CUTANE – Cicatrisation : pansements cicatrisants et perspectives médicales
16/05/2016 de 9h à 10h
BERNARD Clara L2
CR : DODIER Orianne
Cutané
Dr Marmottant Emilie
8 pages
Cicatrisation : pansements cicatrisants et perspectives médicales
A- Principes généraux de prise en charge des plaies
Le traitement dépend de l’étiologie (ex :si on a un ulcère veineux mais qu'on ne traite pas l'insuffisance
veineuse en mettant des bas de contention, on ne soigne jamais l'ulcère ; si un patient a une artériopathie et
qu'on ne fait pas de geste chirurgical afin de revasculariser les artères, on ne soigne jamais la plaie...)
Il y a une évolution en 3 phases : détersion, bourgeonnement, épidermisation.
La cicatrisation est plus rapide en milieu humide. Il n’y a pas d’usage systématique des antiseptiques.
Toute plaie est colonisée. Il faut prendre en charge la douleur.
On a une plaie aiguë, en l’absence de facteur local ou général pouvant retarder la cicatrisation .
Ex : traumatisme, brûlures, cicatrisation dirigée, prise de greffe, dermabrasions profondes...
Une plaie chronique se voit lors d'un délai de cicatrisation allongé, au-delà de 4 à 6 semaines.
Ex : ulcères de jambes, plaies diabétiques, moignons d'amputations, escarre...
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Plan
A. Principes généraux de prise en charge ds plaies
B. Pansements cicatrisants
I. Hydrocolloïdes
II. Hydrocellulaires et mousses
III. Hydrogels
IV. Alginates
V. Hydrofibres
VI. Charbons
VII. Tulles et interfaces
VIII.Films de polyuréthane
IX. Pansements argentiques
X. Association de pansement
XI. Quel pansement choisir ?
C. Cicatrisation perspectives médicales
I. Pansements boostés ou « biologiquement actifs »
II. Traitement des plaies par pression négative
III. Traitement des plaies par stimulation électrique
IV. Substituts cutanés et cultures de peau
V. Auto-hémothérapie
VI. Maggot thérapy
CUTANE – Cicatrisation : pansements cicatrisants et perspectives médicales
B- Pansements cicatrisants
On différencie deux genres de pansements :
Le pansement primaire qui est au contact direct de la plaie.
Le pansement secondaire qui recouvre le précédent et aide à le maintenir en place.
I- Hydrocolloïdes
Ce sont des plaques carrées de tailles diverses, elles peuvent être adaptées à la morphologie. Elles sont plus
ou moins transparentes et plus ou moins absorbantes. On utilise des pâtes pour combler les plaies creusantes et
des poudres pour les plaies exsudatives.
Ex : Comfeel®, Duoderm®,Hydrocoll®, Askina®, Sureskin®, Algoplaque®,...
Il y a une couche interne absorbante constituée de carboxyméthyl-cellulose (CMC) sodique noyée dans une
masse élastique (pectine, gélatine) et une couche externe imperméable composée de polyuréthane.
Ils sont directement appliqués sur la plaie après un nettoyage au sérum physiologie en dépassant de 2-3cm sur
la peau saine. Il n'y a pas nécessité de recouvrir par un pansement secondaire sauf si la plaie est très
exsudative. Les hydrocolloïdes se changent tous les 2 à 5 jours selon le degré d'exsudation de la plaie.
Ils protègent la plaie des agressions extérieures et de la surinfection. Ils ne favorisent pas le développement
de germe notamment de gram négatifs. Ils maintiennent à la surface de la plaie un environnement humide
propice au bourgeonnement. Ils absorbent les exsudats fibrineux, réduisent la douleur. Ils sont faciles à poser
et ne nécessitent pas de pansement secondaire. Ils sont bien tolérés par les patients et entraînent peu de
sensibilisation.
On les utilise pour les plaies fibrineuses moyennement exsudatives, les ulcères, les escarres et les brûlures
superficielles.
Les inconvénients des hydrocolloïdes sont qu'ils se délitent au contact des exsudats, la CMC se transforme en
une substance gélatineuse qui a l’apparence et l’odeur du pus plus ou moins une macération, CR : ce qui peut
inquiéter les patients et le personnel soignant en faisant penser à une surinfection.
Ils sont contre-indiqués si la plaie est sèche ou surinfectée.
II- Hydrocellulaires et mousses
Ils sont constitués de différentes couches :
Couche interne hydrophile en mousse de polyuréthane (coussinet).
Couche externe imperméable aux liquides.
Couche de transfert au contact de la plaie.
Ils ont une taille variable, un haut pouvoir absorbant (jusqu'à 10 fois son poids). Les hydrocellulaires ne se
délitent pas donc ils n'entraînent pas d'odeur et de macération.
Il existe différentes formes d'hydrocellulaires :
Formes avec adhésifs : pansement primaire de plaies partiellement détergées et modérément
exsudatives.
Formes sans adhésifs : plaies avec téguments péri-ulcéreux inflammatoires ou eczématisés (pas
d’adhérence à la plaie).
Ils se changent tous les 3 à 8 jours (si la plaie coule beaucoup, on le change tous les jours). Ils sont faciles à
poser et à enlever, indolores. Ils sont bien tolérés. Pour les hydrocellulaires, il ne faut pas de pansement
secondaire sauf pour les formes non adhésives.
Les contre-indications sont le Dakin et l'eau oxygénée.
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III- Hydrogels
Ils correspondent à des polymères insolubles (CMC, alginates, pectine) avec des sites hydrophiles contenant
plus de 80% d’eau purifiée. Ils apportent de l’eau à une plaie sèche, fibrineuse, nécrotique (et permettent son
ramollissement).
Il n’y a pas d’adhésivité à la plaie. Ils sont imperméables à l’eau et aux bactéries. Les plaques ou gels sont
appliqués en couche épaisse. On utilise des pansements secondaires en polyuréthane. Ils n’ont pas de pouvoir
absorbant. Les hydrogels se changent tous les 2-3 jours (on ne les change pas tous les jours afin qu'ils aient le
temps d'agir car leur rôle est de ramollir la plaie).
Les contre-indications sont les plaies infectées et exsudatives.
IV- Alginates
Ce sont des extraits d’algues brunes. On les utilise sous forme de compresses ou de mèches qui ont une
texture proche du coton. Ils ont un pouvoir absorbant important (jusqu’à 10-15 fois son poids) et c’est
hémostatique. Ils détergent la plaie et permettent le contrôle de la prolifération bactérienne. Ils sont posés
secs (pour les exsudats) ou humidifiés (pour enlever la fibrine) sur la plaie en débordant peu. Il faut un
pansement secondaire (comme un hydrocellulaire). La fréquence de changement est variable en fonction du
caractère exsudatif (tous les jours, puis espacer ou relais).
Ex : Algisite®, Algostéri®l,Askinasorb®,Melgisorb®,Sorbalgon®,Sorbsan®,Urgosorb®,Comfell seasorb®...
Les indications sont :
Plaie hémorragique
Plaie chronique exsudative en phase de détersion
Escarres
Plaie infectée
Les alginates ne sont pas indiqués dans les plaies sèches et atones.
V- Hydrofibres
Elles ont un peu la même texture et la même fonction que les alginates. Ce sont des fibres non tissées
d’hydrocolloïdes. Au contact d’exsudats, ils se transforment en gel cohésif. On les trouve sous forme de
compresses et de mèches. Ils sont très absorbants (jusqu’à 30 fois leur poids). Un pansement secondaire est
nécessaire. Il doivent être maintenu en place 3 à 5 jours. On les utilise surtout pour les plaies exsudatives.
Ex : Aquacel®
VI- Charbons
On met une couche de charbon et métaux (cuivre, argent) qui drainent les bactéries. Ce sont des compresses
de taille variable, peu absorbantes. Ils sont appliqués secs ou humidifiés sur les plaies. Il faut un pansement
secondaire. On les utilise pour les plaies très fibrineuses, infectées ou maldorantes.
Ex : Actisorb plus® (ions Ag+), Alione®, Carboflex®, Carbonet®...
VII- Tulles et interfaces
Les tulles et interfaces sont neutres et imprégnés de matières grasses (vaseline, paraffine ou silicone). Ils sont
directement appliqués sur la plaie. Il faut un pansement secondaire. On a tendance à les changer tous les
jours car sinon la vaseline sèche et après c'est difficile pour retirer le pansement. Il y a une excellente
tolérance. Ils ont une faible action détersive, pas d'action absorbante et antibactérienne. Ils sont peu
coûteux. On les utilise sur les plaies en phase de bourgeonnement ou d'épidermisation.
Ex de tulles : Jelonet®,Vaselitulle® (/!\ il adhère aux plaies).
Ex d'interfaces (mailles étroites):Adaptic®, Mépitel®, Physiotulle®, Urgotul®.
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VIII- Films de polyuréthane
C’est une membrane transparente en polyuréthane plus une substance adhésive sur un côté. On l’applique
directement sur la plaie. Elle est perméable à l’oxygène et à la vapeur d’eau ce qui évite la macération. Le
film est imperméable à l'eau et aux bactéries. Il est transparent ce qui permet de surveiller la plaie. On
l'utilise pour protéger les cathéters.
Le pouvoir absorbant est limité. Il est contre-indiqué si la plaie est infectée ou exsudative.
Ex : Dermafilm, Hydrofilm, Mefilm,Opraflex,Opsite,Steridrap,Tegaderm,Visulin
IX- Pansements argentiques
Ils se présentent sous la forme de différents pansements (tulle, hydrofibre, hydrocellulaire, acide hyaluronique,
interface...). Ils sont associés à des ions argents ou à de la sulfadiazine argentique. Les pansements
argentiques ont un pouvoir antibactérien destiné à prévenir ou à combattre la surinfection.
/!\ Le sulfadiazine argentique est une contre-indication si le patient a une allergie aux sulfamides.
Ex : Aquacel Ag®, Biatain Ag®, Actisorb Ag®, Release Ag®, Acticoat Ag®, Urgotul Ag®, Altreet Ag®, Ialuset
Ag®.
X- Associations de pansement
Le fait d'utiliser des pansements en association augmente le coût.
Ex :Hydrogel+film hydrocellulaire/hydrocolloïde ; alginate ou hydrofibre + hydrocellulaire.
XI-Quel pansement choisir ?
Plaie noire (nécrose)
→ Hydrogel et pansement secondaire
Plaie jaune (fibrine)
→ Sèche : hydrogel
→ Exsudative + : hydrocolloïde
→ Exsudative ++ : alginate ou hydrofibre
→ Malodorante : pansement charbon plus ou moins des ions argents.
Plaie rouge (bourgeonnement)
→ Exsudat nul ou faible : hydrocellulaire, hydrocolloïdes en plaque mince-
→ Exsudat ++ : hydrocolloïde ou alginate ou hydrofibre
Plaie rose (épidermisation)
→ Il faut espacer les pansements : hydrocellulaire ou interface
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Rapport de la HAS sur la révision des pansements dans les plaies aiguës et chroniques (Avril 2011)
Hydrocolloïdes:pour les plaies chroniques en phase d'épidermisation
Hydrocellulaires : pour plaies chroniques en phase de bourgeonnement
Hydrogels : pour des plaies chroniques en phase de détersion.
Alginates : pour les plaies hémorragiques
Charbon actif : pour les plaies cancéreuses malodorantes
Interfaces : pour des plaies chroniques en phase de bourgeonnement ou d'épidermisation, plaies aiguës
en phase d'épidermisation, situations de peau fragile.
C- Cicatrisation : perspectives médicales
I-Pansements boostés ou « biologiquements actifs »
En plus du maintien en milieu humide, ils interfèrent avec le mécanisme de cicatrisation.
Utilisation directe de facteurs de croissance
Il y a eu un arrêt de la commercialisation car ces pansements entraînent un risque accru de cancer.
Ex : Regranex qui correspond à l'association d'un hydrogel et de PDGF qui est un facteur humain dérivé des
plaquettes. On l'utilisait pour la cicatrisation des ulcères diabétiques chroniques profonds d'origine
neuropathique. Il s'agissait de « médicament d'exception » coûteux.
Protection des facteurs de croissance en inactivant les protéinases
Là aussi, il y a eu un arrêt de commercialisation.
Ex : le Promogran. Il est composé d'une matrice stérile composée de cellulose oxydée régénérée et de
collagène. Ils ont une activité anti-protéase. On l'applique toutes les 72h sans enlever les résidus de
l'application précédente. Il est biorésorbable et hémostatique.
Ce sont des supports non tissés ou des compresses de mousse. Les deux formes sont composées de
polyuréthane ainsi que d'une trame de polyester enduite d'une formulation polyémérique de dérivés des
oligosaccharides qui favorisent l'action des facteurs de croissance sur la synthèse du bourgeonnement. Ils se
changent tous les 3 jours en moyenne.
Apport de constituant dermique
C'est surtout de l'acide hyaluronique (ex : laluset, effidia). Il s'agit d'un constituant de la MEC qui permet la
maintien de l'homéostasie cutanée. Ils sont indiqués dans les plaies en phases de bourgeonnement.
Autres pansements innovants
Ce sont des pansements hydrocellulaires à libération prolongée d’ibuprofène sur la plaie à visée antalgique.
Ils absorbent les exsudats. Ils entraînent deux problèmes : un risque infectieux et un risque allergique.
Le Véloderm® est un film biologique d’origine végétale constitué de microfibres de cellulose. Il remplace
temporairement la peau quand il y a une perte de ses couches superficielles. Les intérêts sont qu'il est
transparent ce qui permet la surveillance de l'évolution de la plaie, et qu'il faut une application unique
jusqu’à la cicatrisation.
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