III. Les formes et dimensions de la maltraitance
La maltraitance peut s’exercer de façon interpersonnelle ou institutionnelle, de manière
horizontale ou verticale. Elle est toujours un abus de pouvoir, que celui-ci s’exerce de façon
formelle ou non. Le passage d'un mauvais traitement isolé ou exceptionnel à la maltraitance
institutionnelle n’est pas aisé à observer, à contrer ou à combattre. Il importe en
conséquence de prêter la plus grande attention et une vigilance de chaque instant à tout ce
qui peut provoquer ou favoriser l’acceptation tacite ou la banalisation sournoise de
comportements, de situations et de mesures inacceptables.
Il peut exister des situations de maltraitance non-intentionnelle, notamment celles où
l’institution fait l’économie d’une recherche de bientraitance.
La maltraitance peut prendre des formes variées :
• maltraitance corporelle (mauvais traitements répétés, violence physique, négligence
dans les soins, privation de nourriture ou de boisson)
• maltraitance sexuelle
• maltraitance psychologique (ignorance, menaces, chantage affectif ou financier,
harcèlement, moquerie, dévalorisation)
• maltraitance thérapeutique (contention injustifiée, acharnement médicamenteux,
mépris du consentement de la personne)
• maltraitance morale (manque de respect, déni de l’autonomie, mépris, humiliation)
• maltraitance environnementale (limitation de l’espace vital, confinement, isolement,
ostracisme)
• maltraitance matérielle (privation, confiscation, refus infondés d’accès aux médias ou
à de la documentation).
IV. Les critères éthiques
A quelles conditions éthiques peut-on parler de maltraitance ? Les critères éthiques
indispensables à considérer sont les suivants :
• Déni de l’autonomie de la personne
• Refus de considérer ses besoins essentiels
• Intention de nuire
• Application routinière de pratiques professionnelles discutables, non soumises à
évaluation
• Répétition ou compulsion
• Déni des protestations
• Refus de corriger la situation
• Surdité ou aveuglement face aux signes de maltraitance.
Une définition de référence de la maltraitance
En résumé, nous proposons la définition suivante de la maltraitance :
« On peut légitimement parler de maltraitance lorsque, dans l’accueil,
l’accompagnement et le traitement institutionnels d’une personne, sa dignité, son
autonomie, son intégrité corporelle, ses besoins fondamentaux, sa liberté de
mouvement, sa mobilité sociale ou ses droits à la propriété sont ignorés, entravés ou
diminués sans motifs connus et reconnus ».
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