– cardiovasculaires, tels que palpitations (avec parfois des
arythmies importantes), douleurs thoraciques mimant parfois
l’angor ;
– gastro-entérologiques, tels que flatulence et aérophagie,
sécheresse de la bouche, côlon irritable ;
– psychiatriques enfin, tels qu’anxiété, crises de panique, pho-
bies et irritabilité.
DIAGNOSTIC
Le diagnostic est d’abord fait à l’anamnèse, qui doit être systé-
matique, le médecin devant être à l’affût de symptômes inhabi-
tuels touchant souvent de multiples systèmes ; on peut se fon-
der sur certains questionnaires standardisés (12). Le deuxième
volet du diagnostic est la reproduction des symptômes lors
d’une hyperventilation volontaire du sujet, habituellement
facile à induire en lui demandant de respirer profondément lors
de l’auscultation pulmonaire, que l’on prolonge près d’une
minute. Il est fréquent que les patients constatent, lors de ce
simple test, la survenue de symptômes qu’ils n’ont pas rappor-
tés lors du questionnaire médical mais qu’ils ressentent pour-
tant de façon habituelle.
À l’examen, le patient soupire fréquemment durant l’interven-
tion, utilisant presque uniquement ses muscles thoraciques au
lieu de respirer à l’aide du diaphragme. Et pour hyperventiler,
le sujet n’a pas besoin d’en avoir l’air ; il suffit de quelques
soupirs et d’une respiration un peu plus rapide pour diminuer
la PaCO2.
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
L’hyperventilation est une réponse normale au stress comme à
certaines conditions, telles la douleur, l’acidose métabolique,
l’intoxication à l’acide acétylsalicylique, l’embolie pulmo-
naire, certaines pathologies du système nerveux central, etc. Le
clinicien doit se fonder sur son examen et l’anamnèse com-
plète pour décider s’il y a lieu de pousser plus loin l’investiga-
tion afin d’éliminer une de ces causes organiques de l’hyper-
ventilation. En leur absence, on parle alors de syndrome
d’hyperventilation.
Cependant, le diagnostic de syndrome d’hyperventilation
n’exclut pas d’autres pathologies telles que l’asthme, les mala-
dies bronchopulmonaires obstructives chroniques ou une mala-
die coronarienne significative. Il est d’ailleurs dangereux
d’“étiqueter” faussement un sujet comme “hyperventileur”,
parce qu’on peut le priver d’un traitement adapté. Ainsi,
Saisch et coll. ont revu 23 sujets qui s’étaient présentés aux
urgences et avaient reçu alors un diagnostic d’hyperventilation
aiguë par le médecin de garde sur la foi de critères cliniques.
Devant un taux élevé d’asthme (74 %) chez ces sujets, les
auteurs soulèvent l’hypothèse que certains d’entre eux souf-
fraient en fait d’asthme lors de leur visite aux urgences. Bien
que ce diagnostic soit effectivement très possible, la seule
façon de le confirmer ou de l’infirmer eût été d’évaluer le
calibre bronchique, avec mesure du VEMS ou des débits expi-
ratoires de pointe (DEP).
PHYSIOPATHOLOGIE
Bien que les sujets présentant un syndrome d’hyperventilation
souffrent fréquemment d’anxiété, avec souvent quelques traits
phobiques, cette anxiété peut aussi bien être secondaire à
l’hyperventilation qu’en être le facteur déclenchant. Par
ailleurs, Lum retient avant tout comme étiologie une mauvaise
habitude respiratoire, avec respiration thoracique, ce qui faci-
lite l’hyperventilation et l’apparition de symptômes engendrant
un état d’anxiété qui aggrave l’hyperventilation, créant ainsi
un cercle vicieux (5, 13).
Certains auteurs mettent même en doute la notion d’hypocap-
nie comme élément essentiel au diagnostic, rejetant du fait
même l’étiquette de syndrome d’hyperventilation (14), puisque
l’hyperventilation sans hypocapnie peut aussi bien induire des
symptômes chez certains sujets que l’hyperventilation avec
hypocapnie. Or, d’une part, cette découverte n’est pas univer-
selle et, d’autre part, la reproduction des symptômes sans qu’il
y ait effectivement d’hypocapnie doit laisser planer le doute
quant au diagnostic. Certains expliquent ce phénomène par le
développement d’une réponse conditionnelle, les stimuli pro-
voquant des attaques similaires sans que l’hypocapnie ne soit
plus nécessaire (15, 16).
INVESTIGATION
Dans notre expérience, il est habituellement inutile de monito-
rer la PetCO2ou de pratiquer un test d’hyperventilation hypo-
capnique tel que le proposent Hardonk et Beumer (17), ces
tests étant peu sensibles pour confirmer le diagnostic.
La détermination des gaz sanguins artériels est parfois utile,
quoiqu’il faille tenir compte, dans son interprétation, de l’alca-
lose respiratoire aiguë provoquée par la piqûre. La PaCO2peut
être basse (< 30 mmHg), mais elle est très souvent normale en
dehors des crises.
L’investigation d’un sujet chez qui l’on soupçonne un syn-
drome d’hyperventilation chronique doit donc comprendre un
questionnaire exhaustif, un bon examen clinique et des tests de
dépistage pour éliminer des pathologies traitables : explora-
tions fonctionnelles respiratoires incluant un test de provoca-
tion bronchique non allergénique (histamine, méthacholine,
carbachol), une radiographie pulmonaire, un ECG et un bilan
biochimique sanguin. Lorsque le patient se présente avec une
symptomatologie suggestive d’asthme, il est essentiel de docu-
menter de façon objective le diagnostic, soit par la présence
d’une obstruction bronchique réversible, soit par la présence
d’une hyperexcitabilité bronchique telle qu’évaluée par un test
de provocation bronchique à l’histamine, à la méthacholine ou
au carbachol (18). Dans notre expérience, le monitoring des
DEP à la maison n’est pas utile chez ces sujets puisqu’ils ont
fréquemment beaucoup de difficultés à effectuer les
manœuvres de façon adéquate. Au besoin, il peut être néces-
saire de compléter le bilan par des tests plus spécifiques tels
qu’épreuve d’effort sous-maximale, coronarographie, tomo-
densitométrie cérébrale ou bilan thyroïdien.
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La Lettre du Pneumologue - Vol. II - n° 6 - décembre 1999