Téléchargez le guide - Conseil départemental de la Drôme

ITINÉRAIRES>
LA DRÔME
GUIDEDES PATRIMOINES REMARQUABLES
Chaque commune de la Drôme possède au moins un élément patrimonial
remarquable, qu’il soit artisanal, industriel, agricole, religieux ou fortifié. Témoin d’un passé
ou d’une société disparue, il donne à notredépartement une richesse et un caractère
qui doivent être au quotidien l’objet d’une grande attention.
Si l’aménagement et la gestion du territoire sont des préoccupations majeures
du Département de la Drôme, ils n’excluent pas une prise en compte des équilibres fragiles
entre ville et campagne, entre création architecturale et patrimoine bâti ou naturel, entre
transformation et sauvegarde. La politique en matière de patrimoine que mène le Dépar-
tement est là pour en témoigner,que ce soit l’aide aux communes ou aux propriétaires
privés pour restaurer leurs édifices protégés, que ce soit le “+qualité patrimoine”
qui encourage les collectivités à mieux restaurer le patrimoine non protégé d’intérêt
départemental, que ce soit le travail réalisé par la Conservation du patrimoine en colla-
boration avec les différents services de l’État, Monuments Historiques / DRAC, Service
Départemental de l’Architecture et du patrimoine, et les associations soucieuses de la
sauvegarde et de l’entretien du patrimoine de proximité.
Parmi les centaines d’édifices et de sites remarquables de la Drôme, une
cinquantaine fait l’objet d’une présentation dans ce guide qui se veut complémentaire de
la carte “Patrimoines remarquables”. Cependant cette sélection propose une synthèse
de cette richesse, de la simple chapelle rurale au château prestigieux, du cabanon en pierre
sèche au village perché. Elle présente les lieux les plus emblématiques du département
en prenant en considération une répartition géographique des sites afin d’inviter les Drômois
et les visiteurs à découvrir l’ensemble de notre territoire.
DIDIER GUILLAUME
PRÉSIDENT DU CONSEIL GÉNÉRAL DE LA DRÔME
PIERRE PIENIEK
CONSEILLER GÉNÉRAL, DÉLÉGUÉ À LACULTURE
AVANT-PROPOS
«Patrimoines remarquables de la Drôme » est le troisième guide de la collection
Itinéraire
dont l’objectif est de présenter les ressources patrimoniales du département.
Le premier guide était consacré aux « Musées et maisons thématiques de la Drôme »,
le second aux « Musées et sites de la préhistoire dans la Drôme ». Ce troisième met en
évidence une cinquantaine de lieux remarquables ; il est réalisé en complémentarité avec
une carte touristique conçue comme une introduction à la découverte des patrimoines
de la Drôme à travers des thèmes et des typologies : les sites naturels, les routes, les
châteaux et les demeures, les villages perchés et fortifiés et les villes, le patrimoine reli-
gieux, le patrimoine agricole, artisanal et industriel, les musées, maisons thématiques et
sites archéologiques, les lieux de mémoire.
Présenter les patrimoines remarquables de la Drôme ne signifie pas se limiter
aux monuments historiques inscrits et classés, au patrimoine d’exception — le noble,
le majeur ou le monumental. Il est de s’attacher aux édifices de notre quotidien ou aux
sites naturels, ruraux ou urbains qui attirent l’attention, qui sont dignes d’être relevés ou
signalés. Certains, dont l’intérêt est national, sont protégés, d’autres non protégés pos-
sèdent pourtant un intérêt départemental sur le plan architectural, stylistique, technique,
urbain ou encore social et économique. Ces derniers témoignent alors de l’évolution de
la notion de patrimoine qui est le fruit d’une construction sociale impliquant aujourd’hui
de plus en plus les collectivités locales, les associations de sauvegarde.
Naissance du monument historique
En dehors de quelques cas exceptionnels comme la protection contre le pillage
des monuments romains en 1462ou la préservation des monuments antiques de Nîmes
suite au voyage de François Ier en 1533, les vestiges de l’Antiquité ou les édifices remar-
quables n’ont fait que très rarement l’objet d’attention jusqu’au XVIIIesiècle. Une véritable
conscience nationale n’est réellement apparue qu’avec la Révolution, malgré les protes-
tations d’érudits locaux ou de sociétés savantes contre les destructions massives.
Àpartir de 1789, les biens de l’Église ou de la Couronne, ainsi que ceux des
nobles émigrés sont confisqués. L’État acquiertalors une nouvelle responsabilité et l’ar-
chéologue Aubin-Louis Millin souhaite attirer l’attention des membres de l’Assemblée
constituante sur l’importance de la sauvegarde de ce qu’il nomme pour la première fois
«monument historique ». Une commission des Monuments est créée ayant pour mission
d’inventorier et de conserver les biens et œuvres d’art, mais les destructions massives et
les abus persistent. L’abbé Grégoire dénonce à plusieurs reprises le « vandalisme » commis
par « ignorance, insouciance et friponnerie » et proclame l’existence d’un patrimoine collec-
tif qui fait appel à la mémoire et à l’identité nationale. En 1810, le comte de Montalivet alors
ministre de l’Intérieur transmet à tous les préfets une circulaire recommandant l’établis-
sement d’une liste des châteaux, églises et abbayes dignes d’attention. Un réseau de
correspondants locaux répartis sur le territoire national est alors mis en place, et en
1830 est créé le poste d’inspecteur des Monuments historiques dont l’un des représentants
les plus actifs sera Prosper Mérimée. De 1834 à 1860, il parcourt la France avec pour
mission de recenser et classer les édifices dignes d’intérêt. Une première liste établie
en 1840 comptabilise 1 090 monuments. Des crédits sont alloués pour sauvegarder les
plus menacés provoquant un débat sur les limites de la restauration.
Mérimée dans la Drôme
Au cours de ses voyages en direction du sud de la France ou vers l’Isère, Mérimée
traverse la Drôme et découvre dès 1834 des sites comme sa correspondance et ses
rapports en témoignent. Il contribue à sauver et à restaurer dix monuments dans la Drôme :
en 1840, la cathédrale de Saint-Paul-Trois-Châteaux, la cathédrale de Die, la collégiale de
Grignan, l’abbaye de Léoncel, la collégiale de Saint-Barnard à Romans, l’église de Saint-
Restitut, le Taurobole à Tain-l’Hermitage, le Pendentif à Valence ; en 1846, l’église de
Saint-Marcel-lès-Sauzet ; en 1847, l’église Saint-Pierre à Chabrillan.
Une réglementation attendue
Afin d’assurer à long terme une protection des édifices recensés et réglementer
les crédits de restauration, une première loi est adoptée en mars 1887. Celle-ci permet
de classer des bâtiments publics ou privés dont l’intérêt national est reconnu. Elle est
complétée par celle du 31 décembre 1913, qui envisage la possibilité de classement sans
l’accord du propriétaire, prévoit des sanctions en cas de réalisation de travaux sans
autorisation et élargit la notion d’intérêt national à celle d’intérêt public. Cette dernière
mesurepermet de prendreen considération des biens d’intérêt territorial.
Une mémoire en évolution
Au début du XXesiècle, les arrêtés de classement concernaient quelques grottes
ou sites préhistoriques mais surtout de nombreux monuments antiques et médiévaux.
Àpartir des années 1920-1930, l’éventail s’élargit. On classe désormais des édifices des
XVIe,XVIIeet XVIIIesiècles. Au cours de la VeRépublique sont pris en considération des
ouvrages des XIXeet XXesiècles. Avec André Malraux, les choix de la protection vont être
définitivement réorientés, ne suivant plus seulement une logique historique. Sont ainsi
classées certaines œuvres qu’il juge fondatrices de l’architecture contemporaine comme
la villa Savoye construite en 1929 par Le Corbusier et classée en 1965, la tour Eiffel édifiée
en 1889ou des immeubles d’Auguste Perret. En 1969, il fait classer le palais idéal du facteur
Cheval à Hauterives en tant qu’unique représentation architecturale de l’artnaïf.
Dans les années 1990, est créé le label XXedestiné à recenser et identifier les
lieux emblématiques du siècle. Une vingtaine de sites ont été retenus dans la Drôme parmi
lesquels, le pont Albert Caquot à La Garde-Adhémar, la reconstruction de La Chapelle-
en-Vercors ou la cité Jules-Nadi à Romans.
Désormais, les choix patrimoniaux ne sont plus seulement historiques, mais
aussi les témoins de courants artistiques contemporains, de savoir-faire originaux (locaux),
d’innovations scientifiques et techniques. Ne sont plus seulement protégés les châteaux,
les lieux de culte ou les sites exceptionnels, mais aussi les lieux industriels, les éléments
d’architecture rurale, les lieux de mémoire ou les jardins.
CHRYSTÈLE BURGARD ANNE-MARIE CLAPPIER
CONSERVATEUR EN CHEF DU PATRIMOINE ATTACHÉE DE CONSERVATION
Introduction
PLAINE DE VALENCE
SOMMAIRE
07 PLAINE DE VALENCE
08 Beaumont-lès-Valence, Chabeuil et Montvendre Portes fortifiées
09Bourg-lès-Valence La Cartoucherie
10 Étoile-sur-Rhône Bourg historique
11Valence Cathédrale Saint-Apollinaire et groupe épiscopal
12 Valence Châteaux d'eau
13 Valence N7 et station-service
14— le Rhône
15 DRÔME DES COLLINES
16Albon Site castral et tour
17 Châteauneuf-de-Galaure Couvent de Charrière et église Saint-Pierre
18 Châteauneuf-sur-Isère Habitat troglodytique
19 Chatuzange-le-Goubet Barrage de PiZançon
20 Hauterives Palais du facteur Cheval
21 Le Grand-Serre La halle
22 Manthes Prieuré et église Saint-Pierre
23 Montchenu, Montmiral Les mottes castrales
24 Romans-sur-Isère Collégiale Saint-Barnard et calvaire des Récollets
25 Saint-Barthélemy-de-Vals Les roches qui dansent
26 Saint-Donat-sur-l'Herbasse Collégiale Sainte-Marie et Saint-Donat
27 Tain-l'Hermitage Passerelle Seguin
28 La terre, matériau et architecture
29 ROYANS |VERCORS
30 Bouvante, La Chapelle-en-Vercors, La Motte-Fanjas, Saint-Jean-en-Royans,
Saint-Laurent-en-Royans Patrimoine religieux rural
31 Léoncel Abbaye Notre-Dame
32 Rochechinard Château et village
33 Saint-Jean-en-Royans Des routes vertigineuses
34 Saint-Julien-en-Vercors Architecture rurale et petit patrimoine
35 Saint-Nazaire-en-Royans Canal de la Bourne et aqueduc
36 La Chapelle-en-Vercors, Saint-agnan-en-Vercors, Vassieux-en-Vercors
Les chemins de la Liberté et lieux de mémoire
37 VALLÉE DE LA DRÔME | DIOIS
38 Autichamp Village perché
39 Bourdeaux Châteaux
40 Châtillon-en-Diois Cabanons de vigne
41 Crest La tour
42 Die Ville antique
43 Die Abbaye de Valcroissant
44 Luc-en-Diois Le Claps
45 Mirmande Village historique
46 Saoû Forêt et auberge des Dauphins
47 DRÔME PROVENçALE
48 Buis-les-Baronnies Bourg historique
49 Grignan Château-musée
50 La Garde-Adhémar Village perché et Val des Nymphes
51 Montbrun-les-Bains Village perché et thermalisme
52 Montélimar Château des Adhémar
53 Montjoyer Abbaye Notre-Dame-d’Aiguebelle
54 Nyons Savonnerie, moulins et scourtinerie
55 Poët-Laval (Le) Village historique
56 Sainte-Jalle Église Notre-Dame-de-Beauvert
57 Saint-Paul-Trois-Châteaux Église-cathédrale Notre-Dame
58 Saint-Restitut Village et carrières
59 Suze-la-Rousse Château et sa Garenne
60 Taulignan Village fortifié
61 La pierre, du paysage à l’architecture
62 Adresses utiles
63 Index des communes
64 Les publications de la Conservation du patrimoine
Au Moyen Âge, la porte fortifiée
avait une double fonction, l’une militaire,
l’autre symbolique. Lieu de surveillance, elle
protégeait le cœur de la cité contre les
attaques ennemies et permettait de contrô-
ler les hommes et les marchandises. Lieu
de représentation, cette entrée de ville
comportait emblèmes et blasons et se
devait d’être monumentale. Une douzaine
de portes existent encore dans la Drôme
dont trois en bon état de conservation.
Datant des XIIIeet XIVesiècles, elles sont
situées dans la plaine de Valence.
Entièrement rénovée en 1990, la
porte de Beaumont-lès-Valence 1est cons-
truite en deux phases comme le montre
les différences de parement. Au-dessus
de l’ouvertureen arc, une canonnièreet
deux consoles soutiennent une bretèche
décorée de l’horloge communale. L’édifice
est surmonté de mâchicoulis, de merlons
et d’un campanile métallique avec sa petite
cloche.
La porte monumentale de Cha-
beuil 2,bâtie en gros bloc, est ouverte en
plein cintre. La partie haute a été rajoutée
au XIXesiècle. La façade a ensuite accueilli
dès 1921 un monument aux morts composé
d’une statue et d’inscriptions commémo-
ratives. Sous la voûte, le couloir conserve
la trace de la rainurede la herse, quatre
gonds de fer et un blason martelé. Côté
ville, on remarque une belle fenêtre géminée
avec arcs trilobés.
ÀMontvendre 3,la porte présente
une ouverture en arc brisé. Des trous d’en-
cadrement attestant la présence d’une
ancienne galerie de bois, sont accompa-
gnés d’archères verticales et d’une porte
d’accès. On remarque la présence d’un bla-
son martelé à la Révolution et d’un cadran
solaire daté de 1859. Au sommet, la toiture
et les merlons sont plus récents. Côté ville,
le passage en arc brisé est en partie comblé.
L’accès à la salle de garde, ouverte à la
gorge, se faisait par une porte haut perchée.
LISE TRUCHET/DAPHNÉ MICHELAS
Au cœur de la plaine de Valence,
Bourg-lès-Valence possède un exemple
remarquable de l’architecture industrielle
du XIXesiècle avec la Cartoucherie dont
le caractère monumental et l’histoire ont
profondément marqué la cité.
C’est en 1853 que l’industriel
Noël Sanial acquiert, dans le quartier du
Moulin Rouge (actuellement Chony), un
domaine agricole composé d’une ferme,
d’un moulin, d’une forge, de terres et de
sources. Influencé par les pensées utopistes
de Fourier et de Saint-Simon, il commence
en 1855 la construction d’une manufacture
textile, vaste palais industriel, constitué de
bâtiments de briques flanqués de pavillons
d’angle en pierreorganisés autour d’une
cour.Cette usine de soie et d’impression
sur coton emploie plusieurs centaines d’ou-
vriers, dont certains logent sur place.
Après plusieurs sinistres et un
contexte économique difficile, la manufac-
tureen faillite ferme en 1
866. Bien située
près de la voie de chemin de fer qui relie
Valence à Grenoble, elle est rachetée par
l’État en 1
874 afin d’y installer une cartou-
cherie nationale. Entourée d’une enceinte
fermée sur l’extérieur, elle s’organise
comme une petite ville avec ses rues,
ses bâtiments numérotés et ses trois
grandes cheminées. Les agrandissements
successifs — bâtiments de stockage, gare,
poudrières, ateliers, stands de tir — occupent
progressivement la totalité du domaine. La
cartoucherie devient alors un lieu essentiel
de la vie bourcaine scandée par la sirène.
Après sa fermeture définitive en
1964, le domaine passe au secteur privé.
Les bâtiments historiques sont rachetés
par la ville en 1993, qui les fait inscrire à
l’Inventaire supplémentaire des Monuments
historiques en 2003. Elle s’est également
engagée dans un projet de réhabilitation
autour de l’image et du cinéma d’animation
afin que ce lieu porteur d’une mémoire
ouvrièresoit sauvegardé et mis en valeur.
LISE TRUCHET/IDELETTE DROGUE
98
Beaumont-lÈs-Valence, Chabeuil et Montvendre
Portes fortifiées
INSCRITES MH
Bourg-lès-Valence
La Cartoucherie
INSCRITE MH
12 3
1 / 33 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !