoluant dans une espèce de médiocrité
psychique et intellectuelle, le sujet évite à tout prix la dépression ou dautres symptômes. Il manifeste parfois un «
faux-self » de survie.
<h3 class="spip">Le sens du symptôme en psychopathologie</h3>
Au plan psychodynamique, le symptôme nest pas le signe dune maladie, mais plutôt lexpression dune souffrance
liée à un conflit inconscient. Le symptôme est donc porteur de sens (caché, non révélé à la conscience). Il peut
correspondre à un épisode ou à une crise, sans pour autant appartenir à toute structure de type névrotique ou
psychotique. On évoque alors un symptôme dallure névrotique ou psychotique, plutôt quun symptôme de structure,
cest-à-dire un symptôme incorporé à lorganisation même de la personnalité humaine. Il faut éviter dutiliser des
étiquettes pseudo diagnostiques et faire la distinction entre les épisodes, qui sont des états momentanés au cours
desquels le Moi na pas encore achevé sa maturation et instauré ses limites, et une défense symptomatique dune
structure névrotique ou psychotique. Par exemple, le symptôme de conversion hystérique, généralement tenu pour
simulation, est en fait une pantomime du désir inconscient ou de la réalisation dun fantasme inconscient, expression
du refoulé à forte connotation sexuelle. Selon Lacan, le symptôme va dans le sens dun désir de reconnaissance non
reconnu, dans la mesure où ce désir reste exclu, refoulé. Le symptôme réel est celui qui appartient à la structure de la
personnalité et qui génère des défenses psychiques de type névrotique contre langoisse, ou de type psychotique
contre la menace de morcellement et déclatement du Moi.
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