
N. Fakhri et al.
M
édecine Nucléaire - Imagerie fonctionnelle et métabolique - 2006 - vol.30 - n°11
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INTRODUCTION
ÖL’anatomie complexe de la région
cervico-faciale rend difficile son ex-
ploration [1]. Si l’imagerie standard
permet d’obtenir des informations
topographiques intéressantes, l’apport
de la médecine nucléaire par l’inter-
médiaire de la tomographie par émis-
sion de positons (TEP) au [18F]-fluoro-
2-déoxy-D-glucose (FDG) semble être
bénéfique sur le plan diagnostique en
permettant, en un examen unique, de
réaliser un bilan d’ensemble du pa-
tient [2]. La TEP au FDG reflète l’acti-
vité métabolique d’une lésion : le
FDG injecté va être capté par les cel-
lules consommant du glucose, notam-
ment les cellules cancéreuses dont
le métabolisme glucidique anaérobie
est prédominant [3,4]. Celles-ci vont
donc apparaître sous la forme de
foyers d’hyperfixation.
La TEP a depuis longtemps prouvé
son intérêt en carcinologie, notam-
ment en ORL [5] : recherche de tu-
meur primitive devant une adénopa-
thie cervicale prévalente [6],
stadification initiale [2, 7], surveillance
post-thérapeutique [8,9] et recherche
de récidive [10]. La place de la TEP a
été évaluée en France dans le cadre
des SOR (Standards Options Recom-
mandations) [11]. La principale limite
de la TEP est son manque de préci-
sion sur le plan anatomique [12]. Ce-
pendant, l’arrivée récente de la TEP/
TDM, qui a déjà montré sa supério-
rité par rapport à la TEP seule [13, 14],
permet, en réalisant une fusion d’ima-
ges TEP et TDM, d’obtenir des infor-
mations précises de l’activité métabo-
lique d’une tumeur et de sa localisa-
tion anatomique.
Le but de cette étude a été de rappor-
ter l’expérience de notre équipe, con-
cernant l’utilisation de la TEP/TDM,
dans ses principales indications en
cancérologie ORL et d’en évaluer
l’apport par rapport au bilan standard.
MATÉRIEL ET MÉTHODE
ÖCette étude rétrospective a inclus
125 patients, tous porteurs d’un car-
cinome épidermoïde des VADS et
ayant eu une TEP/TDM entre novem-
bre 2003 et août 2005. Toutes les TEP/
TDM ont été réalisées au sein de l’hô-
pital de la Timone (CHU Marseille).
Dans toutes les indications, un bilan
standard (BS) a été réalisé au même
moment que la TEP/TDM. Il a com-
pris :
- Sur le plan loco-régional : un exa-
men clinique de la tête et du cou, une
nasofibroscopie et une tomodensito-
métrie (TDM) réalisée après injection
de produit de contraste iodé explo-
rant la cavité buccale, les trois étages
pharyngés, le larynx et la région cer-
vicale.
- Sur le plan de la recherche de lé-
sions à distance (métastase, second
cancer) : une échographie abdomi-
nale et une TDM explorant le thorax
et le médiastin, réalisée dans le même
temps que la TDM de la tête et du cou.
Les TEP/TDM ont toutes été effectuées
sur une caméra Discovery ST (GE
Médical System, Waukesha, USA) 60
min après injection de 260 à 333 MBq
de FDG selon le poids des patients,
chez des patients à jeûn depuis au
moins 6 heures, au repos en décubi-
tus dorsal et équilibrés sur le plan
glycémique (glycémie capillaire infé-
rieure à 7 mmol/L). L’acquisition des
données a compris une tomodensi-
tométrie (120 kV, 80 mAs) réalisée en
mode hélicoïdal de la base du crâne
à la racine des cuisses puis l’acquisi-
tion des données scintigraphiques (5-
7 positions de lit de 3 min) sur le
même volume d’intérêt en mode 3D.
La reconstruction des données TEP a
utilisé un algorithme OSEM (Orderd
Subset Expectation Maximisation)
comprenant 5 itérations et 32 sous-
ensembles. L’épaisseur de coupe des
images reconstruites a été de 3,27
mm. La majorité des patients a béné-
ficié d’une acquisition additionnelle
prolongée sur la région cervicale (un
pas de 10 min). L’interprétation des
examens a été réalisée sur une con-
sole de traitement Xéléris avec lec-
ture des coupes coronales, sagittales
et transaxiales reconstruites.
L’apport de la TEP/TDM vis-à-vis du
bilan standard a été évalué :
- Sur le plan local : la pan-endoscopie
des VADS a servi de référence pour
l’analyse comparative. La pan-endos-
copie, réalisée sous anesthésie géné-
rale, a permis un examen de toute la
muqueuse ORL ainsi que la réalisa-
tion de biopsies. Lorsque le patient a
présenté une TEP positive, des biop-
sies multiples dirigées sur la zone
d’hyperfixation ont été réalisées, ces
zones ayant été aisément repérées
grâce à la fusion des images (coupes
en 2 dimensions). Le reste de l’exa-
men a ensuite été réalisé de façon clas-
sique (biopsies systématiques sur les
zones suspectes repérées soit sur la
TDM, soit lors de l’endoscopie).
- Pour la recherche d’un second can-
cer des VADS, lors de la stadification
initiale, la pan-endoscopie et la fibros-
copie oeso-gastro-duodénale (FOGD)
ont servi de référence.
- Sur le plan ganglionnaire, le résultat
de l’analyse histologique des pièces
d’évidement ganglionnaire ou des
cytoponctions, lorsqu’elle a été réali-
sée, a servi de référence.
- Sur le plan des lésions à distance
(métastases, cancers synchrones), le
résultat de l’analyse histologique des
biopsies effectuées lors d’un bilan
orienté (fibroscopie bronchique,
ponction-biopsie hépatique…), réali-
sée en cas de positivité du BS ou de
la TEP/TDM, a servi de référence pour
l’analyse comparative.
La TEP/TDM a toujours été réalisée
avant les biopsies ou les gestes chi-
rurgicaux afin de permettre la réali-
sation de biopsies sur les éventuel-
les zones suspectes. De plus, une biop-
sie de la muqueuse effectuée avant
la TEP/TDM aurait pu fausser les ré-
sultats en créant des faux positifs
consécutifs à l’inflammation produite
par la cicatrisation de la zone
biopsiée.
Lorsque aucun résultat histologique
n’a été disponible pour l’analyse com-