Pour Observer la gouvernance dans une entreprise ou organisation de
l’ESS
- Se remémorer les spécificités du fonctionnement des structures de l’ESS ( sociétés de
personnes sans actionnaires mais adhérents ou sociétaires avec double qualité + double
management + valeurs et principes de base + projet associatif ou mutualiste ou coopératif
etc…)
- la Gouvernance d’entreprise appliquée à l’ ESS :
« La gouvernance ( ou gouvernement d’entreprise) peut être entendue, au sens large,
comme l’organisation et la répartition des pouvoirs entre les différentes instances d’une
entreprise. Plus précisément, il s’agit de l’ensemble des procédures et structures mises en
place pour diriger et gérer les affaires d’une entreprise de façon à assurer la transparence et
l’équilibre entre le management, les propriétaires de l’entreprise et leurs élus à l’assemblée
générale, et les administrateurs.
La succession des scandales résultant d’une gouvernance défaillante (World-Com, Enron ou
Vivendi Universal…a entraîné une prise de conscience de l’opinion publique ainsi qu’une
intervention du législateur dans différents pays.
En France, à la suite de nombreuses réflexions ( rapports Viénot, rapport Bouton…), la loi sur
la sécurité financière du 1er août 2003 a posé des règles de bonne gouvernance. L’objectif
principal était de moderniser le contrôle des comptes et de renforcer la transparence au sein
des entreprises pour assurer une meilleure information des actionnaires.
Au-delà de la diversité des statuts, la gouvernance des entreprises de l’ESS est caractérisée
par 3 spécificités fondamentales.
La première est qu’à la différence des sociétés capitalistes classiques dans lesquelles l’autorité
est conférée par la détention du capital, le pouvoir dans les entreprises de l’ESS remonte de
la base vers le management. La légitimité émane du vote et de l’adhésion des sociétaires ou
des adhérents.
Deuxième spécificité, les processus de décision ne sont pas dictées par un actionnaire de
référence. Ils sont, au contraire, fidèles au principe démocratique : « une personne, une
voix »; Débat, recherche de consensus, et décisions collectives sont des caractéristiques
fortes de la gouvernance des entreprises de l’ESS.
Enfin, troisième spécificité, dans les entreprises capitalistes, les éléments de la gouvernance,
sont déterminés en fonction de l’objectif principal poursuivi : la rentabilisation maximale du
capital. En revanche, les entreprises de l’ ESS, considèrent la recherche du profit comme un
moyen pour réaliser leur projet et non comme un objectif en soi. Ce sont des entreprises « à
but non lucratif »( associations) où à « lucrativité limitée » (SCOP, où une partie des
bénéfices est réinvestie dans l’entreprise sous forme de réserves impartageables pour en
assurer la pérennité).
Comme toute entreprise, les organisations de l’ESS ont l’obligation d’être sans cesse en
mouvement pour adapter leur gouvernance et la rendre plus efficace et transparente. Elles
doivent aussi défendre leur identité pour éviter que des règles pertinentes pour des
entreprises capitalistes classiques ne leur soient appliquées sans tenir compte de leurs
caractéristiques propres. Il s’agit là d’un enjeu fondamental pour l’avenir de l’ESS. »
Article de Gérard ANDRECK, ancien président de la MACIF, du GEMA et du CEGES paru
dans Alternatives économiques pratique Hors Série « L’Economie sociale de A à Z ».
Auteur du 1er rapport ( sur la gouvernance en ESS) paru en octobre 2004 intitulé
« La démocratie, principe de gouvernement des mutuelles du GEMA ».