L'objectif principal de ce travail est de mettre en évidence les hétérogénéités qui existent
dans le manteau à l'aplomb de cette région, en relation avec les résultats des travaux de
géophysique qui ont montré l'existence d'un couloir d'anomalies thermiques de direction E-
W, qui s'étend sous les bassins sahariens en passant par Illizi. Il serait prématuré
d'échaffauder un modèle pétrologique à l'échelle de toute cette zone. Néanmoins, il
apparaît désormais que les manifestations volcaniques le long de ce couloir possèdent des
caractères pétrographiques particuliers qui les distinguent des autres manifestations
décrites jusque-là en Algérie, notamment de celles du Hoggar voisin (Atakor-Tahalra /
Eggéré-Adrar n'Ajjer) qui montrent entre elles des différences telles qu'elles compliquent la
construction d'un modèle géodynamique simple; ou bien de celles de la marge maghrébine
(ex : Oranie) qui a été le siège d'une tectonique tangentielle très complexe, impliquant la
rupture d'une lithosphère subductée, modèle qui ne rend pas toujours bien compte de la
diversité lithologique d'un magmatisme bimodal (volcanisme et plutonisme) ayant
probablement débuté depuis le Trias pour finir au Quaternaire avec l'extrusion des basaltes
alcalins d'Oranie et de leurs enclaves mantelliques (Zerka, 2004).
La présence de mélilitites à In Téria, de péridotites à apatite signalées dans la région
d'Amguid et de diamant détritique plus à l'Ouest (Bled El Mas), sont autant de caractères
singuliers, propres à ce linéament stuctural E-W, qui méritent d'être pris en compte. A la fin
de ce travail (chapitre VI), la récolte de toutes les données soit théoriques soit de terrain
sont réunies et discutées dans un cadre géodynamique global d'une lithosphère saharienne
en évolution permanente, dans lequel des roches telles que les kimberlites sont considérées,
en raison de leur affinité chimique avec ce type de lave à mélilite et en raison aussi du
problème posé par la découverte de diamant dans les sables sahariens. Un autre type de
roche, les éclogites, suscite aujourd'hui l'intérêt des géologues et vient perturber les
schémas classiques sur le Hoggar où ces métabasites semblent omniprésentes,
indifféremment dans tous les compartiments de ce bouclier. Dans le modèle que nous
présentons dans ce dernier chapitre, les éclogites sont également prises en considération.
Avec les kimberlites, elles paraissent bien s'accorder dans la représentation d'une évolution
de la lithosphère saharienne inscrite dans un cadre historique global où les événements
panafricains, bien qu'ils aient été souvent exagérés dans les représentations classiques du
Hoggar, n'ont pas effacé les empreintes indélébiles d'événements plus anciens.