1.2.1. Descriptionpétrographiqueetclassificationdeskimberlites
D’un point de vue pétrographique, les kimberlites sont des roches inéquigranulaires,
de composition minéralogique variée, généralement composées de phénocristaux (ou
microphénocristaux) d’olivine largement dominante, de phlogopite et de spinelle riche en Cr,
dispersés dans une matrice constituée d’olivine, de phlogopite, de spinelle titanifère, de
pérovskite, de sulfures, d’ilménite magnésienne, de magnétite, de monticellite, d’apatite, de
calcite, de dolomite, de serpentine et rarement de chlorures (e.g. Mitchell, 1986 ; 2008 ;
Kamenetsky et al., 2008). La présence de ces phases et leurs abondances relatives ne sont pas
constantes et dépendent de la nature du magma kimberlitique et de son degré de
différenciation.
Deux types de kimberlite ont rapidement été identifiés en Afrique du Sud : ils ont
initialement été dénommés « type basaltique » et « type micacé », sur base pétrographique par
Wagner (1914). Plus tard, ils ont été appelés « Groupe I » et « Groupe II », sur base
isotopique (Smith, 1983), ou encore « kimberlite » et « orangéite », sur base minéralogique
par Mitchell (1995).
La kimberlite de type basaltique contient typiquement moins de 5 % de phénocristaux de
mica, alors que celle de type micacé, ou lamprophyrique, contient de nombreux phénocristaux
de mica dans une matrice qui en est également riche. Cette classification, longtemps utilisée,
est en fait inappropriée : le terme « basaltique » suggère en effet la présence de plagioclase
alors que les kimberlites en sont dépourvues et le second, une relation avec les lamprophyres,
ce qui n’est pas démontré (Demaiffe, 1995).
Bien que la présence de kimberlites du Groupe II n’ait été démontrée qu’en Afrique du
Sud, la classification isotopique en Groupe I et Groupe II est celle qui, à ce jour encore, est
mondialement utilisée. Ce sont les compositions isotopiques initiales du Sr, (87Sr/86Sr)0, et du
Nd, (143Nd/144Nd)0 ou εNd0, qui ont initialement permis de différencier les deux groupes de
kimberlites (Smith, 1983). Le Groupe I a une signature isotopique un peu moins radiogénique
en Sr ((87Sr/86Sr)0 faibles : 0,703-0,705) et un peu plus radiogénique en Nd (εNd0 proches de 0
à faiblement positifs) que l’actuelle composition de la Terre globale silicatée (« Bulk Silicate
Earth », BSE). Elles présentent dès lors des similarités avec les basaltes d’îles océaniques
d’affinité alcaline (« ocean island basalts », OIB) (e.g. Kramers et al., 1981). Une source
sublithosphérique légèrement appauvrie en éléments incompatibles a rapidement été proposée
pour ces roches. La signature isotopique du Groupe II, plus riche en mica, est plus
radiogénique en Sr ((87Sr/86Sr)0 élevés : 0,707-0,712) et moins radiogénique en Nd (εNd0
nettement négatifs : -5 à -12). Leur source, semblable à celle des lamproïtes, résiderait dans le