Hiver 2014 - Biopark Charleroi Brussels South

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C H A R L E R O I
B R U S S E L S
S O U T H
La newsletter du Biopark
Charleroi Brussels South
n°24 — hiver 2014
IBMM - 15 ans
L’IBMM fait peau neuve
2
IBMM : M comme médecine…
4
Biopark : près de 900 emplois
6
Nouveau venu: Abel Garcia Pino 7
Lauréat du Fonds Ithier 2014
8
First entreprise GSK-CMMI
9
Masterclass thérapie cellulaire
10
Une alternative à l’histologie ?
11
En bref
12
L’IBMM fait peau neuve
Humeur
La valeur de la recherche
Il est une évidence qu’il semble falloir rappeler
en cette fin d’année : c’est par la recherche
fondamentale que se font les grandes avancées
en termes scientifiques et donc de progrès de la
connaissance, mais aussi les avancées sociétales,
médicales et socio-économiques. Le Biopark en
est une excellente illustration. Parce qu’au Biopark,
la recherche fondamentale de qualité a précédé
les créations d’entreprises, l’accompagnement
de PME, la formation de demandeurs d’emplois –
engagés pour 90% d’entre eux dans les semaines
qui ont suivi leur formation. La première pierre
du Biopark fut en effet l’Institut de biologie et de
médecine moléculaires.
Puisque les souhaits sont de mise en ce mois
de décembre, je formulerai un vœu : que le
financement de la recherche fondamentale et libre
continue à être l’objet de toutes les attentions et
puisse être revalorisé, permettant ainsi à cette
recherche de s’inscrire dans les meilleurs réseaux
belges et internationaux. C’est une autre évidence
qu’il convient de répéter : les chercheurs doivent
partager, échanger, collaborer pour progresser, que
ce soit à l’échelle d’un institut – comme l’a bien
compris l’IBMM –, de leur Université, du pays, de
l’Europe ou de l’ensemble de la planète…
Bonne et heureuse année 2015.
Serge Schiffmann
Vice-Recteur à la Recherche
Université libre de Bruxelles
2
IBMM - 15 ans
L’IBMM a 15 ans et il s’offre un "lifting" : ses axes de recherches
sont réaffirmés, ses réseaux sont animés. Rencontre avec le
nouveau bureau de l’IBMM 2015 : Bruno André (Président),
Laurence Van Melderen (Secrétaire) et Bernard Robaye­
(Vice-président et Trésorier).
COMMENT SE PRÉSENTE L’IBMM
EN 2015 ?
Bruno André : L’IBMM compte aujourd’hui
environ 85 chercheurs – académiques,
postdoc, doctorants –, 13 groupes de
recherche qui sont réunis autour de deux
grandes thématiques : la microbiologie
moléculaire et la biologie cellulaire et
du développement. L’axe Microbiologie
moléculaire s’intéresse aux virus – notamment
HIV –, bactéries, levures, parasites – tels que
le trypanosome –, etc. qui peuvent conduire à
diverses maladies infectieuses. L’axe Biologie
cellulaire et développement étudie quant à
lui la cellule complexe de mammifère et le
développement embryonnaire via des modèles
variés : souris, xénope, poisson-zèbre… Ces
travaux visent à mieux comprendre in fine
différentes pathologies d’origine génétique et
en particulier certains cancers.
CES DEUX AXES, C’EST
UNE NOUVEAUTÉ ?
Bruno André : Oui puisqu’auparavant, nous
nous présentions de manière plus éclatée ;
non dans la mesure où certaines de nos
expertises sont reconnues depuis longtemps.
Ces deux axes – qui ont d’ailleurs été définis
avec les laboratoires eux-mêmes – sont
complémentaires à un axe fort déjà identifié
il y a plusieurs années sur le Biopark :
l’immunologie. En 15 ans, l’IBMM a évolué,
des laboratoires ont vu leur thématique de
recherche mûrir, de nouvelles équipes nous ont
rejoints, il était temps de transcrire cette réalité
scientifique dans notre communication aussi.
C’EST DONC AVANT TOUT UNE
OPÉRATION DE COMMUNICATION ?
Bernard Robaye : Nous avons jugé nécessaire,
après 15 ans d’existence, d’actualiser
notre communication sur les expertises et
les axes stratégiques de l’IBMM. C’est par
exemple utile pour faciliter les liens avec
les entreprises. Mais c’est aussi pour nous
l’occasion de mieux nous organiser en interne,
entre les équipes actives sur le même axe, et
d’intensifier les synergies, y compris avec les
chercheurs du campus Erasme et du réseau
hospitalier de l’ULB ainsi que de l’Institut de
bioinformatique (IB2) où d’autres chercheurs
travaillent sur des sujets proches des nôtres.
UN EXEMPLE, PARMI D’AUTRES, DE CES
COLLABORATIONS ?
Bernard Robaye : Plusieurs équipes de l’IBMM
collaborent notamment avec le Laboratoire de
Médecine expérimentale dirigé par le Prof. K.
Zouaoui Boudjeltia et localisé au CHU Hôpital
Vésale de Charleroi. Ces collaborations
portent sur des sujets de recherche tels
l’athérosclérose et le choc septique. Ce type
de collaboration est très important car il
concrétise le "M" pour "Médecine" du sigle
IBMM et surtout facilite l’accès à du matériel
de recherche humain (prélèvement de tissu,
cellules sanguines, …).
COMMENT INTENSIFIER CES
SYNERGIES ?
Laurence Van Melderen : La meilleure
manière est de mettre les gens ensemble,
simplement, pour exposer leurs recherches et
établir de nouveaux liens. C’est ce qui s’est
produit quand l’IBMM a organisé un workshop
technologique à l’automne : nous faisons le
point sur les nouveaux outils de manipulation
des génomes, avec des chercheurs de
l’IBMM, d’Erasme et d’autres universités qui
ont commencé à utiliser cette technologie
émergente, des firmes qui la commercialisent,
etc. Vu le succès – quelque 130 inscrits –
et l’intérêt, ce workshop technologique va
devenir annuel. En janvier, nous organisons
deux matinées de la microbiologie
moléculaire : les jeunes chercheurs –
doctorants, postdoc – qui travaillent sur cet
axe viendront présenter leur recherche, en
anglais, en maximum 12 minutes, suivies
de 5 minutes de questions-réponses. C’est
un bon exercice pour eux mais aussi une
belle occasion pour nous de nous informer
et peut-être de nouer une collaboration. Des
représentants d’entreprises actives dans
ce secteur seront aussi invités. Là aussi, ce
rendez-vous sera annuel, alternant nos deux
axes de recherche. D’autres projets articulés
sur les deux axes sont en gestation.
L’ENTHOUSIASME EST TOUJOURS
PRÉSENT ?
Bruno André : Oui, d’ailleurs comment ne pas
l’être ? Nous inaugurions l’Institut de biologie
et de médecine moléculaires il y a 15 ans,
quasiment au milieu des champs. Aujourd’hui,
l’IBMM est un institut de recherche aux côtés
de l’IMI, du CMMI, etc. mais aussi d’autres
acteurs – entreprises, centre de formation,
incubateur, etc -, au sein du Biopark. Dans
toute cette dynamique, nous avions besoin
de nous fédérer et d’afficher nos spécificités
au sein de l’IBMM pour, par exemple, monter
plus facilement des projets de recherche
ensemble ou avec des collègues du campus
Erasme ou du secteur hospitalier. En 2015, la
dynamique est lancée…
Nathalie Gobbe
IBMM - 15 ans
3
IBMM : M comme médecine…
Composé à quelque 95% de chercheurs de la Faculté des Sciences, l’Institut de biologie et de
médecine moléculaires mène des recherches liées à de nombreuses pathologies, qu’il s’agisse
de maladies infectieuses, de maladies génétiques ou de cancers.
Ostéoporose osseuse
Maladie du sommeil
Le trypanosome est un parasite qui emploie
un insecte vecteur, la mouche tsé-tsé, pour se
reproduire et se propager dans ses nombreux
hôtes mammifères. Chez l’homme, ce parasite
provoque la maladie du sommeil, touchant chaque
année quelque 60.000 personnes en Afrique.
Des chercheurs de l’IBMM ont réussi à décrire en
profondeur le mécanisme moléculaire à la base
de la pathogénèse de la maladie du sommeil et à
envisager de possibles stratégies thérapeutiques.
Sepsis
Au détour de leurs recherches sur le trypanosome, des chercheurs de l’IBMM
se sont intéressés aux protéines apoL. Leur rôle physiologique n’est pas connu
mais une d’entre elle semble intervenir dans le sepsis, anciennement appelé
septicémie, soit un état inflammatoire grave généralement associé à une
infection du sang par des bactéries ou des virus. Il entraîne le décès dans 30
à 60% des cas, sur un total de 750.000 par an pour un pays comme les Etats
Unis. Son importance pourrait s’amplifier dans les années à venir suite à la
progression des infections par des bactéries résistantes aux antibiotiques.
Brucellose
Ciliopathies
Choc septique
Syndrome de
Pena-Shokeir
Cystinose
Obésité
En tentant de mieux comprendre le rôle de la protéine
apoL1, des chercheurs de l’IBMM ont observé un lien
potentiel avec certaines formes d’obésité. Actuellement
qualifiée d’épidémie, l’obésité touche plusieurs dizaines de
pourcents de la population dans de nombreux pays.
4
IBMM - 15 ans
La cystinose est une maladie génétique causée par
le dysfonctionnement d’une protéine de transport des
lysosomes, la cystinosine, qui catalyse la sortie de cystine
présente dans ce compartiment cellulaire. Des chercheurs
de l’IBMM étudient les liens entre le cystinosine et
d’autres protéines de transport du lysosome. L’objectif est
de mieux comprendre les conséquences sur la cellule de
l’accumulation de cystine dans les lysosomes, ainsi que
le mode d’action de la cystéamine, le seul médicament
disponible pour traiter cette pathologie.
SIDA
Ribosomopathies
Malgré l’efficace multithérapie anti-SIDA actuelle,
on ne guérit pas encore du SIDA. Actuellement,
l’obstacle majeur à l’éradication du virus HIV
est la présence dormante de réservoirs du virus
qui peuvent se réveiller, par exemple, suite à un
simple rhume. Une optimisation importante des
traitements anti-SIDA consisterait à réduire, voire
éliminer, les réservoirs de virus dormants tout en
maintenant le patient sous un traitement antiSIDA efficace pour empêcher les virus réveillés
d’infecter de nouvelles cellules.
Depuis de nombreuses années, des chercheurs
de l’IBMM travaillent à mieux comprendre les
mécanismes moléculaires responsables de la
latence et donc à trouver des stratégies pour
débarrasser les patients de leur infection.
Filariose
Leucémies et lymphomes
d'origine virale
Au sein des cellules de notre corps, toutes les protéines
sont fabriquées par des nanomachines, les ribosomes. Les
ribosomes sont constitués de dizaines de pièces qui doivent
être précisément assemblées pour générer des machines
fonctionnelles et fidèles. Lorsque les ribosomes sont mal
assemblés, nos cellules fabriquent trop peu de protéines qui
peuvent en outre contenir des erreurs. Nous risquons alors
de développer des maladies graves connues depuis peu sous
le nom de ribosomopathies ou maladies du ribosome. Les
patients atteint de ribosomopathies sont souvent victimes
de cancers, de problèmes de maturation des cellules du
sang et de développement du squelette. Des chercheurs de
l’IBMM étudient la biogenèse du ribosome dans les cellules
humaines et tentent de comprendre comment des problèmes
d’assemblage du ribosome entraînent les ribosomopathies.
Leucémie aiguë
myéloblastique
Cancer
Maladies cérébrovasculaires
Abrité des chocs par la boîte crânienne, les méninges et le liquide céphalorachidien, le cerveau est en outre équipé
d’un filtre biologique complexe: la barrière hémato-encéphalique. Cette interface hautement régulée entre le système
sanguin périphérique et le système nerveux central assure l’homéostasie du liquide qui baigne le cerveau et le protège
des pathogènes et des neurotoxines qui circulent dans le sang. Les fonctions d’isolement et de protection du cerveau
font cependant de cette barrière un obstacle majeur dans le traitement des maladies du système nerveux central, en
excluant plus de 98% des molécules thérapeutiques potentielles.
Maladie liée à la
cicatrisation osseuse
A contrario, une barrière endommagée génère une accumulation excessive de fluide dans le cerveau qui participe à la
physiopathologie d’un grand nombre de maladies telles l’accident vasculaire cérébral, les maladies neurodégénératives
ou les pathologies neuroinflammatoires. Des chercheurs de l’IBMM tentent de mieux comprendre ces processus.
Athérosclérose
Anévrisme
Néphropathies
5
Biopark : près de 900 emplois
L’IBMM et ses quelque 150 emplois à l’origine ont essaimé : aujourd’hui, 15 ans plus tard, le
Biopark emploie près de 900 collaborateurs, représentant pas moins de 22 nationalités différentes,
titulaires de diplômes variés (du secondaire au doctorat) et habitant pour près de 80% d’entre eux
en Wallonie, comme l’indiquent nos dernières statistiques1.
16%
24%
Enseignement
secondaire
Doctorat
33%
Master
Ils sont
diplômés
27%
Baccalauréat
3%
France
15%
Bruxelles
Brabant Wallon
46%
Hainaut
Ils habitent
4%
Flandres
16%
Namur
1
12%
4%
Liège
Statistiques au 15 novembre 2014, établies en collaboration avec les différents instituts et entreprises du Biopark
6
IBMM - 15 ans
Structure des protéines : des cristaux de patience
Après un long passage par la VUB, le chercheur d’origine cubaine Abel Garcia Pino s’installe au
Biopark pour lancer un laboratoire centré sur l’étude de la structure des protéines. Un nouveau
challenge qui demande patience et persévérance. Rencontre.
Une armoire, quelques
tables, deux chaises
et des murs encore
vierges de tout poster :
le bureau d’Abel Garcia
Pino est encore assez
vide. "Je viens de m’y
installer", précise ce
trentenaire plutôt discret, "Il y a encore tellement
de choses à faire". Arrivé à l’IBMM il y a quelques
semaines, Abel Garcia Pino prévoit de fonder
son unité de recherche, le futur laboratoire de
Biologie structurale et biophysique. "J’ai toujours
voulu étudier la Biologie structurale", explique-til, "c’est un des rares domaines en biologie pour
lequel on a un résultat visible sous les yeux. Et on
peut obtenir déjà beaucoup de renseignements
sur le fonctionnement d’une protéine rien qu’en
regardant sa structure". C’est déjà avec cette
envie en tête que le chercheur d’origine cubaine
a quitté La Havane pour Bruxelles et la VUB afin
d’effectuer un master, directement suivi d’un
doctorat et d’un post-doctorat. Une formation
qui lui a appris la patience : "Il faut parfois
beaucoup de temps avant d’arriver à cristalliser
une protéine", explique-t-il, "C’est beaucoup
de travail. Il faut savoir gérer la frustration de
l’échec et recommencer, encore et encore.
Heureusement, c’est une technique fascinante et
je suis plutôt tenace."
DÉJÀ DES PROJETS EN COURS
Une ténacité qu’Abel Garcia Pino devra conserver,
le temps que son laboratoire se mette en
route : le chercheur tente pour l’instant de
financer l’achat d’un appareil de purification des
protéines, une étape nécessaire du processus de
cristallisation. Cet appareil devrait être la base de
nombreuses collaborations au sein du Biopark :
"Tous ceux travaillant au niveau cellulaire auront
l’opportunité de comprendre ce qu’il se passe
au niveau moléculaire, structural. Et pour moi,
ce sera l’occasion de diversifier mes futures
recherches. C’est donc un endroit parfait pour se
lancer", conclut le chercheur, qui ne se contente
cependant pas d’attendre. À peine arrivé, il a déjà
entamé quelques recherches conjointes avec le
laboratoire de Laurence Van Melderen, situé dans
le même couloir. "Elle entretient une collaboration
de longue date avec le laboratoire de la VUB où j’ai
effectué mes études", explique Abel Garcia Pino,
"je la connais donc depuis quelques temps déjà et
nos intérêts sont similaires". Le Bruxellois souhaite
en effet étudier le phénomène de persistance
bactérienne, expliquant l’émergence de bactéries
résistantes aux antibiotiques, qui est aussi un
sujet d’intérêt du laboratoire de Génétique et
physiologie bactériennes voisin. "Maintenant que
des protéines impliquées dans ce processus sont
connues, mes recherches tenteront d’éclaircir
ce qu’il se passe à un niveau moléculaire. Le
but est de mieux comprendre la régulation du
métabolisme bactérien et l’émergence des
facteurs de résistance et, pourquoi pas, de définir
des cibles pharmaceutiques intéressantes",
conclut le chercheur, plutôt impatient de lancer
ses propres chantiers. Une fois le purificateur de
protéines en place, il faudra doucement attirer
les étudiants, doctorants et post-doctorants. S’il
n’en dit pas plus, la stratégie d’Abel Garcia Pino
semble claire et le chercheur confiant : "J’ai
toujours voulu lancer mes propres recherches,
aujourd’hui c’était le bon moment. C’est un
nouveau challenge", constate-t-il simplement.
Natacha Jordens
La structure d’une protéine (ici, la myoglobine)
fournit beaucoup d’informations sur sa fonction.
7
Lauréat du Fonds Ithier 2014 à l’IMI
Grâce à ses recherches menées sur le rôle des cellules T Gamma Delta durant la vie précoce et
son application possible dans les immunothérapies du cancer, David Vermijlen, chargé de cours
à la Faculté de Pharmacie et chercheur à l’Institut d’immunologie médicale, vient de recevoir le
prix du Fonds Ithier 2014.
Créé
pour
promouvoir la lutte
contre le cancer au
sein de l’Université
libre de Bruxelles,
le prix Gaston Ithier
2014 a été attribué
à David Vermijlen,
chargé de cours à
la Faculté de Pharmacie et chercheur à l’Institut
d’immunologie médicale, IMI. Une récompense
récente (75 000 euros ont été alloués à son
projet) pour une recherche menée depuis
quelques années et son intérêt notamment
pour le rôle des cellules T Gamma Delta dans
la vie précoce : fœtus, nouveau-né, premières
années de la vie.
"Grâce à une interaction interdisciplinaire
de l’IMI avec l’hôpital Erasme et d’autres
hôpitaux, nous avons découvert que les cellules
T Gamma Delta humaines (qui sont des
cellules T non conventionnelles) peuvent
lutter contre des agents infectieux même
avant la naissance", précise David Vermijlen.
"Nous avons découvert plus récemment que
ces cellules Gamma Delta anti-infectieuses,
exprimant un récepteur Vg8Vd1, réagissent
aussi avec des cellules cancéreuses".
8
Présentes chez chaque individu, ces cellules
T Gamma Delta Vg8Vd1 pourraient être
intéressantes dans les immunothérapies
du cancer. Si le ligand (molécule liée à un
récepteur) est identifié, il serait possible de
stimuler ces lymphocytes T Gamma Delta pour
tuer les cellules cancéreuses (voir figure).
"Le défi est en fait de pouvoir identifier ce
ligand pour une meilleure compréhension
de ces cellules et de leur rôle. Cela pourrait
conduire au développement d’une nouvelle
stratégie d’immunothérapie du cancer",
poursuit David Vermijlen.
Comment le récepteur Vg8Vd1 TCR identifié
dans les recherches antérieures agit-il avec les
cellules cancéreuses ? Que reconnait/voit ce
récepteur ? Quel est le rôle de ce ligand ? C’est
à toutes ces questions que David Vermijlen
tentera de répondre dans les mois qui viennent.
Damiano Di Stazio
DAVID VERMIJLEN, EN BREF
• 1 990-1995 : études de bio-ingénieur
à l’Université de Gand.
• 2 003 : thèse à la Faculté de Médecine et
de Pharmacie de la VUB sur
le mécanisme de défense des Natural
Killers (cellules du système immunitaire)
présents dans le foie.
• J usqu’en 2003 : assistant au Laboratoire
de Biologie cellulaire et d’Histologie
de la VUB.
• 2 003-2006 : post-doctorat au sein du
Laboratoire d’Immunobiologie du King’s
College London.
•D
epuis 2006 : chercheur à l’Institut
d’immunologie médicale, IMI.
•D
epuis 2012 : chargé de cours à
la Faculté de Pharmacie de l’ULB.
First Entreprise. Un projet win-win
Né d’une collaboration entre GSK et le CMMI, le projet First Entreprise permettra à un chercheur
d’être engagé pendant 2 ans dans l’entreprise et de suivre un stage au sein de l’unité de recherche.
Une aide First (FIRST Hautes Ecoles, FIRST
Spin-Off, FIRST Entreprise…), c’est une
prise en charge par la Wallonie (et de GSK,
dans le cas de ce projet en particulier)
de la rémunération d'un jeune chercheur
durant deux années. L’ambition de ces
programmes ? Créer les conditions d’une
réelle collaboration entre les différents
acteurs de la recherche, disposés à
s'enrichir mutuellement par l'échange du
savoir scientifique et technologique qu'ils
détiennent. "Ces dispositifs permettent
de partager des expériences et des
équipements sophistiqués, mais également
de prendre conscience des contraintes
et objectifs parfois différents que ces
acteurs poursuivent", explique Dominique
Demonté, directeur du Biopark. "C’est,
de plus, en parfaite adéquation avec un
des objectifs des fonds FEDER qui ont
financé le CMMI, à savoir permettre un
transfert de compétences entre universités
et entreprises".
Le programme First Entreprise en particulier
permet à une entreprise d'engager un
chercheur pour mener une recherche et
d'assurer sa formation par le biais d'un
stage au sein d’une unité de recherche
(université, centre agréé…). C’est dans
cette aventure que GSK (GlaxoSmithKline) et
le CMMI (Centre d’imagerie et microscopie
moléculaire) se sont lancés via le projet
"Plate-forme industrielle de préparation de
nanoparticules vaccinales".
Actuellement ces techniques ne sont pas
disponibles au sein de l’entreprise.
Damiano Di Stazio
"Celui-ci vise à développer de nouveaux
essais de caractérisation in vitro des
formulation nanoparticulaires développées
par GSK", précise Pol Harvengt, Expert
Scientist chez GSK. Ces outils seront
appliqués à l’étude de l’impact de
certaines propriétés physico-chimiques des
nanoparticules, comme leur taille ou encore
les propriétés de leur couche de surface.
Pour GSK, le bénéfice concret du projet
sera l’acquisition par le chercheur des
compétences nécessaires à l’évaluation et
à la sélection des technologies d’imagerie.
Ces dernières devraient permettre la
caractérisation
des
nanoparticules
vaccinales, leur évaluation ex vivo ainsi
que le suivi de leur activité in vivo. "Grâce à
cette expérience au sein du CMMI, GSK aura
la possibilité d’acquérir les compétences
requises pour l’évaluation des meilleures
techniques d’imagerie", poursuit Dominique
Demonté. Cela pourrait réellement
contribuer à la sélection et à la validation de
nouvelles formulations nanoparticulaires.
9
Lancement d’une MasterClass en thérapie cellulaire
Destinée aux managers du secteur de la thérapie cellulaire, une MasterClass sera organisée le 31 mars
par le Biopark Formation. Une nouveauté du catalogue dédiée au développement de partenariats utiles à
la commercialisation de biens ou de services dans le secteur de la thérapie cellulaire.
Un évènement y sera d’ailleurs entièrement
consacré, sur le campus du Biopark, les 1er et
2 avril prochains : la B4B-Connection Thérapie
Cellulaire (Conférences Buzz4Bio), ayant pour
vocation "de permettre aux acteurs du secteur
de réseauter de manière formelle (conférences
d'intérêt, présentations…) et informelles (pauses
Networking), apéro et lunch Networking".
Défi majeur des sciences biomédicales et des
industries pharmaceutiques, la thérapie cellulaire
s’invite à nouveau au Biopark Formation en
mars 2015. "Cette thématique représente un
enjeu important pour le campus du Biopark et
pour la Wallonie en général", explique Arnaud
Termonia, directeur du Biopark Formation. "En
témoigne notamment le regroupement de cinq
sociétés de thérapie cellulaire, membres de
BIO.BE, qui s’associent au sein de la plateforme
Co-ACT : Beta-Cell, Bone Therapeutics, Cardio3
BioSciences, Promethera Biosciences et TiGenix
visent ainsi la création de 2000 emplois d’ici
à 2017. Depuis plusieurs années, la thérapie
cellulaire est activement supportée par le Plan
Marshall et est une des priorités du pôle de
compétitivité Biowin".
10
C’est dans ce contexte que le Biopark Formation
lance sa MasterClass en thérapie cellulaire, lors
d’une journée (31 mars 2015) qui sera consacrée
au développement de partenariats utiles à la
commercialisation de biens ou de services dans le
secteur. "Nous pensons qu’il est important de venir
épauler et enrichir cet évènement avec des activités
de formation", précise Arnaud Termonia. "Deux
thématiques seront développées lors de cette journée
de formation", poursuit Béatrice Goxe, coordinatrice
scientifique et formatrice au Biopark Formation. "La
première partie visera à mieux interagir avec les
partenaires des affaires réglementaires belges et
françaises et la seconde sera dédiée à la recherche
de nouveaux partenaires pour le financement des
activités de thérapie cellulaire".
Au menu, des intervenants de haut vol, avec
notamment Eric Halioua pour la recherche de
capitaux en dehors de l’Europe, Alan Fauconnier
pour l’expertise en affaires réglementaires ou encore
Jean Van Nuwenborg pour l’expertise financière.
Le public visé ? Les managers de jeunes ou
futures entreprises spécialisées en thérapie
cellulaire ainsi que tous les acteurs industriels du
secteur désirant créer des filiales ou diversifier
leurs partenaires en Belgique et en France.
Damiano Di Stazio
AU PROGRAMME DE LA JOURNÉE
• Tout savoir sur la législation pour les
produits de thérapie cellulaire ;
• Mise en situation coachée par les experts
réglementaires ;
• Introduction sur les principales pistes
de financement pour les entreprises de
thérapies cellulaires ;
• Présentation de 2 cas d’études :
o Cas de la recherche de capitaux hors
Europe ;
o Cas d’une entrée en bourse réussie.
• Mise en situation coachée par les experts
financiers ;
• Fin de journée avec cocktail dinatoire.
Une alternative à l’histologie ?
À l’heure actuelle, l’étude préclinique de la réparation osseuse se fait principalement par une approche
histologique. En utilisant une combinaison de méthodes d’imagerie, le projet OSTEOMOD - fruit d’une
collaboration entre le CMMI et Bone Therapeutics - entend proposer une alternative à l’histologie.
Au niveau réglementaire, une des phases
critiques du développement préclinique des
médicaments en général et des produits
cellulaires en particulier est la validation
in vivo de leur efficacité dans des modèles
proches de leurs applications cliniques.
Cette étape demande le développement et
la validation de méthodes d’analyse in vivo
souvent difficiles à mettre en place.
À l’heure actuelle, l’étude préclinique de la
réparation osseuse se fait principalement
par une approche histologique. Cette
approche est pertinente, indispensable
et éthiquement acceptable pour des
modèles simples. Mais elle devient
lourde en termes d’utilisation d’animaux
pour des études cinétiques in situ de la
réparation osseuse indiquées dans le
suivi de fractures complexes : la durée
de l’étude est beaucoup plus longue,
les échantillonnages intermédiaires
demandent le sacrifice des animaux, etc.
Financé par la Wallonie, le projet CWALity
OSTEOMOD est né d’une collaboration
entre Bone Therapeutics et le Centre
d’imagerie et microscopie moléculaire
(CMMI). En utilisant une combinaison de
méthodes d’imagerie, il a pour finalité
d’offrir une alternative non invasive
à l’histologie. Il permet d’obtenir des
résultats fiables, sans sacrifice des animaux
et avec un vrai suivi dynamique in situ de
la réparation des défauts osseux. "Le projet
OSTEOMOD s’inscrit dans la lignée de la
Règle des 3 R", précise Enrico Bastianelli,
directeur de Bone Therapeutics. "Réduire,
Raffiner et Remplacer. Réduire le nombre
d'animaux en expérimentation, Raffiner
la méthodologie utilisée et Remplacer les
modèles animaux".
"Cela fait plusieurs années que le CMMI et
Bone Therapeutics travaillent ensemble",
explique Gaetan Van Simaeys, chercheur
au CMMI et au Service de Médecine
nucléaire de l’Hôpital Erasme. "Grâce à
notre matériel d’imagerie biomédicale
de pointe, nous pouvons développer des
indices quantitatifs en imagerie".
"Le CMMI nous offre un service à haute
valeur ajoutée grâce notamment à sa solide
expérience dans le domaine de l’imagerie
osseuse et cartilagineuse", poursuit Enrico
Bastianelli. "Et ce n’est pas la première
fois que nous bénéficions de cette
expertise : CARTIM, un projet d’imagerie
du cartilage pour l’évaluation de produits
thérapeutiques visant à réduire les dégâts
articulaires occasionnés par l’arthrose, en
est la preuve".
MicroCT de fracture de fémur de souris, tel qu’il sera réalisé par le
CMMI dans le cadre de sa collaboration avec Bone Therapeutics dans
le projet OSTEOMOD.
NOUVEAU PARTENARIAT
POUR BONE THERAPEUTICS
Bone Therapeutics a annoncé, en novembre dernier, le lancement
d’une collaboration entre l’entreprise belge et la française KASIOS
dans le but de développer un nouveau produit de réparation des
lésions de la colonne vertébrale. Soutenu par la Wallonie, le projet
combine les technologies des deux entreprises : la thérapie cellulaire à
partir d’ostéoblastes de donneur, ALLOB®, de Bone Therapeutics et le
substitut osseux synthétique en micro-granules TCP de Kasios.
Les partenaires espèrent développer une nouvelle approche pour guérir
les lésions vertébrales grâce à la combinaison de ces deux produits,
particulièrement dans le processus d’ostéoconduction, pendant lequel
le matériel greffé sert de support à la croissance du nouvel os.
Damiano Di Stazio
11
En bref
L’ACIDIFICATION PERMET À APOL1 D’EXERCER SON ACTION
Et une couverture de plus pour le CMMI ! Après Science, Eukaryotic Cell, the Journal
of Microscopy, c’est au tour du Molecular Microbiology de choisir une photo du centre
de microscopie pour illustrer son édition de novembre dernier. La photographie d’un
trypanosome accompagne l’article de Laurence Lecordier et l’équipe du laboratoire
de Parasitologie moléculaire (IBMM), sous la direction d’Etienne Pays, et concerne
le mécanisme d'immunité naturelle que l'homme possède contre le parasite africain
Trypanosoma brucei, immunité probablement acquise lors de l'apparition des ancêtres de
l'homme sur le continent africain.
Le laboratoire avait découvert précédemment que cette immunité est liée à la protéine
sérique APOL1 : cette protéine forme des pores dans le compartiment digestif du
trypanosome, ce qui conduit à son élimination. Dans cette dernière publication, l’équipe
a identifié les composants du parasite qui permettent à l’APOL1 d’exercer son action.
Ces différents composants ont en commun de participer à l'acidification progressive du
compartiment digestif, démontrant ainsi que cette acidification est nécessaire à l'activité
de l'APOL1 dans le trypanosome.
PROTÉINES INFLAMMATOIRES DÉGRADÉES
EN CONTINU
Les protéines de la famille TTP/Tis11 sont des facteurs
impliqués dans la régulation négative de plusieurs
familles de gènes, dont ceux engagés dans la réponse
inflammatoire : un niveau trop élevé de ces protéines
peut constituer un frein important à la réponse
immunitaire, alors qu'un niveau trop faible peut
favoriser le processus et le déclenchement de maladies
inflammatoires ou auto-immunes. La régulation du
niveau des protéines de cette famille joue donc un
rôle crucial dans l'organisme, mais les mécanismes de
cette régulation restent encore mal compris.
Dans un article paru dans Molecular & Cellular Biology,
Cyril Gueydan et l’équipe du Laboratoire de Biologie
moléculaire du gène (IBMM) ont mis en évidence le
mécanisme qui permet aux cellules de dégrader les
protéines de la famille TTP/Tis11. Mais contrairement
au mécanisme classique de dégradation, qui consiste
à ajouter une étiquette de dégradation sur la protéine
ciblée (ubiquitination), ces protéines TTP/Tis11 sont
reconnues et dégradées en continu par la machinerie
cellulaire. C’est la balance entre cette élimination
constante et la synthèse de nouvelles protéines qui
permet de réguler le niveau intracellulaire.
L’équipe tente dès lors de comprendre quels sont les
détails de ce mécanisme de dégradation dans les
cellules du système immunitaire, afin d’éclaircir son
implication potentielle dans le déclenchement et le
contrôle de la réponse inflammatoire et des éventuelles
maladies qui y sont liées.
Périodicité trimestrielle
C H A R L E R O I
B R U S S E L S
S O U T H
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