Présentation
Séverine FLURY BOTTERON . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
Dossier
Pascal LENOIR
Classifications nosographiques dans l’autisme et les troubles apparentés . . 13
Jean-Marie GAUTHIER
A propos des conceptions et théories actuelles de l’autisme . . . . . . . . . . . . 25
Olivier CHOUCHENA & Séverine GONDOUIN
«Il était une voix»... A propos d’une observation clinique d’un enfant
souffrant d’un syndrome d’Asperger . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
Nathalie COURTOIS
Troubles pragmatiques chez l’enfant atteint d’autisme . . . . . . . . . . . . . . . . 51
Léo BARBLAN
Regards du psychomotricien et du logopédiste sur l'enfant psychotique:
effet miroir ou enrichissement mutuel? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
Hiéroglyphes
Natacha AVANTHEY GRANGES
L’histoire d’une rencontre: une co-construction autour du langage
et de la communication . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
Inter-Actions
Catherine GEIGER
Le cheminement d’un enfant psychotique vers la symbolisation et le langage 84
Notes de lecture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
Memento
Colloques, formation permanente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
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SOMMAIRE
A. Introduction
Depuis les descriptions initiales faites par Kanner (1943), le regard
porté sur l’autisme a considérablement évolué et celui-ci est appréhendé de
façon plus large. Par conséquent, les pistes d’interventions se sont également
diversifiées. Ainsi, les orthophonistes-logopédistes sont actuellement interpel-
lés pour intervenir auprès de tels enfants et sont appelés à mettre en place un
suivi pour les accompagner, ainsi que leur entourage, dans le développement
de leurs habiletés communicatives et langagières. Nous proposons ici de
reprendre quelques critères de définition de l’autisme. Puis, nous rappellerons
certaines spécificités de fonctionnement de la communication et du langage
d’enfants autistes.
Dans une partie plus pratique, nous évoquerons quelques principes
d’évaluation et de traitement des capacités langagières et communicatives d’en-
fants présentant un trouble envahissant du développement. Enfin, nous souligne-
rons l’importance d’accompagner les parents et de les intégrer au traitement
orthophonique-logopédique par le biais d’une guidance parentale.
2
PRÉSENTATION
Langage & pratiques, 2005, 36, 2-12
I. Définitions et classifications des troubles envahissants du développement
Les troubles envahissants du développement regroupent un ensemble de
désordres d’apparition précoce qui viennent perturber le développement de l’en-
fant et qui induisent des déficits et des anomalies qualitatives dans le fonction-
nement intellectuel, sensoriel, moteur ou langagier. De telles séquelles peuvent
être isolées ou combinées et sont parfois associées à des troubles de la commu-
nication et de l’adaptation sociale, comme c’est le cas dans les désordres appar-
tenant au spectre autistique (Rogé, 2003)1.
Les classifications internationales2s’accordent à dire que les troubles
envahissants du développement peuvent être classés dans cinq catégories
principales:
trouble autistique (autisme);
syndrome de Rett;
trouble désintégratif de l'enfance;
syndrome d'Asperger;
trouble envahissant du développement non spécifié.
La classification de l’OMS propose une catégorie supplémentaire, soit le
syndrome d’hyperactivité, et distingue, au sein des troubles autistiques, l’autis-
me infantile proprement dit de l’autisme atypique où seul une partie des critères
diagnostiques se retrouvent. Si de telles classifications constituent de précieuses
références, elles sont également en constante évolution, comme le démontre ci-
dessous le pédopsychiatre Pascal Lenoir.
1. Les troubles autistiques3
Ainsi, à titre indicatif et au risque de schématiser, nous rappelons que le
diagnostic de trouble autistique peut être posé notamment sur la base d’une grille
de lecture proposée par l’APA4, soit:
A. Un total de six items ou plus appartenant aux rubriques 1, 2 et 3 avec au moins
deux des signes de la rubrique 1 et un item dans chacune des rubriques 2 et 3.
3
1Bernadette Rogé, Autisme, comprendre et agir, Dunod, 2003.
2Organisation Mondiale de la Santé (OMS, CIM-10), Association Psychiatrique Américaine (APA
DSM IV).
3On se référera pour plus de détails à propos des autres catégories aux circulaires de l’OMS et de
l’APA.
4Classification de l’Association américaine de psychiatrie, DSM IV.
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1. Anomalies qualitatives de l’interaction sociale qui se manifestent par:
des anomalies nettes dans l’utilisation de comportements non verbaux
tels que le contact visuel, l’expression faciale, les postures corporelles
et les gestes qui servent à réguler l’interaction sociale;
un échec pour développer des relations avec les pairs correspondant au
niveau de développement;
un manque de recherche spontanée du partage des activités ludiques,
des intérêts ou de ce que l’on fait avec les autres (l’enfant ne montre
pas, n’apporte pas pour montrer, ne pointe pas un objet qui l’intéresse
pour montrer);
un manque de réciprocité sociale ou émotionnelle.
2. Anomalies qualitatives dans la communication qui se manifestent par:
un retard ou une absence totale de développement du langage (non
accompagné d’un effort de compensation par d’autres moyens de
communication tels que les gestes ou le mime);
chez les sujets ayant un langage correct, de nettes anomalies à amor-
cer ou à poursuivre une conversation avec les autres;
une utilisation stéréotypée et répétitive du langage ou langage idio-
syncrasique;
un manque de différents jeux de «faire semblant» spontanés ou de jeu
social imitatif correspondant au niveau de développement.
3. Intérêts restreints et comportements et activités répétitifs et stéréotypés
qui se manifestent par:
une préoccupation persistante pour un ou plusieurs centres d'intérêts
stéréotypés et restreints, anormale par l’intensité ou le thème:
une adhésion apparemment inflexible à des routines ou rituels non
fonctionnels;
des mouvements stéréotypés et répétitifs (par exemple, battement des
mains ou des doigts, torsion ou mouvements complexes de l’ensemble
du corps);
une préoccupation persistante pour des parties d’objets.
B. Le développement est retardé ou perturbé avant l'âge de trois ans, dans
au moins un des domaines suivants:
interaction sociale;
langage utilisé dans la communication sociale;
jeu symbolique ou imaginatif.
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C. Les perturbations ne sont pas liées au syndrome de Rett ou à un désordre
désintégratif de l’enfance.
2. Les troubles envahissants du développement non spécifiés
Toujours selon l’APA, les troubles envahissants du développement non
spécifiés sont définis comme étant des anomalies sévères et envahissantes dans
le développement de l’interaction sociale réciproque, les intérêts et les activités,
mais sans que les critères soient réunis pour porter un diagnostic de trouble enva-
hissant spécifique.
II. Spécificité du profil communicatif et langagier des enfants autistes
Décrire le fonctionnement communicatif et les habiletés langagières de
l’enfant autiste, c’est entrer dans la variabilité: les compétences peuvent différer
fortement d’un enfant à l’autre. Ceci s’explique tout d’abord par la diversité des
tableaux cliniques rencontrés, l’intensité des troubles existant à des degrés
variables. Par ailleurs, la dimension développementale du trouble implique que
les éléments observés diffèrent selon l’âge et selon le niveau de développement
global de l’enfant, son fonctionnement cognitif en particulier.
1. Les signes précoces de l’autisme dans le développement communicatif
L’identification précoce des troubles envahissants du développement
constitue actuellement une préoccupation majeure pour une mise en place des
prises en charges dès le plus jeune âge.
Certains signes précoces de l’autisme sont déjà observables au cours de la
période pré-linguistique: en premier lieu, l’absence ou la pauvreté des fonctions
communicatives remplissant des buts d’attention conjointe sont à retenir: c’est-à-
dire la difficulté à partager un intérêt commun (ex. objet, jeu) avec l’interlocuteur.
Les enfants autistes présentent un décalage significatif dans leur éventail d’actes
communicatifs, dans la mesure où ils initient peu l’échange dans un but d’atten-
tion conjointe (ex. montrer un objet ou fournir un commentaire). Lorsque l’atten-
tion conjointe est initiée par l’adulte, ils présentent de la difficulté à maintenir
l’échange et à rester centré sur l’objet d’attention. Cet aspect constitue un élément
clé dans l’analyse du profil communicatif des enfants avec trouble envahissant du
développement et il contribue à distinguer cette population des enfants présentant
d’autres troubles développementaux. Des anomalies dans l’attention portée au
langage «neutre» sont également identifiables de façon précoce, c’est-à-dire que
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