REVUE
FRANÇAISE
DE
PÉDAGOGIE
NOTES
DE
SYNTHÈSE
79,
avril~mai~juin
1987,65-78
Savoirs psycho-sociaux
et
éducation les relations entre
groupes, la dissonance cognitive
Si
la
psychologie sociale théorique et expérimentale aélaboré beaucoup de
modèles qui peuvent être utiles pour éclairer certaines pratiques pédagogiques force
est de constater néanmoins
la
faiblesse de son impact sur l'école et ses ressortis-
sants. Sans vouloir entamer ici une analyse approfondie des éventuelles raisons
susceptibles d'aider à
la
compréhension de
la
faiblesse de cette audience, nous
voudrions, cependant, formuler deux remarques liminaires ànotre propos sur
la
présentation de deux domaines théoriques et expérimentaux de
la
psychologie so-
ciale.
La première de ces remarques atrait à
la
méthode expérimentale et
â.
son
utilisation
en
sciences humaines. Pour beaucoup de praticiens de l'éducation, les
situations dans lesquelles
se
déroule une expérimentation peuvent apparaître par
trop artificielles pour qu'on
en
puisse généraliser les résultats.
Dès
lors
ce
réduction-
nisme (réel mais qu'il convient d'assumer si l'on veut faire de la science) peut
présenter
un
caractère rédhibitoire pour une éventuelle prise
en
compte des résultats
produits par voie expérimentale. Les praticiens auraient alors tendance àse tourner
vers des approches plus globalisantes, àhaute valeur ajoutée interprétative, qui
semblent souvent s'adapter facilement aux réalités éducatives. Or, nous semble-t-il,
àtrop privilégier l'utilisation de modèles spéculatifs totalisants
on
peut manquer à
repérer nombre d'éléments relatifs aux multiples occurrences du champ éducatif.
Des
modèles totalisants aux explications totalitaires
la
frontière est certes marquée, et
son franchissement éventuel n'implique pas, àl'inverse de celui du fleuve Styx,
un
impossible
retour;
cependant, nombre de dogmatismes s'alimentent àleurs sources,
et ceci d'autant plus facitement que dans certains cas
la
luxuriance notionnelle
s'accompagne de suffisamment d'imprécisions pour permettre d'éviter une confronta-
tion à
la
prédiction.
Par
leur portée apparemment plus restreinte les travaux de genre
expérimental -dont nous
ne
disons évidemment pas qu'ils sont les seuls utiles et
les seuls valides pour informer des pratiques -sont, soit peu connus, soit délaissés
avant même d'avoir pu faire l'objet d'une lecture attentive. Les chercheurs portent
une part non négligeable de responsabilité dans ces conduites d'évitement des
modèles et systèmes psycho-sociaux
en
vigueur aujourd'hui dans
la
communauté
scientifique.
En
effet trop peu d'efforts sont faits pour s'adresser aux praticiens de
l'éducation, comme
si
le champ des pratiques scolaires, qui sert souvent de support
àl'étude des processus spécifiques permettant aux individus de participer aux
rapports sociaux, n'était pas envisagé comme lieu possible de restitution des savoirs
produits dans les situations de type laboratoire.
La
seconde remarque que nous souhaitons formuler porte sur
la
difficulté réelle
et majeure, rencontrée par
le
praticien dans l'exercice complexe de son activité.
Que
peuvent,
en
effet, signifier pour lui et son action les différents enseignements de
la
psychologie
sociale?
Dans l'étude d'un processus spécifique
un
effet, apparemment simple. suscepti-
ble de médiatiser une dynamique psychosociale, est décomposé
en
plusieurs étapes
différentes; àchacune d'elles des paramètres de plusieurs natures peuvent modifier
le
déroulement du processus. Or, quels sont les poids respectifs de ces paramètres
dans une réalité socio-éducative
concrète?
Il
conviendrait de les connaître précisé-
ment pour être assuré que l'effet
se
produira.
Le
chercheur, lui, crée, «
fabrique"
des
situations optimalement définies pour que cet effet puisse avoir lieu. Dès lors ces
situations qui sont souvent autant de conditions d'expériences, permettent de con-
trôler, de maîtriser,
de
faire varier
la
valeur des facteurs
ou
paramètres susceptibles
65
..
'{,:
.
\l',
n,'
,:.1;):;;
,.!,."I·'
.:
7(
•.
':1
"!
~
:
"r
,,>:'
iU
:~:'
ii
,[,
~
,'1
:
.".'"
','
..
_,
fi;),.
,
fiL'::
!le
de
«jouer
..
sur
la
production de l'effet. Cette pratique de recherche dont
la
légitimité
est reconnue apermis d'élaborer de nombreux modèles de
la
psychologie sociale.
S'il
en
est ainsi pour le chercheur,
il
en va
tout
autrement pour
le
praticien, impliqué
qu'il est dans un vécu complexe et multiforme. Dès lors quelle signification peut-il et
doit-il accorder aux enseignements issus de
la
psychologie sociale sur l'identité
sociale et
Jes
rapports inter-groupes, sur
la
dissonance cognitive, pour ne citer que
les théories locales
dont
la
présentation constituera
le
corps de
Cet
article?
A
l'évidence aucune théorie considérée isolément
ne
peut fournir
la
garantie de
la
réussite d'une action éducative par essence infiniment complexe. Aussi, pour
le
praticien s'agira-HI
le
plus souvent de concevoir des démarches qui prennent
en
compte différents modèles disponibles.
Oès
lors, me semble-t-il, il convient
de
défendre l'idée, comme a
pu
le
faire Doise dans
un
papier déjà ancien (Doise, 1981),
d.e
la
promotion d'un éclectisme permettant aux praticiens d'emprunter àdifférents
modèles
ce
qu'ils peuvent avoir de meilleur quand ils sont conciliables. Cet éclec-
tisme «guidé par
la
connaissance de ces systèmes et de ces modèles permettra aux
agents sociaux de mieux comprendre leur participation aux dynamiques sociales et
de devenir ainsi plus autonomes dans l'infléchissement des déterminismes sociaux»
(Doise, Ibid, p. 44). Cette position àlaquelle je
me
réfère et que je défends n'a pas
pour but de faire naître
un
quelconque consensus entre différents systèmes théori-
ques,
en en
appelant à
un
praticien idéal typique, de surcroît scientifiquement
vertueux, mais bien de faciliter une démarche
en
direction d'un travail d'articulation
de différents niveaux d'explication (Doise, 1982) dans
la
recherche théorique et dans
ses applications pratiques.
Il
me
semble,
en
effet, que cette voie est
la
seule
possible pour faire reculer les vérités au statut quasi-ontologique des idéologies
et
les comportements et langages de bois que
le
plus souvent elles gouvernent.
Au
carrefour des praticiens que la Revue Française de Pédagogie ainstitué
il
me
paraît utile qu'une voie de circulation entre théories et pratiques continue às'ouvrir
sans pour autant que
le
carrefour devienne impraticable. C'est
la
raison pour laquelle
je
me
propose d'essayer
de
présenter deux théories locales de
la
psychologie sociale
susceptibles de constituer des éléments pour l'élaboration d'un nécessaire éclec-
tisme.
1.
-LES RELATIONS ENTRE GROUPES
Dans
le
domaine des relations qui s'établissent àl'école entre élèves et groupes
d'élèves tout praticien aété amené, àun moment
ou
un
autre de son activité, à
constater, par exemple, des manifestations soit d'opposition entre groupes, soit de
forte cohésion àl'intérieur d'un même groupe. Les phénomènes de différenciations,
les discriminations inter
ou
intra-groupes sont,
en
effet, singulièrement visibles à
l'intérieur d'une communauté d'élèves (mais pas seulement) et ceci même pour
un
observateur peu attentif. Or cette problématique des relations de groupes et
en
groupe est un élément important de
la
recherche
psycho~sociale.
Les travaux de
Doise (1976, 1979, 1982, 1984, 1985) constituent, parmi d'autres,
un
courant impor-
tant
de
cette Jjgne de recherche;
je
voudrais
ici
en
proposer àtravers leur genèse
une courte synthèse pour favoriser une réflexion sur ces phénomènes dits de
groupes,
souv~nt
vécus par l'observateur
ou
l'acteur comme liés àdes dynamiques
un
peu mysténeuses.
a)
Un peu
d'histoire
contemporaine
POLIr
comprendre l'état actuel de
la
réflexion scientifique sur les relations de
gr~upes,
il ,est
indispensabl~
de
se
référer àune première série de travaux initiés par
Ta/fel et WIlkes (1963) et traitant de l'effet de
la
classification sur des jugements émis
àpartir de stim,uli. fournis par des lignes
de
longueur variables. Ces premières
recherches sont asituer dans
le
courant gestaltiste
de
l'étude
de
l'organisation
de
la
perception chez l'individu.
~appelons,
.l'expér.ience princepts de Tajfel
et
Wilkes. Des sujets
sont
soumis à
une epreuve devaluatlon des longueurs
de
huit lignes présentées plusieurs fois dans
~es
ordres
au
hasard. Ces lignes d'inégale longueur sont respectivement
de
163 mm
a229 mm. Dans.
une.
première condItion expérimentale les quatre lignes les plus
courtes sont systematiquement
aSSOCiées
avec une Jettre Aet les quatre lignes les
plus longues avec une lettre
B,
de telle sorte que soit établie une
correspondance
entre l'appartenance aux deux classes et la longueur des lignes. Dans une
deuxième
et
une troisième conditions expérimentales cette correspondance
disparaît:
soit les
lettres sont associées
au
hasard àchaque présentation, soit elles sont absentes. Les
prédictions faites étaient les
suivantes:
lorsque la classification (Jettres A
et
B)
est
sur-imposée aux stimuli une accentuation des différences inter-catégorielles
et
une
accentuation des ressemblances intrawcatégorielles
Se
produiront.
En
revanche,
en
l'absence de liens entre appartenances catégorielles et caractéristiques physiques,
cet effet n'aura pas lieu. Les résultats vont dans le sens attendu.
En
effet, dans la
première condition expérimentale
il
y
a,
de
la
part
des sujets expérimentaux, àla fois
sur-estimation des différences entre les stimuli appartenant àune même classe
(A
et
B)
et
sur-estimation
des
ressemblances entre stimuli appartenant à
des
classes
différentes
(A
ou
B).
Ces effets n'apparaissent plus dans les conditions deux
et
trois.
Tajfel et Wilkes vont mettre cet effet de catégorisation
en
rapport avec
l'aspect
formel des stéréotypes sociaux
et
Tajfel applique ce modèle des contrastes dans le
jugement àl'accentuation des différences
et
des ressemblances dans le maniement
de certains stéréotypes sociaux.
b)
Différence entre groupes
Doise (1976, 1979, 1982) propose, lui, une extension de ce modèle
de
la
catégorisation aux relations entre groupes.
Il
distingue trois aspects des relations
inter-groupes:
les comportements, les évaluations, les
représentations:
«la
thèse
que
nous défendons
est
que ditférenciations au niveau
des
représentations
cogni-
tives, discriminations évaluatives et discriminations comportementales
sont
liées
entre
elles»
(Doise 1982, p. 117). Dès lors
l'hypothèse
de
Doise est la
suivante:
s'il
y a différenciation et contraste dans les représentations et les évaluations
c'est
qu'ils
facilitent des comportements différenciés
en
fonction
des appartenances
catégo-
rielles entre membres de groupes différents. Dans
cette
ligne de recherche on va
montrer (Doise 1979) que la simple évocation d'un autre groupe
ou
d'une autre
catégorie suffit
pour
provoquer
un effet
d'accentuation
des ressemblances intra-
catégorielles
et
des différences inter-catégorielles dans les représentations sociales.
Dans une expérience consacrée àce problème,
il
s'agit
d'abord
de
demander àdes
sujets
de
décrire des membres
d'un
groupe sans les informer
qu'ils
auront àdécrire
les membres
d'un
autre groupe.
La
prédiction
était
que les ressemblances
intra-
catégorielles et les différences inter-catégorieHes seraient plus importantes dans la
seconde condition que dans
la
première. Décrivons brièvement l'expérience. Les
sujets étaient des garçons
et
des filles
d'une
dizaine d'années qui devaient, àpartir
de trois photos de garçons
et
trois photos
de
filles, indiquer
pour
chaque
photo
lesquels des vingtwquatre adjectifs fournis convenaient
pour
décrire
l'enfant
présenté
sur
la
photo. Pour une moitié des sujets trois
photos
seulement appartenant àune
catégorie sexuelle étaient présentées dès le début, alors que
toutes
les
photos
étaient proposées dès le
début
à
l'autre
mOitié des sujets. De plus la mOitié des
garçons et des filles
commençait
par décrire les trois photos
de
leur appartenance
sexuelle, alors que l'autre moitié
commençait
par décrire les trois
photos
de l'autre
appartenance sexuelle.
67
,
J"
:·'11(;'J
;;ri1
,,",
;."
.li.,'·
:"1
"
68
Les résultats obtenus montrent l'importance
du
rôle joué par
le
processus
de
catégorisation.
En
effet, les
description~
,révèlent, dans
la
deuxiè~e,
con~iti?n
(deux
catégories présentes
au
début
de
l'expenence), une plus
gra~de
dlff~renclatlon ~ntre
catégories et une plus grande ressemblance entre photos
d.
une,
marne, catégone.
Il
semble donc bien que l'accentuation des ressemblances categonelles saccompagne
d'une différenciation inter-catégorielle.
Ce
mécanisme de différenciation qui renvoie aux antagonismes inter-groupes à
travers l'appartenance catégorielle, signe
en
quelque sorte l'existence de distorsions
représentationnelles évaluatives et comportementales dans les rapports entre
groupes. Cependant ces tendances discriminatives peuvent être infléchies de manière
significative par
le
fait même que les individus peuvent disposer de plusieurs appar-
tenances catégorielles, certaines différentes sur une dimension, d'autres communes
sur une autre dimension, par exemple, des garçons et des filles
se
différencient sur
leur appartenance sexuelle, et peuvent
se
retrouver appartenir àune même classe
scolaire.
Ce
type d'appartenance -dit appartenance croisée -qui correspond à
ce
que l'on rencontre dans
le
champ social et dans
le
champ scolaire, afait l'objet
de
plusieurs études systématiques (e.g. Doise, Deschamps 1979, Deschamps 1977,
Arcuri 1982, Vambeselaere 1984). Dans ces recherches
en
rendant saillantes des
appartenances croisées les tendances différenciatrices s'annulent. Dès lors
ce
type
d'appartenance, lorsqu'il est mobilisé peut constituer
un
régulateur important des
antagonismes inter-groupes.
On
mesure ainsi les changements qui peuvent apparaÎ-
tre dans
la
représentation et l'évaluation des relations inter-groupes selon les situa-
tions dans lesquelles
se
produisent les phénomènes de perception des groupes pour
des individus concernés.
Les problèmes abordés jusqu'alors l'ont été par rapport aux phénomènes repré-
sentationnels et évaluatifs mais qu'en est-il des actions des groupes en interaction?
Une expérience célèbre de Sherif (1966) sur l'inter-groupe met
en
évidence l'impor-
tance de
la
notion de projet pour l'action des groupes sociaux. Sherif et
ses
collaborateurs constituent deux groupes séparés dans
un
camp de vacances.
Une
fois chaque groupe structuré isolément ils organisent un tournoi inter-groupe. Cette
compétition faisait très rapidement émerger des comportements d'hostilité parfois
violents;
pour tenter
de
remédier àcette belligérance les expérimentateurs organi-
saient alors de nombreuses activités communes (repas, séance
de
cinéma, excursion
etc.):
autant d'efforts demeuraient sans effet sur l'apparente hostilité entretenue
entre les deux groupes. Seules des activités réclamant
un
effort commun pour
résoudre
un
problème d'intérêt général parvinrent àréduire l'hostilité et àétablir
durablement
un
climat convivial et chaleureux entre les groupes (ce fut par exemple
le fait
de
dépanner
un
camion qui devait alimenter
le
camp
en
provisions alimen-
taires). C'est
en
fait l'introduction d'un projet d'intérêt supérieur
(un
but supra-
ordonné) qui parvient àrésoudre
le
problème posé par les antagonismes groupaux.
Dans cette même problématique des relations inter- et intra-groupes une autre
notion a
pu
être dégagée comme importante, celte de sort commun. Dans une étude,
non moins célèbre que celle de Sherif, Rabbie et Horvitz (1969) dans une expérience
en
laboratoire répartissent huit personnes dans deux
groupes:
un
bleu et un vert
(soi-disant pour des raisons administratives). L'expérience leur est présentée comme
portant sur l'élaboration de premières impressions d'autres personnes. Les sujets des
deux groupes décrivent individuellement deux photos. L'expérimentateur leur déclare
ensuite que
la
rémunération pour leur participation àl'expérience
se
fera par l'attri-
bution de quatre transistors (alors même que les sujets sont huit) et que ces quatre
transistors
ne
seront attribués qu'à un seul groupe, soit, selon les conditions expéri-
mentales, par décision de l'expérimentateur, par une décision élective des huit
membres, par
le
hasard. A
la
suite de quoi l'un des groupes reçoit effectivement les
quatre transistors. Dans une condition contrôle l'expérimentateur ne fait pas mention
?'une
q~elconque
rémunération. Les sujets sont alors invités àdonner leur première
Impres~lo~
sur tous les participants, àl'aide d'échelles identiques àcelles utilisées
pour decme les
photos;
ils doivent également décrire les caractéristiques générales
des deux groupes.
. .Dans
la
condition contrôle (absence de rémunération)
on
ne constate pas de
dlfferences entre les descriptions faites de son groupe et de l'autre groupe,
en
revanche les différences apparaissent pour les groupes expérimentaux. Les
perM
sonnes ayant reçu les transistors, de même que celles qui s'en sont vues frustrées
décrivent les membres de leur groupe et les caractéristiques de ce groupe de
manière plus favorable que celles de l'autre groupe. Ainsi,
le
simple partage d'un sort
commun, indépendamment de
la
façon dont il est infligé (hasard, vote, ou décision
extérieure) suffit àengendrer une discrimination évaluative
en
faveur de son propre
groupe. L'explication de
ce
biais d'auto-favoritisme est selon Rabbie àtrouver dans
le
fait qu'il serait plus agréable d'anticiper une interaction positive avec des gens qui
ont
le
même vécu qu'avec des gens qui ont
un
vécu différent. Une série
d'expé-
riences sera effectuée par Rabbie et ses collaborateurs pour étudier les effets de
la
seule anticipation d'une interaction entre groupes. Rabbie (1974) rapporte notamment
que les membres d'un groupe qui auront àeffectuer une tâche
en
présence d'un
autre groupe expriment avant même
la
réalisation de cette tâche,
un
biais
en
faveur
des membres de leur groupe et ceci quelle que soit
la
nature des rapports entre les
groupes, compétitive
ou
coopérative. Ces résultats ont toutefois été obtenus comme
le
rapporte Doise (1982) lors de l'anticipation de confrontations réelles mais pas sur
des situations de compétition et de coopération s'étant réellement produites. D'où
une seconde série de recherches sur les conséquences de situations de compétition
et de coopération effectives, conduite par Rabbie et collaborateurs (1979).
c)
Compétition et coopération
inter~groupes
Une
première recherche concerne l'effet de
la
présence de
la
«base»
au
moment d'une négociation entre représentants de deux groupes. Les résultats font
apparaître que
si
d'autres membres du groupe sont présents les représentants de
groupes
en
interaction compétitive deviennent plus compétitifs, et les représentants
de groupes
en
interaction coopérative plus coopératifs. Ces résultats sont présentés
comme liés avec des phénomènes de polarisation rencontrés lorsque plusieurs mem-
bres d'un groupe doivent décider d'une position àsoutenir face à
un
autre groupe.
D'autres recherches, traitant avec des interactions, sont mises
en
œuvre àl'aide de
jeux àmotivations mixtes. Des joueurs sont informés qu'ils rencontreront les mem-
bres de l'autre groupe
au
moment
le
jeu prendra fin (tendance coopération)
ou
qu'ils
ne
les rencontreront pas (tendance compétition), qu'ils pourront écouter les
conversations de l'autre groupe (tendance coopération)
ou
qu'ils ne
le
pourront pas
(tendance compétition). Lors de ces jeux un biais d'autoMfavoritisme se manifeste de
nouveau.
On
vérifiera aussi, après l'interaction,
la
perception de dissemblances chez
les membres du groupe d'appartenance, alors que dans le même temps les membres
du groupe antagoniste sont perçus plus semblables après qu'avant l'expérience.
On
peut rapporter enfin, que, àl'occasion d'interactions réelles entre les groupes (Rab-
bie, 1979), les rôles hiérarchiques présentent une plus grande différenciation
en
situations compétitives qu'en situations coopératives.
On
remarque donc combien les dynamiques de différenciation peuvent dépendre
des conditions dans lesquelles se déroulent les interactions entre groupes et récla-
ment pour leur compréhension
un
effort d'articulation entre modèles tocaux difféM
rents.
69
1 / 14 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !