Amélioration énergétique de dalles alvéolées par l`intégration d`un

Amélioration énergétique de dalles
alvéolées par l'intégration d'un MCP stable
mécaniquement
ROYON Laurent1,*, KARIM Laurie1
1 Laboratoire Matières et Systèmes Complexes, UMR7057- CNRS et Université
Paris VII Denis Diderot, France (* contact : laurent.royon@univ-paris-diderot.fr)
RÉSUMÉ. L’objectif de cette étude est l’étude thermique de dalles alvéolées, utilisées en
tant que planchers d’un bâtiment contenant un Matériau à Changement de Phase (MCP). La
première partie de l’étude est relative à l’étude expérimentale du comportement thermique de
trois types de dalles alvéolées : la dalle standard comprenant de l’air dans ses alvéoles et
deux dalles remplies de MCP. Un dispositif expérimental a été mis en place qui permet
d’imposer des variations de température à un échangeur thermique collé sur la face
inférieure de la dalle. Des mesures de températures et de flux à l’aide de thermocouples, de
fluxmètres et d’une caméra infra-rouge ont permis de caractériser le comportement
thermique des deux dalles pour différentes conditions climatiques. La seconde partie est une
simulation numérique réalisée à l’aide du logiciel Comsol Multiphysics. En utilisant les
propriétés thermiques (Cp, k) du MCP obtenues expérimentalement, la simulation donne des
résultats en bon accord avec l’expérience. On montre ainsi que les dalles composées de
MCP permettent un stockage efficace de l’énergie solaire entrant par les faces vitrées.
ABSTRACT. The aim of the study is to optimize floor panel by incorporating a PCM. In the
first part, the experimental comparison between the original floor panels and two optimized
panels is described. An experimental device has been developed to analyse the thermal
response of each panel and evaluate the influence of the incorporated quantity of PCM,
under different climatic conditions. In the second part, a numerical study has been performed
on COMSOL Multiphysics software. By using the thermal parameters of the PCM in the
simulation model, the numerical results are similar to the experimental ones. Deduced
numerical parameters will be used to determine the most optimised solution of PCM-
integrated floor panels, as a container of the solar heat coming from windows.
MOTS-CLÉS : stockage thermique, chaleur latente, matériau à changement de phase, MCP,
bâtiment, dalle
KEY WORDS: thermal storage, latent heat, phase change material, PCM, building, floor
panel.
XXXe Rencontres AUGC-IBPSA Chambéry, Savoie, 6 au 8 juin 2012 2
1. Introduction
Pour économiser les combustibles fossiles et limiter les émissions des gaz à effet
de serre, il est nécessaire de gérer la production et l’utilisation de l’énergie
consacrée au chauffage et à la climatisation des bâtiments. En effet, le secteur du
bâtiment à lui seul utilise 42 % de l’énergie dépensée en Europe.
Un moyen de réduire la consommation d’énergie est d’utiliser des dispositifs de
stockage. Les caractéristiques des bâtiments conçus pour faire usage du stockage
thermique doivent inclure différents moyens ou dispositifs techniques permettant
d’accroître la masse thermique. Ces dispositifs peuvent être utilisés pour le stockage
seul ou peuvent servir également d’éléments de structure. La capacité thermique
d’un bâtiment devrait être suffisante pour stabiliser de grandes variations
quotidiennes de température et pour augmenter le déphasage entre les pics des
températures intérieure et extérieure.
Les constructions en matériaux massifs tels que la pierre peuvent permettre de
s’approcher de cet objectif. Cependant, les bâtiments actuels utilisent de plus en plus
des structures légères et il serait intéressant que ces structures puissent servir aussi
d’éléments de stockage. Ceci peut être réalisé en y incorporant des Matériaux à
Changement de Phase (MCP) en profitant de leur chaleur latente de changement
d’état qui permet de stocker/déstocker une grande quantité d’énergie. Intégré dans
les parois de bâtiment, la présence de matériau à changement de phase (MCP) joue
le le de régulateur de température grâce à sa capacité à stocker et restituer la
chaleur de manière déphasée : durant la saison estivale ses caractéristiques
permettent de ralentir la montée en température intérieure d’un local par le stockage
de la chaleur au fur et à mesure de la journée permettant d’éviter les pics de chaleur.
Le confort thermique est ainsi amélioré.
L’utilisation des MCP pour la climatisation et le chauffage des bâtiments a donné
lieu à de nombreux travaux de recherche durant les dernières décennies et on peut
trouver les principaux résultats dans plusieurs articles de revue [KHU04], [TYA07],
[ZHO12].
L’incorporation de MCP dans les composants de construction a déjà été réalisée
de plusieurs manières :
par incorporation directe ou par imprégnation du matériau de
construction
par incorporation de capsules remplies de MCP dans les éléments de
construction
par une fabrication de panneaux contenant des MCP pour remplacer les
murs ou les cloisons classiques
par incorporation dans un échangeur pour améliorer les performances
d’un système de climatisation.
Amélioration énergétique de dalles alvéolées par intégration de MCP. 3
Une des principales difficultés rencontrée est le conditionnement du matériau. En
effet, l’étanchéité soit du composant soit du système de stockage du matériau doit
être totale, en particulier lorsque le matériau est à l’état liquide.
Parmi les composants d’un bâtiment celui qui a été le plus étudié est
certainement le mur constituant la partie la plus importante de l’enveloppe. De
nombreuses études ont concerné la réalisation d’une enveloppe légère puisque
l’utilisation de MCP pourrait permettre d’en diminuer le volume. Par contre,
l’incorporation de MCP dans les dalles (plancher ou plafond) a été relativement peu
étudiée. Ce travail s’inscrit dans cette thématique et a le double objectif d’évaluer les
potentialités d’un nouveau MCP que l’on propose d’intégrer dans un plancher ainsi
que celles du plancher lui-même. Il s’inscrit dans la continuité d’études menées sur
plusieurs composants de construction pouvant être utilisés pour les murs d’un
bâtiment [BON11].
2. Matériel et méthodes
2.1. Composition de la paroi d'étude
La figure 1 présente une photographie de la dalle de mortier présentant 8 alvéoles
de diamètre d = 25mm et d’épaisseur 7,1mm. Les essais ont été réalisés sur des
dalles de surface 28cmx28cm2, représentant une dalle à l’échelle 1/5. Le MCP
incorporé dans les alvéoles se présente sous la forme d’un gel de paraffine de point
de fusion voisin de 27°C.
Figure 1. Photographie de la dalle alvéolée vue de côté.
Le MCP est réalisé, par un procéphysico-chimique en cours de brevetabilité
au sein du laboratoire, en assemblant deux composants : une paraffine et un
polymère de type styrène. La composition du mélange paraffine-polymère est
optimisée de manière à éliminer complètement l’exsudation lors du changement de
phase solide-liquide de la paraffine. Les caractéristiques thermophysiques de ce
matériau ainsi que celle du mortier sont présentées tableau 1.
Tableau1. Caractéristiques du MCP et du mortier utilisé
Masse volumique
Ρ (kg/m3)
Conductivité thermique
k (W/m.K)
Chaleur spécifique
Cp (J/kg.K)
MCP - T < 27,5°C
850
0.28
2800
MCP - T > 27,5°C
780
0.18
2500
Mortier
2127
1.00
918
Ces valeurs sont issues de mesures expérimentales obtenues respectivement par
pesée, par la méthode de plaque chaude et par calorimétrie différentielle à balayage
(DSC). Les erreurs expérimentales sont de +/- 2% pour la conductivité thermique et
de +/- 4% pour la masse volumique.
XXXe Rencontres AUGC-IBPSA Chambéry, Savoie, 6 au 8 juin 2012 4
La figure 2 présente le
thermogramme obtenu sur un
échantillon de MCP soumis à un
chauffage respectivement de 1°C/mn,
1,5°C/mn et 2 °C/mn. Au vu de la
faible conductivité thermique du
MCP, on choisit comme référence la
vitesse la plus faible. On observe un
pic calorimétrique de changement
d’état solide-liquide autour de
27,5°C pour la vitesse de 1°C/mn.
L’intégrale du pic permet d’évaluer la
chaleur latente de fusion à 110 kJ/kg.
Figure 2. Puissance absorbée par un échantillon de
MCP obtenue par calorimétrie différentielle
L’étude expérimentale a été menée sur trois dalles présentées figure 3, la dalle
d’origine sans MCP et deux dalles contenant du MCP : dans la première, une alvéole
sur deux est remplie de MCP tandis que dans la seconde, toutes les alvéoles sont
remplies de MCP. La dalle alvéolée remplie d’air sera prise comme dalle de
référence.
Figure 3. Représentation schématique des dalles étudiées
2.2. Dispositif expérimental
Le dispositif expérimental, présenté sur la figure 4, est utilisé pour étudier le
comportement thermique de la dalle soumise à des sollicitations thermiques
cycliques. Il comprend un échangeur à eau associé à un bain thermostaté qui permet
de fixer la température sur la face inférieure de la dalle. Le débit d’eau est
suffisamment important pour que l’on n’observe pas de différence significative de
température entre l’entrée et la sortie de l’échangeur. De la pâte thermique est mise
entre la plaque de l’échangeur et la dalle afin d’assurer un bon contact et de bons
transferts de chaleur. Afin d’éviter des fuites thermiques sur les bords de la dalle,
une couche de mousse de polyuréthane de 8cm d’épaisseur entoure complètement le
pourtour de la dalle. Une peinture noire mate et d'émissivité mesurée à 0.9 recouvre
la surface supérieure de la dalle.
Figure 4. Représentation schématique du dispositif expérimental
Amélioration énergétique de dalles alvéolées par intégration de MCP. 5
Des cycles de montée et descente linéaire en température entre 20°C à 33°C ont
été imposés sur la face inférieure de la dalle. Deux sollicitations ont été choisies afin
de caractériser l’influence du MCP :
La première sollicitation présente trois cycles d’une durée de 24 heures.
Ainsi la charge et décharge complète du MCP est étudiée.
La deuxième sollicitation permet d’évaluer le comportement d’une dalle
réelle et prend en compte le facteur d’échelle. Cette sollicitation
présente cinq cycles d’une durée de 24/5² = 0.96 heures.
L’autre face de la dalle est en contact avec l’air ambiant de la salle de laboratoire
régulée à 20°C. Chaque face de la dalle est équipé d’un fluxmètre et de deux sondes
de température (thermocouples type T) afin d’évaluer le flux et les évolutions de
températures sur les faces. Une caméra infra-rouge Flir est également utilisée pour
contrôler l’homogénéité en température de la face de la dalle en contact avec l’air du
laboratoire. La vitesse de lair au dessus de la dalle a été évaluée à l’aide d’un
anémomètre à fil chaud.
3. Résultats expérimentaux
3.1. Evolution des températures
Par les relevés de température obtenus par caméra infrarouge, on constate de
faibles gradients thermiques (<2°C/m) en surface supérieure. Pour la suite de l’étude,
on considère les valeurs moyennes en température et en flux pour la face supérieure.
La figure 5 présente les variations de température enregistrées sur les faces des
dalles testées. La température en face inférieure Tinf est imposée de la même façon
sur les 3 dalles. Les températures en face supérieures sont notées Tsup.
Figure 5. Relevé de températures en face supérieure de la dalle.
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