de la transmission croisée est principalement celle de
soignant vers soigné, en contexte d’épidémie d’EBOLA,
c’est la prévenon de la transmission croisée de soigné
vers soignant qui est au cœur de toutes les préoccupa-
ons et de toutes les précauons prises.
L’objecf principal d'un CTE est d’isoler les malades et de
circonscrire le virus. Cet objecf ne doit pas empêcher
de prendre soin des malades et d'assurer un suivi médi-
cal. Le taux de létalité moyen est d’environ 50%, mais les
chances de survie des paents augmentent grâce à cee
prise en charge symptomaque, qui se traduit principa-
lement par un processus de réhydrataon et nutrion,
de geson de la douleur, agrémentés si besoin d’un sou-
en psycho-social, proposé également aux familles.
Organisaon du CTE
Le site comprend principalement deux grandes tentes
pour accueillir les paents. Une pour les paents "sus-
pects", une pour les paents "conrmés" posifs au
virus Ebola. On trouve également une pharmacie, un
laboratoire d’analyses géré par l’Instut Pasteur, une
morgue, une zone d’incinéraon des déchets, des zones
de neoyage et de séchage des boes et tabliers en
caoutchouc.
Le CTE fonconne grâce à diérents professionnels :
• Les soignants : médecins, inrmiers
• Les "hygiénistes" : il s’agit du personnel dédié à
l’installaon des paents, la sore des guéris, l’en-
treen des sols et surfaces, la geson des excrétas,
la geson des déchets, le remplissage des bacs de
soluons chlorées, la geson des cadavres. C’est le
personnel le plus exposé au risque de contamina-
on, car en contact permanent avec des produits et
déchets hautement contaminés.
• Les équipes psycho-sociales : ces équipes gèrent les
sores des paents, le retour dans la communauté,
les relaons avec les familles, assurent un souen
psychologique et la sensibilisaon communautaire.
Ils recensent également les personnes "contact" des
malades, an d’assurer leur suivi dans les villages et
de les inciter à se présenter au CTE si les symptômes
de la maladie apparaissent.
• Le personnel de la pharmacie, les lavandières,
les "chlorateurs", les agents techniques, les
agents logisques, les ambulanciers parcipent
également au bon fonconnement du CTE.
Bullen CClin-Arlin n° 2 - mars 2016
• Les paents guéris, et donc immunisés, repré-
sentent une ressource précieuse pour prendre en
charge à la crèche les enfants de parents malades,
et s’occuper des nourrissons malades à l’intérieur
même de la zone à haut risque.
L'admission d'un paent dans un CTE passe par l’étape
de "triage". Un médecin évalue l'état de santé du paent
en conservant une distance de sécurité d'au moins deux
mètres. Les symptômes d'Ebola comme la èvre, les vo-
missements, la diarrhée, les douleurs arculaires ou la
fague sont recherchés. Le médecin cherche également
à savoir si le paent a été en contact avec un malade
d'Ebola, dans son entourage ou dans sa famille.
La diculté de cee étape réside dans le fait que les
symptômes ne sont pas spéciques, mais communs à
d’autres maladies infeceuses endémiques de la région
(paludisme, èvre typhoïde).
Une fois cee étape passée, et si les facteurs de risque
sont réunis, le paent est admis dans le CTE dans la tente
des paents "suspects". Là, un prélèvement sanguin est
réalisé pour rechercher la présence du virus Ebola mais
aussi du paludisme. Le résultat est connu en 4 heures.
Soit le paent est négaf "non cas", et sortant, soit le
paent est posif, et transféré en zone "conrmés".
Dans ce contexte d’épidémie d’Ebola, où la priorité ab-
solue est la protecon des soignants, il était très com-
pliqué de mere l’accent, auprès des soignants, sur les
risques très élevés de transmission croisée entre pa-
ents dans cee zone où cohabitent des paents sains
et des paents aeints. Les soignants étant très concen-
trés sur leur propre protecon, il était nécessaire d’in-
sister régulièrement sur l’obligaon d’un lavage régulier
des gants entre 2 paents. Dans ce contexte, il ne fallait
pas non plus perdre de vue le risque de transmission aux
paents d’autres infecons, en parculier lors d’actes
invasifs comme la pose de cathéter périphérique pour
la réhydrataon. En Guinée, l’hygiène hospitalière n’est
pas une discipline développée et enseignée au person-
nel soignant, et le manque de formaon et de moyens
favorise très largement la transmission croisée.
Le paent aeint, transféré en zone «conrmés», bé-
nécie alors d’un traitement symptomaque. Après 48
heures sans symptôme, des analyses sanguines sont à
nouveau eectuées. Deux analyses négaves consécu-
ves permeent de déclarer le paent «guéri», qui peut
alors quier le CTE.